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30 janvier 2023 1 30 /01 /janvier /2023 20:46

Le Kanchenjunga, 8'586 m, est le troisième plus haut sommet du monde. Il domine la frontière est du Népal avec le Sikkim Indien. C’est en réalité quatre sommets de plus de 8'000 m plus un sommet auxiliaire. Il a été gravi pour la première fois en 1955. Mais là on ne va pas monter dessus, juste se promener autour.

Shankar mon agent de randonnées à Katmandou me disait qu’après le tour des Annapurnas, les cols de l’Everest, le tour du Dhaulagiri et celui du Manaslu, la prochaine promenade serait au Kanchenjunga. C’est un peu plus long, notamment parce qu’il y a deux jours de voyage (ou vingt heures de bus) de Katmandou au départ du chemin. Et puis un peu plus reculé, isolé, que les autres grands circuits de randonnée Népalais.

Là, en partant de Katmandou le 9 novembre, on y est revenus le 30 novembre : vingt et un jours dont un peu plus de seize jours de marche pour la promenade complète, vue du nord à Pang Pema et vue du sud à Oktang. C’est possible de ne passer qu’à Pang Pema ou qu’à Oktang, mais ce serait vraiment dommage compte tenu du temps d’approche. On peut faire plus court de quatre jours en rentrant en jeep de Yamphudin à Ilam, mais attention à garder des jours de réserve en cas de mauvais temps.

De Lavaux au Kanchenjunga en passant par Kigali

De Lavaux au Kanchenjunga en passant par Kigali

Un crochet vers Kigali à l’aller pour une séance de comité, juste pour commencer cette aventure avec deux nuits de suite dans les avions…

Katmandou

Le contrôle aérien de l’aéroport de Katmandou nous gratifie de quelques tours d’attente. Vues à 360° en descendant tout doucement. L’Everest / Sagarmatha et le Lhotse trônent au nord-est, le Kanchenjunga plus loin, un peu nuageux.

Immigration et collecte des bagages sans bavures, me voici à pied d’œuvre. Laxman le guide me ramasse à la sortie de l’aéroport, ma dépose au Norbulinka boutique hotel, douche réparatrice et promenade à Thamel, le quartier à touristes du vieux Katmandou. Le trafic ne s’est pas amélioré, c’est bruyant et poussiéreux, mais il faut bien gagner l’étage suivant vers le Nirvana !

Briefing avec Shankar, mon agent de randonnées au Népal : journée de repos demain. Ouf ! A la maison, Heidi affronte les premiers froids…

Panorama avant l'atterrissage, stupa à Thamel

Panorama avant l'atterrissage, stupa à Thamel

Pour la journée de Repos, Swayambunath est une valeur sûre. Traversée de la ville poussiéreuse vers le temple sur la colline verdoyante. Selon la tradition, ça a été la première terre émergée après le déluge ; hum, ce devait être avant le plissement himalayen. La foule là-haut ! Très peu de touristes, mais plein de dévots occupés à leurs pujas, offrandes et prières hindoues. Il y a une fête spéciale aujourd’hui. Le grand stupa est tout décoré de guirlandes de fleurs et les dames font la queue avec des liasses de billets pour distribuer à une alignée de prêtres assis sur des chaises.

Le rooftop café ne propose que des pizzas ou des burgers. Soupir. Va pour un lassi-mangue le temps de dessiner ; je me rattrape ensuite avec la terrasse sur le toit de l’établissement voisin, qui sert une bonne assiette de mo-mos, beignets cuits à la vapeur.

Grand stupa de Swayambunath

Grand stupa de Swayambunath

Shopping de l’après-midi dans les boutiques des mille et une nuits de Thamel. Les bâtons système Z en fibre de carbone sont introuvables, je me rabats sur une paire Z en alu qui a l’air solide, on verra. Séance paquetage après la collecte du sac de couchage et de la doudoune de location, briefing avec Laxman et Shankar. Un bon souper au Thamel House et téléphone à Heidi, ce sera compliqué ces prochaines semaines de concilier fuseaux horaires et accès internet.

De Katmandou à Taplejung

Une nuit correcte compte tenu du rattrapage de décalage horaire et de l’excitation du départ. Déjeuner tranquille et à 7h45 Laxman est là. Zam-zam (départ), direction l’aéroport d’où Shree Airlines nous emmènera d’un coup d’aile à Bhadrapur dans le coin sud-est du pays, mais avant ça il faut patienter un peu.

Le vol est raisonnablement à l’heure pour finir, avec de très belles vues sur les massifs du Langtang, de l’Everest-Makalu et du Kanchenjunga. Soroz le porteur nous attend à Bhadrapur.

De Katmandou à Bhadrapur

De Katmandou à Bhadrapur

Le Woodland Hotel a connu des jours meilleurs. Piscine à sec et bâtiment décati, il fait un peu de peine mais sert une très bonne soupe aux mo-mos bien pimentée et une assiette de fruits au calme, dans la verdure.

Discussion du programme avec Laxman : ouille, il n’a pas vraiment tenu compte de la date du vol de retour… à retravailler.

Quelques pas de l’après-midi en périphérie de Bhadrapur. C’est plat et il fait chaud, mais le calme est reposant après l’agitation de Katmandou. Gymnasiens et gymnasiennes en uniforme, dames en sari, messieurs âgés en costume traditionnel.

Fin d’après-midi yoga et lecture, Nepali-thali (plat Népalais) du soir très correct. Demain le réveil à 5h et le départ à 5h30.

Bhadrapur

Bhadrapur

De Bhadrapur à Taplejung et Itahari

Départ avant l’aube pour la gare routière de Birtamod, où les chauffeurs de jeep se disputent notre clientèle. On embarque dans une vaste et poussive Tata Sumo qui commence par tourner une heure à la recherche d’autres passagers.

On attaque enfin la montée, raide, longue, vers les plantations de thé. Arrêt dal-bhat, riz et soupe de lentilles, à 9h30 pile à Godak, puis c’est la route sans fin, somnolence malmenée par les virages, les nids de poules et le siège tape-cul. Onze heures de route !

La Tata Sumo est vaste mais elle embarque normalement 11 passagers en plus du chauffeur ! Là, les deux banquettes avant sont upgradées à 3 places chacune, donc on n’est pas trop serrés.

Le roi de la route, c’est bien sûr le camion Tata, abondamment décoré et pas très rapide. Les motos se faufilent un peu partout. Et puis les tuk-tuks (tricycles à moteur) TVS, quelques tricycles Piaggio aussi qui jouent les formule 1.

Tout ça ne va pas très vite : limite à 30 km/h hors villages, 20 km/h dans les villages. Un modèle pour Lavaux ! La route est décorée de carcasses de motos accidentées pour rappeler les dangers de la vitesse.

De Bhadrapur à Taplejung

De Bhadrapur à Taplejung

Arrivée enfin au Mountain Hotel & Lodge de Taplejung juste à temps pour une promenade au coucher du soleil, dérouiller les jambes et faire mon compte de pas pour la journée. Il y a du wi-fi. J’arrive à attraper Heidi à la fin de sa pause de midi. Session-dessin et Nepali thali avec masala de chèvre (annoncée « mutton ». Meetosa (délicieux).

Demain sera encore un journée jeep (soupir) jusqu’à Sakathum, environ 5 heures. Mon idée de descendre à Tapethok et continuer à pied tombe à plat : les jeeps ne partent pas avant 10 à 11 heures.

Sooba ratri, bonne nuit, et je me retire dans une chambre rose avec effort de décoration, draps propres et même une douche chaude ! Yoga et dodo.

Taplejung

Taplejung

Début de matinée au ralenti à Taplejung avec un peu d’animation entre les propagandes électorales et une grosse fête de Shiva aujourd’hui.

Laxman a trouvé une jeep qui part pour Sakathum ! A 10h on embarque dans une Mahindra Bolero dont deux pneus ne sont pas lisses. La piste dégringole vers la Tamor Nadi, puis monte et descend le long de la rivière. Un chantier de petit barrage après Mitlung, prise d’eau au fil de l’eau. Le projet a dû prendre du retard : le dépôt de viroles pour la conduite forcée, de belles pièces de bien 3 m de diamètre, est envahi par la végétation.

L’auto se remplit en route, on affiche complet de Sinwa à Tapethok. Les bords de rivière sont très ravinés, la piste fait des passages hardis, la Bolero brasse la poussière avec ses pauvres pneus lisses.

Juste sous Sakathum, terminus ! Arrêt mo-mos au New bridge hotel et enfin le départ à pied. Passé le premier pont suspendu, c’est le check-point d’entrée de la Kanchenjunga Conservation Area. Au revoir la Tamor Nadi, on suit maintenant la Ghunsa Khola. Pas trop loin pour ce qui reste de l’après-midi : on pose les sacs à l’Itahari hotel & lodge, 1660 m, où on retrouve le groupe de jeunes Israéliens croisés à la descente de jeep.

Itahari

Itahari

Première nuit en lodge à la Népalaise après le luxe de Bhadrapur et Taplejung. Il fait cru, pas vraiment froid mais l’humidité de la rivière qui pénètre. La mini-usine hydroélectrique toute proche fournit la lumière mais les conforts du 21ème siècle s’arrêtent là. Pas de téléphone avec Heidi à Riex.

Première tentative de yoga-lodge, à améliorer : trouver un découpage entre mouvements debout par terre et au sol sur le lit en tenant compte du plancher sale et du plafond bas.

D’Itahari à Gyabla

Au podomètre : 28’025 pas / 21.4 km ; montée 1'474 m. Altitude début 1660 m, altitude fin 2730 m

Bonne première nuit en lodge, les habitudes reviennent vite. Une omelette-piment et pain tibétain plus tard, 7H30 départ le long de la Ghunsa Khola dans l’ombre fraîche. Un bon bout le long de la rivière, rapides grondants, ponts suspendus. A Jongim, on passe en rive droite pour monter vers le soleil.

Itahari

Itahari

Forêt de bambous et de rhododendrons, quelques belles floraisons roses dans l’ombre. Phedi, on dépasse le convoi de dzopkios, croisement de yak et de buffle, vu le matin à Itahari. Et ça monte au soleil maintenant, quelques vues dégagées jusqu’à la terrasse ensoleillée d’Amjilosa après 3 h de marche (6 à 7 h selon le livre).

Un dal-bhat plus tard, nouveau départ pour Gyabla, bel ukalo (montée) pour commencer, puis Nepali flat (montées et descentes) le long de la rivière qui coule maintenant du nord au sud, la rive droite est à l’ombre. C’est dommage pour les vues sur la forêt et les cascades. Une montée franche et c’est un plaisir de découvrir Gyabla à la sortie de la forêt. Trois heures de marche cet après-midi, 5 à 6 selon le livre. Le Ghunsadhar montre ses pics et rochers quelques minutes, puis retourne dans les nuages.

Installation à l’hôtel Shingi Namjong, tout neuf, une chambre spacieuse et un seau d’eau chaude bienvenu pour la toilette.

Amjilosa et Gyabla

Amjilosa et Gyabla

A l’hôtel Shingi Namjong, gros enthousiasme de Sawa la fille des tenanciers pour mes petits dessins. Elle se fait tirer le portrait au coin du feu, contrôle les grains de beauté puis entreprend de colorier les pages de son journal.

La salle commune a plus de style que celle d’Itahari : banquettes et tables sur deux côtés, armoire-boutique sur le troisième et autel à la Tibétaine sur le quatrième. Le calo à bois (poêle ; ce n’est pas du Népalais mais du Suisse) au centre de la pièce tempère. Profitons-en ! Au-dessus de la forêt ce seront des calos à bouse…

Gyabla

Gyabla

De Gyabla à Ghunsa

Au podomètre : 24’649 pas 18.7 km ; montée 728 m. Altitude début 2730 m, altitude fin 3400 m Attention, dans tout le texte, ce sont les comptes pour la journée y compris la promenade complémentaire de l’après-midi.

Une bonne nuit plus tard, les nuages se sont évaporés et le Ghunsadhar occupe le fond de la vallée vers l’est. Repli des affaires et pain tibétain pour le déjeuner.

Au revoir la terrasse de Gyabla : on replonge dans les bords de la Ghunsa Khola : ukalo, oralo (montée, descente) dans la forêt et l’ombre.

En montant, la forêt change peu à peu : des épicéas, puis des mélèzes roux en rive gauche, puis des grands pins himalayens avec écharpes de lichens, des genévriers. Sous Phale, une prairie avec chalets et quelques bébés yaks.

Phale

Phale

Un petit mur de manis (pierres à prières) et nous voici à Phale, trois heures depuis Gyabla. Premiers séchoirs à bouses, pour le feu. Des mulets broutent l’herbe rase et sèche.

Fale guest house, arrêt pour un riz frit aux légumes.

Après les montées et descentes dans la forêt, le chemin de Phale à Ghunsa est une merveille : vallonné dans les buissons, rhododendrons et genévriers, un pin de temps en temps, avec quelques pics enneigés qui se montrent entre les nuages.

Ghunsa ! Une heure depuis Phale. Le souffle juste un tout petit peu court à 3400 m. On pose les sacs au Kanchenjunga guest house. Petite séance lessive tant qu’il fait chaud, puis promenade dans le village : mini-usine hydroélectrique, stupa et mur de manis couverts, bas du village avec lodges et école, haut du village avec dispensaire, maisons traditionnelles en bois, murs de manis. L’hôpital vante un point wifi, mais il ne fonctionne pas… pas de téléphone non plus, le réseau mobile n’est accessible qu’aux locaux et aux guides.

Ghunsa

Ghunsa

Une brave petite turbine Pelton plantée en 2006 par USAid et le WWF alimente Ghunsa et Phale en électricité. C’est rustique : vannes tout manuel, alternateur 400 V avec résistance ballast, le fréquencemètre indique 47 Hz ; mais ça fonctionne et il y a même des prises dans les chambres du lodge !

Le soleil s’est définitivement perdu dans les nuages et le thermomètre affiche +1°C. Je commande le thé masala pour 17h et fais un brin de toilette jusque-là.

Le froid vient avec le soir. Difficile de croire que j’ai fait une session yoga complète sur la pelouse l’après-midi ! Maintenant, l’action se concentre autour du calo dans la salle commune. Il y a deux britanniques qui ont fait le camp de base sud d’abord, puis renoncé à monter au-dessus de Khambachen avec des symptômes de mal des montagnes. Leur groupe les récupèrera en descendant demain.

Dal bhat du soir et soirée cosy dans le sac de couchage à écouter la Forza del destino.

Ghunsa

Ghunsa

Journée d’acclimatation à Ghunsa. Au podomètre : 20’491 pas, 15.4 km ; montée 511 m. Altitude début 3400 m, altitude maximum 3970 m

Nuit paisible. -10°C le matin, mais tout juste hors gel dans la chambre. La lessive étendue hier est comme du carton. Après le déjeuner, je pars tout seul jusqu’à la première crête sur le chemin de Selele. La panne d’électricité du matin est identifiée : le canal d’amenée est presque à sec, la prise d’eau doit être gelée. Passage dans une belle prairie puis montée dans une forêt enchantée : rhododendrons, pins moussus, genévriers et rayons de soleil rasant. La pente est ardue, je passe un touriste Népalais avec porteur. Je m’arrête à une jolie terrasse à 3967 m avec vues sur le Ghabur et le Ghunsadhar, le cirque du glacier du Yamatarin avec le Boktoh qui dépasse juste de la crête. Retour à Ghunsa pour un bon thenthuk-œuf avec thé tibétain au beurre et sel, servis au soleil sur la pelouse.

Ghunsadhar

Ghunsadhar

Promenade à dessins de l’après-midi, je commence avec le vieux pont. Les deux yaks et conducteurs sur le dessin, c’est pour faire joli. Le pont est fermé, il y en a un tout neuf, suspendu et dûment décoré de lungtas, drapeaux de prières.

Il faut bon au soleil, la neige brille là-haut et la Ghunsa Khola, maintenant un gros torrent aux couleurs glaciaires, bondit joyeusement de rocher en rocher.

Ghunsa

Ghunsa

La promenade-dessins continue en descendant la rivière en rive droite, vers le gompa en retrait du chemin. Un très joli ensemble, la maison de gauche toute carré-bossue posée sur un gros rocher. Quelques jeunes yaks qui broutent pour l’ambiance. Dans ce dessin aussi, le bonze c’est pour faire joli : il n’y avait personne au gompa.

La maison de gauche sur le rocher est l’ancien gompa fondé par le grand lama du Sikkim Gyalwa Lhabten Chenno il y a un millier d’années. La maison de droite est plus récente, construite après l’annexion du Tibet.

Les nuages montent du bas de la vallée, tout d’un coup il ne fait plus si bon. Repli vers Ghunsa où il y a encore un rayon de soleil pour le yoga sur la pelouse.

Le rayon de soleil est parti derrière les nuages et il commence à faire froid. Petite gelée du soir et tout le monde se retrouve dans la salle commune tempérée par le calo à bois. Aujourd’hui je mets une couche de plus avec la doublure de parka sur la polaire. Demain soir, pull thermique et doudoune ? En tout cas, je me rapproche du calo pour me réchauffer les doigts, mais un dal-bhat plus tard ça va mieux.

Ghunsa

Ghunsa

10°C de nouveau ce matin. La guest-house est presque vide, juste un Britannique jeune et distant, ne répond pas au bonjour… bon, de toute façon il part tôt vers Selele. On profite encore un peu du confort de la salle commune, plus haut ce sera plus sommaire. Le calo ronronne, même si le plus gros de la chaleur part par la grosse trappe du plafond vers les combles.

De Ghunsa à Khambachen

Au podomètre : 23'420 pas / 17.8 km ; montée 725 m. Altitude début 3400 m, altitude fin 4095 m

7h45, zam-zam ! Le sentier est bien gelé en remontant le village. De nouveau la forêt, les derniers rhododendrons, des genévriers. En anglais c’est juniper qui se traduit par genévrier, mais ça ne ressemble pas aux genévriers de nos Alpes… à approfondir. Quelques gros pins himalayens par ci par là, sinon graduellement des hêtres, des chênes et plus haut des aulnes. Tout ça de plus en plus buissonnant, et dénudé aussi. Impression de forêt en hiver, avec les écharpes de lichen en plus.

C’est un bon chemin, bien tracé et consolidé d’escaliers en pierre. Ça monte tout doucement, descend à peine de temps en temps. Quasi désert aussi : on croise juste quelques descendeurs, un train de dzopkios à vide.

Ghunsa

Ghunsa

10h15, Rambuk Kharka, pause thé. Il est question de rester ici pour le dîner mais il est encore tôt, et puis il y a déjà des morceaux de nuages qui menacent la vue annoncée plus haut sur le Kumbhakarna. Zam-zam, on dînera à Khambachen.

Le joli petit sommet vers le haut de la vallée est indiqué 6076 m sur la carte mais n’a pas vraiment de nom et c’est bien injuste.

En face en rive droite, l’ancien chemin est devenu dangereux à cause des glissements de terrain, mais il y a des traces de passage.

On monte par le nouveau chemin en rive gauche, bien tracé avec juste quelques passages ravinés où il faut faire attention où on met les pieds. On passe un groupe de faisans dans la forêt.

Rambuk Kharka

Rambuk Kharka

Bientôt on sort complètement des arbustes pour négocier les moraines du glacier de Kumbhakarna, et tout d’un coup les premiers grands sommets se montrent sur la droite. Re-moraine, puis un pont suspendu tout neuf et une dernière grimpette jusqu’à Khambachen. 4 h depuis Ghunsa. On se pose à la Khambachen guest house, juste à l’heure pour un tenthuk (hum, ça a l’air de pâtes industrielles) au soleil et face aux sommets sans nuages.

C’est le dernier village habité à l’année… doit être bien isolé l’hiver et pendant la mousson !

Khambachen

Khambachen

Mini-promenade de l’après-midi au gompa et chorten au-dessus du village. La didi (grande sœur, tenancière de lodge) nous confie les clés du gompa. Il y a aussi un très gros lodge en construction, un panneau annonce Snow leopard study center.

Retour au guest-house. La didi chasse les chèvres de la cuisine. Les nuages s’amoncellent, pas de coucher de soleil glorieux sur les sommets. Et le froid du soir s’installe.

Soirée bavardages avec trois touristes Britanniques qui descendent, n’ont pas réussi le camp de base, problèmes d’altitude. Le calo à bouse diffuse une bonne chaleur, on se laisse entraîner jusqu’à 20h30 ! Bonne nuit avec sous-vêtements thermiques, chaussettes, buff sur le cou et bonnet sur la tête.

Khambachen

Khambachen

De Khambachen à Lhonak

Au podomètre : 24'007 pas / 18 km ; montée 410 m. Altitude début 4095 m, altitude fin 4795 m

6h30, le soleil allume le Tha Naghi, 5980 m. La lumière descend tout doucement dans la vallée à l’est. Tsampa (bouillie d’orge) du matin, la première pour cette promenade, dans la cuisine légèrement tempérée en attendant l’heure du départ.

Le soleil arrive juste au village, c’est l’heure de partir… dans l’ombre de la vallée vers le nord. Chemin facile dans les buissons, petites montées et descentes. Un coup d’adrénaline en passant un glissement de terrain, mais je suis sûr qu’on a pris le mauvais sentier.

Une belle cascade laisse une trace toute blanche et un amas de givre en travers du chemin. Petite acrobatie pour passer ça sans se fier au pont de givre.

Le Merra domine la rive gauche. Les sommets blancs se succèdent en fond de vallée.

Ramdang, beau replat et dégagement vers le sud-est, un petit bout du pic principal du Kanchenjunga se montre tout au fond derrière le Kangbachen. L’altitude se fait sentir, souffle court. Fini les buissons, il ne reste que des touffes roses sur le gazon roussi. Une dame et un enfant ramassent des argouses.

Khambachen

Khambachen

C’est un peu long dans la moraine ; pas fâché de voir Lhonak au bout du chemin. Ça nous a pris tout juste 4 heures depuis Khambachen.

Installation à la Himalayan guest house, thé et tenthuk-œuf face au Nepal Peak au fond de la vallée, goût de Nirvana. Les nuages montent mais n’arrivent pas à boucher les sommets.

Ça sent la fin de saison : plusieurs lodges sont déjà fermés et d’autres sont en cours de fermeture, on a croisé les déménagements dans la montée.

Les jeunes Israéliens d’Itahari font parler d’eux dans toute la vallée : on dit qu’ils demandent trois suppléments de dal-bhat et ensuite il n’y a plus rien pour les porteurs.

C’est encore un glissement vers le lodge sommaire : mini-chambre avec courants d’air par les murs de planches à trous. Il y a la lumière sur batterie, l’ampoule est partagée avec la chambre d’à côté, c’est convivial.

Lhonak

Lhonak

Bavardages du soir avec le couple de Français arrivés dans l’après-midi et nuit perturbée par l’altitude : souffle court.

De Lhonak à Pang Pema et Khambachen

Au podomètre : 43’240 pas / 32.9 km ; montée 452 m. Altitude début 4795 m, altitude maximum 5140 m

Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Heidi – pas de moyen de communication pour le lui souhaiter heureux…

Départ à 5 h, à la frontale, en remontant la vallée. C’est d’abord bien gentil avec un bon replat en bordure du glacier, ou plutôt de ce qu’il en reste vu la hauteur de la moraine. Et puis ça se complique : ravines, il faut monter, descendre, passages délicats et souffle court. Le soleil qui se lève allume modérément les sommets, surtout à contre-jour. Il nous arrive dessus un peu avant l’arrivée à Pang Pema. Ouf ! Trois heures depuis Lhonak. Ciel bleu foncé, pas un nuage en vue, face imposante de la montagne.

Il y a un couple de Roumains qui a bivouaqué là-haut. Laxman n’est pas content et fantasme un peu sur le degré d’illégalité de la chose.

Pang Pema, camp de base nord du Kanchenjunga

Pang Pema, camp de base nord du Kanchenjunga

8h35, on attaque le retour vers Lhonak. C’est un peu plus facile que la montée, mais il faut quand même remonter pour attraper le haut de chaque ravine. On croise les trois autres touristes de la journée : le couple de Français, et puis un type, qui ont pris les choses plus tard et resteront dormir à Lhonak.

Les mouflons sont au rendez-vous et on est à 11 h au Himalayan guest house pour un riz frit – œuf réparateur.

Rituel de la bassine à vaisselle et à épluchures : d’abord le chien va voir si quelque chose lui plaît, puis les chèvres nettoient et pour finir la didi rince. Simple et efficace.

12 h 30, on repart pour arriver à Khambachen 2 h 40 plus tard, au coucher du soleil.

Chemin sans histoires, la cascade se franchit sans tomber dans l’eau, il y a bien un nouveau sentier en bas du talus d’éboulis et les sommets étincelants défilent. Un groupe de mouflons joue aux acrobates dans les falaises de la rive gauche, ils passent tous en faisant rouler les pierres. Installation à la Khambachen guest house que nous partageons avec un couple de slovènes. Toilette sommaire (promesse de douche demain) et thé-dessins.

Wedge Peak

Wedge Peak

Après une soirée-bavardages avec les Slovènes (jusqu’à 20h30 !), une bonne nuit malgré une rhinite qui embête. Le lendemain, quelques nuages se dissipent vite. Repli des affaires et tsampa du matin dans la cuisine, centre des activités à cette heure.

De Khambachen à Ghunsa

Au podomètre : 23’913 pas / km ; montée 340 m. Altitude début 4095 m, altitude fin 3400 m

Zam-zam, avec la promesse d’une douche chaude à Ghunsa !

Pont suspendu, on passe en rive gauche et c’est la descente, en disant au revoir aux grands sommets enneigés. On descend tout doucement dans la forêt : mélèzes, genévriers, aulnes, rhododendrons, drapés de lichens. Marche dans la forêt gelée, abri sous roche avec temple de Shiva. On retrouve les quelques passages délicats de berges érodées qui formaient les premières sensations de la montée.

Khambachen

Khambachen

Ghunsa et ses splendeurs ! Le réseau de téléphone mobile de Laxman est assez solide pour envoyer un SMS de bon anniversaire à Heidi ; puis la douche chaude bien attendue, un plat de mo-mos et une lessive mise à sécher au vent, parce que le soleil se cache déjà derrière les nuages. Un royal 7°C au soleil et la sensation d’être propre, al Aziz al baraka, dirait Barka. Ça, c’est de l’Arabe. Barka était mon guide au Tassili n’Ajjer.

Promenade de l’après-midi à une terrasse à 3600 m de l’autre côté de la rivière, panorama sur Ghunsa. On fait encore un passage au gompa Tashi Choeling / Tsoding, reste d’un monastère qui avait été l’un des plus prestigieux de la région.

Retour au lodge, yoga sur la pelouse, il commence à faire froid. Les prévisions météo ne sont pas bonnes. Aïe ! Prenons ça avec philosophie. Dans l’immédiat, redéploiement de la lessive étendue pour qu’elle sèche encore un peu dans la chambre cette nuit : il commence à geler.

Ghunsa

Ghunsa

De Ghunsa à Selele

Au podomètre : 22’751 pas / 17 km ; montée 1'162 m. Altitude début 3400 m, altitude fin 4234 m

Une bonne nuit dans ce grand lit avec duvet et grand oreiller – je me suis mis dedans avec le sac de couchage. Le matin, il gèle bien dans la chambre, la lessive est toute dure. Elle finira de sécher à Selele. Les nuages du soir sont partis : ciel dégagé et givre sur les prés. Cette fois-ci, je suis le seul touriste au Kanchenjunga guest house.

La didi passe partout avec l’encensoir. Le garçon toujours jovial avec sa musique en boîte charge le calo qui ne chauffe que les combles.

7h40, zam-zam, sur le sentier gelé dur vers les 600 m d’escaliers dans la forêt enchantée, soleil rasant jusqu’à la crête.

Arrêt pour souffler sur la crête, puis le chemin continue sur l’autre versant. Changement d’ambiance : fini la forêt, on est dans les buissons ras, les vues sont dégagées vers Phale et Gyabla. Tout d’un coup, on se retrouve au milieu d’un groupe de yaks, naks (madame yak) et bébés, pas d’agressivité, ça se passe bien. Mais voilà qu’un autre groupe arrive d’en bas, poussé par des yakboys. Ça en fait, du monde, sur le sentier qui grimpe raide. Pour ne pas risquer un yakcident, on laisse tout le troupeau passer devant. Belles vues sur les bêtes dans la poussière.

Montée à Selele

Montée à Selele

Odeur pénétrante de sumpathi (paloo en tibétain), buisson ras dont on récolte les fleurs fanées et les feuilles pour encenser. C’est probablement ce que la didi de Ghunsa utilisait ce matin pour chasser les mauvais esprits, et ça marche ! Les vilains nuages d’hier sont bien partis, le ciel est dégagé de partout.

Trois heures et demie depuis Ghunsa, arrivée à Selele. Pas le groupe de bâtiments d’en bas, nettement plus construit qu’indiqué dans le livre, mais le petit lodge au-dessus.

Le Selele hill side lodge, quatre chambres, un bloc cuisine et salle commune, une terrasse pour tentes. L’astuce, c’est que d’ici on voit l’Everest qui dépasse de la crête au fond vers le nord-ouest. Une bonne thupka au soleil sur la terrasse pendant que la lessive d’hier soir finit de sécher.

Promenade de l’après-midi en remontant le ruisseau depuis Selele-d’en-bas : le sentier n’est pas très marqué mais efficace dans la pente.

Sele La

Sele La

A 4560 m, la pente s’arrondit et, surprise, la face sud-est du Kumbhakarna se dresse devant nous. A 12 km, mais quelle présence ! Glace, neige et roche jaune. Un moment d’admiration puis il faut rentrer en faisant attention où on met les pieds.

15h15, le soleil se cache juste quand on revient au lodge. Mini-séance de yoga (pas de terrain à la fois plat et raisonnablement propre) face à l’Everest et splendeur d’un premier coucher de soleil sans nuages!

Selele

Selele

Le calo n’a pas de cheminée ! Dal-bhat dans la cuisine enfumée, la porte ouverte, puis lecture en doudoune dans la chambre. Un moment à admirer les étoiles et une nuit so-so, mais la laryngite est partie et la rhinite est sous contrôle.

De Selele à Tseram

Au podomètre : 23’008 pas / 17.1 km ; montée 298 m. Altitude début 4234 m, altitude fin 3870 m

Lever de soleil sur l’Everest et la Makalu là-bas, pas mal ! Départ tôt pour Tseram. Ça commence avec 1h15 de montée vers Selele La… mystère : la dénivelée est seulement 200 m. Toujours est-il que la vue vers le Kumbhakarna est splendide. Le couple de Français de Lhonak arrive quand on part.

Selele La

Selele La

Oralo, ukalo, parcours vallonné de Selele La à Mirgin La. Pas la grande forme aujourd’hui mais assez pour profiter du paysage.

Changement de décor après Mirgin La : plus de sommets enneigés en vue, horizon de collines dans une brume bleutée, on se croirait 2500 m plus bas dans les Alpes. Mais avec le souffle un peu plus court.

Quatre mouflons dans la pente, pour faire joli. Et l’odeur de sumpathi. Une grande colonne se détache de la crête rocheuse à gauche.

Mirgin La

Mirgin La

Sinelapche La, 4700 m, le dernier des trois cols de la journée : nouveau changement de décor, les sommets du Kabru qui marquent la frontière avec le Sikkim, et à gauche le Kanchenjunga sud avec un nuage lenticulaire qui ne dit rien de bon. Mais carpe diem, il fait grand beau et on a fini la montée. Descente donc sur un beau petit lac gelé avec lungtas, puis on attaque le dévaloir vers Tseram, sentier raide et glissant, regarder où on met les pieds ! Belles vues en avant vers le glacier de Yalung, programme pour demain. On entre dans la forêt, Tseram est dessous.

Sinelapche La

Sinelapche La

Yaluangkhang guest house, Tseram, 3870 m – cinq heures depuis Selele, arrivée à Tseram. La foule ! Il y a quatre Américains de Washington (State) qui descendent d’Oktang – Yalung ce matin. Ils font une grosse lessive, je me glisse pour une toilette minimale pieds et mains. Pas de menu et cuisine en mode de pointe, je me fais enfiler un chow-mein qui est en réalité des spaghettis au chou. Pas le meilleur repas. Après-midi paresseuse au soleil, bavardages avec les Américains et le couple de Français arrivés entre-temps.

Le froid vient avec le soir. Dzaro ! Le lieu social est la cuisine pour campeurs, où les guides ont allumé un feu, mais vraiment c’est trop enfumé. Repli dans la salle commune glacée, dessins et lecture en doudoune jusqu’à l’heure du dal-bhat. Cuisine d’altitude, le curry se réduit à des patates, je me réjouis déjà des légumes à partir de Yamphudin. Bavardages de souper avec le couple de Français et sooba ratri.

Lecture au lit, à la frontale après 21h, coupure de l’éclairage sur batterie. Une bonne nuit avec un peu plus de pression d’air qu’à Selele.

Tseram

Tseram

De Tseram à Oktang et retour

Au podomètre : 33’916 pas / 25.8 km ; montée 508 m. Altitude début 3870 m, altitude maximum 4740 m

Départ léger pour l’aller-retour d’Oktang, et en plus Soroz porte mon sac !

Montée dans la forêt de genévriers. J’éclaircirai le mystère des baies en retrouvant internet. Très vite, une grosse ravine ; au-dessus ça tourne au maquis, puis à la steppe d’altitude avec parfum des sumpathi qui nous accompagnera jusqu’en haut. Tout d’un coup c’est la vallée suspendue : la Simbhuwa Khola est un aimable ruisseau qui serpente de lac gelé en lac gelé. Le Rathong tient la vedette en fond de vallée.

Simbhuwa Khola

Simbhuwa Khola

On croise un des Britanniques de Khambachen qui avait renoncé à Pang Pema, mais content d’avoir réussi Oktang et passé la nuit à Ramche.

Puis voilà Ramche, quelques maisons sur un replat, Snow Hotel aux murs tapissés de bouses de yaks. Le sentier continue à grimper très agréablement dans la prairie d’altitude, mouflons et parfum des sumpathi. Le grand beau temps. Oubliées, les vilaines prédictions de neige d’il y a trois jours à Ghunsa ! Les Kabrus sont de plus en plus présents à gauche du Rathong, des pics enneigés se montrent dans les couloirs latéraux.

Au fond de la vallée, on oblique à gauche et la pagode d’Oktang est là devant, un peu plus haut. Le gros œuvre est terminé, reste à faire la décoration. Arrêt photos.

Oktang

Oktang

Une dernière petite montée après la pagode jusqu’à la terrasse panoramique à 4770m en bordure de moraine. Yay ! Succès, les deux faces des Kanchenjungas admirées, par un temps de carte postale et sans douleurs. Le moment est juste parfait, un petit vent soulève des nuages de poussière sur le glacier de Yalung, loin au-dessous du bord de la moraine. Le camp de base sud est sur le glacier, ça ne fait pas très envie d’y descendre et de toute façon on n’est pas équipés pour ça.

Une grosse crotte sur le chemin. La panthère des neiges est passée par là…

Descente sans histoire, en savourant les vues, les parfums, les sensations. Quelques yaks prennent volontiers la pose, plaque de chocolat partagée avec Laxman et Soroz qui admettent, oui, ils ont soif, et acceptent l’eau de ma gourde, qu’après tout Soroz a portée !

Oktang

Oktang

De retour à Tseram, petite toilette, gros riz frit aux légumes et calme de l’après-midi au soleil.

Un moment d’excitation, on repère trois personnes qui traversent par la forêt au-dessus du lodge. Est-ce que ce serait une partie des Israéliens d’Itahari ?

Le soleil s’en va. Dzaro ! Froid ! Changement de tenue, doudoune et repli dans la salle commune avec une tongba (bière de millet chaude) pour fêter tous ces beaux sommets !

Tseram

Tseram

Dernière nuit en altitude, petite gelée. La vie sociale du matin est à la cuisine, autour du fourneau sans tuyau de fumée. Tout part dans les combles par un gros trou dans le plafond. C’est moins enfumé qu’à Selele mais ça ne chauffe pas beaucoup. La tsampa du matin fait son effet, ça chauffe de l’intérieur.

De Tseram à Tortong

Au podomètre : 21’206 pas / 16 km ; montée 245 m. Altitude début 3870 m, altitude fin 3007 m

On quitte le soleil qui venait d’arriver à Tseram pour plonger dans la forêt le long de la Simhbuwa Khola : genévriers, pins, puis rhododendrons et quelques épicéas. Bon sentier avec de plus en plus de marches en pierre, quelques clairières avec abris saisonniers, murs bas et charpente en bâtons. Quelques passages de berges érodées. La forêt est maintenant épaisse, moussue, une vraie forêt enchantée avec le soleil rasant en contre-jour. Le torrent enfle avec chaque ruisseau qui arrive en cascadant.

Après 2h40 de marche seulement, arrivée à Tortung / Torangden, 3007m et installation à l’hôtel Green View.

Tseram, Tortung

Tseram, Tortung

Douche sommaire mais bienvenue, lessive et riz frit, avec verdure ! La rivière ronronne, le soleil chauffe, ça se passe bien. Le couple de français arrive. Promenade surérogatoire de l’après-midi en remontant la rivière jusqu’au premier passage délicat. Le soleil passe derrière le talus, ce sera peut-être la dernière soirée en doudoune… mais doudoune ouverte avec le secours de la tongba !

Le groupe de jeunes Israéliens d’Itahari débarque, ils essaient de soutirer aux guides des tuyaux pour éviter le check-point de sortie de la conservation area !

Tortong

Tortong

De Tortong à Yasang et retour

Au podomètre : 43’088 pas / 32.3 km ; montée 1’386 m. Altitude début 3007 m, altitude minimum 1200 m

Zam-zam dans la petite gelée, forêt enchantée de nouveau ; les rhododendrons sont différents, avec de grandes feuilles. Les érables et pins sont tout moussus. Au premier croisement, un écriteau nous dit que Yamphudin est vers le bas.

On traverse la Simbhuwa Khola au pont de Lase, tout neuf mais sérieusement abîmé par un arbre tombé dessus. La forêt enchantée devient tout doucement forêt tropicale en descendant : lianes, bambous et chants d’oiseaux.

Après une heure de descente, on commence à trouver ça bizarre de ne pas remonter vers Yamphudin de l’autre côté de la vallée. On retraverse sur une grosse cascade mais le sentier continue à descendre en rive gauche.

Yasang, 1200 m, les premiers bananiers. C’est clair maintenant, on s’est trompés au croisement et on a suivi un nouveau chemin, pas indiqué sur la carte ni dans le livre, vers Yasang, Hellok et Tapethok. Evaluation, Laxman un peu embarrassé décide qu’on remonte à Tortung et Yamphudin demain. Avec le Nepali flat en prime, ça nous fait 1380 m de dénivelée pour 32 km, avec un morceau de pain tibétain et un bout de chocolat pour midi… Epuisé en revenant à Tortung. Les Israéliens sans guide croisés juste après avoir fait demi-tour doivent encore en rire mais ce sont des dégoûtants : on trouve plus loin sur le chemin leur poubelle de pique-nique et toute une piste de kleenex.

Pas fâché de revoir le Green View après neuf heures et demie de marche. Le soleil se couche, il fait déjà froid. Douche américaine en chute de pression et thé masala pour calmer les tremblements une fois changé et en doudoune. Après le dal-bhat et la tongba bien entamée, les tremblements sont partis, mais quelle fatigue !

La perspective de la salle commune est inversée par rapport à hier soir : deux Allemands qui descendent de Tseram sont crochés à la bière San Miguel. Bavardages après souper, histoires de Dhaulagiri avec leur guide un peu farceur, qui fait apparaître le lingam de Shiva dans le bonnet de son porteur.

Tortong

Tortong

De Tortong à Yamphudin

Au podomètre : 26’593 pas / 19.6 km ; montée 809 m. Altitude début 3007 m, altitude maximum 3500 m, altitude fin 2055 m

Nouvelle tentative pour atteindre Yamphudin : cette fois, on ne se laisse pas abuser par l’écriteau qui montre le chemin du bas ! Bientôt le chemin monte bravement. Forêt enchantée givrée dans l’ombre. Le chemin devient carrément raide, je fixe le rythme pour me réchauffer en t-shirt sèche vite dans la petite gelée, mais les bras et mains sont engourdis.

On arrive à la grande ravine vue hier au-dessus du pont de Lase ; encore quelques raidillons et traversées délicates pour passer par-dessus. Le Kumbhakarna se montre par-dessus la forêt.

En haut de la ravine qui a complètement mangé le col, le terrain est tout fracturé, la montagne tombe morceau par morceau. Un bout de traversée du col, tout d’un coup le Kumbhakarna se montre tout entier hors des arbres. Et ça fait du bien aussi de se réchauffer au soleil !

Les deux Allemands arrivent à leur tour, font aussi une pause sur le col.

Lasiya Bhanjyang

Lasiya Bhanjyang

Le Makalu et quelques sommets non identifiés pointent au-dessus des collines. Un peu plus loin, Lasiya Bhanjyang, 3400m. La buvette est ouverte, on ne l’espérait pas. L’intérieur et le tenancier sont noirs de suie. Il n’est que 10h, mais je craque pour un dal-bhat ; sans regrets, il est fameux avec coriandre dans le dal et cardamome qui améliore encore le sargh tout frais.

Zam-zam ! On s’enfile dans la descente, forêt enchantée avec soleil cette fois. Et ça descend ! La forêt perd ses lichens et mousses, les premiers bambous, qui dominent vite, la végétation remplit les espaces entre les arbres, les pins disparaissent, on continue de dégringoler par le sentier raide jusqu’à l’Amji Khola, 2200m. Passage à gué, le pont a été emporté. Le prochain khola a un nouveau pont, déjà malmené par les crues et maintenu par un gros étai en bois. Encore 3/4h de Nepali flat jusqu’à Upper Yamphudin.

Lasiya Bhanjyang

Lasiya Bhanjyang

Yamphudin guest house, 2055 m : une douche froide bienvenue ! Et il y a du réseau téléphone mobile ! Un SMS à Heidi, pas sûr qu’elle le reçoive vraiment…

Il y a une grande pelouse plate et propre : séance yoga complète, la première depuis Ghunsa. Réparation du pantalon accidenté cet après-midi. Il faudra mettre un blètze plus tard. Les deux Allemands arrivés entre-temps sont crochés à la bière San Miguel.

Le froid vient avec le soir. Inattendu ! La doudoune ne va pas encore rejoindre le fond du sac. Repli à la cuisine pour mettre les dessins au net. Autre altitude, autre cuisine : fourneau à bois monumental en terre, avec aussi un fourneau à gaz sur la table. L’évier est un grand bac au sol. La porte et les volets des fenêtres sans vitres restent ouverts le soir.

La soirée se passe bien. Bavardages avec les Allemands et leur guide. La tongba du soir devient une habitude mais c’est la dernière : je ne le sais pas encore, mais il n’y en aura pas plus loin. Dal-bhat, le second de la journée, avec gombos (tsutsikorila en Népalais), re-bavardages, regarder la route des prochains jours sur la carte. Encore quatre jours à marcher jusqu’à Taplejung. Les Allemands prennent la jeep demain pour Ilam.

Rotation autour de la table pour le repas du staff, grands miams et slurps, la didi a fait un poulet masala, j’en goûte un morceau, meetosa, premier bout de viande depuis deux semaines.

Une nuit très paisible là-dessus.

Yamphudin

Yamphudin

De Yamphudin à Phumphe Danda

Au podomètre : 24’101 pas / 18.3 km ; montée 805 m. Altitude début 2055 m, altitude fin 1820 m

Descente matinale d’Upper Yamphudin à la Kabeli Khola. On abandonne les Allemands à la piste jeep après cinq minutes. Fougères, bananiers, puis cardamomes avec arrosage.

De la rivière, remontée et plat Népalais, toujours dans la forêt tropicale bien en pente. Chants d’oiseaux et d’insectes, un vol de perroquets verts. Ecoliers qui vont aux cours pour 10h, en uniforme et sac au dos.

Yamphudin

Yamphudin

En remontant, on traverse des villages en terrasses. C’est la récolte de millet, mis à sécher un peu partout.

3h1/2 de marche, Mamangke, 1790m. La piste de jeep ouverte jusqu’à Yamphudin a porté un coup à l’hôtellerie locale : les lodges ont fermé. Laxman trouve quand même une dame qui nous fait un dal-bhat très convenable, à côté de l’école.

Phumphe Danda est la prochaine crête, mais il faut descendre puis remonter 300m. Le sentier plonge dans la gorge. Langurs (singes blancs) dans les arbres. Le pont est légèrement cabossé, l’autre versant est très raviné. Le nouveau chemin de montée est horriblement raide, arrive à une piste en construction. Des sommets pointent en haut de la vallée comme on prend de la hauteur : Rathong et Koktang qu’on avait vus en allant à Oktang, puis le Kumbhakarna dans le coin. La chasse au lodge à Phumphe Danda n’est pas facile. Ici aussi, l’ouverture de la piste de Yamphudin…

Mamangke

Mamangke

L’Amrit guest house ne fait plus beaucoup d’affaires mais nous accueille dans ses chambres improbables avec lits-planches. Il y a un tamarillo dans le jardin, mais la didi garde les fruits pour elle.

15h, le soleil est déjà derrière la crête. Pas de douche ce soir, un peu de lessive urgente qui aura peu de chances de sécher d’ici demain. Laxman attrape un peu d’internet mobile, me fait un hotspot, juste assez pour un message de bon anniversaire à maman. Un message aussi à Heidi que je retrouverai dans sept jours maintenant.

16h30, la doudoune s’impose.

Phumphe Danda

Phumphe Danda

Pas le meilleur sommeil sur cette planche avec tapis, mais sur une nuit de dix heures, ça fait quand même la dose de repos.

De Phumphe Danda à Kande

Au podomètre : 23’257 pas / 17.8 km ; montée 875 m. Altitude début 1820 m, altitude fin 2130 m

Départ dans l’ombre le long de la nouvelle piste de jeep, encore en chantier ; puis on tire vers le haut pour retrouver un joli sentier balcon, plat Népalais.

C’est la forêt tropicale de nouveau, avec acacias et cardamomes (alaichi) avec arrosage au carrousel. La graine fraîche est très aromatique, avec un petit goût de menthe.

Arrêt sur un belvédère avec stèles funéraires (sotaro). Vue sur les collines et le chemin vers Kande sur la droite. Le sentier continue dans la forêt. Ukalo, oralo pour passer des petites cascades.

Une bonne montée franche et on arrive à Kande / Sinchewa Bhanjyang juste à l’heure pour le dal-bhat de midi. Installation au homestay communautaire de Kande. Selon le livre il y avait trois lodges ici il y a six ans, selon la carte deux, en réalité un… la piste à Yamphudin, plus de touristes ici. Pourtant Kande est joli, bien exposé sur un col, le coucher de soleil ne sera pas avant 16h45 selon Peakfinder.

Kande

Kande

Mais on n’en est pas encore là. D’abord la douche et un peu de lessive urgente. Puis le dal-bhat. Ensuite, après-midi en douceur. Explorations au temple sur la butte. La forêt au-dessus est épaisse, pas de vue vers les sommets ; mais en marchant 600 m le long de la piste vers le sud, il y a une belle vue dégagée du Kumbhakarna au Koktang, avec le Kanchenjunga bien sûr. Ma session dessins est l’attraction pour les enfants du village.

Le tenancier prépare du jhal muri, le plat de riz soufflé que j’avais mangé à Naubise il y a 15 ans déjà, et le sert avec un morceau de carton comme cuiller.

Kande

Kande

16h30, le soleil tombe et la doudoune reprend du service. Promenade du soir au point de vue pour le même panorama avec coucher de soleil. Repli dans la salle commune pour le second dal-bhat de la journée, un bout de réseau téléphone pour un SMS à Heidi et un bon anniversaire à maman.

Lecture dans la salle commune (non chauffée, on perd de l’altitude) jusqu’à 20h, puis il devient clair qu’on attend sur moi pour se coucher. OK, sooba ratri !

Une nuit plutôt bonne en pliant en deux l’espèce de gros duvet et en le posant comme matelas pour adoucir les rigueurs du lit-planche.

Près de Kande, vue sur le massif du Kanchenjunga vers le nord-est

Près de Kande, vue sur le massif du Kanchenjunga vers le nord-est

De Kande à Lali Kharka

Au podomètre : 21'706 pas / 16.4 km ; montée 791 m. Altitude début 2130 m, altitude fin 2270 m Zam-zam ! La piste de jeep arrive maintenant à Kande mais on ignore la Mahindra Bolero pour suivre la piste un petit moment, puis dégringoler de 700 m pour aller traverser un « motorable bridge » tout neuf.

Remontée du fond de la vallée par un village étalé sur la pente ensoleillée. Rizières en terrasses, poinsettias, grosses abeilles qui butinent. Ça monte dur et il fait chaud !

Avec l’ouverture de la piste de jeep, les sotaros, places de repos pour porteurs décorées de stèles funéraires, vont à l’abandon et c’est bien triste.

On approche de 10h, les écoliers et écolières en uniforme se hâtent. Pour le dernier bout avant Lali Kharka, la piste de jeep a pris la place du sentier en légère montée. C’est un peu poussiéreux et on n’est pas fâchés d’arriver et commander le dal-bhat après quatre heures de marche.

Lali Kharka

Lali Kharka

Le home stay Lali Kharka camp a connu des jours meilleurs. Là, il fait poussiéreux et un peu mité. C’est peut-être pour y remédier que le tenancier a mobilisé un saint homme qui débite des pujas tout l’après-midi.

Le soleil se cache derrière la crête à 14h30 et le froid du soir vient tout de suite. Encore quatre heures jusqu’au dal-bhat.

Même la chienne de la maison fait misérable avec poil collé et queue coupée.

Lali Kharka

Lali Kharka

Dzaro ! Je rajoute la doublure de parka entre la doudoune et la polaire et me réfugie à la cuisine enfumée et moyennement propre (le même balai sert pour la table et le sol). Rien à voir avec la douce fin d’après-midi et le coucher de soleil glorieux de Kande hier !

La puja dure, enfle, toute la maisonnée participe au final. Pendant ce temps, le feu s’éteint. Agitation soudaine d’une jeep qui s’arrête, passagers qui descendent. Enfin la puja est terminée, le feu ranimé. Le dal-bhat est servi à 19h30, un record de veillée longue ! Le saint homme absorbe deux kanchenjungas de bhat, la puja l’avait mis en appétit.

Dernière nuit de confort réduit, de nouveau avec la couverture (douteuse) pliée à double sur le lit-planche.

Lali Kharka

Lali Kharka

De Lali Kharka à Taplejung

Au podomètre : 30’111 pas / 23 km ; montée 620 m. Altitude début 2270 m, altitude fin 1830 m

Ce matin, des nuages bouchent les crêtes… pour souligner la chance qu’on a eue jusqu’ici. Pas de Kanchenjunga du matin donc.

Zam-zam par la piste de jeep, avec quand même quelques lacets à couper, en montant les 360m jusqu’à Deurali Bhanjyang, d’où la piste descend vers Suketar-Taplejung ou monte vers Pathibara. On suit la piste jusqu’à l’aéroport de Suketar, pas très intéressante avec l’horizon nuageux. Une dégringolade d’escaliers enfin jusqu’à Taplejung : 600m de descente, environ 3000 marches… content de passer le kani (portail d’entrée) !

Deurali

Deurali

Taplejung ! Une grosse douche chaude, dal-bhat, passage chez le coiffeur-masseur et promenade de l’après-midi en remontant les marches du matin.

Il y a deux gompas dans les hauts de Taplejung : le Gurung, un peu ancien, et le Sherpa, tout neuf. Et puis les restes du grand festival d’il y a 18 jours.

Un en-cas de petites bananes et retour à l’hôtel pour la mise en ordre des petits dessins en attendant le dal-bhat du soir, annoncé à 19h30, le rythme de la ville !

Demain le bus pour Birtamod, départ à 6h…

Ambiance coupe du monde de football, ce soir Suisse-Brésil, heureusement ma chambre est un peu plus loin. Dodo.

Taplejung, gompa Gurung

Taplejung, gompa Gurung

De Taplejung à Katmandou

Traversée matinale de la ville jusqu’à la station de bus, et on embarque tous les trois sur la banquette arrière d’un grand bus Tata, trente places assises bien serrées, une quarantaine de passagers. La route dégringole vers la Kabeli Khola, puis remonte pour suivre la crête, redescend sur Phidim, on y est passés il y a dix-neuf jours. Belles vues de fond sur les Himalayas qui s’éloignent, impressions fortes des nids de poule et secousses en tous genres.

Phidim, arrêt mo-mos. Surprise à la sortie : une roue avant est en opération à cœur ouvert, les garnitures de freins se décollent des mâchoires. Un atelier mécanique en plein air entreprend de goupiller tout ça. Zen, ça se passera bien.

Une pimpante Mahindra Bolero a deux places pour Birtamod. Et même les deux places biz à l’avant ! Laxman et moi embarquons, Soroz reste avec le bus pour Katmandou. Nouveau départ, un peu plus véloce et confortable ; hum, peut-être pas pour les quatre passagers de la banquette arrière et les trois du coffre.

Dans les collines avant Ilam, le massif du Kanchenjunga semble flotter en l’ai comme un gros nuage.

Un morceau de fromage pour passer le temps : consistance et goût d’un morceau de bois. Belles lumières de coucher de soleil tropical en arrivant dans la plaine du Gange, Birtamod à la nuit tombée.

Phidim

Phidim

Pas grand-chose à dire sur Birtamod : ville étalée et poussiéreuse, hôtel pas très propre et plutôt laid, fondu enchaîné entre les pigeons de la nuit, les coqs de l’aube puis les moteurs de la gare routière pour assurer le fond sonore malgré les tampons dans les oreilles. Quand même le plaisir d’une bonne bière fraîche avant le dal-bhat du soir, et un déjeuner roti-curry (veg) intéressant. Promenade du matin avec Laxman à la recherche des curiosités annoncées sur la carte : « château » inexistant, temple en vrai béton. On tombe quand même sur un marché aux bananes coloré.

Une imposante Mahindra Scorpio nous pousse (juste nous deux) à l’aéroport de Bhadrapur, le vol Shree Airlines 942 pour Katmandou est presque à l’heure. Bon, le siège 10D est avec vue sur le moteur tribord, mais de toute façon il y a des nuages élevés, un fond laiteux ; restons sur les impressions glorieuses du vol aller il y a déjà vingt jours !

Arrivée à Katmandou la poussiéreuse, les yeux piquent déjà. Installation à l’hôtel Norbulinka.

Birtamod

Birtamod

Un bon plat de mo-mos au piment, puis shopping à Thamel avec une mission : trouver un yeti de décoration de sapin de Noël. Ça a l’air simple mais ça ne l’est pas. Proposition standard, pas de yeti mais un yak. Non, pas la même chose. Une commerçante plus loquace m’explique qu’avant le Covid il y avait des yetis mais plus maintenant… auraient-ils été victimes de la maladie ? Pour finir, victoire : deux boutiques me sortent de leurs stocks non pas le même yeti mais monsieur et madame, rien que ça. Avec des mini-lungtas comme guirlande.

Débriefing avec Shankar. Laxman est là aussi, il part probablement à nouveau la semaine prochaine, au camp de base de l’Everest… pas clair s’il est content des roupies ou s’il aimerait bien se reposer.

Le taxi pour l’aéroport est commandé pour 10h demain. Tout cela se fête : direction le Thamel House pour un full-set menu !

Katmandou

Katmandou

Retour vers Heidi au pays ! Un peu excité, tard au lit hier soir après paquetage, yoga et téléphone.

Déjeuner et promenade du matin à Thamel et Chhetrapati qui se réveillent : pujas et livraisons, ouverture des premières boutiques. Je me fais piéger dans une boutique de thés et épices… encore un cornet à fourrer dans le bagage.

Shankar passe à l’hôtel dire au revoir. Un coup de taxi pour Tribhuvan, au revoir à la ville pulsante et poussiéreuse.

Enregistrement et embarquement sans histoires. C’est après la fermeture des portes qu’on attend deux heures sur le tarmac que le contrôle nous donne le feu vert. Le pilote nous gratifie quand même d’un tour de carrousel après le décollage pour la vue à 360° sur les sommets au nord et les collines au sud. Les dix heures d’attente et vol conviennent juste pour le traitement des photos, heureusement qu’il y a une prise électrique au siège !

Le plan d’avoir un lit à Istanbul tourne court… dodo dans un canapé, nuit terrain avant la dernière ligne droite vers la maison.

Katmandou

Katmandou

Résumé de l’itinéraire

Au podomètre : total 457’482 pas / 345.4 km ; montée 12’135 m. Altitude maximum 5140 m

Randonnée dans le massif du Kanchenjunga

Randonnée dans le massif du Kanchenjunga

11-12-13 novembre 2022, en remontant la Ghunsa Khola de Sekathum à Ghunsa : grosse rivière rageuse et écumante entre les falaises serrées, puis gros torrent, mince cascade sous Gyabla. Journées courtes de novembre, froid le matin et le soir, chaud au soleil de midi. Chants d’insectes et galopades de langurs dans la forêt.

Du 15 au 18 novembre 2022, de Ghunsa à Pang Pema et retour

A Khambachen on est sortis de la forêt, à Lhonak on est au pays des glaciers. Et puis les sommets ! Pointant d’abord dans les trous des crêtes de vallées, puis en premier plan.

Les glaciers de fond de vallées sont un peu désolés, à 100 m sous la moraine et plein de gouilles.

C’est habité à l’année jusqu’à Khambachen, mais les lodges ferment maintenant et les tenanciers descendent en plaine où la vie est moins chère.

Côté nord du Kanchenjunga

Côté nord du Kanchenjunga

19-20 novembre 2022, traversée de la montagne entre la Ghunsa Khola et la Simbhuwa Khola. Tentative d’éclaircir le mystère des noms des cols, vues de l’Everest, du Makalu et du Kumbhakarna tout proche, vue des Kanchenjungas et des Kabrus à l’arrivée. Ciel clair jusqu’au soir et odeur des sumpathi dans les prairies d’altitude.

21-22 novembre 2022 : cirque sud du Kanchenjunga et descente de la Simbhuwa Khola. La plus belle promenade du monde ! Impressions dans le désordre :

  • Les sommets enneigés.
  • La lumière sur les glaciers suspendus.
  • Le parfum des sumpathi.
  • Le torrent en zigzags avec lacs gelés.
  • Le beau temps !
  • Les gentils yaks.
  • Les mouflons.
  • … et bien sûr l’aide de Laxman et Soroz !

Tout ça est désert en fin de saison touristique.

Le mystère des junipers - genévriers est résolu après coup. C’est du juniperus recurva alors que le cade genévrier de nos alpes est du juniperus oxycedrus ou communis, donc ils sont cousins. Techniquement le juniper / genévrier himalayen est un cyprès, mais les cyprès sont aussi cousins des genévriers. Les baies de genièvre sont des cônes ronds comme ceux des cyprès, elles dégénèrent en baies en mûrissant.

Côté sud du Kanchenjunga

Côté sud du Kanchenjunga

23-24 novembre 2022, de la Simbhuwa Khola à la Kabeli Khola

Un panneau indicateur farceur nous vaut une promenade aller-retour jusqu’à Yasang par les gorges de la Simbhuwa Khola. Retour à la case départ. Le lendemain est plus heureux : montée du matin dans la forêt gelée, vues sur le Kumbhakarna et le Makalu depuis Deurali Danda, dal-bhat terrain mais très bon servi par un ermite noir de suie à Lasiya Bhanjyang. Pendant la haute saison il est en famille selon le livre. Bien sûr tout est fermé hors saison. Descente par tous les étages de la forêt pour arriver 1450m plus bas à Yamphudin, impressions presque tropicales… jusqu’au soir.

De la Simbhuwa Khola à la Kabeli Khola

De la Simbhuwa Khola à la Kabeli Khola

25-26-27-28 novembre 2022, retour vers Taplejung

En quittant le circuit touristique, le confort descend de quelques crans et il faut s’accommoder des pistes de jeep, même si la circulation est presque inexistante. Plus de menus-fantaisies. C’est dal-bhat midi et soir. Au milieu de ce retour, une mention spéciale pour Kande, homestay sympathique et vue magnifique sur le massif du Kanchenjunga, avec du soleil jusqu’à 16h30 !

Toute la zone est habitée à l’année. Agriculture de montagne accrochée à la pente. Cultures de cardamomes un peu partout, très arrosées. C’est un marché en crise. Il y a quelques années le sac de 40 kg se vendait 130'000 roupies, maintenant plus que 32'000.

Présence de plus en plus forte des collines bleutées du pied des Himalayas. Avant la descente finale vers Taplejung, le col de Deurali et la route qui part au nord le long de la crête vers Pathibara, lieu de pèlerinage pour les Indiens.

Retour à Taplejung

Retour à Taplejung

Gastronomie autour du Kanchenjunga

Commençons par l’essentiel : one dal-bhat a day keeps AMS away. Nepali thali (plat Népalais), ou simplement khana (nourriture), ou dal bhat : un bol de soupe de lentilles ou haricots (dal) avec un Kanchenjunga de riz (bhat), des légumes, su sargh (feuilles de bettes) et une préparation pimentée (pickle) pour relever. Un papad (galette fine de lentilles) frit pour faire joli. En altitude, le légume se réduit à des patates et le sargh disparaît. Passé Selele, le papad disparaît, il reviendra à Taplejung. Mystérieusement, il est remplacé par une galette aux crevettes un soir. Le dal-bhat n’est pas monotone ! Il est chaque fois différent. Le meilleur était à Lassia Bhanjyang, avec coriandre dans le dal et cardamome dans le sargh.

On prend l’option végétarienne bien sûr : à voir les conditions de transport et conservation de la viande, c’est évident.

Le supplément arrive d’office, en principe de tout à volonté. Je reprends du dal et du sargh.

Presque partout sur le circuit touristique, il y a un menu imprimé pour les autres options : mo-mos, thupka etc. jusqu’à des aberrations comme la pizza, ne pas essayer.

Les mo-mos sont des beignets de légumes cuits à la vapeur. Servi avec une sauce gingembre – piments, c’est meetosa ! Eviter les variantes à la viande, aux patates, au fromage.

La thukpa ou thentuk est une soupe épaisse aux nouilles et légumes, éventuellement avec œuf.

Eviter le chow-mein, en fait des spaghettis au chou. Le riz frit avec légumes et œuf est OK.

Laxman a monté une douzaine de très bonnes pommes dans son sac, qu’il m’a servies en dessert, une par jour, débitées en morceaux. A Lhonak, il a fallu d’abord la dégeler à l’eau chaude.

Pour déjeuner, un tsampa-porridge, farine d’orge grillée délayée au lait, ou du pain tibétain, entre le chapati gras et le beignet.

Et tout ça arrosé de thé au lait, dudh chiya !

Gastronomie au Kanchenjunga

Gastronomie au Kanchenjunga

Logement autour du Kanchenjunga

J’ai été surpris du confort. Sur tout le circuit touristique d’Itahari à Yamphudin, les matelas étaient bons et les couvertures étaient presque propres, ça tombait bien parce que le sac de couchage de location n’était pas très chaud.

Les derniers jours à Phumphe Danda et Lali Kharka notamment, ça ressemblait plus à ce que j’attendais : plafond bas et lit planche.

Bon, si on veut que tout soit propre et net, là, ça pose problème ; mais prenons le Népal comme il est !

Les chambres exigües sont la norme. Pas de souci étant tout seul, mais à deux dedans, ça demande un peu d’organisation. Je m’en étais bien accommodé autour des Annapurnas il y a 15 ans.

Les fenêtres sont garnies de plastique transparent à basse altitude, de persiennes en bois plus haut. C’est mieux : de toute façon il fait froid dès que le soleil s’en va.

Il y a la lumière électrique presque partout, même à Lhonak ; solaire sur batteries sauf à Itahari, Ghunsa et Yamphudin où une brave turbine assurait.

Pas de WC en suite sur ce circuit, mais à Ghunsa il y avait des lodges qui proposaient ça. On n’a pas envie de devoir sortir par -10 ou -15°C au milieu de la longue nuit, de 20h à 6h ; ça demande un peu de concentration et de technique.

La salle commune est chauffée avec un calo à bois quand on est dans la forêt (pas de souci de déboisement au Kanchenjunga). Au-dessus, c’est du feu de bouse de yak. Les tenanciers dorment dans la salle commune, c’est pour ça qu’on se retire en chambre à 20h. Là, comme on était limite hors saison avec souvent pas d’autres touristes, pas de chauffage à la salle commune, tout se passait à la cuisine.

… et pas de wifi du tout sur le circuit, pas de réseau téléphone mobile, sauf pour les habitants et guides qui ont une puce spéciale.

Logement au Kanchenjunga

Logement au Kanchenjunga

Kanchenjunga pratique

On ne part pas comme ça se promener dans le massif du Kanchenjunga. Il faut un permis. Le camping en-dehors des emplacements est interdit, marcher la nuit aussi. L'accompagnement par un guide breveté est en principe obligatoire. La police est plutôt laxiste dans l’application de cette règle et les guides en sont vexés.

Pour moi pas de souci, c'est la quatrième fois que Shankar d'Adventure Magic m'organise une randonnée et c'était très bien chaque fois : (http://www.adventurehikenepal.com, info@adventurehikenepal.com. J'ai passé l'âge de perdre deux jours au début à organiser permis et transport, de fatiguer sous un sac qui contient le minimum et de galérer avec les didis et tenanciers de lodges. Je pars d'office avec guide et porteur.

Le livre de Siân Pritchard-Jones et Bob Gibbons A trekking guide to Kanchenjunga, ISBN 9798555813022, est plein de bons renseignements mais assez inexact sur les lodges bien sûr, ça change tout le temps, mais aussi sur les chemins et les ponts, en bien meilleur état que décrit dans le livre. Les cartes peu claires sont regrettables. Les photos sont petites et noir-blanc, mais on en trouve des belles en suivant l’itinéraire sur Google Earth.

La carte Kanchanjanga de Nepal Map Publisher, ISBN 9789937649612, 1:120'000, annonce une mise à jour permanente. Elle n’indique pas tous les chemins, notamment le nouveau de Tortung à Yasang… Elle est plutôt exacte mais à cette échelle et avec 80 m entre les courbes de niveau, pas de miracle, il faut deviner.

L’application Peakfinder indique les noms et altitudes des montagnes en vue. Elle permet aussi de prendre une photo avec informations sur les sommets. Attention, il faut charger le modèle de terrain avant de partir, et s’assurer qu’on a bien le dernier modèle détaillé. Une fois sur place, plus de réseau pour ça.

L'application Topo Map+ de OpenStreetMap contributors apporte un complément très précieux. Pour un prix modique, je charge les cartes *très* détaillées avec 10 m entre courbes de niveau sur mon smartphone. Le GPS fonctionne avec le téléphone en mode avion, pas de soucis de batterie ou de réseau. Les chemins sont bien indiqués. Un regret, les indications de noms de lieux sont minimales.

L'application Maps.me https://maps.me/ prend le relais pour ça. Elle n'indique pas bien le relief mais est gratuite, fonctionne aussi avec le GPS et en mode avion, indique les chemins et les bâtiments avec précision, tourne en ridicule les applis pitoyables de Google et Apple. Elle est très précieuse à Katmandou.

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17 mai 2019 5 17 /05 /mai /2019 19:06

Une belle randonnée à la frontière Tibétaine au centre-nord du Népal, quinze jours et demi de marche. Détails pratiques à la fin de l'article.

Premières idées de Manaslu

Premières idées de Manaslu

27 mars, on y est ! Soirée paquetage la veille, il me tarde d'y être déjà. Les nuits commençaient à être légères. Le matin du départ, il fait un grand soleil de bise à Lavaux. Promenade matinale dans les vignes, deux coups de train pour l'aéroport, puis deux coups d'aile pour Katmandou en laissant le Tadjikistan sur bâbord. En style : j'avais épongé les miles de prime pour m'offrir la biz. Vivement les grandes montagnes !

En route pour Katmandou; panorama avant l'atterrissage
En route pour Katmandou; panorama avant l'atterrissage
En route pour Katmandou; panorama avant l'atterrissage

En route pour Katmandou; panorama avant l'atterrissage

28 mars, Katmandou

C'est un voyage sans histoires. Quatre heures au salon d'Istanbul ne sont pas un désagrément. Un peu de retard à l'arrivée : c'est l'embouteillage au sol à l'aéroport, l'avion fait des ronds pendant une demi-heure avant l'approche d'atterrissage, on profite du panorama sur les montagnes sans nuages.

Immigration, bagages, Shiva m'accueille à la sortie pour m'emmener à l'hôtel Thamel. Passage au bureau de l'agence pour namaster Shankar et promenade de l'après-midi dans les rues encombrées.

Thamel devait être fermé à la circulation… mais pas encore. Ça reste poussiéreux et mouvementé. Mini-shopping, session cartes postales, puis briefing à l'hôtel avec Shankar et Shiva qui confirment le départ demain matin en jeep jusqu'à Sotikhola, la vallée de Tsum jusqu'à Mu Gompa et la boucle du Manaslu jusqu'à la Marsyandi. Shankar m'emmène pour un souper de gala au Thamel House, en transformation, pas de spectacle mais tout est toujours très bon. Séance paquetage du soir, examen critique de chaque pièce, les sacs sont prêts. Dodo.

Katmandou; sur la route
Katmandou; sur la route

Katmandou; sur la route

29 mars, de Katmandou à Sotikhola

Méthode de Brahim au tassili n'Ajjer : dire trois fois Bismillah en bouclant le chargement avant de partir. Ça ne peut pas faire de mal en tout cas. Shiva et Dawa sont là, les sacs sont bouclés. Une petite attente rituelle et une puissante Mahindra Scorpio est là pour nous emmener. La première heure se passe au ralenti dans les embouteillages de Katmandou aggravés par des travaux d'amélioration routière. Une petite sieste dans la brume, je me réveille dans la vallée de la Thopal Khola. La sieste n'aurait pas pu durer plus : fini le bitume "sealed road", on attaque la piste, d'une colline à l'autre, poussière et cahots. Arrêt dal-bhat (base de la cuisine Népalaise : du riz, de la soupe aux lentilles, un curry de légumes et un condiment) de 11h, quelques dernières collines avant de descendre dans la vallée de la Budhi Gandaki, Arughat et encore un bout de poussière jusqu'à Sotikhola. Débarquement à l'ABC hotel. Affordable, beautiful & clean, précise la pancarte. C'est le début d'après-midi, il fait chaud, on ne commencera pas à marcher aujourd'hui.

Je pars quand même en promenade en suivant la route encore fermée mais déjà tracée après le pont suspendu : un gué fait l'accès de chantier. J'ai l'idée d'aller jusqu'au début du sentier mais dois vite renoncer, la route continue bien loin. Retour à Sotikhola, une douche et une bière fraîche.

Il y a un projet hydroélectrique dans la vallée : 200 MW me dit Shiva en ouvrant grand les yeux. En réalité 1'200 MW. Oui, j'avais vu passer ce projet de Budhi Gandaki. C'est Gezhouba qui va réaliser.

Le souper est tranquille, il y a là deux Australiens et un groupe de Tchèques que je reverrai plus haut. Invasion de termites tout d'un coup, c'est la saison dit Shiva.

Au lit avec ma nouvelle lecture, le premier volume des enquêtes de l'inspecteur Chopra, nuit en pointillés.

Sotikhola, Budhi Gandaki
Sotikhola, Budhi Gandaki
Sotikhola, Budhi Gandaki

Sotikhola, Budhi Gandaki

30 mars, de Sotikhola à Tatopani

Au podomètre : 28286 pas ; montée 427 m. Altitude début 700 m, altitude fin 990 m

Sept heures, 700 m, 24°, nuageux en fond de vallée. Ça commence sur les traces d'hier, avance facile sur la route tracée mais pas encore ouverte à la circulation. La poussière reste au sol. Le pittoresque souffre bien sûr : le sentier coupé dans la falaise est maintenant une grosse piste, il faut beaucoup d'imagination pour se représenter les perspectives vertigineuses du livre. La piste coupe aussi les montées et descentes du "Nepali flat". Il y a plusieurs petites usines hydroélectriques, un gros chantier d'école profite des premiers transports par camion.

Une famille de singes langurs dans les arbres, végétation tropicale, bananiers, chants d'insectes et d'oiseaux.

10h15, arrêt pour le dal-bhat du matin à Machhakhola, 925 m. La jeune fille de la maison porte un torchon parfaitement plié sur la tête, comme pour charger un panier.

Machhakhola, Budhi Gandaki
Machhakhola, Budhi Gandaki
Machhakhola, Budhi Gandaki

Machhakhola, Budhi Gandaki

Après Machhakhola, le chantier de route est beaucoup moins avancé. Il reste des ponts suspendus aux traversées, les creux et les bosses sont encore bien là. Des équipes s'occupent de miner les bosses. En fait on suit le chantier de route toute la journée aujourd'hui et une petite partie de demain.

La marche de l'après-midi n'est pas bien longue, deux heures jusqu'à Tatopani, mais il fait chaud, toujours dans la forêt touffue au fond des gorges, chants d'insectes et d'oiseaux. Arrêt pour aujourd'hui, toilette et lessive à la source d'eau chaude. Le groupe de Tchèques vu hier soir à Sotikhola arrive, un peu transpirants, ils portent tout leur paquetage.

Petits dessins en buvant une Gorkha tiède - pas d'électricité ici, et la source est… chaude, pour y tremper les bouteilles ce n'est pas le top.

Une procession de porteurs de poteaux de clôture usagés passe. A cinq poteaux chacun, il y en a bien deux cents. Ils veulent les utiliser pour construire une école.

Khorlabesi, Budhi Gandaki
Khorlabesi, Budhi Gandaki
Khorlabesi, Budhi Gandaki

Khorlabesi, Budhi Gandaki

Shiva et Dawa sont frères, originaires d'un village perché au-dessus d'Arughat. Shiva est guide diplômé, ne fait que ça. Dawa termine un bachelor de sciences sociales. L'après-midi se tire. Il tombe quelques gouttes, redéploiement de la lessive mise à sécher. Inquiétude météo, le guide des Tchèques explique qu'il y a quelques jours il y avait 2 m de neige sous le col. Les groupes descendants qu'on a croisés ne sont pas tous les allers-retours de la Tsum mais aussi des retours forcés, impossibilité de passer le col. Les Tchèques consultent mon livre, demandent s'ils peuvent échanger leur permis Larkya contre un permis Tsum à Jagat… J'ai plus de chance, le détour prévu par la Tsum donnera peut-être à la neige le temps de fondre ? Entre ces discussions et l'inspecteur Chopra, lecture décidément sympa après la marche, ça fait un bon bout de soirée, il est déjà passé 21h ! Le lit est dur, c'était attendu, mais avec un stilnox j'arrive à chasser les pensées parasites du bureau et de la maison, la nuit est tout à fait correcte vu les circonstances.

Au matin, en repliant les habits mis à sécher, je les trouve tout pleins de paillettes de mica, l'eau de la source chaude. A part être chaude elle ne doit pas être très bonne. Il y a plusieurs personnes carré-bossues par là et Shiva fait la grimace au sujet du remplissage des gourdes.

Tatopani, Budhi Gandaki
Tatopani, Budhi Gandaki

Tatopani, Budhi Gandaki

31 mars, de Tatopani à Philim

Au podomètre : 30840 pas ; montée 994 m. Altitude début 990 m, altitude fin 1570 m

Sept heures, 1010 m, 19°. Les nuages et les gouttes d'hier soir se sont dissipés, le bleu pointe tout là-haut au-dessus des gorges. On commence par traverser le pont suspendu juste en amont de Tatopani et tout d'un coup le décor change : raidillons qui montent et descendent joyeusement, oui, c'est bien le Népal. Ukalo (montée), oralo (descente), on traverse un grand pont suspendu, nous voilà à Dobhan. Ukalo, oralo, cascade, voilà Yaruphant. Les rumeurs de la vallée mettent le barrage par ici avec courbe de remous à Jagat. En réalité le barrage sera près de la confluence avec la Trisuli et le courbe de remous arrivera entre Arughat et Sotikhola, mais c'est vrai, avec un petit seuil de prise ici c'est possible d'équiper une jolie chute.

Après Yaruphant, la vallée s'élargit, on change de paysage. Encore un verrou, on est à Jagat, gros bourg, rues pavées en escaliers, lodges coquets. 10h30, c'est l'heure de la pause-dîner : un dal-bhat très correct au Jagat guest house, une didi (grande sœur, tenancière de lodge) imposante. L'autre touriste, descendant, était dans la Tsum, a trouvé un peu de neige à Mu Gompa.

Jagat, Budhi Gandaki
Jagat, Budhi Gandaki
Jagat, Budhi Gandaki
Jagat, Budhi Gandaki

Jagat, Budhi Gandaki

Après Jagat, fini le chantier de construction routière. Depuis un moment le sentier en rive gauche évitait le chantier mais c'était les ronflements des compresseurs et le tac-tac des marteaux-piqueurs. Là, on suit un petit sentier charmant à flanc de falaise, petite compensation pour la traversée Sotikhola - Lapubesi aplanie par la route. Puis, ukalo, oralo, les villages de Salleri, Sirdibas, Ghathekhola (où est Cocakhola ?), un grand pont suspendu pour passer en rive gauche, un bon raidillon et nous voilà à Philim.

Le vent nous a bien accompagnés ce début d'après-midi et il fait soif ! Arrivée au lodge, petits chalets charmants, une douche chaude et voilà la pluie qui commence avant d'attaquer une Gorkha bien fraîche.

Après-midi tranquille à Philim : un groupe de moines vient faire une bénédiction du lodge en règle, puis un moment sympa avec le garçon le la maison et mes dessins. Des travaux d'alimentation en eau aussi, le chemin devant le lodge ouvert, les commentaires des passants, une dame qui semble avoir abusé du rakshi (alcool distillé)…

La limite entre pays Gurung et Tibétain est floue. Ça commence à Jagat mais à Philim c'est franchement Tibétain. En fait il y a un flou sur "Tibétain". Il y a eu des mouvements de population en 1950 mais Shiva assure que ces vallées étaient Bouddhistes de culte Tibétain bien avant.

En écoutant tonner l'orage du soir, bavardage de souper avec les autres pensionnaires, un couple de jeunes Lucernois, en panne digestive depuis deux jours, les pauvres. Ils sont partis pour le Larkya La, se demandent s'ils ne vont pas devoir abandonner pour raisons sanitaires. Il ne fait pas froid, mais un peu cru avec l'humidité. La doublure de parka vient renforcer la polaire.

Philim
Philim
Philim
Philim

Philim

En remontant la Budhi Gandaki, du 30 mars au 1er avril

Budhi Gandaki nadi, la rivière appelée "vieille" : pas la peine de parler des sommets, de toute façon on est en fond de gorges quasi tout le temps. La route progresse. Elle est ouverte à la circulation jusqu'à Sotikhola mais ensuite bien tracée jusqu'à Tatopani, puis en travaux jusqu'en face de Chisopani, bruits de marteaux piqueurs et de compresseurs. Le projet est de pousser comme ça jusqu'à Samagaon et ensuite passer un des cols vers le Tibet.

Entre Sotikhola et Lapubesi, il y avait le célèbre sentier dans la falaise, remplacé par une large piste. Macchakhola, gros centre de chargement de trains de mules ; les camions peuvent monter jusque-là. A Tatopani (tato = chaud, pani = eau, tatopani = eau chaude), les maisons seront rasées pour faire de la place pour la route. En amont de Tatopani, on quitte la route pour un sentier en rive gauche. Entre Dobhan et Yaruphant, les gorges sont très resserrées. Au-dessus de Yaruphant, il y a un replat et le sentier prend une passerelle accrochée à la falaise en rive gauche. Au-dessus de Jagat, c'est le plat népalais "a little bit up, a little bit down". Après Philim, un beau sentier en balcon puis les gorges se resserrent après Chisopani.

1er avril, de Philim à Chumling

Au podomètre : 30348 pas ; montée 1253 m. Altitude début 1570 m, altitude fin 2386 m

Sept heures, 1630 m, 14°. C'était plutôt une bonne nuit. Au matin, l'orage est allé se faire entendre ailleurs, le soleil levant allume les premières vues de sommets vers le nord. La jeune Lucernoise me confie, défaite, que la nuit a été mouvementée. Les pauvres. Zam-zam (en avant) dans le coteau à l'ombre. Chisopani, (chiso = froid, chisopani = eau froide), grosse fontaine au bord du chemin, on fait le plein d'eau. Ukalo, oralo, le chemin serpente entre les ressauts et les creux, la rivière gronde au fond des gorges.

Basse Budhi Gandaki
Basse Budhi Gandaki

Basse Budhi Gandaki

Voici la bifurcation vers la vallée de Tsum. On prend à droite le raidillon qui part à l'assaut du verrou ; le pont et le chemin vers Deng, ce sera plus tard. La montée est facile dans l'ombre et la forêt légère. Un chantier de kani (portique monumental) en béton, concassage des agrégats à la main, une semelle trouée pour tenir le morceau sous la masse. Voici un mini-lodge adossé à la falaise. Cinq minutes d'arrêt pour souffler.

Plus loin, le sentier est charmant : premiers rhododendrons en fleurs, rayons de soleil comme on fait le tour du verrou. Le grondement de la Budhi Gandaki aux eaux grises s'éloigne, la Siyar Khola est plus discrète et plus claire.

On passe et repasse deux filles, chacune avec un énorme bidon sur le dos.

Shringi Himal
Shringi Himal

Shringi Himal

Les rhododendrons sont en fleurs. Ici, ce n'est pas les arbres de 20 m, mais quand-même c'est autre chose que nos buissons. Les gros bouquets de fleurs se détachent sur le ciel ou sur la falaise sombre.

9h30, Lokpa, on a déjà fait l'étape de la matinée, il n'y a plus de ravitaillement jusqu'à Chumling. Arrêt dal-bhat sur la terrasse ensoleillée de la Tsum Valley guest house. Les contreforts des monts Ganesh nous dominent au sud-est. Un pic glacé étincelle en arrière-plan : le Tewa Himal ?

Soupe aux lentilles avec la première vue sur les sommets et une pensée pour David, pas celui de 2018 mais celui de Nurek.

Un couple de jeunes Bretons descend de Mu Gompa, pas embêtés par la neige, continue vers Deng et espère passer le Larkya La.

Instabilité printanière : vers midi ça commence à bourgeonner sur les sommets. Bientôt l'orage grondera.

Zam-zam ! On commence par descendre au bord de la Siyar Khola, passer un pont dans une forêt tranquille accrochée à la pente. La descente ne dure pas. Après le deuxième pont, une passerelle est accrochée à la falaise, monte tout doucement au-dessus de l'eau.

Lokpa, Tsum Valley
Lokpa, Tsum Valley

Lokpa, Tsum Valley

Les choses se gâtent après la passerelle : un raidillon de 500 à 600 m dans la forêt accrochée aux pentes, avec le vent qui remonte la vallée. Ça n'en finit pas, et l'orage menace. A la descente sur la rivière, il tombe quelques gouttes. La teahouse au pont sous Gumlung est réparée. Encore 30 minutes de bonne montée et nous voilà à Chumling… deux minutes avant que l'orage éclate, violent.

Une douche froide, vite, en profitant de la bonne chaleur de la montée. Je suis glacé en sortant. Pas de bière cette fin d'après-midi tranquille, parties d'échecs avec Shiva, trop fort pour moi, et avec Dawa, je me défends.

Chumling, Tsum Valley
Chumling, Tsum Valley
Chumling, Tsum Valley
Chumling, Tsum Valley

Chumling, Tsum Valley

La salle commune du Tashi Delek lodge rappelle celles du Khumbu avec la banquette qui fait le tour, les tables pas pratiques et les décorations Bouddhistes. La fille des tenanciers en costume Tibétain pour la soirée, les chiots qui jouent un peu partout. Dal-bhat du soir, besoin de me réchauffer décidément après cette douche, traîner un peu avec l'inspecteur Chopra et dodo.

Nuit en pointillés, ponctuée de doutes : c'est le bruit de la pluie, ou de la rivière ? Même pas froid, juste la bonne température avec le sac de couchage ouvert, 11° dans la chambre le matin. La crêpe épaisse au miel devient une habitude de déjeuner. En tout cas elle tient au corps et accompagne bien le thé masala.

2 avril, de Chumling à Chhokang Paro

Au podomètre : 26498 pas ; montée 966 m. Altitude début 2386 m, altitude fin 3080 m, point haut 3230 m

Sept heures, 2380 m, zam-zam. Les nuages qui bouchaient le ciel se sont dissous au lever du soleil. C'est le grand beau temps. Aujourd'hui ça commence gentiment à flanc de coteau jusqu'au pont de Domje. Langurs dans les arbres, autres singes qui gambadent dans les prés, le Shringi Himal à gauche et le Ganesh 2 à droite, que du bonheur.

Après le pont, changement de ton. Le sentier part bien raide à l'assaut du verrou, vers Gho et Chhokang Paro, en lacets et traversées avec des perspectives aériennes sur la Siyar Khola en-dessous. Un pas de côté et on parle de toi au passé.

Chumling, Tsum Valley, langurs, singes
Chumling, Tsum Valley, langurs, singes
Chumling, Tsum Valley, langurs, singes

Chumling, Tsum Valley, langurs, singes

Une petite pause au pont de Domje avant d'attaquer le raidillon. On quitte les champs de blé et maïs verts pétants. Belle vue sur Rainjam ; les pics de Ganesh et le Tewa Himal à droite occupent le décor. Ça commence à bourgeonner sur Ganesh…

C'est les derniers rhododendrons, déjà plus petits. On est maintenant dans une forêt de de pins, les grands himalayens, comme des sapins avec double rangées d'aiguilles, pas les petits pins bleus de plus bas. La forêt est fleurie aussi, pleine de parfums agréables, il n'y a que dans les recoins humides qu'on renifle encore les odeurs acides de purin de mulets. C'est très calme : peu de touristes descendants, peu de trains de mulets, quelques dames occupées aux travaux des champs.

Domje, Tsum Valley
Domje, Tsum Valley
Domje, Tsum Valley

Domje, Tsum Valley

A Domje, un panneau annonce Yak Kharka à une heure. Pas de fausse joie, on n'a pas fini avec les mulets. Le temps d'y arriver c'est devenu Chauri Kharka : yak est le mot tibétain, en népalais c'est chauri. En tout cas pas de cornes de yaks en vue. Une pause pour le paysage. La montée n'est pas encore terminée ; là-haut sur le bord de la falaise une rangée de chortens annonce Chhokang Paro. Un dernier zam-zam et nous voilà à 11h30 au Tashi Delek hotel, fondé il y a 50 ans affirme le tenancier. Treize chambres ont récemment remplacé les dortoirs.

On s'attable tous avec bon appétit autour d'un dhindo, purée de farine d'orge grillée avec une soupe bien pimentée. Il faut rouler une boule de pâte, la passer dans la soupe et avaler sans mâcher. Je tire mon joker et demande une cuiller. C'est bien bon et ça dégage le nez.

On dit qu'à Chhokang Paro il y a plus de chortens que d'habitants. J'ai renoncé à compter les chortens… il y a encore les murs de manis (mur bas fait de pierres votives, en général gravées) et deux gompas (monastère, temple). En tout, une spiritualité florissante et affichée dans la pierre.

Chauri Kharka, Tsum Valley, premières vues sur le Ganesh 2
Chauri Kharka, Tsum Valley, premières vues sur le Ganesh 2
Chauri Kharka, Tsum Valley, premières vues sur le Ganesh 2

Chauri Kharka, Tsum Valley, premières vues sur le Ganesh 2

On a fait l'étape en 4h30 et dîné à Chhokang Paro au lieu de Domje… Pas question de se laisser refroidir, d'autant qu'il fait beau et qu'un chantier sous le lodge fait ronfler son groupe électrogène. Un raidillon part au-dessus du village vers un gompa réputé fermé. Je laisse Shiva et Dawa se reposer et j'y monte.

C'est une jolie petite grimpée au-dessus de Chhokang Paro et un beau panorama sur les Ganesh, le Churke Himal et le Kipu Himal. Un pâturage pour chevaux et vaches autour d'un hameau abandonné, un chemin de traverse et voici le gompa. Deux vieilles dames vivent à côté. Elles n'ont pas la clé mais encaissent l'obole.

A partir de Chhokang Paro il y a des plus petits corbeaux, comme des gros chocards avec bec orange. Dans les villages, ça reste surtout des grosses corneilles.

Retour au lodge, mise en ordre des dessins, encore une petite promenade et bavardages avec le tenancier. Au coucher du soleil, la température chute de quelques degrés.

Chhokang Paro, Galdang gompa
Chhokang Paro, Galdang gompa
Chhokang Paro, Galdang gompa

Chhokang Paro, Galdang gompa

Le lit était dur mais ce n'était pas une bonne idée d'empiler les matelas des deux lits. Le problème des matelas c'est qu'ils sont écrasés au milieu. Empilés, ça fait un gros trou qui reste dur. Bon, j'ai bien dormi quand-même malgré la sérénade des chiens. Il fait 6° dans la chambre le matin, ça fait 5° de moins chaque jour…

Tsampa (bouillie de farine d'orge grillée délayée dans le thé) pour le déjeuner. La belle salle commune est à l'étage, avec la cuisine. Dessous, c'est l'étable, pour donner un peu de chaleur. La banquette fait le tour de la pièce avec une place réservée au père "Seat only father - it's our culture thank you." Quatre grosses bassines en cuivre trônent sur les tablards : de l'eau dans celle de gauche, des boîtes de bière dans celle de droite, les autres boissons dans les autres. Les tables sont à hauteur de genoux et les banquettes sont assez larges pour dormir ; l'ergonomie est étudiée pour s'asseoir en tailleur plus que pour s'adosser.

3 avril, de Chhokang Paro à Nile

Au podomètre : 28855 pas ; montée 584.5 m. Altitude début 3080 m, altitude fin 3370 m, point haut 3600 m

Après la tsampa la doublure de parka est repartie dans le sac, mais on supporte la polaire pour partir dans la vallée encore dans l'ombre. Finie la forêt : des champs d'orge, blé, maïs bien verts occupent le fond de vallée, des landes de genévriers le flanc nord et des bouquets de mélèzes le flanc sud. Les villages sont en pierre avec quelques toits de tôle. Des chortens et murs de manis ponctuent le chemin. Les roues à prières sont rudimentaires, simples cylindres de tôle. Les dames portent le costume traditionnel. Les hommes peu nombreux, triste émigration, et les enfants, n'ont pas de costume. Shiva assure que les pommettes rouges des femmes et enfants ne sont pas du maquillage mais une couperose de froid.

Pas de mulets aujourd'hui : il y a des petits chevaux dans les prés et des yaks à partir de Lamagaon, avec boucles d'oreilles, cloche en acier et une pièce en T au bout du licol.

Haute Tsum
Haute Tsum
Haute Tsum
Haute Tsum
Haute Tsum

Haute Tsum

Un grand monastère tout brillant attire le regard à l'entrée de Lamagaon. Il n'est pas terminé, les ouvriers expliquent qu'il est en travaux depuis sept ans et qu'il y en a encore pour un an.

Un peu plus loin, après Burji, adossée à la falaise en haut du talus nord de la vallée, se trouve la vraie grotte où Vajrayana Mahasiddha Milarepa a vécu en ermite au XI° siècle. Ne pas faire attention aux imitations de Nyalam au Tibet ou de Manang en haute Marsyandi. Par la méditation il s'est affranchi de son passé de sorcier et meurtrier. Le Nirvana atteint, il a pris appui avec son pied contre le rocher de la grotte, un peu fort, il a laissé son empreinte, et puis il est allé convertir le Mustang. En tout cas on a de la chance, la clé est sur la porte de la grotte. Les deux sanctuaires, eux, sont fermés.

Retour au chemin : les villages et les champs s'enchaînent, moins verts que dans la basse vallée. Travaux de labours avec deux dzopkios (croisement de yak et de bufflonne ou vache) attelés à une charrue en bois avec soc doublé en tôle d'acier. Un très grand stupa tout d'un coup, puis les deux villages de Chhule et Nile juste après.

Lamagaon, Tsum Valley
Lamagaon, Tsum Valley
Lamagaon, Tsum Valley
Lamagaon, Tsum Valley

Lamagaon, Tsum Valley

C'est encore une petite étape : de Chhokang Paro à Nile, quatre heures plus la visite de la grotte de Milarepa. On arrive juste à temps pour le dîner. J'essaie le thenthuk, soupe traditionnelle locale de grosses nouilles avec légumes et œuf.

Nile, haute Tsum
Nile, haute Tsum
Nile, haute Tsum

Nile, haute Tsum

Salle commune de la Nile Norling guest house, le vent qui remonte la vallée crie par toutes les jointures de la maison. Pas question de rester dedans par ce beau temps : petite promenade de l'après-midi en remontant la rive droite jusqu'à la petite usine hydroélectrique, montée à l'ouvrage de mise en charge et à la prise d'eau. Ce n'est pas mal fait mais la conduite en PEHD est posée directement dans les cailloux. C'est bête, elle ne durera pas.

Retour, ça se couvre et je me retrouve dans la salle commune pour la fin de l'après-midi, à socialiser avec les autres randonneurs. Un thé salé au beurre rance pour lutter contre le froid. Shiva a une autre méthode, il a sorti sa doudoune.

Les Australiens font une drôle de tête en essayant de grignoter des boulettes de tofu séché. Ils ont trouvé ça à l'épicerie, sont un peu déçus. Je leur explique ce que c'est. Il y en aura avec le dal-bhat demain.

Après le souper, petite session wifi, coucou à Florian qui a attrapé une gastro-entérite à son stage en garderie, le pauvre. Pas de SOS des collègues sur la messagerie, je ne regarde pas les e-mails ! Vraiment, cette salle commune n'est pas la plus agréable. Tout le monde disparaît vers 19h30, je vais aux plumes à 20h.

Haute Tsum
Haute Tsum
Haute Tsum

Haute Tsum

4 avril, de Nile à Mu Gompa et Lar

Au podomètre : 27155 pas ; montée 563.5 m. Altitude début 3370 m, altitude fin 3245 m, point haut 3900 m

Une bonne nuit, vraiment, juste coupée par le vent rageur et par des galopades sur le toit. Surprise, au matin il ne fait pas froid, 8° dans la chambre. La tsampa matinale (avec raisins secs et miel, miam) pousse le thermostat intérieur, me voilà plein d'énergie pour la journée.

Le chemin part en rive gauche de la rivière, entre chortens et murs de manis. Un peu au-dessus de l'usine électrique, un petit pont et on monte en rive droite vers la piste. Un raccourci permet de terminer la montée sur un bon sentier bien pentu.

A mesure qu'on montait dans la vallée, Ganesh 4 se détachait derrière la crête de Landang Danda. Maintenant, il trône dans l'axe de la Siyar Khola.

En face, en rive gauche, c'est une vallée avec pâturages à yaks qui monte vers le glacier de Longnang, avec en arrière-plan le Taya Himal qui fait frontière avec la Chine. C'est le beau temps du matin, les nuages ne commencent pas encore à bourgeonner.

On est les premiers touristes à monter ; un Britannique descend, il a passé la nuit à Mu Gompa, pas enthousiaste au sujet du confort very basic. Shiva ajoute qu'il faut se débrouiller soi-même pour la cuisine. Nous voilà à Mu Gompa, 3700 m, deux moines ouvrent le sanctuaire pour faire leurs dévotions.

Mu Gompa, Ganesh 2
Mu Gompa, Ganesh 2
Mu Gompa, Ganesh 2

Mu Gompa, Ganesh 2

Mu Gompa est tout tranquille ce matin. Les grands blocs d'habitation peuvent loger des centaines de moines et nonnes pendant les fêtes. On profite du calme ponctué de mantras et roulements de tambour, baigné par la fumée de genévrier. Le sanctuaire est sombre. Les yeux distinguent en s'accoutumant les murs couverts de petites tuiles vernies à l'effigie de Chenresig, et les livres, une bibliothèque renommée paraît-il. Chenresig aux onze visages a aussi l'honneur de la statue centrale, flanqué de Guru Rimpoche (Padmasambhava, maître bouddhiste du 8ème siècle) avec sa moustache, deux Bouddhas et Milarepa avec la main à l'oreille. Cette représentation de Chenresig ou Avalokitesvara ou Padmapani incarne la compassion de tous les Bouddhas. Ce gompa n'est pas très ancien : cent ou cent cinquante ans.

Mu Gompa, Ganesh 4, Milarepa
Mu Gompa, Ganesh 4, Milarepa
Mu Gompa, Ganesh 4, Milarepa

Mu Gompa, Ganesh 4, Milarepa

Shiva ne connaissait pas le monastère de Dephu Donma signalé dans le livre. Ce gompa est beaucoup plus ancien, construit vers 1200. Un moine nous indique le chemin qui part au-dessus des blocs d'habitation. C'est une bonne grimpée dans un talus raide, lacets aériens dans les genévriers et arrivée spectaculaire par un petit pont sur une cascade. Il y a là cinq nonnes novices qui vivent à l'année. Une d'elles nous ouvre gentiment le sanctuaire avec statue centrale de Guru Rimpoche et deux murs couverts de peintures yab-yum (le Bouddha et Madame) dans toutes les nuances de couleurs. Elle nous équipe avec une ficelle-mani (bénédiction) comme collier pour les dangers du voyage, puis nous sert une tasse de thé sur la terrasse. Vraiment un autre accueil que dans les monastères plus touristiques !

Un raidillon dégringole entre deux cascades jusqu'à la route, puis c'est le chemin facile jusqu'à Nile et un bon dal-bhat. Dans la cour, le tenancier broie du genévrier pour parfumer la maison.

On ne reste pas là ce soir, on descend un peu dans la vallée en direction de Rachen Gompa. Sorti de Nile, le vent ne gêne plus, le sentier est facile et on descend en bavardant. Arrêt à Lar, Yak hotel, une boutique à camelote Chinoise et quelques chambres. Le tenancier me propose… une lessive à la machine ! Pas la peine pour quelques tee-shirts, culottes et chaussettes, je décline poliment.

Un billard Népalais trône dans la salle commune - boutique. Shiva et Dawa se lancent dans des parties de grands matches avec rebonds multiples. J'essaie mais vraiment je fais baisser le niveau de la compétition.

Dephu Donma, billiard Népalais
Dephu Donma, billiard Népalais
Dephu Donma, billiard Népalais

Dephu Donma, billiard Népalais

Pendant les parties de billard, une averse soudaine fait plonger la température. Angoisse soudaine, qu'est-ce que j'ai commandé pour souper ? Des mo-mos (espèce de raviolis Népalais, très bons) vapeur ne seraient pas très réchauffants. Ouf, c'est du thenthuk, bon effet thermique.

Une nuit correcte, 7° le matin dans la chambre. Avec l'humidité de l'averse, la lessive n'a pas séché, même pas le tee-shirt sèche-vite… aléas de la randonnée itinérante, il faut remballer le linge humide.

Ganesh 2, Lumbo et Tewa s'allument au soleil levant. Langju Himal aussi en rive droite. La tsampa matinale avalée, il fait tout de suite plus chaud.

5 avril, de Lar à Ripchet

Au podomètre : 26170 pas ; montée 381.5 m. Altitude début 3245 m, altitude fin 2470.

Zam-zam ! La première étape est vite avalée jusqu'à Rachen Gompa, grand couvent avec une cinquantaine de nonnes, grand sanctuaire tout neuf et sanctuaire de 100 ans, plus petit. Peu de charme, finalement, comparé à Mu Gompa et surtout Dephu Donma. On reprend la descente de la vallée, les yaks se font plus rares.

Il y a plein de chevaux dans les prés mais tout le monde va à pied. Dawa explique que la vallée élève yaks et chevaux pour les vendre au Tibet.

Petit détour à Dzhong pour visiter le gompa. La gardienne est débonnaire, n'enlève pas les chaussures. Le décor est tout simple, plus sympa, moins apprêté que celui de Rachen Gompa. Il n'y a d'ailleurs pas de tronc, il faut glisser son billet sous sa statue préférée, Chenresig. Comme ailleurs dans la vallée, les roues à prières sont toutes nues, en bois ou en fer-blanc. J'en ai vu une en cuir. C'est plus sobre que les tôles de cuivre ou laiton embouties om mani padme hum ou peintes des circuits des Annapurnas ou du Khumbu.

Une pause à Chhokang Paro où Dawa récupère son sac à dos.

Dzhong, haute Tsum
Dzhong, haute Tsum
Dzhong, haute Tsum

Dzhong, haute Tsum

Après Chhokang Paro, dégringolade de 500 m, le décor change. Finis les pâturages pelés, c'est la forêt de pins, et des talus érodés vertigineux, il faut regarder où on met les pieds. A la fin de la descente, c'est de nouveau les rhododendrons en fleurs… et l'heure du dal-bhat ! Arrêt à Gho dans un lodge assez sommaire. Les deux didis ont l'air de bien s'amuser, la plus âgée porte un tee-shirt "Molecular structures of life (Grenoble)", la plus jeune s'esclaffe quand je sors mon meilleur Népalais pour lui demander de l'eau. Les instructions sont répétées partout sur les murs : PLEASE NO ISMOKING et DIИИING ROOM.

Zam-zam, la pagode dans le village abrite une énorme roue à prières, un petit vieux la fait tourner. Fin de descente raide jusqu'au pont de Domje.

Ce n'est pas le même pont de Domje qu'à la montée. Celui-ci traverse la Siyar Khola, est en bois branlant. Il mène à un sentier qui monte et descend dans une forêt raide, traverse sur des ponts suspendus deux gorges coupées au sabre dans le rocher et finit par une belle montée jusqu'au village de Ripchet, prononcer Sipchet, perché sur un éperon en face de Chumling.

Gho, basse Tsum
Gho, basse Tsum
Gho, basse Tsum

Gho, basse Tsum

Randonnée en pays Tsum, du 1er au 6 avril

Interrogation : c'est la Tsum Valley mais la rivière s'appelle la Siyar Khola… Les habitants sont appelés les Tsumbas, tsumbo voulant dire vivace en tibétain. On voit aussi "Chhumbeli" mais c'est une adaptation de Tsum Valley, les Népalais sont très inventifs pour écrire l'anglais.

Le pays Tsum s'est développé à partir du onzième siècle depuis le Tibet et a été ouvert au tourisme en 2008. Le pays est totalement végétarien et a une grosse activité de monastères et festivals religieux. Le circuit de randonnée va jusqu'à Mu Gompa mais il y a un trafic commerçant par les cols Tibétains. La consommation de bière Lhasa l'atteste. Même le baijo, alcool blanc de riz Chinois, supplante le rakshi dans le commerce local. Les touristes ne sont pas les bienvenus au-delà de Mu Gompa, paraît-il, depuis des provocations de Tibet libre.

Tsum Valley
Tsum Valley
Tsum Valley

Tsum Valley

Le Chhumbeli Tibetan yak hotel de Ripchet est rustique : échelle qui monte à un étage à corridor étroit, bas de plafond, chambres en planches mal jointes, cour poussiéreuse avec poules et de temps en temps des chevaux curieux. La douche est un robinet d'eau froide posé un peu haut, l'écoulement, comme celui de la cuisine, tombe sur la tête des passants dans la ruelle au-dessous. Mais c'est une douche quand même, un plaisir après trois jours de toilette Américaine.

Toilette faite, je pars à la découverte du village. Avec un rayon de soleil il y aurait de jolis coups d'œil mais avec ces nuages il n'y a rien de très remarquable, des maisons en pierres sèches les unes sur les autres et des champs bien verts sur la terrasse derrière l'éperon. Les dames portent une cuiller en sautoir. Conversation avec une dame souriante, enfants très amusés de voir un touriste, ils viennent par derrière me toucher.

Ripchet, Tsum Valley
Ripchet, Tsum Valley

Ripchet, Tsum Valley

… Et enfin ici il y a la soupe aux orties (nettle soup) promise sur tous les menus depuis Chumling mais jamais vraiment disponible. Un dhindo donc, avec soupe aux orties. La portion qui arrive est énorme. Au mur de la salle commune il y a un poster sur les bonnes manières ; au Népal il est de bon ton de finir son assiette. J'assume avec plaisir.

Le dhindo est le cousin Népalais du foufou Congolais ou du couscous Camerounais : une purée de farine d'orge grillée, délayée à l'eau. Le menu standard le propose avec un curry de patates, ou bien avec une soupe aux lentilles et sargh (entre les épinards et les bettes) séché, ou bien avec une soupe aux orties. Comme pour le dal-bhat, le condiment "achar" reflète l'inspiration du cuisinier et les stocks de la cuisine : toujours de l'ail, du piment et du sel. Pour le reste, ça dépend : herbes aromatiques, gingembre…

La divinité locale en charge de l'orage fait la nouba cette nuit : ça se déchaîne à 3h, le grand show, et ça continue jusqu'au matin. Mais Chenresig aux onze visages veille sur nous, l'averse s'arrête à 6h50 pour notre départ à 7h, après la tsampa matinale.

6 avril, de Ripchet à Deng

Au podomètre : 34322 pas ; montée 861 m. Altitude début 2470 m, altitude fin 1860 m

Matinée de descentes et de montées : dégringolade d'une heure, trois mille cinq cents marches maçonnées dans la forêt de rhododendrons de Ripchet au pont de Gumlung sur la Siyar Khola, on ne le passe pas, c'est le chemin pour Chumling. Remontée de 45 minutes, descente de 45 minutes jusqu'à la passerelle accrochée à la falaise au-dessus de la Siyar Khola, enfin 30 minutes vallonnées dans la forêt de bambous jusqu'à Lokpa. Ouf ! Il n'est que 10h mais l'arrêt dal-bhat est bienvenu.

Dhindo, descente de Ripchet
Dhindo, descente de Ripchet
Dhindo, descente de Ripchet

Dhindo, descente de Ripchet

C'était un peu hardi de rincer le tee-shirt sèche-vite en arrivant. Il est encore bien mouillé au moment de repartir. Brrr.

Le chemin monte et descend avant de plonger à 1670 m passer le pont sur la Budhi Gandaki. Au revoir le pays Tsum. C'est de nouveau le circuit principal du Manaslu, avec un peu plus de circulation.

Après la première remontée, le chemin va en plat Népalais, monte un peu, descend un peu, traverse la rivière, retraverse. Le soleil perce timidement par moment mais ça reste gris. De toute façon c'est du chemin de fond de gorge, pas de grandes vues. Des bouts poumogènes (aériens), un peu, espoir qu'un train de mulets n'arrive pas en sens inverse au mauvais moment.

Pewa, Budhi Gandaki
Pewa, Budhi Gandaki

Pewa, Budhi Gandaki

Bon, il n'y a pas beaucoup de montées dans ce retour sur le circuit principal mais avec le casse-pattes du matin ça fait un beau total. A l'arrivée à Deng à 14h30, j'ai ma dose. Une douche froide, un peu de lessive, une petite session dessin au chorten et repli à la salle commune, le temps n'est pas très riant et le vent est frais.

Enfin un homme en costume à peu près traditionnel, un petit vieux qui mène sa vache… et les premières roues à prières décorées sur ce chorten de Deng.

Bavardages à la salle commune avec les deux Australiens vus de loin en loin depuis Sotikhola et à Nile, en s'accrochant pour comprendre leur anglais derrière l'accent du Queensland. Vraiment, c'est plus peuplé : un groupe de Bavaroises, un couple de Britanniques, un Néerlandais tout seul, on les reverra plus loin. Le dal-bhat est bon mais le tenancier facture le supplément de soupe aux lentilles. Hum, un peu la trappe à touristes.

La chambre n'a pas de plafond, les murs se terminent sur un espace libre sous le toit, le bruit est très convivial au moment du coucher. Tiens, c'est le premier lodge où il n'y a pas de lumière électrique dans la chambre. Lecture à la frontale, l'inspecteur Chopra commence son enquête, il était temps, c'est presque la moitié du livre.

Nuit en pointillés sur un lit un peu dur, grondement de la rivière, une mini-averse tambourine sur la tôle ondulée. Matin nuageux, 13°, humide, le lodge se secoue.

Deng, Budhi Gandaki
Deng, Budhi Gandaki

Deng, Budhi Gandaki

7 avril, de Deng à Namrung

Au podomètre : 31067 pas ; montée 1127 m. Altitude début 1860 m, altitude fin 2630 m

Damned, on n'aurait pas dû passer ce chorten par la gauche hier ; Chenresig semble nous lâcher. Au moment de partir, les quelques gouttes se transforment en une pluie fine mais persistante. La cape de pluie prend de l'emploi.

Le chemin n'a rien d'effrayant quand on regarde les altitudes de départ et d'arrivée : 300 m jusqu'à Ghap, mais on peut bien doubler ça avec les montées et descentes pour négocier les petits verrous de la rive gauche.

Un petit groupe d'Américains descend, ils ont attendu à Ghap et finalement renoncé au col. Il avait bien été ouvert il y a quelques jours mais il y a eu de nouvelles chutes de neige. Ils ont le permis pour la Tsum Valley, ils préfèrent tenter leur chance de ce côté.

Les murs de manis sont élaborés : beaucoup de Bouddhas, gurus, stupas. Une dizaine de thars dans la falaise en face. Entre la distance et la mauvaise lumière on les a pris pour des mouflons.

Arrivée à Ghap après 3h15 de marche, pas mal, mais l'arrêt dal-bhat est à l'autre bout du village, encore 20 minutes de marche.

Dzaro (froid) dans le tee-shirt sèche-vite trempé de transpiration sous la cape de pluie ! J'essaie de passer la polaire par-dessus pour éviter le même coup qu'à Lokpa hier, mais ce n'est pas raisonnable et je finis par sortir un pull thermique.

Dal-bhat power, me voilà tout réchauffé. Les deux Australiens arrivent, il est temps de repartir.

Ghap, Budhi Gandaki
Ghap, Budhi Gandaki
Ghap, Budhi Gandaki

Ghap, Budhi Gandaki

A la sortie de Ghap, le KLSP Jungle hotel, lodge de luxe avec un autocollant "I ♥ my bookkeeper" puis une arche sous laquelle la Budhi Gandaki s'est creusé un passage. Heureusement il y a un bon pont, pas besoin de passer sur les quelques poutres branlantes de l'ancien pont. La rivière a perdu sa sale couleur grise, peut-être depuis qu'on est dans un terrain mixte granit et calcaire.

Un petit bout en rive gauche, puis on repasse en rive sud et ça grimpe de 350 m avant de redescendre sur Namrung. La grimpée est dans la forêt de nuages : pins moins nombreux mais très gros, bruyères géantes, mousses, écharpes de lichens, bambous, nuages et… pluie, il fait frais, inconfortable.

Tiens, à Deng il y avait une affiche pour un Four Season hotel (apprécier l'absence de "s") avec douches chaudes et, grand luxe, vrais lits avec des draps. C'est décidé, je m'offre l'extra. A l'arrivée, froid, mouillé et fatigué, oui, ça existe bien, même si le sauna n'est pas encore fonctionnel. Affaire conclue avec la didi, pendant que je me déshabille la pluie redouble. Vraiment, Shiva a un coup avec ça.

Ghap, Namrung, Budhi Gandaki
Ghap, Namrung, Budhi Gandaki
Ghap, Namrung, Budhi Gandaki

Ghap, Namrung, Budhi Gandaki

Après la douche, l'averse calmée, un petit tour dans le four season : une ancienne résidence royale attend des travaux pour être transformée en musée. Il y a une distillerie aussi, méthode intéressante pour produire le rakshi de pommes.

Shiva et Dawa n'ont pas voulu prendre de douche. Dawa m'explique que la douche affaiblit l'organisme, il vaut mieux attendre la fin de la promenade. Il faut dire aussi que je transpire plus qu'eux.

Je craque pour le yak burger, Shiva assure que c'est bien du yak. Intéressant, présenté entre deux chapatis, le four à pain est en panne. C'est en visitant la cuisine que je vois la patte de yak boucanée pendue au plafond. Ils en ont coupé un bout, haché, trempé pour faire le steak haché.

Au lit avec l'inspecteur Chopra et un opéra. Pas mal. 10°C et 100% d'humidité, c'est un peu froid et je dois mettre les chaussons pour dormir, mais le confort de ce bon lit chasse les vilaines pensées de mauvais temps et de col fermé.

Le lendemain matin, 7° dans la chambre, un peu cru mais le moral est regonflé après la pluie d'hier : le ciel s'est dégagé et le soleil levant allume le Saula Himal vers le haut de la vallée. Rien de ce que j'avais lavé hier soir n'est sec… on verra à Samagaon. Une bonne tsampa et c'est prêt pour le départ.

8 avril, de Namrung à Samagaon

Au podomètre : 32223 pas ; montée 959 m. Altitude début 2630 m, altitude fin 3520 m.

C'est d'abord tout tranquille, chemin de fond de vallée jusqu'à Banjam, puis on attaque le premier talus jusqu'à Lihi. Ganesh 1 ou 4 brille en bas de la vallée.

Namrung, Budhi Gandaki, Saula Himal
Namrung, Budhi Gandaki, Saula Himal
Namrung, Budhi Gandaki, Saula Himal
Namrung, Budhi Gandaki, Saula Himal

Namrung, Budhi Gandaki, Saula Himal

Un Britannique descend avec une dame comme guide. Shiva explique que c'est une agence three sisters qui n'emploie que des dames. Toujours est-il que, un peu défaits, ils nous expliquent qu'ils ont dû renoncer au passage du col, c'était vraiment trop mauvais avec des traversées instables dans la neige fraîche et chutes de pierres. Ils nous souhaitent plus de succès après quelques jours de beau temps.

Après Lihi, un dégagement à gauche sur Nadi Chuli (Peak 29) et la série des Himalchuli ; traversée de la Hinang Khola et on entre dans une nouvelle gorge de la Budhi Gandaki. De nouveau la forêt de nuages, sans nuages ni pluie cette fois. Des chênes rabougris couverts de mousse, des bruyères, lichens, quelques rhododendrons pour décorer ce joli sentier qui grimpe jusqu'à Lho.

On passe les derniers épaulements de la Tansuga Danda, les deux pics du Manaslu Himal se montrent.

Lho est très joli, un peu apprêté, notamment le chorten à décoration de temple Aztèque…

Majestic Manaslu cottage & gardens nous accueille, table dressée dans le jardin pour un bon thenthuk aux légumes et œuf. Le gompa qui domine le village fait un beau premier plan pour le Manaslu. La boutique me dépanne de ma lampe frontale et lunettes de soleil cassées. La décoration de la salle commune permet de faire une photo de léopard des neiges.

Départ de Lho, une très belle montée dans la forêt parfumée jusqu'à Shyala. Vraiment que du bonheur aujourd'hui. Une petite usine hydroélectrique est en panne. La turbine est vraiment rustique, une Francis à bâche spirale entre deux plaques, quatre directrices à commandes individuelles manuelles…

Lho, Manaslu
Lho, Manaslu
Lho, Manaslu
Lho, Manaslu

Lho, Manaslu

Shyala est un peu encombré par les tas de neige… du souci pour plus haut. Tout autour, un panorama de Simnang Himal, Nadi Chuli, Manaslu, Manaslu nord et Naike peak. Pendant qu'on admire, des fumerolles se développent. Le temps qu'on atteigne le haut du village, le Manaslu se bouche. Minutage parfait !

Le chemin continue par une belle forêt d'épicéas odorants et de genévriers, en montée douce.

Shyala, Manaslu
Shyala, Manaslu
Shyala, Manaslu

Shyala, Manaslu

En fait, ça monte pour contourner une grosse zone d'érosion sur la moraine, le Naike peak pointe sur les nuages. Le petit éperon pointu sur la droite ne semble pas avoir de nom. Il fait encore bon en tee-shirt, mais le temps de prendre l'esquisse c'est tout d'un coup plus frais.

De l'autre côté du pont sur la Numla khola, on découvre Samagaon dans la cuvette en bas de la moraine. Descente sans soucis dans les pâturages de yaks.

Numla Khola, Naike
Numla Khola, Naike
Numla Khola, Naike

Numla Khola, Naike

On pose le sac pour deux jours au Samagaon hotel & lodge. Les nouvelles de l'enneigement sont plutôt encourageantes et j'ai une jolie chambre avec vue sur le Manaslu et commodités en suite.

Promenade de l'après-midi dans le village. Les yaks sont partout, donnent le rythme. Attention aux naks (madame yak) avec veaux, elles peuvent être agressives.

Il y a des hommes en costume traditionnel, grosse blouse brune longue portée en diagonale avec seulement la manche gauche, longue, enfilée, le bas de la blouse sous la ceinture forme robe. Un bonnet à protège-oreilles volants complète la tenue. Des petits garçons ont la même blouse en blanc, avec broderies. En fait la veste est symétrique mais c'est chic de la porter avec la manche droite roulée en boule dans le dos.

La promenade mène naturellement au gompa sur la petite colline. Je suis les bruits de trompes, cymbales et tambours pour trouver une procession, hommes portant des livres dans le dos, musiciens et drapeaux. Un moine m'explique que ces livres sont lus une fois par an puis sont promenés en fanfare et fumées de genévriers. Il y a aussi deux danseurs dont un Priape impressionnant, qui s'amuse à faire fuir les dames qui observent à distance prudente.

Au coucher du soleil, la doudoune prend du service dans la salle commune à 10°. Un bon dhindo avec soupe dandruk aux patates et sargh séché plus soupe aux lentilles et achar, puis une session internet avec wifi lent termine la journée.

Samagaon, procession
Samagaon, procession
Samagaon, procession

Samagaon, procession

9 avril, jours de repos à Samagaon

Au podomètre : 12881 pas ; montée 150.5 m. Altitude début 3520 m, altitude fin 3520 m, point haut 3640

Nuit avec aboiements mais sans histoires au pied du Manaslu, 6° le matin dans la chambre. La pluie du soir s'est calmée mais il y a un voile de nuages élevés au lever du soleil et c'est bouché vers l'est. Il faut attendre que le soleil passe au-dessus des nuages pour que le sommet s'allume, légèrement doré. Une nak fait mine de me charger pendant que je dessine, je ne sais pas ce qu'elle a en tête, son veau dans les pattes, peut-être que ma doudoune orange l'excite.

Après le lever de soleil, le Manaslu s'est caché derrière son "trademark cloud". Et puis tout se couvre.

La tsampa est retardée aujourd'hui, jour de repos.

Jour gris, Samagaon est un peu privé de ses merveilles. Il reste un village bien calme, probablement plus de chortens que de familles, et des murs de manis impressionnants,

La fée Electricité sera bientôt là avec ses fils aériens. Plein de petits groupes sont occupés à creuser les fondations pour ces vilains poteaux boulonnés en acier zingué.

Samagaon, Manaslu
Samagaon, Manaslu
Samagaon, Manaslu
Samagaon, Manaslu

Samagaon, Manaslu

Promenade du matin à Birendra Tal, joli lac sous le Manaslu et le Naike, le Manaslu nord en retrait derrière son glacier.

Le glacier devait plonger dans le lac il y a quelques années. Là, la neige sur la roche donne l'illusion, mais le glacier s'arrête bien plus haut. Le lac est couvert d'une petite couche de glace pleine de trous.

La montée au camp de base est trop dangereuse à cause de la neige fraîche et des avalanches.

Birendra Tal, Manaslu
Birendra Tal, Manaslu
Birendra Tal, Manaslu

Birendra Tal, Manaslu

Fin d'après-midi à Samagaon, ça se brouille tout à fait : pluie, vent, froid. Repli dans la salle commune avec l'inspecteur Chopra. Ça se dégage au coucher du soleil, un moment à guetter dehors ce qui pourrait devenir doré, mais non, tout juste les deux pics du Manaslu qui se laissent voir par moments. Un gros dhindo-champignons plus tard, j'attrape un bout d'internet, la météo de montagne annonce le beau sur la Larkya La pour les deux jours qui viennent ! Un vent d'optimisme donc pour le retrait pour la soirée. Bruits de tambour dans la nuit, un petit air funèbre…

La météo sur internet était sérieuse : le matin est radieux ! 5° dans la chambre, vite, dehors pour l'aube, belles couleurs de lever de soleil.

Samdo, Manaslu
Samdo, Manaslu
Samdo, Manaslu

Samdo, Manaslu

Haute vallée de la Budhi Gandaki, du 6 au 10 avril

De la forêt épaisse aux pâturages de yaks en passant par la végétation de fond de gorges. Une belle journée de Namrung à Samagaon pour racheter celle de Deng à Namrung, franchement mouillée. Une autre belle journée de Samagaon à Samdo, en partant vers le col.

A partir de Shyala, il y a des corbeaux plus petits, à becs et pattes jaunes. Il faut monter jusqu'à Samdo pour trouver les chocards à bec jaune et des marmottes jaunes.

Haute vallée de la Budhi Gandaki
Haute vallée de la Budhi Gandaki
Haute vallée de la Budhi Gandaki

Haute vallée de la Budhi Gandaki

10 avril, de Samagaon à Samdo

Au podomètre : 22502 pas ; montée 525 m. Altitude début 3520 m, altitude fin 3875 m, point haut 4210 m

Départ tout joyeux dans ce faux plat vers le fond de la vallée, après un détour pour revoir Birendra Tal avec le soleil et sans nuages.

Les passages dans la neige sont profonds par endroits, quelqu'un est passé avec la pelle.

Les bords de la vallée sont bordés compacts de bouleaux, pas encore en feuilles. On croise la Budhi Gandaki, maintenant un petit torrent, pour la dernière fois, puis il y a un bon ukalo sur un verrou pelé jusqu'à Samdo.

Installation "chez Karsang", s'écrit aussi "Cheese karsang", aussi sur maps.me. Bon dîner de mo-mos au soleil avec un couple de jeunes Français, une Néerlandaise et une Flamande. Il fait bon sur la terrasse à côté du kani (portail monumental). La neige a complètement fondu au soleil mais il y en a encore des masses dans les coins à l'ombre.

Promenade de l'après-midi en montant l'arête raide de Pana Danda dans les genévriers. Le sentier est marqué jusqu'à 4'210 m sur la carte, et c'est bien comme ça. Les Manaslus principal et nord pointent de part et d'autre du Naike. Un grand vol de vautours passe, j'en compte dix. Pour la descente, je tire vers la vallée à l'est : yaks, marmottes et chevaux. Retour chez Karsang, la température prend un grand coup avec le coucher du soleil.

Samdo, Budhi Gandaki
Samdo, Budhi Gandaki
Samdo, Budhi Gandaki
Samdo, Budhi Gandaki

Samdo, Budhi Gandaki

Thé-bavardage de fin d'après-midi avec les colocataires chez Karsang, expériences de Népal et de treks ailleurs sur la planète. Pendant ce temps, le ciel se bouche, on est dans le brouillard à l'heure du dal-bhat. La nuit tombe plus tard maintenant qu'on a quitté le fond de vallée.

Après souper, le guide des Flamandes vient faire tout un cinéma de mal des montagnes. Gros éclats de rire. En tout cas, le taux d'oxygène est bon pour tout le monde, pas de soucis de ce côté. Repli en chambre, Shiva insiste pour que je prenne une couverture.

Nuit correcte, 4° dans la chambre le matin, et un beau lever de soleil sur le Nadi Chuli. Dehors, il gèle bien. J'aménage le paquetage : doublure de parka, gants, guêtres et yaktrax (crampons légers) rejoignent le sac à dos de jour. Un peu froid aux doigts de pied avant la tsampa matinale.

Samdo Ri, Manaslu
Samdo Ri, Manaslu
Samdo Ri, Manaslu
Samdo Ri, Manaslu

Samdo Ri, Manaslu

11 avril, de Samdo à Dharamsala

Au podomètre : 17219 pas ; montée 563.5 m. Altitude début 3875 m, altitude fin 4460 m, point haut 4740 m

Départ dans une bonne gelée ; le chauffage s'allume d'un coup avec l'arrivée du soleil. On est dans la neige ou dans la boue la plus grande partie du chemin jusqu'à Dharamsala.

La montée est bien régulière, avec des passages bien poumogènes dans les ravins.

Les marmottes et les mouflons s'ébattent dans les genévriers. Les marmottes ici sont plus brunes que celles de Samdo. Deux mouflons, un jeune et un beau mâle, n'ont pas eu de chance, les vautours ont laissé la peau et les os - et les cornes du mâle. Plus loin, deux beaux mâles qui ne s'occupent pas vraiment de nous, puis tout un troupeau, j'en compte 56, qui nous accompagne jusqu'à Dharamsala. Pas timides, ils restent un bon moment à cinquante mètres des cabanes.

Dharamsala, Larkye Phedi
Dharamsala, Larkye Phedi
Dharamsala, Larkye Phedi
Dharamsala, Larkye Phedi

Dharamsala, Larkye Phedi

Pas très agréable, ce camp de Dharamsala, toutes les histoires se recoupent là-dessus ; mais le dal-bhat de midi est correct, avalé au soleil sans trop faire attention à la boue et à la saleté.

Après dîner, la promenade de l'après-midi : montée de 270 m sur la crête, jusqu'à 4740 m, pour retrouver la vue sur le Manaslu. Ça se couvre déjà, il est temps de redescendre. Le temps d'une douche américaine, c'est tout à fait couvert et il commence à faire frais. Repli dans la salle commune, bavardages avec une Bavaroise qui craint la descente de l'autre côté du col demain.

Le frais s'aggrave ; pas vraiment froid mais une humidité pénétrante. Je mets tout dessus : pull thermique, polaire, doublure de parka et doudoune en attendant le dal-bhat du soir.

Dharamsala, Larkye Phedi
Dharamsala, Larkye Phedi
Dharamsala, Larkye Phedi
Dharamsala, Larkye Phedi

Dharamsala, Larkye Phedi

Veillée courte dans cette salle commune laide et glaciale. Bavardages avec la Bavaroise et sa copine Coréenne, grain de sel des guides, dal-bhat sous-standard, tasse de thé minuscule, courants d'air… Au lit à 20h, c'est quand-même deux heures de plus qu'autour du Dhaulagiri.

Surprise, je suis tout seul dans un dortoir à quatre places, ce qui le rend à peine moins rébarbatif. Une petite nuit plus tard, +1° dans la chambre à 3h30, debout pour le chapati matinal, pas de tsampa ici. Dehors il gèle bien, la neige portera et la boue n'embêtera pas.

12 avril, de Dharamsala à Bhimthang par la Larkya La

Au podomètre : 30956 pas ; montée 217 m. Altitude début 4460 m, altitude fin 3570 m, point haut 5160 m. Le podomètre disait n'importe quoi pour la dénivelée, la pression a dû augmenter très fort pendant qu'on montait.

Les autres expéditions de ce matin :

  • Australienne, deux types dans la soixantaine croisés depuis Sotikhola et dans la Tsum, avec guide Sherpa sympa.
  • Franco-Flamande, un couple et deux filles dans la trentaine, en fait c'est deux expéditions qui collent ensemble, le guide des Flamandes fait des belles photos et bouts de vidéo.
  • Bavaroise : cinq filles typées avec guide Newari timide mais précis.
  • Bavaro-Coréenne : deux dames sympas, pas très rapides, guide un peu fatigué.
  • Britannique, un couple jeune un peu réservé.
  • Américaine, un groupe de filles vu de loin.
  • Un autre gros groupe mal identifié.

Départ à le frontale à 4h45. Assez vite, un embouteillage devant, le gros groupe plus les Américaines, probablement aussi l'expédition Bavaro-Coréenne, pas facile à dépasser. Il y a des belles traversées de talus de neige glacée, les yaktrax prennent un service apprécié.

A mi-chemin, un replat, le soleil nous trouve là, puis le sentier continue par une plaine d'altitude au nord du glacier. Ça avance bien entre le Larke Himal et le Pawari Himal étincelants dans le soleil rasant, même si le faux plat à cette altitude est une vraie bavante. On a maintenant dépassé tout le monde, sauf deux Népalais "local tourists" avec qui on avait admiré les deux mouflons mâles hier.

Larkya La
Larkya La
Larkya La
Larkya La

Larkya La

7h45, Larkya La, 5106 m selon le panneau, 5160 m selon la carte du GPS. On est sur une terrasse au-dessus du col. Le col est 100 m plus bas, plus difficile d'accès, sur le glacier. On a grimpé les 630 ou 680 m en trois heures, pas trop mal compte tenu de l'altitude. Les deux "local tourists" devant nous ont continué, nous ont laissé le col pour nous tout seuls pour un moment.

C'est le grand beau temps, pas un nuage, pas de vent, belle neige, que du bonheur. On reste un bon moment à pedzer (coller, traîner) au col. La petite expédition franco-flamande arrive, on leur laisse la place après un échange de services pour les photos de groupes.

Une petite traversée jusqu'à un second collet puis on attaque la descente, très raide dans la neige gelée. Vivent les Yaktrax ! Shiva et Dawa jettent les sacs en bas et descendent sur les fesses. Deux courageux montent, une étape longue et raide de Bhimthang à Dharamsala. Vues sur l'Annapurna 2.

La descente continue par les moraines du glacier de Salphudanda. On arrive à terminer la neige avant qu'elle devienne molle, et c'est l'arrivée dans le fond de vallée, pieds secs. Bhimthang est devant sous le Phungi Himal, avec le Manaslu à gauche.

Larkya La
Larkya La
Larkya La
Larkya La

Larkya La

A Bhimthang pour midi. On a bien marché ! Shiva dit que des clients mettent jusqu'à seize heures… Thenthuk - légumes - œuf au soleil sur la terrasse puis un seau d'eau chaude pour la toilette.

Le vent et les nuages arrivent, je remets un pull ; on est encore à l'altitude de Mu Gompa ! Les marcheurs arrivent en ordre dispersé. Les Franco-Flamandes en bonne forme et joyeux, les Australiens en deux échelons, les Britanniques fatigués, les Bavaro-Coréennes épuisées.

A 15h, changement d'ambiance : le soleil passe derrière le nuage puis derrière le Tiblike Panlemu à l'ouest. Chute de thermomètre, la doudoune ressort, pour la dernière fois ? Les affaires dans le sac commencent à sentir le phoque.

Bhimthang, Manaslu, Phungi Himal
Bhimthang, Manaslu, Phungi Himal
Bhimthang, Manaslu, Phungi Himal
Bhimthang, Manaslu, Phungi Himal

Bhimthang, Manaslu, Phungi Himal

Un bon dal-bjat à Bhimthang, avec achar très fort, et une petite flambée dans le calo pour réchauffer la salle commune toute coquette. Une nuit très correcte là-dessus dans ce joli petit chalet. L'enquête de l'inspecteur Chopra avance de manière décisive.

Le matin, 5° dans la chambre et ciel nuageux… les pauvres qui passent le col aujourd'hui ! Un peu d'ordre dans le paquetage et - pour changer - pain Tibétain avec miel pour accompagner le thé masala.

13 avril, de Bhimthang à Gowa

Au podomètre : 28630 pas ; montée 273 m. Altitude début 3570 m, altitude fin 2520 m

Dégringolade dans la forêt le long de la Dudh Khola - le torrent de lait - de Bhimthang 3'700 m à Gowa 2'520 m. Ça commence avec les aulnes, puis les épicéas, les rhododendrons, chênes, pins himalayens, bambous, pins bleus, feuillus déplumés, puis le printemps, les fleurs parfumées.

Toutes ces kholas… on finit par tomber sur la Coca khola, dépôt de bouteilles vides. Vraiment, c'est une chose à améliorer sur ce circuit, la lutte contre les déchets abandonnés dans la nature.

Les nuages nous privent des vues sur les sommets mais des rayons de soleil de plus en plus généreux éclairent le fond de vallée.

Dudh Khola
Dudh Khola
Dudh Khola
Dudh Khola

Dudh Khola

La descente est longue et tape les genoux. J'aurais peut-être pu garder les bâtons. Yak kharka, 3020 m, ce seront les seuls yaks vus dans cette vallée ouest du Larkya La. Kharche, les terrasses invitent déjà à un repos mais on continue. Après Kharche, il faut passer un verrou : ukalo court mais énergique suivi d'un oralo encore plus raide dans les pins. Gowa, on pose les sacs au Super View hotel - bon, pas vraiment super, la vue aujourd'hui, mais ne faisons pas les difficiles : j'ai droit à une belle chambre toute rose avec commodités en suite. Plouf plouf, me voilà sous la douche. Même tout juste tiède, c'est autre chose que le seau d'hier !

J'enchaîne avec un bon dîner au soleil sur la terrasse. C'est trop tentant, allez, une Gorkha bien fraîche même si elles sont encore portées par mulets et les verres vides ne sont pas évacués. En tout cas, qu'elle est bonne, arrivé presque en plaine et après deux semaines de thé masala ! Les mo-mos au fromage frits ne sont pas en reste. Tant pis pour la super view que nous cachent les nuages, une douce somnolence suit le repas.

Il y a une bonne petite brise et les affaires lavées sont tout de suite sèches. Lessive limitée de toute façon : après-demain à Katmandou j'irai tout poser au lavoir.

14h20, le soleil se cache derrière les nuages. Ce n'est pas le même effet frigo qu'hier mais quand même je ne vais pas rester tout l'après-midi en tee-shirt.

Le couple de Français passe, ils ont posé les Flamandes, ils continuent sur Dharapani et demain toute la route jusqu'à Katmandou.

Gowa, Dudh Khola
Gowa, Dudh Khola
Gowa, Dudh Khola
Gowa, Dudh Khola

Gowa, Dudh Khola

Promenade de l'après-midi pour secouer le froid qui commence une fois le soleil parti : je remonte le chemin jusqu'au pied du verrou, visite au passage les Australiens installés dans le lodge du dessus, croise les derniers groupes qui descendent, fini par rentrer avec l'expédition Bavaro-Coréenne, la pluie menace plus haut. A Gowa, l'expédition Bavaroise s'est installée au Super view, est occupée à boire des bières. Occupation de petits dessins en attendant le dal-bhat du soir.

Nuit correcte dans cette chambre toute rose, malgré la lumière allumée devant la chambre. La fée électricité… L'expédition Bavaroise a droit à une guirlande clignotante devant ses fenêtres. 14° le matin, confort d'une chambre tiède avec commodités en suite. D'un autre côté, froncement de narine en m'habillant, le linge est tempéré aussi.

La super view n'est pas pour le matin : pas de lumière de lever du soleil sur les sommets.

Gowa
Gowa
Gowa

Gowa

Panoplie de randonneur pour le tour du Manaslu
  1. Culotte en coton
  2. Caleçon long thermique, pour le col seulement
  3. Pantalon léger sèche-vite Columbia
  4. Chaussettes moyenne épaisseur coton-polyester
  5. Tee-shirt sèche-vite
  6. Pull léger thermique
  7. Polaire Helly Hansen, top qualité, chaude, légère et indestructible
  8. Doublure de parka Columbia
  9. Doudoune pour le soir seulement, louée à Katmandou - grande ! va par-dessus polaire et doublure de parka
  10. Chaussures Lowa trekking, semelle Vibram
  11. Crampons léger Yaktrax pour les passages glacés
  12. Sandales légères pour les pauses
  13. Ceinturon avec gourde et pochette à petit matériel
  14. Mitaines en polaire avec capuche rabattable sur les doigts, pour le col seulement
  15. Casquette
  16. Bandana pour le soleil
  17. Bonnet en polaire
  18. Lunettes de soleil
  19. Lampe frontale, pour monter au col
  20. Reflex Nikon D7200, objectif zoom 18-105 mm
  21. Bâtons Black Diamond système Z - pliables, beaucoup mieux et plus légers que des télescopiques
  22. Cape de pluie…
  23. Ne pas oublier le mani de Chenresig !
  24. Ni le sac à dos Vaude

La coque extérieure de parka, les surpantalons coupe-vent et les guêtres restent dans le sac à dos.

Panoplie de randonneur
Panoplie de randonneur
Panoplie de randonneur

Panoplie de randonneur

Passage du Larkya La et descente de la Dudh Khola, du 11 au 14 avril

Neige au sol la moitié du chemin entre Samdo et Bhimthang : exceptionnel, disent tous les guides. Il fait chaud, aussi : même pas de gel dans la chambre à Dharamsala la nuit. Si je mets tous les habits, c'est à cause de l'humidité. Torrents de boue à Dharamsala l'après-midi et le soir, rendant ce camp rébarbatif carrément inhospitalier. Shiva me recommande d'attendre le matin pour remplir la gourde, la boue sera gelée et l'eau de ruissellement sera claire.

Il fait beau le matin et ça se couvre l'après-midi, sauf le jour de Bhimthang à Gowa où le matin est gris ; qu'est-ce qu'on a eu de la chance de passer le col la veille !

La piste progresse vers l'amont le long de la Dudh Khola : pour le moment elle s'arrête à Tilije.

Larkya La et Dudh Khola
Larkya La et Dudh Khola
Larkya La et Dudh Khola

Larkya La et Dudh Khola

14 avril, de Gowa à Dharapani et Besishar

Altitude début 2520 m, altitude fin 1963 m. Le podomètre a enregistré les cahots de la piste comme de la marche. Le bout réellement marché faisait peut-être 15000 pas.

Un beignet Tibétain plus tard, dernier zam-zam, deux heures de descente en fond de vallée jusqu'à Dharapani. C'est le nouvel an Népalais : on est en 2076 !

Le plan initial était de dormir à Tilije, à mi-chemin. Shiva a changé de programme parce que le lodge de Gowa était mieux, et j'en suis bien content : pas fâché d'arriver à Gowa hier, et une heure de Tilije à Dharapani aurait vraiment fait une petite étape pour le dernier jour.

On dépasse l'expédition Bavaro-Coréenne, bien matinale mais pas très rapide. Après Tilije, c'est la piste. Terminé, le joli sentier. Un pavé de neige dépasse de la crête derrière la Marsyandi : l'Annapurna 2 ? A l'arrivée à Dharapani, un joli coup d'œil en arrière sur le Phungi Himal.

Dharapani, Phungi Himal
Dharapani, Phungi Himal
Dharapani, Phungi Himal

Dharapani, Phungi Himal

Une robuste Mahindra Bolero nous emmène 1200 m plus bas à Besishar, point de départ de la promenade de novembre 2007. Ambiance de diligence de western : quatre devant, quatre derrière, les surnuméraires sur la plateforme, la jolie fille, le monsieur distingué, l'étranger (moi), le poivrot qui cuve son rakshi… Le chauffeur est assis sur une fesse, coincé contre la porte, se tient de travers pour conduire, le frein tout au bout à gauche. Le pare-brise est décoré de fleurs de rhododendrons et drapeaux lungtas (chevaux de vent, drapeaux de prières), le chauffeur s'arrête de temps en temps pour en donner une dans une maison.

Les randonneurs des Annapurnas qui veulent faire ce bout à pied sont sur la piste, dans la poussière les pauvres. Pour la plupart, les bouts de sentier en rive gauche ne sont plus praticables à cause de glissement de terrain.

Besishar, hôtel Gangapurna : douche chaude et petit tour de ville, rien de remarquable et la pluie menace. Entre-temps, l'expédition Flamande s'est installée à l'hôtel.

Souper de gala avec vin Népalais. Le Gangapurna n'a pas le Divine wine, référence de Dawa, mais a de l'Akira supreme wine. C'est doux, ressemble un peu à du porto cheap. Il n'y a que moi qui ne suis pas lassé du dal-bhat : Shiva choisit une pizza au poulet et Dawa un hamburger au poulet.

L'inspecteur Chopra termine son enquête. Ganesha tue le vilain Kala Nayak, Asok, cette fripouille, ira en prison et Poppy retrouve sa sérénité.

Petite nuit : ce lit est plus dur que ceux de la montagne et les coqs se lèvent tôt. On aurait dû manger plus de poulet, tous les poulets du village…

Gorges de la Marsyandi
Gorges de la Marsyandi
Gorges de la Marsyandi

Gorges de la Marsyandi

15 avril, de Besishar à Katmandou

Dernier matin ! Shiva a la bonne idée de faire venir le bus nous chercher à l'hôtel, on est les premiers et on prend les emplacements stratégiques dans ce bus seize places chargé à vingt plus les petits enfants.

C'est parti pour la descente de la Marsyandi jusqu'à la Trisuli, puis la remontée interminable par le Prithvi highway et le Tribhuvan highway jusqu'au col de Chisapani à 1440 m puis la descente dans la cuvette poussiéreuse de Katmandou.

Les routes Népalaises sont dominées par les camions monstres Tata, les bus locaux Tata, les bus touristiques Tata, les tracteurs Mahindra, les camions Eicher, des autos et une foule de motos qui se faufilent partout. Notre chauffeur jovial est un modèle de zenitude. La poussière vole et les détritus en tous genres s'accumulent au bord de la route.

Nous voici à la gare routière de Katmandou. Les yeux piquent. Un dernier bout en taxi, puis à pied, nous voilà à l'hôtel Thamel. Changement de tenue, un thé-débriefing avec Shankar, dépôt du linge au lavoir, petit shopping, orage de l'après-midi et un sukiyaki très correct au Momotarou qui n'est pas un mo-mo center mais un restaurant Japonais.

De Besishar à Katmandou
De Besishar à Katmandou
De Besishar à Katmandou

De Besishar à Katmandou

16 avril, Katmandou

Dernière journée au Népal, promenade urbaine. Première étape, le petit site temple, stupa et monastère de Kathesimbhu, juste au sud de Thamel, découvert par hasard hier. Une impasse couverte de lungtas depuis la Chandraman Maskey marg qui prolonge la Thamel marg et voici un ilot de calme presque pas poussiéreux au milieu de la ville.

A l'heure des pujas (offrande, adoration), pas d'autre touriste, on m'ignore poliment puis l'effet petits dessins joue, les dévots viennent guigner par-dessus mon épaule, échangent quelques mots.

Katmandou, Kathesimbhu
Katmandou, Kathesimbhu

Katmandou, Kathesimbhu

Vive l'appli Maps.me : le plaisir de suivre les petites ruelles en fuyant le trafic sans peur de se perdre. L'ambiance bon enfant de Katmandou y est pour quelque-chose aussi. Pas de doute, je suis un portefeuille à pattes pour beaucoup de gens ici mais tout se passe simplement et il n'y a pas de problème. Je mettais le cap sur Swayambunath avec un détour vers le sud pour une ruelle sympathique. De ruelle en ruelle, me voilà tout à coup au Durbar square (place des palais) de Basantapur. Bon, puisque j'y suis, je prends le billet et flâne entre palais et temples étayés depuis le tremblement de terre, les travaux de réparation sont longs et compliqués.

La ville s'est réveillée entre-temps, les touristes sont là, les guides sont plutôt sympas quand je leur réponds non gentiment ; la reconstruction s'organise, grosse publicité sur le programme Chinois. On ne peut toujours pas entrer dans le palais principal, le musée temporaire explique surtout les techniques de reconstitution.

Katmandou, Basantapur Durbar Square
Katmandou, Basantapur Durbar Square

Katmandou, Basantapur Durbar Square

Traversée par les ruelles, de Basantapur à Swayambu : c'est joli par endroits, sordide ailleurs. Odeur de mort avant la rivière Bishumati, c'est un abattoir, probablement pas aux normes Suisses.

La grimpée rituelle à la colline, ouf qu'il fait chaud et que les escaliers sont raides ! Achat urgent d'une casquette, je risquais l'insolation.

La plateforme des temples grouille de monde. Je n'étais pas revenu depuis le tremblement de terre. Le grand stupa est en place, le champ de mini-stupas aussi, les bâches vertes ou bleues délimitent les travaux de reconstruction. Un crochet vers la colline secondaire à l'ouest, je n'y étais jamais allé, c'est un monastère avec stupas etc. Ici il n'y a quasiment pas de touristes, presque que des Népalais, mais pas de resto. Retour à la colline principale, café Kathmandu View, tout seul au calme sur la petite terrasse pour un bon combo mo-mos.

Katmandou, Swayambunath
Katmandou, Swayambunath
Katmandou, Swayambunath
Katmandou, Swayambunath

Katmandou, Swayambunath

Dernière soirée à Katmandou : souper de gala au Thamel House, les travaux ont bien avancé en deux semaines et demie. Le repas est toujours délicieux, avec ou sans spectacle. Le verseur de rakshi est très motivé.

Récupéré le linge et le sac à dos lavés : ça de moins à faire en rentrant à la maison ! Au dernier shopping, j'avais trouvé le tee-shirt avec circuit Manaslu plus extension Tsum Je passe prendre livraison après souper. Vraiment, celui qui m'avait vendu l'autre est un truand.

Opération bagages, vite menée dans ce sens, et au lit pour cette dernière nuit au Népal.

Katmandou, Thamel

Katmandou, Thamel

17 avril, retour

Déjeuner et promenade matinale, moment calme à Kathesimbhu, animation du marché de Nhaikanttalla, odeurs contrastées, circulation qui se met en route parmi les vaches vagabondes et les chiens qui dorment encore dans la rue, fumées des pujas.

Retour à l'hôtel par les rues latérales, les boutiques commencent à ouvrir. Le taxi est rapide pour aller à l'aéroport. Il y a une embrouille à l'enregistrement. Clairement, je ne serai pas à la maison ce soir.

L'embrouille, c'est que le Pakistan a fermé son espace aérien. Une heure de plus pour l'arrivée de l'avion, une heure de plus pour le vol et je raterai à Istanbul le dernier avion pour Genève.

L'immigration passée, surprise, je tombe sur Federico, en partance pour Dubaï. Il supervise un projet ici. Le monde est petit…

Une Gorkha-pagoda encore, miam, et c'est l'embarquement, sans histoires. Festival Mel Gibson sur les vidéos de Turkish : bien ri avec l'arme fatale 1+2 et avec Maverick.

Le nouvel aéroport Atatürk d'Istanbul : grand ! Une nuit courte… ils me placent dans un hôtel à côté de l'ancien aéroport, quarante minutes de trajet dans chaque sens, et ils me ramassent à 4h du matin. Deux bonnes heures à explorer le nouveau salon biz et à goûter ses spécialités. Miam ! Et un dernier coup d'aile sans histoires.

De Katmandou à Genève

De Katmandou à Genève

Manaslu pratique

Les renseignements de durée indiquent en général deux semaines pour le tour du Manaslu et une semaine supplémentaire pour la vallée de Tsum. On a fait ça en quinze jours et demi, vraiment sans forcer. Douze jours dont un de repos auraient été suffisants, mais il faut aussi profiter du paysage et prendre le temps de faire des petits dessins.

On ne fait plus le tour complet du Manaslu. Il faut une dose de masochisme pour partir d'Arughat, marcher une journée dans la chaleur et la poussière des jeeps et des bus. Bientôt le départ sera de Tatopani, puis de Jagat à mesure de l'avancement de la piste… Du côté de l'arrivée, je trouvais d'abord dommage de ne pas descendre à pied jusqu'à Chyamche, je gardais un bon souvenir de ce bout en 2007 ; mais là aussi, les randonneurs dans la poussière au bord de la piste ne faisaient pas envie.

On ne part pas comme ça faire le tour du Manaslu. Il faut un permis. L'accompagnement par un guide breveté est obligatoire. C'est comme ça et la police est intransigeante. Pour moi pas de souci, c'est la troisième fois que Shankar d'Adventure Magic m'organise une randonnée et c'était très bien chaque fois : (http://www.adventurehikenepal.com, info@adventurehikenepal.com. J'ai passé l'âge de perdre deux jours au début à organiser permis et transport, de fatiguer sous un sac avec le minimum et de galérer avec les didis et tenanciers de lodges. Je pars d'office avec guide et porteur. Il y a aussi les porteurs-guides, le Néerlandais seul voyageait comme ça. La réglementation impose aussi des groupes de minimum deux personnes. Pourquoi, mystère. Là, je ne sais pas si Dawa le porteur comptait comme le second. Shiva le guide était évasif. La Bavaroise de l'expédition Bavaro-Coréenne disait qu'elle voulait venir seule et que son agent lui a affirmé que non, c'était impossible.

Le livre de Siân Pritchard-Jones et Bob Gibbons A trekking guide to Manaslu, Tsum Valley, lower Manaslu and Ganesh Himal, ISBN 9781522814641, est plein de bons renseignements sur la promenade. Pas sur les lodges bien sûr : bien qu'il ait été mis à jour en janvier 2016 après le tremblement de terre, il ne peut pas suivre la construction intensive dans ces vallées. Les cartes peu claires sont regrettables. Les photos sont petites et noir-blanc mais on en trouve plein en couleurs sur internet.

Le livre de Rebecca Friedberg How to trek Manaslu mountains of Nepal, ISBN 9781719263917, résulte bien sûr d'un effort sympathique mais on peut sans risques économiser le temps de sa lecture.

La carte de Himalayan Map House Around Manaslu and Tsum Valley, ISBN 9789937649612, 1:125'000, a été mise à jour en octobre 2018. Elle est assez exacte mais à cette échelle et avec 80 m entre les courbes de niveau, pas de miracle, il faut deviner. Attention, il y a une autre carte sans la Tsum Valley.

L'application Topo Map+ de OpenStreetMap contributors apporte un complément très précieux. Pour un prix modique, je charge les cartes *très* détaillées avec 10 m entre courbes de niveau sur mon smartphone. Le GPS fonctionne avec le téléphone en mode avion, pas de soucis de batterie ou de réseau. Les chemins sont bien indiqués. Un regret, les indications de bâtiments et noms de lieux sont minimales.

L'application Maps.me https://maps.me/ prend le relais pour ça. Elle n'indique pas le relief mais est gratuite, fonctionne aussi avec le GPS et en mode avion, indique les chemins et les bâtiments avec précision, tourne en ridicule les applis pitoyables de Google et Apple. Elle est très précieuse à Katmandou.

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13 mai 2018 7 13 /05 /mai /2018 15:49

Promenade de printemps en bas Valais : 1'136 m de montée, 6h de marche. Pas de fontaine, il faut emmener son eau.

Mazembroz – Randonne – la Sarvaz - Mazembroz
Mazembroz – Randonne – la Sarvaz - Mazembroz

Mazembroz – Randonne – la Sarvaz - Mazembroz

Le printemps fleurit, les promenades d’entre-saison sentent le réchauffé. La neige ne suffit plus pour les raquettes mais ne permet pas encore les promenades d’été. C’est le moment de monter à Randonne.

On part de Mazembroz, juste au-dessous de la déchetterie, à 480 m. On y arrive directement depuis la sortie d’autoroute de Saxon, ou bien par le bus 311 depuis Martigny.

Anémones

Anémones

Ça part tout doucement : traversée du torrent, un bout de chemin en lisière de forêt. Tout de suite, un panneau jaune nous envoie à gauche dans la forêt, direction Beudon et Chibo. Et ça grimpe fort. Déjà tout en bas, les amémones fleurissent au bord du sentier.

On commence à dominer la plaine, et le bruit agresse. Disons-nous que c’est déjà le grondement du torrent de Randonne.

Raidillon taillé dans la falaise
Raidillon taillé dans la falaise

Raidillon taillé dans la falaise

Passé la première barre rocheuse, un replat, puis un raidillon taillé dans la falaise. Pas de souci, c’est très bien équipé avec des bons câbles bien ancrés dans le rocher. C’est impressionnant vu d’en bas, beaucoup moins vu d’en haut.

En haut de la falaise, nouveau replat, on passe à flanc de talus pour aller traverser le torrent de Randonne. Normalement c’est facile, mais si la neige fond fort là-haut, c’est trois-quatre pas dans l’eau qui gronde, en se tenant à une branche, ça glisse un peu. Pas la peine de sécher les pieds, il faudra retraverser plus haut.

Arrivée à Beudon, la Pierre Avoi
Arrivée à Beudon, la Pierre Avoi

Arrivée à Beudon, la Pierre Avoi

Un raidillon sombre de l’autre côté, puis la lumière, la vigne, la Pierre Avoi en face. C’est le vignoble de Beudon. Une turbinette siffle en produisant l’électricité locale. Pour faire savant, dites que c’est une Pelton, et que ce n’est pas elle qui siffle, c’est l’alternateur.

C’est la vigne mais pas le replat. Ça reste pentu. Et c’est fleuri, plein d’iris pour faire joli. Un téléphérique dessert le domaine. Faites attention aux papillons, aux libellules. Les bords du sentier bruissent de lézards. On se fait des impressions en se disant qu’il y a aussi des vipères.

Beudon, papillons
Beudon, papillons
Beudon, papillons
Beudon, papillons

Beudon, papillons

En haut de Beudon, quelques jolies maisons, des tulipes. Le vigneron monte à sa vigne, t’y voici, vigneron… 875 m, ça fait une heure qu’on marche, on a mérité une petite pause avant de continuer dans la forêt. Vers l’ouest, l’aiguille d’Argentière se montre en arrière-plan, l’aiguille du Tour forme le centre du massif mais c’est l’aiguille du Pissoir qui tient la vedette en haut de son petit bout de glacier tout blanc.

Vue de Beudon vers l’ouest
Vue de Beudon vers l’ouest
Vue de Beudon vers l’ouest

Vue de Beudon vers l’ouest

Quelques lacets larges et raides dans la forêt, on passe encore une barre rocheuse presque sans s’en rendre compte, puis tout d’un coup ça s’arrête de monter, le sentier file vers l’ouest sous la falaise. Un très joli passage de l’arête avec les montagnes en toile de fond ; derrière c’est beaucoup moins rocheux, Chibo est là-haut de l’autre côté du torrent… qu’il faut de nouveau traverser à gué. On est bientôt au pique-nique, on fera sécher les chaussettes.

Beau passage d’arête, gué sur le torrent, moulin
Beau passage d’arête, gué sur le torrent, moulin
Beau passage d’arête, gué sur le torrent, moulin

Beau passage d’arête, gué sur le torrent, moulin

Après le gué, on peut monter vers Chibo mais il vaut mieux partir à droite, s’arrêter quelques minutes au moulin restauré avec patience par des courageux. 1200 m. Ça monte encore un peu mais c’est plus tranquille. Il y a un pont pour la troisième traversée du torrent, et ensuite un passage charmant de la dernière arête.

Alpage de Randonne
Alpage de Randonne
Alpage de Randonne

Alpage de Randonne

On est arrivés à l’alpage de Randonne. Jusqu’en 1930, il y avait là un village, huit familles. Elles ont vendu le village à la bourgeoisie qui l’a rasé pour créer l’alpage. Il ne reste qu’un oratoire.

On monte encore jusqu’au chalet de Plan la Jeur, sur un beau replat à 1'514 m, vue panoramique sur le Valais central à gauche, l’Aletschhorn derrière, Saxon et la Pierre Avoi en face, le Grand Combin qui se montre derrière, l’aiguille du Pissoir toujours à droite, et le Grand Chavalard au-dessus de nous, qui fond dans le torrent. Arrêt pique-nique !

Pour la descente, on quitte l'alpage vers l'est par la route forestière qui commence à plat, puis descend en grands lacets la pente abrupte vers Saillon. Pas de lézards ici; c’est le pays des chevreuils et des écureuils.

Route forestière
Route forestière

Route forestière

A 950 m, prenons un embranchement qui part à l’horizontale vers la gauche. Il mène à l’ancienne carrière de marbre de Saillon, deux grands trous dans la falaise. Pas la peine de remonter ensuite vers le point panoramique, on vient d’avoir mieux. On retourne à la route forestière.

Carrière de marbre ; torrent vu d’en bas

Carrière de marbre ; torrent vu d’en bas

Les lacets s’accélèrent, c’est le Grand Dévaloir qui dégringole sur les vignes de Saillon. Arrivés à la vigne, on continue bien sagement sur le chemin, les vignerons n’aiment pas qu’on coupe dans les parchets. Un ouf de soulagement en arrivant à La Sarvaz dans la plaine: la descente était longue

Il reste 45 minutes jusqu’au point de départ, en contournant un garden-centre puis par un beau chemin le long du canal de Gru. La vue en arrière vers les tours de Saillon vaut de se retourner quelques fois.

Canal de Gru
Canal de Gru

Canal de Gru

Après une pension pour chiens, on retombe sur le torrent de Randonne, tout assagi au pied de la falaise. On le remonte un peu jusqu’à la station inférieure du téléphérique de Beudon pour le retraverser une dernière fois à gué. S’il y a trop d’eau, tant pis pour le joli petit chemin du dernier bout. On renonce à se remouiller les pieds et on rejoint Mazembroz par la route.

Voilà, ça a fait une belle promenade de printemps, juste un peu pus que 1000 m de montée, des jolis coups d’œil, que des bons souvenirs du sentier fleuri, grouillant de vie, du torrent tout blanc et une pensée pour ce village disparu de Randonne. Selon les envies, l’étape suivante sera aux bains de Saillon ou à l’exposition de la fondation Gianadda à Martigny.

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30 novembre 2016 3 30 /11 /novembre /2016 20:32
Népal, cols des Dhaulagiris et collines de Pokhara

Randonnée de deux semaines en deux parties, en solo avec guide et porteur: une grosse semaine en expédition, montée par étapes vers le pays sauvage et la très haute montagne, puis une petite semaine de tourisme pédestre et panoramique.

Dhaulagiri vu de Muktinath (en 2007); itinéraire au milieu des Dhaulagiris
Dhaulagiri vu de Muktinath (en 2007); itinéraire au milieu des Dhaulagiris

Dhaulagiri vu de Muktinath (en 2007); itinéraire au milieu des Dhaulagiris

Dhaulagiri veut dire Mont Blanc... l'analogie avec celui d'ici à côté s'arrête là. Il y a six Dhaulagiris, le n°1 fait 8'167 m, c'est la septième plus haute montagne et il a été considéré comme le plus haut sommet pendant trente ans, de 1808 à 1838. Mais je ne monte pas dessus, je passe par derrière. Déjà comme ça, de Beni (671 m) aux cols (5360 m), treize jours de marche avec trois bivouacs à 5000 m... Il s'agit de s'entraîner !

Paquetage pour le Népal

Paquetage pour le Népal

29 octobre, l'opération paquetage prend un coup de turbo: départ demain ! C'est le grand beau temps d'après-vendanges. Dîner au soleil sur la terrasse puis une petite Tour de Gourze pour entretenir le souffle. Il y a une petite bise sur le crêt, c'est une autre classe de température, je me prépare aux Dhaulagiris... Il reste quelques vendangeurs attardés dans les vignes; les étourneaux sont partis vers le sud.

Dernière promenade de vignes avant le Népal
Dernière promenade de vignes avant le Népal

Dernière promenade de vignes avant le Népal

En route pour le Népal

En route pour le Népal

On y est ! Dernières mises en ordre, fermeture du paquetage, un coup de bus pour Cully, de petit train pour Lausanne et de grand train pour Genève, petit retard à l'embarquement pour la tradition et c'est le décollage pour Istanbul et Katmandou.

Pour casser l'ambiance, une névralgie au dos attrapée hier fait un mal de chien une fois plié sur le siège de l'avion...

Vie passionnante des sardines en boîte: le siège « fenêtre / sortie de secours » est en fait le siège central de la rangée d'avant la sortie, avec largeur réduite et siège de service à l'envers contre la fenêtre, et en prime une voisine envahissante. Marshall Rosenberg comme lecture de voyage pour vivre ça zen. Et puis, regardé sans déplaisir les Peanuts, bien adapté (oh non, il ne faut pas dire « bien »...)

Changement sans histoires à Istanbul. Aïe, c'est un A330, le siège F annoncé fenêtre est en réalité un milieu de rangée centrale, peuplé de chaque côté. Bon, pas d'angoisses, un demi-stilnox et je me réveille au-dessus du Pakistan. Encore quelques pages de CNV et nous voici à Katmandou Tribhuvan, une queue impressionnante pour les visas à l'arrivée, mais j'ai déjà le mien ! Immigration express... puis attente interminable de mon bagage, qui finit par arriver. Derniers contrôles, sortie de l'aéroport.

En route pour le Népal
En route pour le Népal

En route pour le Népal

Katmandou

Chandra est là avec son panneau Adventure Magic, Shankar fait le chauffeur, et 19 heures après avoir quitté la maison, je suis sous la douche de l'hôtel Thamel... efficace !

Chandra me récupère à la sortie de la douche, on passe chez le loueur de sacs de couchage et doudounes, puis chez Shankar au bureau de l'agence, formalités simples.

Arrêt suivant au salon de massage Kathmandu spa: le bas du dos reste un peu rebelle, mais une heure de triturage fait beaucoup de bien. C'est le massage « trekker », il n'y avait pas de « descente d'avion » au menu. Une fois massé, petit tour de Thamel, shopping facile d'une carte de randonnée au 1:75'000, cartes postales, timbres et granolas high energy recommandés par Shankar. Session cartes postales avec une bière Gurkha fraîche au soleil de la terrasse de l'hôtel, puis session de paquetage critique, il y a des choses qui resteront à la ville.

C'est Tihar, nouvel an et fête des lumières, comme il y a trois ans et neuf ans: mandalas, pujas, fleurs, enfants qui poussent la chansonnette. Et un bon souper Népalais, de bon appétit: rien mangé depuis hier soir !

1er novembre. Une très bonne nuit, déjeuner tranquille, re-inspection du paquetage, trois inspirations profondes et me voilà prêt au départ. Le taxi jusqu'à l'aéroport donne un échantillon de conduite Népalaise, une main pour le klaxon et l'autre pour le reste. Il explique que c'est le dernier jour de Tihar, d'où le trafic un peu lourd. Aux carrefours, c'est chacun pour soi et les policiers sont bien débonnaires - mode Tihar?

Katmandou et vol pour Pokhara
Katmandou et vol pour Pokhara
Katmandou et vol pour Pokhara
Katmandou et vol pour Pokhara

Katmandou et vol pour Pokhara

A l'aéroport, le hall d'enregistrement est rénové, ça se passe sans souci. La salle d'embarquement est comme il y a trois ans, sauf que là c'est midi, il y a un peu plus de monde et d'animation. Attente du vol Buddha Air 607 pour Pokhara.

Pokhara et Beni

Vol sans soucis, quelques vues sur les sommets au nord. Arrivée à Pokhara, le Machapuchhre est bien là. Chandra et Phinjo aussi, qui m'attendent à la sortie de l'aéroport. Eux ont fait la route de nuit et dormi quelques heures ici. Il y a un petit problème de transport à cause de Tihar. En payant, on trouve quand-même un taxi qui nous pousse à Beni.

Route de Pokhara à Beni, première vue sur le Dhaulagiri 1
Route de Pokhara à Beni, première vue sur le Dhaulagiri 1

Route de Pokhara à Beni, première vue sur le Dhaulagiri 1

La route est longue jusqu'à Beni ! Montée au-dessus de Pokhara, passage d'un col, descente sur la Kali Gandaki. A l'arrêt-benzine, une belle vue sur la face sud-est du Dhaulagiri 1. On monte enfin la vallée jusqu'à Beni, petite ville poussiéreuse au croisement des vallées de la Kali Gandaki et de la Myagdi. Il y a plein de bus qui attendent de ramener chez eux les vacanciers de Tihar. Tihar, tiens, il y avait plusieurs barrages d'enfants et de jeunes en route. Le chauffeur a cotisé au premier mais se fâchait ensuite. Installation dans une teahouse pour la nuit, Chandra veut pousser sur Darbang en bus demain matin.

Ce n'est pas encore le rythme de trek complet: la fin d'après-midi traîne un peu une fois la nuit venue. C'est l'occasion de faire connaissance autour de quelques verres de rhum Kukhri et de la distribution de couteaux Victorinox. Chandra est Chhetri, homme de haute caste, a un fils en année de master de mécanique en Norvège, est guide avec passion et laisse avec plaisir le travail administratif à Shankar. Phinjo est son neveu, Sherpa du Solu-Khumbu, fraîchement marié, électricien mais le marché ne semble pas porteur (sans jeu de mots). Il est guide diplômé mais travaille régulièrement comme porteur pour Chandra.

Il reste une dose de mystère sur le programme, Chandra n'a pas envie de détailler et on verra bien. Pour le moment, deux points positifs: je suis bien en solo avec eux, pas de groupe en vue, et ils ne me font pas un régime alimentaire Européen. Instruction immédiate de Chandra, profiter du confort de Beni pour passer une bonne nuit.

Beni et premier sentier accroché à la pente
Beni et premier sentier accroché à la pente
Beni et premier sentier accroché à la pente

Beni et premier sentier accroché à la pente

2 novembre. Nuit chaude, sommeil par morceaux à Beni. Après le déjeuner, on s'enfile à 8h dans une mini-Suzuki, direction Darbang. La piste n'est pas bien-bien plane, c'est étonnant que ces petites Suzuki tiennent le coup. Le chauffeur klaxonne joyeusement dans les villages, les virages, la forêt, avant et après les croisements, les dépassements. Après Darbang, une vue directe sur l'Himal là haut. A Khara, c'est le bout de la piste...

Basbot et Naura

En remontant la Myagdi khola: la forêt accrochée aux pentes raides, le chant des oiseaux, le grésillement des insectes, le grondement de la rivière, les cascades, le sentier qui monte et descend fort pour contourner les falaises et chercher les terrasses, les villages aux maisons miniatures avec leurs rizières, leurs carrés de légumes, leurs champs de millet et leurs buffles.

Il est 10h, ajustement de la tenue, trois grosses inspirations et on continue à pied. Après le massage de la piste, le sentier est agréable, dans la petite forêt, les champs accrochés à la pente, les chants d'insectes. Il fait chaud, le soleil tape dur. Autour des villages, mandariniers et taches vert clair des bananiers. On fait une pause-mandarine à Kalleni. Il est midi pile, soleil féroce pour les premiers raidillons vraiment forts avant Basbot. Ça tombe bien, c'est là qu'on s'arrête pour dîner. Une petite foule de villageois descend à Beni après les fêtes de Tihar. Une grosse banane et un thé pendant que Phinjo s'active aux fourneaux. Au menu, bhat (riz), sargh (ressemble un peu à l'épinard, un peu à la bette) et masala pimenté juste comme il faut. Mes craintes de régime nouilles – patates – boîtes de singe finissent de se dissiper.

Basbot
Basbot
Basbot

Basbot

Changement de programme: Chandra explique que c'est aujourd'hui que la police passe contrôler les permis de trek et il préfère que ça se fasse ici, où il arrive à communiquer (comment? Je ne vois pas de réseau GSM...) avec Shankar en cas d'embrouille. Ce n'est pas plus mal. Il fait carrément chaud, le programme pause et mini-lessive me va bien.

Attaques de paupières dans la chaleur de l'après-midi, le décalage horaire finit de se résorber. A 16h, le soleil disparaît derrière la crête, à 17h la fraîcheur du soir arrive et les chants d'insectes sont encore plus forts. La maison est tenue par deux didis (grande sœur, maîtresse de maison) et une grand-mère. Il y a aussi une moyenne fille et une petite. Curry de courge pour le souper: une didi écrase le masala avec une pierre dans un mortier. Phinjo prépare le repas sur un feu de bois dans une marmite autoclave.

La nouvelle lune se couche, avec un beau clair de terre. Les étoiles s'allument, aussi les lumières des fermes éparpillées dans la montagne: chacune son petit panneau solaire, une batterie, quelques ampoules LED et ça brille.

L'après-midi par terre et à me courber pour passer les portes (la maison est miniature) n'a pas fait de bien à mon dos, ça fait très mal.

Une bonne nuit sur le balcon de la maison de Basbot. Au matin, le mal de dos est toujours là: pénible de fermer le paquetage.

Départ à 7h, petits raidillons qui montent et descendent (plat népalais: un peu de montée / ukalo, un peu de descente / oralo) entre les falaises jusqu'à Khamla, c'est là qu'on devait passer la nuit. L'Himal est en face, au nord-ouest: Gurja Himal, Kambon et Myagdimatha.

Khamla, traversée de la Myagdi khola avant Naura
Khamla, traversée de la Myagdi khola avant Naura

Khamla, traversée de la Myagdi khola avant Naura

En repartant de Khamla, je garde le pull: il fait cru, on a déjà pris de la hauteur. Départ dans les rizières en terrasses, puis la forêt, chants d'oiseaux et d'insectes. Le pays est mal-plat, le sentier monte et descend tout le temps. Ça n'apparaît pas bien sur la carte au 1:75'000 avec courbes de niveau tous les 40 m !

On passe la Myagdi khola sur un bon pont tout neuf, on continue en rive droite, toujours la forêt en montées et descentes. Une place de camping avec « hôtel », quelques mini-villages. On retrouve le soleil. Encore un petit bout, il est 10h30 et on s'arrête pour le dîner à Naura. Au nord, on voit à gauche le sentier qui nous attend, qui monte raide dans le talus, et à droite le Jirbang qui cache le Dhaulagiri 1.

Naura
Naura

Naura

Nouveau changement de programme: la teahouse suivante est occupée ce soir. On reste là pour cette nuit, je m'installe au dortoir aménagé en haut de l'échelle, à côté du poulailler. Après-midi tranquille: petite lessive, douche au grand amusement des enfants du village, sieste. Le petit garçon de la maison est très intéressé par mes dessins. On en fait le tour, il est particulièrement étonné des dessins de bateaux.

L'après-midi se passe. A 15h30, le soleil s'en va. Le mal de dos est moins paralysant qu'hier: bon signe pour demain? D'autres enfants arrivent, admirent les crayons de couleur, bavardent deux-trois mots moitié népalais, moitié anglais. Il y a encore la cotisation pour l'école de Naura, pas soutenue par l’État. Le blog de Hays www.johnhayeswalks.com la signale déjà en 2013.

Phinjo est un cuisinier convaincu. La veille, il m'avait expliqué comme il fait tout avec les produits locaux (déjà, ça évite de porter), ça soutient l'économie locale, et il donne des leçons de cuisine hygiénique et adaptée à l'altitude aux didis. Ce soir, il me sert un Dhaulagiri de riz culture locale avec soupe aux haricots, sargh et pickle maison, le tout sur nappe blanche et à la lueur de la lampe à huile.

Naura
Naura

Naura

C'est le jour des collectes. Après l'école des enfants, il y a un voisin avec insuffisance rénale.

Chandra vient pour un discours du soir, pas 100% clair, élocution pâteuse. Il me propose un massage de dos, ce sera pour demain si ça continue à aller mal. Pour le moment, on vise une teahouse avant Dobang pour la nuit prochaine.

Assez pour aujourd'hui: je me limite à une petite toilette, quelques pages des aventures du Prof. Dr von Igelfeld et dodo.

4 novembre. Plutôt bien dormi, par morceaux, dans ce dortoir aux trois lits durs sous le toit de l'hôtel de Naura. Aïe, démangeaisons le matin, soupçons de puces?

De Naura à Boghara, le chemin accroché à la falaise, perspectives verticales
De Naura à Boghara, le chemin accroché à la falaise, perspectives verticales
De Naura à Boghara, le chemin accroché à la falaise, perspectives verticales
De Naura à Boghara, le chemin accroché à la falaise, perspectives verticales
De Naura à Boghara, le chemin accroché à la falaise, perspectives verticales

De Naura à Boghara, le chemin accroché à la falaise, perspectives verticales

Boghara et Dobang

Démarrage à 8h30 par une grimpée sévère derrière Naura, puis on rejoint le sentier balcon aperçu hier. On chemine un bout avec une dame au chargement impressionnant. Elle nous offre des mandarines à la pause. Le sentier balcon s'étire, Nepali flat, ukalo, oralo, avec des touffes de forêt dans les creux. Les gorges se resserrent, l'eau gronde tout au fond dans le noir.

Changement d'ambiance au détour d'une bosse: le sentier s'accroche au rocher avec des escaliers serrés. C'est le bout amélioré par l'armée il y a quelques années; avant. Il fallait poser des cordes pour faire passer les touristes.

Le verrou passé, on est sous Boghara. Un joli petit sentier serpente dans la forêt, nous mène à la teahouse de Boghara Pun, 2'080 m, arrêt dîner. C'est étonnant de retrouver la verdure, les chants d'oiseaux et d'insectes après les perspectives verticales du verrou.

Boghara
Boghara
Boghara
Boghara

Boghara

Aujourd’hui, c'est le premier vrai jour de marche: trois heures d'un bon pas le matin, trois heures l'après-midi aussi. Et le dos tient le coup: bonne nouvelle ! Et le temps reste magnifique, pas un nuage, autre bonne nouvelle.

Boghara Pun homestay, quelques chambres, le haut de la maison sert de rucher. Phinjo me sert une bonne soupe aux nouilles, sargh et œuf sur la terrasse au soleil.

Départ de l'après-midi: on commence par redescendre tout ce qu'on avait monté pour arriver à Jyardan, 1'860 m, le dernier village de la vallée, autant dire le bout du monde, travaux de labour avec deux buffles attelés à la charrue. Ensuite, on remonte au niveau de Boghara pour redescendre jusqu'à la rivière, remonter, redescendre, tout ça dans une forêt épaisse, un peu humide, traversées de rivières, éboulis, escaliers de pierre bien raides. En amont de Boghara, les gorges sont encaissées. On perd tout de suite le soleil, et il fait froid dès qu'on ralentit.

Un troupeau de buffles dans la forêt, puis une clairière avec un abri de bâches, c'est Lipshe Lipsaba, 1970 m mais on n'a pas fini. On ne descend presque plus mais on monte, dans la forêt sur le sentier glissant, ça devient un peu long. Enfin, une clairière, Chandra pose le sac, on a fini pour aujourd’hui.

Jyardan, Lapche kharka
Jyardan, Lapche kharka
Jyardan, Lapche kharka
Jyardan, Lapche kharka
Jyardan, Lapche kharka

Jyardan, Lapche kharka

Lapche kharka, l'alpage des buffles, 2'253 m, la teahouse est pompeusement baptisée hôtel Dhapcha. Question architecture, on est en net retrait par rapport aux haltes précédentes. Je vais inaugurer la tente. Il commence à faire sombre et frais. Je fais le plein d'eau à la fontaine, 50 m au-dessous dans la forêt: un goulot de bouteille en plastique aguillé entre les cailloux dans le torrent pour faire un petit jet. Avec les buffles qui se promènent au-dessus, ce n'est pas exactement l'eau sans danger. Vive les pastilles de désinfection Micropur !

Il y a plein d'orties, Phinjo va faire une soupe avec. Je me replie au chaud dans la cuisine pour la mise à jour du carnet, suite dans la tente après avoir fait un peu d'ordre et changé de chaussettes. Les pieds au sec, c'est plus confortable.

C'est confirmé, je me suis fait manger par les puces à Naura. Reste à espérer que c'est des puces de poules qui ne restent pas sur les gens... sinon, le tube d'antihistaminique arrivera au bout et ça finira comme en Éthiopie mais plus longtemps.

La lampe solaire Little Sun est lumineuse. Montée en plafonnier, elle rend la tente très habitable en mode faible intensité; à pleine puissance, elle éclaire la cuisine pour le repas à la grande joie de tous: l'éclairage solaire normal est en panne.

Phinjo a de nouveau fait des merveilles. La soupe lentilles-orties est juste parfaite, et il a préparé un curry avec la viande boucanée qui pendouille du plafond noir de fumée, plus autres choses non identifiées, c'est tout à fait bon. Ils se partagent un piment qu'ils ajoutent dans leur assiette... pour moi, ça va bien comme ça.

Lapche kharka
Lapche kharka
Lapche kharka
Lapche kharka

Lapche kharka

Après souper, Chandra et Phinjo se lancent dans de grandes envolées contre les gens qui cassent le métier, entre les porteurs-guides pas assurés et les guides dont la seule compétence est de parler français ou allemand.

Demain sera une journée de fond de vallée, toute en montées et descentes comme aujourd'hui. Sooba ratri, bonne nuit, je me fais mon petit nid douillet dans la tente.

5 novembre. Plutôt bonne, cette première nuit sous tente. Comme d'habitude, sommeil compact jusqu'à 2h, puis ça continue par petits bouts. Le sac de couchage complètement ouvert, posé sur le matelas gonflable, suffit largement. Au matin, bonne surprise, il n'y a pas trop de nouvelles piqûres de puces. Petite toilette à la fontaine; pas de WC organisé, la forêt digère ce qui vient.

Chapatis au déjeuner, avec le beurre des buffles, tout à fait bon. La didi a eu la prévenance d'essuyer mon plat avec un torchon... hum, ne pas y penser. Pour le déjeuner de Chandra et Phinjo, elle fait sauter un reste de riz avec huile, piment, curcuma, sel et leur sert avec la soupe aux orties d'hier.

Dobang
Dobang

Dobang

Départ pour deux heures de marche dans la forêt épaisse: une heure pour trouver le soleil, puis une heure encore jusqu'à Dobang, 2'520 m: quelques maisons et la place de camping. Pas de panneau solaire mais une mini-turbine hydraulique.

Il y a un bon soleil et la vue sur le Dhaulagiri 1 et le Tsaurabong. Petite lessive, thé, lavage des pieds, un moment calme. Les avalanches grondent sur la face du Tsaurabong, gros nuages de neige. Phinjo nous sert un « sherpa stew », soupe intéressante, patates, grosses nouilles, sargh, piment... et sel !

Dobang, Talitre
Dobang, Talitre

Dobang, Talitre

Salla Ghari

Midi, on redémarre. Oralo, passage d'un pont en bois puis le long, toujours, de la Myagdi khola, en grosses montées et petites descentes, toujours dans la forêt épaisse, avec quelques péripéties: passage d'éboulis, traversée de torrents sur des passerelles précaires. On monte maintenant en rive gauche. La forêt change un peu: il n'y a plus de fougères, les rhododendrons disparaissent; les bambous assurent la continuité.

Le Dhaulagiri 1 à droite devant se laisse deviner à travers le feuillage, domine les arbres dès qu'on est dans une clairière.

2850 m, Talitre, petite pause. Il y a un petit air d'automne dans cette clairière avec une cabane fermée et le Dhaulagiri 5 de l'autre côté de la vallée, feuilles mortes partout.

On repart. Il reste une heure 20, mais ardue: montées terribles, en plus Chandra s'amuse à nous faire couper les lacets, passage de torrents avec éboulis pas très stables... On est entrés dans la forêt de résineux, des pins qui ressemblent à des grands sapins bizarres, avec leurs petites aiguilles.

Ouf ! 15h20, nous voilà à Salla Ghari « la jungle des pins », 3'110 m. Il y a deux cabanes, une équipe est au travail pour l'aménagement de la place de camping en terrasses. Ils débitent des planches aussi, et trient les pierres. Chandra promet, l'année prochaine il y aura un homestay ici. A Salla Ghari comme à Dobang, pas de panneau solaire mais une mini-turbine hydraulique. On plante la tente pour moi à côté de la teahouse. On aura le même genre d'installation demain soir, et au-dessus le confort s'arrêtera tout à fait.

Salla Ghari, coucher de soleil sur le Dhaulagiri 1
Salla Ghari, coucher de soleil sur le Dhaulagiri 1

Salla Ghari, coucher de soleil sur le Dhaulagiri 1

Le point d'eau est juste après le camp, une goulette qui dirige l'eau du torrent en jet, mais pas de buffles au-dessus cette fois. Du point d'eau, belle vue verticale vers la face ouest du Dhaulagiri 1.

Il y a deux jeunes Tessinois, mignons tout plein, qui font la promenade tout seuls. Bien sûr, Chandra désapprouve. Phinjo se demande si le couple est en situation régulière.

Le soleil disparaît, il fait tout de suite plus frais. 17h30, lumière du coucher de soleil sur la face du Dhaulagiri 1, déjà un succès ! Ensuite, un moment froid jusqu''au souper, soupe à l'ail contre l'AMS, mal des montagnes, et riz avec des choses dedans, bien salé pour faire boire. Tout ça est servi dans la teahouse bien enfumée (tousse).

Je bats en retraite après le thé, mini-toilette et coucher dans la tente à 8°C.

Pendant la nuit, les souris de la teahouse font des trous dans le sac à dos de Chandra et dans le buff de Phinjo.

6 novembre. En forme malgré la nuit tout en pointillés. L'humidité ! J'ai fini par fermer le sac de couchage tout à fait même s'il ne faisait pas vraiment froid: 6°C dans la tente. Changement de tenue de nuit en vue pour ce soir.

C'est de nouveau le grand beau temps, avec le soleil levant qui éclaire les sommets tout en haut en face. Quelques thés, une tsampa consistante, bouillie d'orge au thé, et le jour est prêt à commencer.

Salla Ghari
Salla Ghari

Salla Ghari

Quelques signes d'efficacité de la promenade déjà: je commence à perdre le fil des jours, et j'écris sans lunettes ! Bavardages du matin avec le gardien du camp, un petit vieux de... 55 ans. Ça l'amuse beaucoup d'être plus jeune que moi. Sa famille est à Boghara.

L'animation de la journée, c'est qu'il va y avoir des rotations d'hélicoptère, une équipe monte avec journalistes vidéo pour chercher un Néerlandais disparu en montagne ce printemps.

Départ tranquille à 8h30 pour une petite journée, deux heures de promenade jusqu'à l'Italian camp.

Italian camp

Le Dhaulagiri 1 nous domine tout le long, à contre-jour. On sort tout doucement de la forêt. Le sentier est coupé par de grosses ravines, on avance dans la petite gelée, Phinjo toujours en sandales. Le soleil arrive, la végétation se fait plus rare.

Italian camp
Italian camp
Italian camp

Italian camp

Tout d'un coup, il n'y a plus que des petits rhododendrons, des cynorrhodons, des aulnes et des genévriers. Et puis, plus qu'une lande aux buissons ras. Et puis quelques bâtiments en pierres, trois tentes, c'est l'Italian camp, 3'660 m. Il fait bon au soleil, 22°C dans la tente. Je fais une dernière lessive avant l'altitude, mais que l'eau est froide !

Tout le monde prend la journée tranquillement, y compris une bande de chocards, jolis corbeaux de montagne au bec jaune et aux pattes rouges, qui s'amusent dans les courants d'air. Un nuage décoratif vient coiffer le Tsaurabong. Le Dhaulagiri 5 se cache juste derrière la crête.

Le tenancier a un petit carré de légumes. Phinjo arrive à me mettre du sargh dans la soupe aux nouilles de midi.

En fin d'après-midi, une petite promenade de reconnaissance du célèbre passage délicat pour demain matin... En effet ! Le premier bout est visible, on imagine la suite. Il y a deux zones d'effondrement, de part et d'autre du torrent. Le terrain a l'air instable partout, et si on se rate, on finit dans le torrent qui s'engouffre en tunnel sous le glissement de terrain et de neige qui vient de la rive gauche.

Italian camp
Italian camp
Italian camp

Italian camp

Le soir vient. 17h30, le Dhaulagiri 1 s'allume, passe au doré, au rose, un niveau de plus qu'à Salla Ghari. Les deux jeunes Tessinois ne sont pas montés. Dommage: l'impression de haute montagne, la présence des sommets sont quand-même autre chose ici qu'à Dobang. Je passe pull et sous-pantalon thermiques ce soir: 11°C dans la tente au coucher du soleil, rien de bien méchant mais je m'attends au gel cette nuit. Les chaussons-duvet ont déjà servi hier soir. En tout cas, Phinjo a sorti ses habits chauds et m'assure qu'il a des chaussures !

Italian camp, coucher de soleil sur le Dhaulagiri 1, départ du sentier aérien
Italian camp, coucher de soleil sur le Dhaulagiri 1, départ du sentier aérien
Italian camp, coucher de soleil sur le Dhaulagiri 1, départ du sentier aérien

Italian camp, coucher de soleil sur le Dhaulagiri 1, départ du sentier aérien

Souper dans la salle commune enfumée de la teahouse, l'équipe de bûcherons fait tripot. Je ne me risque qu'à un demi-piment vert pour agrémenter le repas. Ouille, qu'il est fort ! Au mur, un poster kitsch des montagnes et trains de Suisse.

7 novembre. Pas encore le grand froid cette nuit: -1°C dans la tente. Le duvet n'est pas aussi chaud qu'il en a l'air, et il faudra développer les défenses la nuit prochaine: doudoune par dessus?

Swiss camp, glacier de Chhonbarban, chocards au Japanese camp
Swiss camp, glacier de Chhonbarban, chocards au Japanese camp
Swiss camp, glacier de Chhonbarban, chocards au Japanese camp
Swiss camp, glacier de Chhonbarban, chocards au Japanese camp

Swiss camp, glacier de Chhonbarban, chocards au Japanese camp

Glacier de Chhonbarban et camp de base du Dhaulagiri

Départ pas trop matinal pour le passage délicat, on attend le lever du soleil. Ça commence par une corniche bien aérienne, suivie d'une descente dans une cheminée pas très stable, puis la montée très raide de l'autre côté, pas plus stable, enfin une suite de corniches et raidillons bien poumogènes. Je ne fais pas le malin, quand Phinjo me dit de ne pas regarder à droite, je mets toute mon attention sur le sac à dos de Chandra. Mais ça passe, le terrain gelé porte bien et il n'y a pas de pierres qui volent.

Le verrou est passé, voici le Swiss camp, 3'730 m, occupé par l'équipe à la recherche du Néerlandais perdu. Le technicien vidéo, arrivé hier de Pokhara en hélico, a le souffle court.

On remonte tranquillement le torrent en rive droite. Le mur du glacier est en face. Il faut grimper la moraine en commençant par traverser le torrent, de l'eau glacée jusqu'aux genoux. Chandra assure que ça peut être au-dessus de la taille au printemps. Après la longue montée, on prend pied sur le glacier et de là jusqu'au camp c'est le zigzag, montées et descentes d'une crête de glace à l'autre. Ça n'en finit pas, les chapatis et l’œuf du matin commencent à être lointains. Arrêt thé, ça prend du temps, l'eau est très froide et le réchaud à gaz pas très puissant. Les nuages commencent à bourgeonner. Encore 1h45 et nous voilà au camp de base du Dhaulagiri, 4'740 m. Ouf, crevé !

Camp de base du Dhaulagiri
Camp de base du Dhaulagiri
Camp de base du Dhaulagiri
Camp de base du Dhaulagiri
Camp de base du Dhaulagiri

Camp de base du Dhaulagiri

La face nord du Dhaulagiri 1 nous domine, le sommet est à 7'100 m à vol de chocard, 3'350 m plus haut. Wow.

Un peu triste, sinon, ce camp de base. Les tentes sont posées sur des petites terrasses de pierres plus ou moins plates entre des tas de détritus et immondices. Heureusement qu'il fait froid: l'odeur en prime serait trop. C'est la fin des camps déserts: du monde ici, rien à voir avec les camps du Kilimandjaro, mais pas non plus la solitude calme de ces derniers jours. On se pose à côté de la tente cuisine d'un groupe, plutôt bruyante, mais Phinjo s'arrange avec eux pour le repas.

C'est la fin aussi de mon petit nid douillet. Pas de teahouse ici, on partage tous la tente. A trois adultes plus sacs dans une tente pour 2-3, c'est chaud. Le bon côté, c'est que ça réchauffe: toute petite gelée dans la tente le matin, bonne grosse gelée dehors. Et si la nuit est en tout petits pointillés, la durée compense: pas de tente mess, tout le monde aux plumes à 18h30 !

French Col
French Col
French Col
French Col

French Col

8 novembre. Réveil en fanfare quand la tente cuisine d'à côté fait ses paquets. On traîne un peu. Déjeuner minimal et on est les derniers à partir sur le glacier.

French col

On s'engage dans la moraine vers la droite, et ça grimpe. Arrivés sur une crête, on la suit contre un vent terrible, glacé, avec tourbillons de poussière. A une pause, on regonfle un porteur d'un groupe, assez mal en point avec des symptômes de mal des montagnes.

Chandra propose un arrêt bienvenu dans une petite vallée avant le dernier raidillon. Phinjo nous prépare un thé et une soupe aux nouilles, aussi pour le porteur malade. Un chapati et un morceau de fromage là-dessus, la vie est belle.

On attaque le sentier du col. Pas trace des conditions difficiles annoncées sur la carte (crampons et piolet requis). On y est, 5'360 m. Pas un nuage, la vallée cachée s'ouvre derrière.

French Col
French Col
French Col
French Col

French Col

On partage le col avec un groupe de... Français bien sûr, plus un Breton avec drapeau. Le col lui-même n'a rien de spécial: un peu lunaire; la vue sur Tukuche, les Dhaulagiris, Sita Chuchura, Hongde et son glacier vaut la montée.

Avec le col, on entre au pays des lungtas, drapeaux de prière. La vallée de la Myagdi affichait une piété discrète, et pas de Bouddhisme. Est-ce un effet touriste, ou bien l'approche de la haute vallée de la Kali Gandaki? Je penche pour l'effet touriste. Phinjo aussi.

Les nuits

Beni en teahouse, Basbot chez l'habitante sur le balcon, Naura en dortoir avec poules et puces. A Lapche kharka, Salla Ghari et Italian camp, je suis seul dans la tente, Chandra et Phinjo dorment à la cuisine. Au camp de base et à Hidden valley, aïe, les trois dans la tente. C'est une bonne raison pour sauter l'étape de Yak kharka. Marpha en petit lodge, Tatopani en grand lodge, et ensuite lodges de luxe avec commodités en suite jusqu'à Pokhara.

Là, c'est la configuration du camp de base avec (1) plate-forme de pierres plus ou moins plates sur le glacier, (2) tente 2-3 places, intérieur couvert de givre le matin, il neige dans la tente dès qu’on commence à bouger, (3) lampe solaire Little Sun, (4) Chandra avec sac de couchage, (5) Phinjo tout habillé, (6) moi avec sac de couchage sur (7) matelas gonflable Thermarest, pas mal compte tenu du poids 400 g. Aux plumes de 18h30 à 6h... maximum quatre heures de sommeil là-dedans, le reste en exercices de relaxation.

Nuits et repas

Nuits et repas

Les repas

Deux mots-clés: meetosa, savoureux, et phugio, j'ai assez.

En solution de base, le dal bhat: un Dhaulagiri de riz peu ou pas salé, un ragoût de légumes, un condiment et une louche de sargh, épinard amer. La soupe aux lentilles est servie à part. Un délice. Pour les grandes occasions, c'est le Nepali thali full-set, avec un petit pot de masala de viande et un papadum frit. J'ai droit à une cuillère. Chandra et Phinjo mélangent tout et mangent avec la main droite.

Phinjo prépare tout avec deux petits autocuiseurs sur feu de bois. Au-dessus d'Italian camp, ça se simplifie beaucoup: un seul feu de gaz pour tout, y compris pour faire fondre la glace le matin: gastronomie mise entre parenthèses, soupe aux nouilles instantanée.

A Marpha, Phinjo prépare de très bons mo-mos, raviolis Népalais.

A partir de Tatopani, il faut compter avec la cuisine des lodges.

Le thé fait tout descendre: dudh chiya, thé au lait frais de bufflonne en général. A partir de Marpha, il y a aussi du rakshi de pommes, blé ou riz.

Vallée cachée, col de Dhampus et descente sur Marpha
Hidden valley
Hidden valley
Hidden valley
Hidden valley
Hidden valley
Hidden valley

Hidden valley

Derrière le French col, le chemin part à flanc de coteau vers le camp de Hidden valley. Le premier bout est bien verglacé, les chaînes Yaktrax n'auront pas fait le voyage pour rien.

C'est une belle journée, je suis content d'arriver au camp prendre un peu le soleil. Bivouac à 5'080 m, ce n'est pas rien. Phinjo sert encore un Sherpa stew en milieu d'après-midi... Il a mis son réchaud à gaz à l'abri du vent dans un coin du stupa. Mais le stupa n'a pas vraiment l'air d'en être un, semble surtout servir de décoration et d'abri.

Mini-toilette, changements essentiels et la nuit est tombée. Pas une bonne nuit ! Pas si froide que ça, mais impossible de trouver le sommeil dans cette tente « 2-3 personnes », avec un caillou sournois au mauvais endroit en plus.

9 novembre. Réveil pas très gracieux de ce camp dans la jolie Hidden valley. Soupe aux nouilles pour déjeuner, repli de la tente pleine de glaçons et on est partis.

Ukalo, oralo puis gros ukalo dans la caillasse sous les pics de Tukuche. Le Dhampus pass (Thapa bhanjyang, 5'258 m) est à peine marqué: quelques cairns avec lungtas, et la vue en face sur les Nilgiris et les Annapurnas.

Dhampus pass
Dhampus pass
Dhampus pass
Dhampus pass
Dhampus pass
Dhampus pass

Dhampus pass

Une petite descente de l'autre côté, passage du camp de Kalopani / elevation camp, le plein d'eau, et c'est ensuite que ça devient fort: passage dans la neige profonde, puis à flanc de coteau sous le Dhampus peak, montées, descentes en cherchant le chemin dans de la caillasse instable à moitié couverte de neige fondante. On fait un bout de chemin avec un petit groupe de Coréens encore plus découragés que moi, les deux toutes petites nuits se font sentir. Derrière chaque arête qu'on passe c'est une nouvelle traversée... On se console avec les vues des pics de Tukuche à droite, des Nilgiris et de l'Annapurna 1 devant, et le grand beau temps, imperturbable.

Enfin on arrive dans la prairie et le raidillon qui dégringole sur Yak kharka 1000 m plus bas. Trois Russes grimpent, veulent aller planter leur tente plus haut, feront fondre de la neige sale pour l'eau.

Yak kharka, Marpha
Yak kharka, Marpha
Yak kharka, Marpha
Yak kharka, Marpha

Yak kharka, Marpha

Yak kharka, l'alpage des yaks, 3'680 m, le camp ne fait pas envie. Marpha est plus glamourös. La perspective d'une douche, d'un bon repas et d'un lit donne de la vigueur. Chandra n'y croyait pas, mais à 15h nous voilà repartis dans la descente vers la vallée qu'on voit tout là en bas.

Les yaks sont juste en-dessous du camp, dans les buissons de genévriers, cynorrhodons nains, cyprès, pins. Sous Alu Bari, on tombe sur deux autres Russes, qui étaient avec les trois premiers mais qui en ont marre et redescendent. Ils expliquent que leurs porteurs ont déserté !

Descente toujours sur Marpha, raide, longue. Les Nilgiris en face s'allument au soleil couchant, la Kali Gandaki coule dans la vallée.

Aïe ! En descendant, un lacet trop raide, ça tape fort au gros orteil gauche. Avec un peu de chance il me laissera tranquille ces prochains jours et l'ongle tombera cet hiver. Les pieds de randonneur...

Marpha

Arrivée enfin à Marpha, 2'670 m, déjà dans l'ombre. On prend congé des Russes et on s'installe « chez Nisa ». Douche ! Bien tiède ! Un petit passage à vide en contrecoup, mais rien qui ne résiste à un bon thé chaud. Je mets le carnet à jour à la chaleur de la cuisine, avec l'appui d'une bouteille de pomme fabrication locale. Chandra et Phinjo sont passés à la douche aussi, il est 19h15 et la soirée ne fait que commencer. Qu'est-ce qu'on a bien fait de ne pas rester à Yak kharka ! Et repos demain...

On se fait rattraper par l'actualité en descendant de la montagne: Trump est élu président des US... Connexion wifi demain.

Chandra reçoit des nouvelles de Yak kharka: les Coréens en perdition y sont arrivée, bivouaquent. Pas de douche pour eux ce soir.

10 novembre. Journée de repos: dodo jusqu'à 7h30 sur un lit très correct, déjeuner bien assis à une table, moment tranquille à attendre l'eau chaude solaire puis opération lessive ! La couleur de l'eau est éloquente sur l'urgence.

Suite de matinée tranquille entre la gestion de l'étendage et les aventures du Prof. Dr von Igelfeld.

Marpha
Marpha
Marpha
Marpha
Marpha
Marpha
Marpha

Marpha

Il fait doux au soleil de la terrasse de chez Nisa. Après dîner, départ pour un tour de ville. La nouvelle route passe à l'écart du bourg qui reste bien joli avec sa rue pavée de grosses pierres. Le gros changement par rapport à 2007 est la prolifération des fils électriques aériens et de l'éclairage public, inexistants il y a neuf ans à mon souvenir.

Marpha
Marpha
Marpha
Marpha
Marpha
Marpha
Marpha

Marpha

Montée au gompa, monastère: il avait été reconstruit il y a seize ans et a très peu souffert du tremblement de terre.

Montée au curieux stupa, monument funéraire qui domine la ville. Le chemin part tout raide entre les maisons de pierres blanchies. Il monte ensuite au-dessus du village, raide ! Et en plus, le vent de l'après-midi souffle, terrible. Ne pas rater l'embranchement: le sentier continue vers un autre village, plus haut, pas encore touché par la route et l'électricité facile. Vu de près, le stupa n'est pas forcément mieux mais la vue sur Marpha est assez réussie.

Bout de causette avec les marchands de souvenirs, enfants poseurs au retour de l'école. Si je me rappelle bien, il y a neuf ans, il y avait ici une ou deux boutiques qui proposaient le téléphone satellite, j'avais pu appeler à la maison. Maintenant, tous les lodges haut de gamme, y compris le Snow Leopard d'alors, proposent le wifi. Le soleil tombe, je m'enfile dans un d'entre eux pour téléphoner à Émilie, à Florian, faire le tour de l'actualité et des e-mails, ceux que j'arrive à charger en tout cas... et échantillonner le cidre local, pas mal du tout !

Retour chez Nisa à la nuit tombée pour une douche et un thé, qui se prolonge avec la pomme – tatopani (eau chaude – surprenant, cette habitude des Népalais de mélanger l'eau de vie avec de l'eau chaude) pendant que Phinjo se met aux fourneaux dans sa veste toute propre.

Marpha
Marpha
Marpha
Marpha
Marpha

Marpha

Ce soir, la cuisine de Nisa s'anime avec les hommes du quartier venus boire une tasse de dudh chiya en commentant les affaires courantes. Phinjo m'a préparé de la soupe à l'ail (prophylaxie rétroactive de l'AMS?) et une belle assiette de mo-mos légumes, sans tricher, je l'ai vu tout préparer à partir de rien.

Les commentaires vont bon train, appuyés de grandes rasades de dudh chiya. Nisa a sorti ses derniers beignets de Tihar pour l'occasion. L'ambiance tranche résolument avec la soirée au Snow Leopard il y a neuf ans !

Discussion d'organisation avec Chandra: on a « gagné » cinq jours sur le programme, il épate tous ses copains en leur disant qu'on a traversé en huit jours. On continue avec un zigzag en « homestay » jusqu'à Pokhara.

Basse Kali Gandaki

11 novembre: départ tôt pour la station de bus au bout de Marpha: les bâtiments en béton ont poussé au bord de la piste poussiéreuse. Le tenancier gère les places par téléphone avec Jomsom, c'est un peu mystérieux. Le téléphone et la calculatrice sont emballés dans du plastique contre la poussière. La boutique propose aussi des produits locaux, surtout du rakshi de pommes.

8h30, les bus commencent à arriver dans leurs nuages. Chandra me pousse dans un bus, pas de place assise, je me cramponne entre les sièges, plié en deux. Ces bus sont miniatures, comme les maisons. Ils ont l'air gros du dehors, mais vraiment il y a peu de place dedans. En plus, la piste est très sommaire et ça secoue dans tous les sens. Expérience peu concluante même si un changement à Larjung permet de poser une fesse sur la roue de secours, au milieu du passage après la porte d'entrée.

On passe devant la cascade de glace du Dhaulagiri en l'apercevant à peine, on rate le dégagement sur l'Annapurna 1 et les gorges de la Kali Gandaki. Un peu frustré en arrivant tout poussiéreux à Tatopani. Explication tendue avec Chandra quand il me propose de continuer en bus demain sur Beni et d'y dormir... et qu'il me présente une facture clairement gonflée pour le bout de Marpha à Tatopani.

Tatopani
Tatopani
Tatopani

Tatopani

Bon, pas la peine de bouder, on va se tremper dans le bassin d'eau chaude, et même avec une Gurkha glacée. Ça détend. Tout un petit monde, ces bains: enfants, touristes qui entrent dans l'eau tout habillés sous les regards réprobateurs (un Allemand même en sandales!), petites vieilles, jeunes dames... Le lendemain matin quand on part, c'est plein aussi.

Soirée tiède, une vue sur le Nilgiri Sud entre les nuages qui se sont formés sur les sommets. Discussion avec deux jeunes Aixois, ils confirment qu'il existe bien un itinéraire de randonnée dans la vallée, en évitant la piste, sa poussière et ses bus. Re-explications avec Chandra, un peu tendue au début, une variante Ghorepani est écartée, on continue demain en bus et on ne s'arrête pas à Beni.

12 novembre. Les nuages d'hier soir se sont dissipés, les mauvaises pensées aussi espérons-le. Ça manque un peu de vues directes sur le Nilgiri Sud, l'horizon est perturbé par fils électriques ou végétation. Plutôt la végétation, heureusement, depuis la table du déjeuner du Trekker's Inn.

Quelques mètres jusqu'à l'arrêt de bus, un peu d'attente et c'est reparti, avec un siège cette fois. Les inscriptions « deluxe », « free wifi », « air conditioned » sur les bus sont 100% fantaisie; le « please horn » est sérieux, lui.

Bus de la Kali Gandaki
Bus de la Kali Gandaki

Bus de la Kali Gandaki

Les gorges de la Kali Gandaki au-dessous de Tatopani sont très encaissées, sombres, la piste et ses bords sont poussiéreux, pas vraiment le plus bel endroit. Le bus tape, craque, les suspensions vont en butée. Ça penche parfois de manière peu rassurante vers la rivière, mais soyons zen, une des roues a tous ses écrous.

Quelques kilomètres en amont de Beni, une conduite d'eau en cours de pose... sans commentaires.

Trois heures de piste de Tatopani à Beni... Retour à la case départ de la promenade. Toujours aussi poussiéreuse, cette station de bus, même si elle est au soleil maintenant. Un Nepali thali et on embarque dans le même taxi que mardi dernier, direction Pokhara. On débarque à Kande, sur le col 30 km avant Pokhara.

Australian camp et Dhampus
Australian camp
Australian camp
Australian camp
Australian camp
Australian camp
Australian camp

Australian camp

Depuis Kande, une heure de montée énergique jusqu'à la colline d'Australian camp qui domine Pokhara au loin, face à la chaîne des Annapurnas, jusqu'au Manaslu au fond. Le Machapuchhre aussi est là, mais fait son capricieux, se cache derrière les nuages.

On s'installe dans le lodge en dur, grande chambre avec commodités en suite. La croupe à côté est occupée par des tentes et une buvette, c'est de là que la vue est bien dégagée. Un très beau coucher de soleil, des bandes de jeunes sont venues passer le samedi soir ici en haut, avec caisses de Tiger, very strong beer. Un vol de vautours tourne dans le ciel. La fin de soirée se passe à finir le chiang de Marpha, avec un guide de Pokhara bien allumé qui raconte les sadhus de 2ème catégorie, moines vagabonds mendiants qui s'occuperaient surtout de consoler les veuves.

Australian camp
Australian camp
Australian camp
Australian camp
Australian camp

Australian camp

13 novembre. Matinée tranquille: debout avant 6h pour voir le soleil se lever sur les montagnes, puis tout doucement rangement, déjeuner et départ. On est sur le parcours long de l'Annapurna base camp. En faisant des détours, Chandra parvient à tirer le chemin jusqu'à Dhampus à 1h30: descentes en escaliers et chemins dallés dans la forêt avec vues sur l'Annapurna Sud, le Machapuchhre, le Gangapurna, les Annapurnas 2 et 4. Promeneurs locaux du dimanche, groupes venus bivouaquer dans les clairières. Le pied gauche tient, je fais quand-même attention à comment je le pose. Arrivée à Dhampus, village étiré le long de la crête.

On s'installe au Gurung Cottage, une grande belle chambre à l'étage de l'annexe avec commodités, 2ème nuit de suite... et linge de bain fourni ! Petite lessive, session dessin et fort bon dîner.

Dhampus
Dhampus
Dhampus
Dhampus
Dhampus

Dhampus

Tout de suite après le dal bhat, départ pour une petite promenade mixte sightseeing et écotourisme. Le Dhaulagiri pointe derrière la crête au nord-ouest. C'est un coin de petite agriculture, minuscules champs de blé, riz, maïs, millet en terrasses, avec carrés de légumes, mais l'évolution va vers le tourisme local: les gens de la ville viennent trouver l'air pur, la tranquillité et la vue sur les montagnes. Petite discussion en promenade sur les ethnies et castes. Le système de castes n'est pas enterré !

Dhampus
Dhampus
Dhampus
Dhampus
Dhampus

Dhampus

Dhampus
Dhampus
Dhampus
Dhampus
Dhampus
Dhampus

Dhampus

En pays Gurung, les maisons sont en pierre taillée jointoyée à la terre crue. Les boiseries peuvent être assez travaillées selon le standing de la maison.

Fin d'après-midi tranquille après la promenade: bonne douche chaude solaire, session wifi avec bonne connexion, quelques trous dans les nuages pour encadrer les sommets au coucher du soleil. Dans ces lodges, ce n'est plus Phinjo qui cuisine, et Chandra s'est mis en tête de varier mon régime. Hier des « röstis » au fromage pas très convaincants, mais ce soir une belle soupe aux légumes tout frais, et des nems géants avec petite salade et frites, tout très bon, pommes de Marpha pour le dessert. Un jeune regarde des vidéos fondamentalistes chrétiennes complètement hallucinées sur son téléphone.

14 novembre. Nuit presque bourgeoise dans cette grande belle chambre du Gurung Cottage. Le chant du coq annonce le moment de se lever pour le spectacle du lever de soleil sur les sommets, de nouveau les nuages de la veille se sont dissipés.

Après le déjeuner, deux heures et demie de marche: remontée sur le haut de Dhampus, puis descente raide par le versant au soleil à travers villages et rizières jusqu'au fond de la vallée, traversée de la Yamdi khola, remontée de l'autre côté jusqu'à la route de Pokhara.

Naudanda et Sarangkot

On suit plus ou moins la crête hors de la route le long de Naudanda, gros village étiré sur le haut de la colline. Enfants sur le chemin de l'école, poules avec poussins et poulettes sous des paniers retournés pour les protéger des vautours et milans, beaucoup de nouvelles constructions en béton, à étages, qui viennent remplacer les maisons traditionnelles. Pokhara est devant, en bas à droite.

On revient en pays dévot: prolifération de petits sanctuaires en bord de chemin et images pieuses sur les fontaines.

Khadagaun, Kastikot, Himalayan villa, home stay, organic food, on pose les sacs pour le moment. Un brahmane fait des pujas élaborées: fumée, guirlandes de fleurs, tintement de clochettes. Une fois fini, il vient décorer Chandra, Phinjo et les passants. Je décline poliment la décoration mais accepte des tranches de mandarines.

Naudanda, Kastikot
Naudanda, Kastikot
Naudanda, Kastikot
Naudanda, Kastikot
Naudanda, Kastikot
Naudanda, Kastikot

Naudanda, Kastikot

Un dal bhat plus tard, on repart par le chemin au sud de la crête, plutôt en pente régulière. Un peu poussiéreux mais pas trop de circulation. 1h30 de marche et nous voilà au bout de la crête à Sarangkot, lieu d'excursion de tout Pokhara. Installation au Mountain view. Discussion photo avec un Tchèque avec reflex Canon plein format et qui travaille en RAW. Il raconte qu'il vient de faire le tour du Manaslu, et qu'il y a un chantier de route y compris liaison avec la Chine par le col...

Kastikot, Sarangkot
Kastikot, Sarangkot
Kastikot, Sarangkot
Kastikot, Sarangkot
Kastikot, Sarangkot
Kastikot, Sarangkot

Kastikot, Sarangkot

Montée surérogatoire en haut de la colline, point de vue aménagé, tourisme 90% local, les gens font des selfies inspirés. Depuis ici, le Dhaulagiri sort bien derrière les crêtes. Les autres montagnes de ces derniers jours y sont aussi, avec le Manaslu un peu plus présent.

Plein de parapentes dans le ciel, moins de vautours.

Le soleil se couche sur les collines du bas-Népal. Fin d'après-midi tranquille après la douche et une Gurkha. Bavardages avec un grand Bavarois qui se promène au Népal depuis 30 ans. Dal-bhat avec vodka Ruslan, sans eau chaude pour moi... Chandra est vraiment difficile à comprendre quand il a un verre dans le nez. Re-bavardages, dodo.

Sarangkot, lune géante, lever de soleil sur le Dhaulagiri 1
Sarangkot, lune géante, lever de soleil sur le Dhaulagiri 1
Sarangkot, lune géante, lever de soleil sur le Dhaulagiri 1
Sarangkot, lune géante, lever de soleil sur le Dhaulagiri 1
Sarangkot, lune géante, lever de soleil sur le Dhaulagiri 1
Sarangkot, lune géante, lever de soleil sur le Dhaulagiri 1

Sarangkot, lune géante, lever de soleil sur le Dhaulagiri 1

15 novembre. Coucher de la lune géante et lumières du soleil levant sur le Dhaulagiri et l'Annapurna Sud depuis la terrasse du Mountain view. Le patron passe pour tout astiquer. Il y a du stratus sur Pokhara, et des brumes s'étirent dans la vallée là-dessous. Sinon, c'est encore une très belle journée qui s'annonce.

Descente sur Pokhara
Descente sur Pokhara
Descente sur Pokhara
Descente sur Pokhara
Descente sur Pokhara
Descente sur Pokhara
Descente sur Pokhara

Descente sur Pokhara

Pokhara et route pour Katmandou

Dernier gros oralo de Sangarkot à Pokhara: dégringolade par des escaliers raides entre les maisons, puis dans la forêt épaisse, puis les champs et les guest-houses, puis au bord du lac de Pokhara. Une série de villages tout à fait civilisés, enfants au départ pour l'école, puis un grand bout de bord de lac clôturé, interdit aux motos. On arrive à Pokhara comme ça, tout doucement, et deux heures seulement après le départ on s'installe au Rustika guest house, tenu par une famille de Marpha.

A peine installé, promenade du matin pour retourner à l'embarcadère du temple Barahi, un peu changé depuis 2007. Maintenant, la plus grande partie du transport de pèlerins se fait en catamarans couverts « have a kit-kat ». Sinon, c'est la même grosse animation colorée. Retour au Rustika pour un très bon dal bhat. La chaleur et l'humidité frappent: bonne envie de sieste après dîner.

Pokhara
Pokhara
Pokhara
Pokhara
Pokhara

Pokhara

On ne va quand-même pas passer l'après-midi au lit ! Re-départ pour le bord du lac, cette fois en direction de la rivière, une fois les heures chaudes passées. Un petit bout en aval, il y a un parc tout à fait charmant, paisible. Les touristes s''agglutinent sur les embarcadères, les locaux se promènent, discutent, pêchent, content fleurette. Discussion détendue avec un batelier attiré par mes petits dessins. Retour en ville, mini-shopping, jus de grenade puis au Rustika, téléphone à la maison, douche et préparation des petites enveloppes pour Chandra et Phinjo.

Route de Pokhara à Katmandou
Route de Pokhara à Katmandou
Route de Pokhara à Katmandou
Route de Pokhara à Katmandou
Route de Pokhara à Katmandou

Route de Pokhara à Katmandou

16 novembre. Pas la meilleure nuit, un peu trop de rakshi hier soir pour arroser les petites enveloppes. Et puis ça fait tout bizarre de retrouver des draps. Chiya du matin, porridge aux pommes et un coup de taxi jusqu'à la station de bus. Chargement, on se retrouve à côté du couple français de Kastikot. Le bus est nettement plus confortable que ceux de la Kali Gandaki, heureusement: c'est parti pour six à sept heures... Pokhara – Katmandou à 30 km/h de vitesse de base, poussière et cahots.

Pas question de lire ou de faire des dessins, ça bouge trop. Reste à observer et à somnoler. La classe tourist bus doit donner des droits particuliers en matière de dépassement. En tout cas, le chauffeur en abuse, fait des manœuvres hardies. Les motos se faufilent là au milieu.

Arrêt à Malekhu pour dîner, dernier Nepali thali avec Chandra et Phinjo. Passage du col en file avec les camions et autres bus, des travaux de réparation de fissures sur la route n'arrangent pas la circulation.

Katmandou

Arrivée très poussiéreuse à Katmandou, un petit bout à pied pour se réveiller et installation à l'hôtel Thamel. Tour du soir à Thamel, souper correct au Pilgrim's garden. Ouf, crevé ! Retour à l'hôtel et dodo.

Katmandou, Durbar square
Katmandou, Durbar square
Katmandou, Durbar square
Katmandou, Durbar square
Katmandou, Durbar square

Katmandou, Durbar square

17 novembre. Début des opérations dans le calme. Deux tentatives chez Shankar puis tant pis, je fais quelques mètres jusqu'à Durbar square. C'est un peu triste de voir les dégâts du tremblement de terre de 2015. Des bâtiments entiers sont par terre. La grande pagode du centre de la place, il n'en reste que le socle. Des courageux tamisent les débris à la recherche de morceaux à récupérer. Sinon c'est toujours la même foule de sadhus de 3ème catégorie (astiquent le touriste plutôt que les veuves), vendeurs de flûtes et tout ça.

Katmandou, Durbar square
Katmandou, Durbar square
Katmandou, Durbar square
Katmandou, Durbar square
Katmandou, Durbar square

Katmandou, Durbar square

Une bonne assiette de mo-mos au Little door café, sur les toits qui dominent Durbar square. Détour par les parcs de l'est pour rentrer à Thamel: pas la réussite, parcs fermés et lac vidé ! Mais les explorations dans les rues très peuplées sont couronnées de succès: j'ai trouvé une chemise de sport marquée Népal pour Florian. A Thamel, shopping divers, débriefing avec Shankar et retour à l'hôtel pour la fin d'après-midi.

Katmandou
Katmandou
Katmandou
Katmandou

Katmandou

Petite mise en ordre, session wifi et gin-mangue à l'hôtel, puis sortie avec Susan, assistant de Shankar, guide aussi à l'occasion. Il m'emmène au Thamel house assez tôt pour qu'on ait une table en bas. Tout est meetosa bien sûr, et Susan assure que c'est le meilleur restaurant de Thamel. Il dit même le meilleur du Népal, mais il exagère peut-être.

En sortant, encore un tour de photos de nuit des boutiques de Thamel et incroyable, je tombe sur une autre chemise de cricket pour Florian.

Un peu trop acclimaté au régime trek, je m'endors tout seul à partir de 20h... Bon, de toute façon les plaisirs de Thamel by night ne m'attirent pas trop. Au dodo pour cette dernière nuit au Népal.

Un coup d'aile au-dessus du Dhaulagiri

18 novembre. Démarrage tranquille, Shankar m'envoie le taxi pour 9h30. Déjeuner, bouclage du paquetage, départ pour l'aéroport par les petites rues, enregistrement et embarquement sans histoires. J'ai un siège côté Dhaulagiri comme réservé... et personne à côté ! Spectacle de montagnes après le décollage, vue directe de la vallée de la Myagdi, puis je tape dans le choix de films de Turkish: Di Caprio, Everest bien sûr et un vieux Cage.

Coup d'aile sur le Dhaulagiri
Coup d'aile sur le Dhaulagiri

Coup d'aile sur le Dhaulagiri

Encore quelques belles vues sur l'Anatolie enneigée du côté d'Erzurum, puis la descente sur Istanbul, coup d’œil sur la Corne d'Or au soleil couchant. Changement d'avion sans misères à Istanbul, toute une rangée pour moi dans l'avion pour Genève, un coup de train pour Lausanne où Émilie vient me chercher... Un gros dodo au bout de cette longue journée.

Détails pratiques

Je recommande absolument l'agence Adventure Magic de Shankar Pandey qui m'a organisé ce magnifique voyage, et m'en avait déjà préparé un très beau trois ans plus tôt: info@adventurehikenepal.com ou directement le site web http://www.adventurehikenepal.com

Ne même pas penser à faire cette promenade sans un guide compétent et expérimenté!

Chandra le guide est un peu étonnant avec son attitude d'homme de haute caste, mais les gens sont comme ça. En tout cas, il n'a jamais hésité sur le chemin et ne nous a jamais engagés dans des coups foireux, sauf le bus de Marpha à Tatopani. J'ai trouvé Phinjo extrêmement sympathique, efficace et courageux. Phinjo est guide, rappelons-le. Je comprends que Chandra et Phinjo prennent des engagements directement aussi, sans passer par Shankar.

Comme pied-à-terre à Katmandou, l'hôtel Thamel est tout à fait bien, et à deux pas de l'excellent restaurant Thamel house.

Pour le shopping d'affaires de randonnée à Katmandou, une très bonne adresse: la boutique Sonam dans le haut de Thamel, http://www.sonamtrekking.com/index.htm: matériel de bonne qualité, conseils compétents et prix corrects.

Pour aller jusqu'au Népal, Turkish propose les meilleurs horaires en venant d'Europe, et le service est très décent.

Pour les amateurs de linguistique, le vocabulaire de survie de Nepali Ann: http://the-voyagers.tripod.com/language.htm

Thierry, novembre 2016

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 20:56

Le chemin devant soi et le sac au dos, une brique pour construire le bonheur. Je mets en ligne quelques morceaux de belles randonnées, pour en partager le souvenir, quelques photos et quelques dessins.

... Et puis j'ai commencé une page sur les promenades à Lavaux:

Journal du blog de Thierry Rando
Journal du blog de Thierry Rando
Journal du blog de Thierry Rando
Journal du blog de Thierry Rando
Journal du blog de Thierry Rando
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... Et puis j'ajouterai un jour une page sur les promenades dans les Préalpes Vaudoises en débordant un peu sur Fribourg, le Valais et le Jura.

Journal du blog de Thierry Rando
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... Et puis j'ajouterai un jour une page sur les promenades dans le Briançonnais.

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Et puis j'ajouterai un jour une page sur Préfailles, petit coin de paradis au bord de l'Atlantique...

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... Et puis les randonnées encore à venir

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 19:16
Tour de Gourze, Lavaux: carte et profil
Tour de Gourze, Lavaux: carte et profil

Tour de Gourze, Lavaux: carte et profil

Nous montons au Gourzenstock! On dit de Lavaux que c'est mal-plat, nous allons l'apprécier.

Au départ de la gare de Cully, 390 m, on passe devant l'Union Vinicole pour suivre le chemin du Vigny. On laisse les deux cimetières sur la gauche, on traverse le Champaflon et plus loin on attaque par les Sous Riex. C'est le début de la montée.

On traverse Riex, 440 m; en haut du village on continue à droite par la rue des Montaux qui porte bien son nom. On se prend à chantonner que le vigneron monte à sa vigne.

En haut de Lussy, un passage sous le chemin de fer, une passerelle sur l'autoroute, un escalier, nous voilà au Lanciau, 600 m.

Tour de Gourze, Lavaux: vue du haut de Lussy, vue d'ensemble, chamois de la Cornalle
Tour de Gourze, Lavaux: vue du haut de Lussy, vue d'ensemble, chamois de la Cornalle
Tour de Gourze, Lavaux: vue du haut de Lussy, vue d'ensemble, chamois de la Cornalle
Tour de Gourze, Lavaux: vue du haut de Lussy, vue d'ensemble, chamois de la Cornalle

Tour de Gourze, Lavaux: vue du haut de Lussy, vue d'ensemble, chamois de la Cornalle

On continue par la route qui passe derrière le Lanciau et continue à monter fort, contourne un jardin avec un improbable décor Asiatique. Une petite pause devant la stèle qui ornait la fontaine de Riex sous l'occupation Bernoise: un ours paresseusement étendu sur une vigne en forme de pain de sucre, détrôné à la révolution de 1798.

Nous sommes au replat du Crotet, 700 m, mais pas de fausse joie: on part à gauche sur l'arête. Tôt le matin, on peut rencontrer par ici les chamois de la Cornalle. Quelques mètres à travers le pré, un raidillon dans une haie et nous sommes sur le replat de la route des Auges, 800 m.

Le temps de reprendre notre souffle, on attaque la dernière montée. Attention, la carte indique le sommet à 924 m mais le point géodésique est au sommet de la tour, à 936.25 m.

Tour de Gourze, Lavaux
Tour de Gourze, Lavaux
Tour de Gourze, Lavaux
Tour de Gourze, Lavaux

Tour de Gourze, Lavaux

Cette petite différence d'altitude a semé la discorde au moment de la fusion des districts de Lavaux et Oron. Les citoyens de Montpreveyres (les Rossignols, ça ne s'invente pas) voyaient déjà leur signal culminer sur le district fusionné, mais c'était sans compter sur les 12.25 m de maçonnerie.

On souffle un peu en haut de la tour. En hiver on remet son pull.

Petit jeu: trouver la faute d'orthographe sur les panneaux d'orientation.

Voir tous les détails sur la tour de Gourze sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Tour_de_Gourze

A côté de la tour, il y a le café, authentique pinte Vaudoise qui sert la meilleure fondue du canton, avec un grand sourire et, à la belle saison, sur une terrasse avec une vue légendaire: http://www.gourze.ch

Il est prudent de réserver.

Tour de Gourze, Lavaux
Tour de Gourze, Lavaux
Tour de Gourze, Lavaux
Tour de Gourze, Lavaux

Tour de Gourze, Lavaux

Là, je vous ai fait monter par l'arête sud, chemin A sur le plan ci-dessous. Whymper prétendait qu'il fallait monter par les faces, pas par les arêtes. D'accord, c'est comme ça qu'il est arrivé en haut du Cervin, mais gardons le sens des proportions. Ici on est au Gourzenstock, c'est plus bas et les arêtes sont très praticables.

Donc j'aime bien monter par l'arête sud et descendre par la face est, sentier B qui arrive à la ferme de Gourze. Attention, ça peut être boueux par temps humide. En rejoignant la route il y a un petit marché self-service, utile pour improviser un pique-nique.

En arrivant depuis Chenaux et Bahyse, il y a aussi l'arête sud-ouest, sentier C en lisière de forêt, plus doux pour les pieds que la route de l'arête sud.

Et encore l'arête nord, sentier D, aussi boueux par temps humide, qui permet de rentrer par la Clavile, Pra Perey et Bahyse, ou de continuer dans l'autre sens vers Forel.

Ne pas penser à la face nord-ouest: Whymper dira ce qu'il veut mais elle est vraiment trop raide, et puis il ne faut pas déranger les chevreuils qui vivent là.

 

Tour de Gourze, variantes

Tour de Gourze, variantes

Tour de Gourze
Tour de Gourze
Tour de Gourze
Tour de Gourze
Tour de Gourze

Tour de Gourze

Pour continuer la descente, j'aime bien revenir par la Duflonne, le Bois de Romont, Montchervet, Goay, La Croix, Epesses et Cully. Il y a plein de variantes, par exemple en descentdant par la Corbessière au lieu de la Duflonne on arrive à la Vulpillière. Et de là on peut encore varier en partant vers le lac de Bret, Tolovaux, Vers la Chapelle, Crêt Bérard,  le Frût et Chexbres. Ou bien, pourquoi pas? remonter au mont Chesau et au mont Pèlerin.

Tour de Gourze, Lavaux: Bois de Romont, La Croix, extension au Mont Pèlerin...
Tour de Gourze, Lavaux: Bois de Romont, La Croix, extension au Mont Pèlerin...
Tour de Gourze, Lavaux: Bois de Romont, La Croix, extension au Mont Pèlerin...
Tour de Gourze, Lavaux: Bois de Romont, La Croix, extension au Mont Pèlerin...

Tour de Gourze, Lavaux: Bois de Romont, La Croix, extension au Mont Pèlerin...

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 12:00
Lavaux, autour d'Epesses
Autour d'Epesses, Lavaux - carte et profil
Autour d'Epesses, Lavaux - carte et profil

Autour d'Epesses, Lavaux - carte et profil

Cette boucle de deux heures autour d'Epesses est parfaite en automne, en hiver ou au printemps, par temps mouillé: on est tout le temps sur le dur.

On part de la gare d'Epesses, ou bien de Cully avec une petite rallonge.

De la gare d'Epesses, le chemin part en montant les escaliers du Vieux Moulin, haut lieu des nuits canailles en son temps, contre la cascade du Rio d'Enfer. Le chemin continue jusqu'à Crêt dessous, un des hameaux d'Epesses.

La première maison est bizarrement dédiée à Saint Jean Porte Latine. Jean l'évangéliste aurait été arrêté à Ephèse, conduit à Rome et supplicié devant la Porte Latine en le plongeant dans un tonneau d'huile bouillante. Certains disent que l'évangéliste a fini sa vie paisiblement à Ephèse et que c'est un autre Jean qui y  a gagné ses galons de sainteté. Toujours est-il qu'au contact du saint homme, l'huile s'est transformée en eau fraîche et tous les païens présents se sont convertis. Le saint est devenu patron des tonneliers. L'extension aux brantards pourrait résulter d'un mauvais jeu de mots (porte la tine). Maintenant la brante, petit tonneau à bretelles pour les vendanges, est remplacée par un cacolet pour caisses en plastique jaune, c'et plus rationnel. Quoi qu'il en soit, la petite statue datée de 1947 en pur style stalinien est ornée d'une brante.

Nous prenons à droite le chemin d'améliorations foncières. Attention, c'est peuplé le dimanche. Une petite halte pour le coup d'œil en arrière vers ce beau groupe de maisons.

Epessses, Lavaux: Crêt Dessous
Epessses, Lavaux: Crêt Dessous
Epessses, Lavaux: Crêt Dessous
Epessses, Lavaux: Crêt Dessous
Epessses, Lavaux: Crêt Dessous
Epessses, Lavaux: Crêt Dessous

Epessses, Lavaux: Crêt Dessous

Nous sommes à Lavaux, petit coin de paradis sur terre. Des cultures en terrasses, il y en a ailleurs, rizières au Népal, théiers au Yunnan, patates au Rwanda... Des coteaux en bord de lac aussi il y en a ailleurs, Lac Kivu au Congo, Lac Majeur au Tessin... Et des villages en habitat groupé aussi, des ksour Sahariens aux villages Anasazis de la Mesa Verde. Mais là, il y a un ensemble vivant miraculeusement abrité de l'extension de Lausanne, protégé par décision populaire de 1977,  inscrit au patrimoine de l'humanité en 2007.

A gauche, la façade lac d'Epesses, toute en fenêtres, fleurie au printemps, domine le chemin.

Au-dessus du village, de l'autoroute, la falaise de la Cornalle barre le ciel. En des temps géologiques, l'effondrement de la Cornalle a créé la selle argileuse du Calamin et donné ce splendide bouquet minéral aux vins de sous Epesses. Au moyen âge, un nouvel effondrement de la falaise a donné aux habitants leur nom de boucs (lé bocans) ou de chevriers (lé tchvraé). Selon la légende, le choc de l'éboulement aurait provoqué un glissement de terrain. Le village complet se serait retrouvé cent pas plus bas, sans dégâts ni victimes autre qu'un bouc, attaché de l'autre côté de la faille, terrifié de voir s'éloigner son harem de chèvres entraîné avec le village.

Le syndicat d'améliorations foncières est actif depuis 1907 et a notamment produit le chemin en corniche que nous suivons. Ces chemins d'exploitation viticole servent aussi à canaliser les promeneurs. Respectons les cultures et restons sur le béton qui nous mène à travers le Calamin.

Dans un creux de terrain, voici la coulisse de la Chenalette. Elle marque la limite du Dézaley, on passe sur la commune de Puidoux. Un palmier domine le chemin. On continue au-dessus de Treytorrens. C'est ici que Charles Testuz commence en 1868 à filtrer le vin pour pouvoir le vendre en bouteilles. Treytorrens est maintenant le théâtre d'une bataille sanglante de Vera Weber contre les frères Orllati pour la conservation du bâtiment d'exploitation Testuz, construit en vrai béton de 1972 à 1980.

La belle grande maison devant nous, comme un butoir au flanc de la colline, est le Clos des Moines. Les moines Cisterciens ont fondé ce domaine au XIIème siècle. Ils ont coupé la forêt, construit les murs et planté la vigne. L'envahisseur Bernois a confisqué les propriétés de l'évêché catholique au XVIème siècle. La ville de Lausanne a acheté le domaine en 1802, quand l'occupant Français vendait les domaines pour financer ses guerres.

Epesses, Lavaux: de Crêt Dessous au Clos des Moines
Epesses, Lavaux: de Crêt Dessous au Clos des Moines
Epesses, Lavaux: de Crêt Dessous au Clos des Moines
Epesses, Lavaux: de Crêt Dessous au Clos des Moines
Epesses, Lavaux: de Crêt Dessous au Clos des Moines
Epesses, Lavaux: de Crêt Dessous au Clos des Moines
Epesses, Lavaux: de Crêt Dessous au Clos des Moines

Epesses, Lavaux: de Crêt Dessous au Clos des Moines

Arrivés au Clos des Moines, prenez votre souffle! Nous virons à gauche et attaquons le raidillon qui nous mènera 190 m plus haut avec 19% de moyenne. Tout à coup il y a moins de promeneurs. Le nom de Dézaley prend tout son sens, le coteau qui dégringole dans le lac.

Les vignes autour de nous, c'est surtout du chasselas, le roi de Lavaux qui tire le maximum de ce terroir complexe pour un très bon vin blanc sec, la gaieté dans le verre. Ne vous arrêtez pas à la mauvaise réputation que les diététiciens font au vin blanc. Un copain vigneron, d'Epesses justement, disait d'un ton sentencieux "Y-en a des qui disent que le vin blanc les empêche de dormir. Mais quels topiots! T'en bois un verre, d'accord, ça énerve, mais si tu bois la bouteille, tu dors comme un bébé." Il y a aussi un peu de rouge, traditionnellement du gamay et du pinot noir, aussi du gamaret, garanoir et merlot, ça s'est beaucoup diversifié dernièrement. A Lavaux, on dit dédaigneusement que le vin rouge passe la soif. En tout cas, rouge ou blanc, le raisin jouit ici de trois soleils: celui d'en haut, celui d'en bas renvoyé par le lac et celui de derrière renvoyé par les murs.

On passe la maison du petit Dézaley, la route cantonale (arrêt de bus) et la maison de la Chapotanne. Le petit château là haut, c'est la Tour de Marsens. On raconte que la reine Berthe (pas Berthe aux grands pieds, mère de Charlemagne, mais Berthe de Bourgogne) l'aurait fait construire, ou y serait née, mais ça tient de la légende: Berthe est née au milieu du IXème siècle. Il y a une variante avec Berthe de Souabe, celle qui filait la laine, mais c'est encore plus vieux, antérieur au défrichement. Elle aurait plutôt été construite en 1162 par l'évêque de Lausanne pour abriter les moines qui défrichaient la forêt et plantaient la vigne. Le pasteur de Lutry François Naef rachète la ruine en 1867. Son neveu Albert Naef, archéologue cantonal, la reconstruit et lui donne son aspect actuel avant d'aller rénover le château de Chillon.

Epesses, Lavaux: le Dézaley et la Tour de Marsens
Epesses, Lavaux: le Dézaley et la Tour de Marsens
Epesses, Lavaux: le Dézaley et la Tour de Marsens
Epesses, Lavaux: le Dézaley et la Tour de Marsens
Epesses, Lavaux: le Dézaley et la Tour de Marsens
Epesses, Lavaux: le Dézaley et la Tour de Marsens
Epesses, Lavaux: le Dézaley et la Tour de Marsens
Epesses, Lavaux: le Dézaley et la Tour de Marsens

Epesses, Lavaux: le Dézaley et la Tour de Marsens

Après la Tour de Marsens, le chemin continue à monter, comme le vigneron qui monte à sa vigne, jusqu'au ciel là haut, comme dans la chanson. Les vignerons maintenant montent en auto, même les jolis petits monorails à crémaillère vont à l'abandon.

A gauche, c'est la façade est d'Epesses, les toits qui dominent la Place et les pignons de Crêt Dessus tournés vers le soleil du matin.

Ouf, c'est le haut de la montée! Nous sommes à La Croix, hameau de Puidoux. Pas loin d'ici, il y avait des messes clandestines au début de l'occupation Bernoise au XVIème siècle. Bien plus tard, Ferdinand Hodler venait planter son chevalet ici pour peindre ses paysages du Léman. Si vous montez encore à droite sur le signal de Chexbres et que vous suivez la limite de la forêt, vous verrez que des farceurs ont pendu à un arbre un cadre signé Hodler. Ils ont aussi pendu un grand dauphin en carton pâte qui saute au-dessus des vignes, symbolisme mystérieux.

 

Epesses, Lavaux: le haut du Dézaley
Epesses, Lavaux: le haut du Dézaley
Epesses, Lavaux: le haut du Dézaley
Epesses, Lavaux: le haut du Dézaley
Epesses, Lavaux: le haut du Dézaley
Epesses, Lavaux: le haut du Dézaley
Epesses, Lavaux: le haut du Dézaley

Epesses, Lavaux: le haut du Dézaley

De La Croix, on descend le raidillon vers la gauche jusqu'au domaine Gaillard (terrasse-buvette), puis on suit le chemin de fer dès sa sortie du tunnel.

On dit que le vin d'ici tire son caractère du terroir très particulier, alimenté par tous les Alémaniques qui, arrivant en train et découvrant d'un seul coup le Léman en sortant du tunnel, ont jeté leur billet de retour par la fenêtre en faisant le vœu de ne pas retourner au nord. Ca se perd bien sûr, avec les trains climatisés dont on ne peut plus ouvrir les fenêtres, et puis les billets en papier qui ont remplacé les vieux billets en carton. Maintenant de toute façon les billets sont sur le téléphone, si les gens jetaient leur téléphone dans les vignes ça ne serait pas très bon.

En continuant le long du chemin de fer (et aussi de l'autoroute, les oreilles souffrent un peu), on voit à gauche les quatre quartiers d'Epesses: de l'est vers l'ouest, la Place, le Petit Crêt et le Crêt Dessus, avec le Crêt Dessous en bas. Tout au bout, sur Crêt Dessus, le très beau bâtiment du Clos du Boux, construction typiquement Bernoise à façade courbe, domine les gorges du Rio d'Enfer.

Remarquez les trappes étranges à couverture en tôle. Elles abritent les cheminées d'accès à des galeries de drainage: tout un réseau creusé dans le tuf pour stabiliser les coteaux.

Les travaux marquent les saisons. En hiver la taille, remonter la terre, au printemps l'ébourgeonnage, les effeuilles, en été la lutte contre la moisissure, l'égrappage, en automne les vendanges puis les minages, enlèvement des vieilles vignes et entretien des murs

On passe encore une terrasse bétonnée (la vigne dessous s'appelle Jérusalem), un petit bout de sentier étroit le long du talus, la seule occasion de se mouiller les pieds s'il a plu, quelques marches qui descendent raide et nous voilà à l'Arattar, en haut de Lussy.

Epesses, Lavaux: le long du chemin de fer, du domaine Gaillard à Lussy
Epesses, Lavaux: le long du chemin de fer, du domaine Gaillard à Lussy
Epesses, Lavaux: le long du chemin de fer, du domaine Gaillard à Lussy
Epesses, Lavaux: le long du chemin de fer, du domaine Gaillard à Lussy
Epesses, Lavaux: le long du chemin de fer, du domaine Gaillard à Lussy
Epesses, Lavaux: le long du chemin de fer, du domaine Gaillard à Lussy
Epesses, Lavaux: le long du chemin de fer, du domaine Gaillard à Lussy
Epesses, Lavaux: le long du chemin de fer, du domaine Gaillard à Lussy
Epesses, Lavaux: le long du chemin de fer, du domaine Gaillard à Lussy
Epesses, Lavaux: le long du chemin de fer, du domaine Gaillard à Lussy

Epesses, Lavaux: le long du chemin de fer, du domaine Gaillard à Lussy

Sur la petite place en haut de Lussy, une table sous une tonnelle invite au pique-nique. Ceci fait, on prend vers la droite une route étroite en corniche. Au replat, un coup d'œil à droite vers la belle maison du domaine des Granges, et on s'enfile dans la descente pentue vers Riex.

A la saison des vendanges, les étourneaux forment des nuages vivants, à la recherche d'un trou dans les filets pour manger le bon raisin. Ensuite, ils partiront vers le sud. L'hiver, on les trouvera au dessus de la baie d'Alger où ils viendront danser le soir après avoir mangé les olives sur les collines

Si vous n'avez pas pensé à prendre un pique-nique et que la faim menace, le café de Riex vous sauvera. Selon l'heure, le caveau pourra être ouvert, sous la chapelle Saint Théodule.

Le vin de Riex est aussi en appellation Epesses depuis 1963. En fait, les vignes d'Epesses en appellation Epesses sont les moins bien exposées, les meilleures sont dans le Calamin. Riex a les vignes mieux exposées en appellation Epesses, d'où le dicton "Epesses le nom, Riex le bon".

Epesses, Lavaux: descente par Riex
Epesses, Lavaux: descente par Riex
Epesses, Lavaux: descente par Riex
Epesses, Lavaux: descente par Riex
Epesses, Lavaux: descente par Riex
Epesses, Lavaux: descente par Riex
Epesses, Lavaux: descente par Riex
Epesses, Lavaux: descente par Riex
Epesses, Lavaux: descente par Riex

Epesses, Lavaux: descente par Riex

Le dicton vérifié, admirez la grande fontaine à bassin octogonal en marbre de Soleure. Le bassin est en deux pièces, vous imaginez le poids pour l'amener jusqu'ici. La rue des Sous Riex part du coin de la fontaine. Maurice Demierre avait ses vignes là sous le village, appelait son vin "Souriez" et écrivait sur ses étiquettes "Si ce vin te gêne dans ton travail, arrête ce travail."

Il ne vous reste plus qu'à terminer la descente. En bas des Sous Riex (odeur fétide occasionnelle de la station d'épuration), prenez à gauche, puis descendez les escaliers du chemin des Clos, en marchant sur le muret qui domine la coulisse de Chatalet. Traversez les rues sous le pont de la route cantonale et repérez le passage sous le chemin de fer, toujours le long de la coulisse. Un crochet à droite, puis suivez le port et vous arrivez à la plage de Morattel.

Une baignade s'il fait chaud, un petit bout de chemin au bord du lac et nous voilà de retour à la gare d'Epesses.

Epesses, Lavaux
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Epesses, Lavaux

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2 juillet 2016 6 02 /07 /juillet /2016 17:33

De passage à Kigali en 2015, j'avais eu une grosse envie d'aller rendre visite aux gorilles de montagne... mais ça ne s'improvise pas! De retour à la maison, je suis vite allé relire Le gorille à bonne mine, histoire de Spirou et Fantasio. Et puis quand un nouveau rendez-vous à Kigali s'est profilé quelques mois plus tard, j'ai pris les choses plus sérieusement.

Suivez moi pour trois jours bien chargés, détails pratiques en fin d'article.

Kigali, mémorial du génocide et cartes
Kigali, mémorial du génocide et cartes
Kigali, mémorial du génocide et cartes

Kigali, mémorial du génocide et cartes

Kigali

17 juin 2016, enfin le départ! Pas évident: accumulation de travaux tous plus urgents les uns que les autres, mais avec l'aide des collègues on y arrive quand-même... et puis en fin de compte il ne s'agit que d'un weekend allongé d'un jour, ajouté avant cette mission à Kigali!

L'affaire s'était emmanchée en avril, alors que fin juin était déjà peint en rouge sur la planif: une réunion de comité à Kigali. Mes envies de 2015 se réveillent, cette fois je me documente et discute avec plusieurs agences, puis avec Rwanda Gorilla (basé contre toute attente à Kampala...). Affaire conclue.

Départ le 17 juin et voyage sans encombres donc, par Turkish Airlines, ses spécialités aux aubergines et l'ambiance de mille et une nuits de la zone transit d'Istanbul. A l'arrivée à Kigali, de nouveau cette impression: on est vraiment en Afrique? L'avion est à l'heure, tout fonctionne, propre en ordre comme en Suisse (qui, il est vrai, est le Rwanda de l'Europe!), en plus c'est le même fuseau horaire. Immigration rapide, livraison express de mon bagage, douane fonctionnelle et me voilà dans le hall d'arrivée, William est là et me pose 10 minutes plus tard au Flame Tree Village pour un bon dodo.

Le matin est un peu court pour profiter de cette chambre magnifique avec son petit jardin fleuri; un bon déjeuner de fruits (les petites bananes acidulées, les prunes "tree tomatoes", les (miam) mangues et les (miam miam) ananas juste mûrs...), et William est de nouveau là. Départ pour le Nord, avec l'arrêt de rigueur au mémorial du génocide.

J'étais un peu perplexe de voir que toutes les agences mettaient cette visite en figure imposée, mais bon, il s'est passé ici des choses terribles il y a 22 ans. C'est sobre, digne, l'émotion prend à la gorge sur des phrases de témoignages. Le plus extraordinaire est que le pays ait surmonté cette horreur et donné un grand coup de gomme sur la folie raciste.

En route de Kigali à Musanze, soirée à Kinigi
En route de Kigali à Musanze, soirée à Kinigi
En route de Kigali à Musanze, soirée à Kinigi

En route de Kigali à Musanze, soirée à Kinigi

Route vers le Nord

En sortant du mémorial, la traversée de la gare routière rappelle qu'on est en Afrique: un peu d'entropie, le pays n'est pas totalement aseptisé.

La route part au nord-est par les collines. Le moindre mètre carré est cultivé, les villages sont coquets le long d'une belle route à ouvrage moellonnés, construite m'assure William par les Chinois venus dans les années soixante, juste après l'indépendance, propager l'amitié entre les peuples. Toujours est il que cette route est en parfait état, pas comme les horreurs que les Chinois construisent maintenant ailleurs...

Arrêt à une halte de bus pour un jus d'ananas frais, juste parfait.

La route continue, tranquille d'une colline à l'autre, vitesse limitée à 60 km/h, 40 dans les villages.

Musanze

On arrive à Musanze (ex Ruhengeri), ville propre en ordre avec beaucoup d'enseignes en français, langue très discrète à Kigali, mais on ne s'arrête pas; on passe Kinigi et un tout petit peu plus loin on s'enfile dans une petite forêt de bambous, on est arrivés au Le Bambou gorilla lodge, beau bâtiment principal organisé en coins salons cheminées, et cases éparpillées dans la forêt. Ezra le patron me souhaite la bienvenue.

Les volcans sont dans la brume et une petite pluie là-dessous, il fait cru et humide. J'étale les urgences par e-mail au coin du feu, la session whatsapp remplace les cartes postales. Les touristes arrivent, conversation légère, tout ça nous amène à 18h pour un petit spectacle de danse des écoliers du village, puis une session vidéo avec un documentaire sympa sur Titus roi des gorilles et barbecue servi près de la cheminée. Ezra me fait allumer un feu dans la cheminée de ma chambre pour finir la soirée, et après une douche chaude quel bonheur de me glisser dans un grand lit préparé avec une bouillotte!

Départ pour le rendez-vous avec les gorilles
Départ pour le rendez-vous avec les gorilles
Départ pour le rendez-vous avec les gorilles
Départ pour le rendez-vous avec les gorilles
Départ pour le rendez-vous avec les gorilles

Départ pour le rendez-vous avec les gorilles

Visite aux gorilles de montagne

19 juin, déjeuner matinal et départ pour les bureaux du parc national à Kinigi. Il y a le choix entre les parcours courts, moyens et longs. Je prends moyen; pas la peine de s'éreinter avant la montée au Mont Bisoke prévue demain. William va s'occuper des inscriptions. Une heure plus tard, ça se met en route, Bosco le ranger rassemble son groupe de 8 personnes, nous oriente sur la famille Amahoro qu'on va aller visiter et nous voilà partis.

Un bout de route, puis de piste, puis de massage lombaire plus loin, c'est le parking de Kwamukecuru et on part à pied à travers les champs de patates et de pyrèthre, petit chrysanthème utilisé pour faire de l'insecticide.

A la lisière de la forêt, il y a un petit pâturage et tout un système de murs pour empêcher les paysans de grignoter la forêt, et de fossé pour empêcher les buffles de venir ravager les cultures. Anthony le garde nous attend. Encore un briefing sécurité et on entre dans la forêt. Le sentier est bon, pas trop boueux, pas trop pentu, mais il faut surveiller ses mains: il y a des orties géantes, qui piquent même à travers le pantalon. On avance comme ça une bonne heure. Depuis les clairières, la vue est bien dégagée vers le Mont Bisoke au-dessus. On est tout près de la frontière Congolaise. Les pisteurs qui suivent la famille Amahoro nous guident par radio. On passe un petit col, on redescend et tout d'un coup un des pisteurs est là. Arrêt, on pose les sacs, on boit (absolument interdit de boire ou manger devant les gorilles!), on met les vestes et les gants, un dernier briefing sur la distance de sécurité 7 m, sur l'attitude de soumission à adopter en cas de contact rapproché et c'est parti...

A partir de là, il n'y a plus beaucoup de sentier. On passe tant bien que mal dans les plantes qui piquent, c'est pour ça qu'il faut mettre la veste et les gants. Soudain Bosco nous prévient, tout le monde à terre et attitude de soumission. Le mâle qui monte la garde est juste à côté de nous.

La famille Amahoro
La famille Amahoro
La famille Amahoro
La famille Amahoro
La famille Amahoro
La famille Amahoro
La famille Amahoro
La famille Amahoro
La famille Amahoro
La famille Amahoro
La famille Amahoro
La famille Amahoro
La famille Amahoro

La famille Amahoro

Gorilles de montagne - la famille Amahoro

C'est Gahinga, l'adjoint du chef Ubumwe. En fait on l'a passé sans le voir, il est derrière nous. Lui ne nous a pas raté mais il nous ignore soigneusement, puis il part vers nous à quatre pattes et dépasse tranquillement la file comme s'il n'était pas au courant de la distance de sécurité, nous fait admirer le gris distingué de son dos. Ouf! C'est un mangeur de salade, mais qui pèse 200 kg, a des grandes dents pointues et un physique... de gorille. Mieux vaut qu'il ne se fâche pas.

Mais se fâcher n'est pas dans les habitudes de la famille Amahoro. Amahoro veut dire paix en kinyarwanda, et le chef Ubumwe a justement la réputation d'être spécialement paisible. Ca lui joue des tours, il perd régulièrement ses dames les plus ninjas, enjôlées par des mâles plus entreprenants. Du reste, on ne verra pas Ubumwe. Lui nous aura sûrement vus, décidé que ce n'était pas la peine de se déranger pour les huit touristes de Bosco, et poursuivi sa méditation sereine.

En descendant encore dans le talus, on tombe sur une mère avec son bébé. C'est l'heure du dîner, elle cueille des grosses plantes, enlève les parties piquantes et croque les tiges. Le bébé joue tranquillement à côté. Il ne mange pas encore de salade, il n'est pas encore sevré. On reste là un bon moment. Autour dans les fourrés on voit une partie de la famille, avec les jeunes qui jouent, grimpent aux arbres et font semblant de se bagarrer. La maman, qui nous évitait du regard au début, se met en confiance, plonge ses yeux bruns dans les nôtres. Et puis, sans prévenir, elle est tellement en confiance qu'elle vient droit sur nous, remonte la file en nous poussant de côté, avec son bébé qui trotte derrière. Une grosse envie de caresser la boule de poils au passage, mais non, c'est totalement interdit, et puis la maman a beau ne pas avoir de crête et ne peser à vue de nez qu'une centaine de kilos, il vaut mieux ne pas risquer de l'indisposer.

Ensuite on se disperse un peu, chaque touriste soigneusement encadré quand-même, on patauge dans le talus de verdure. Gahinga le grand mâle est revenu, il est juste à côté à mâcher sa salade. Il y a une autre maman avec un enfant plus âgé, plus remuant.

Bosco a l'œil sur sa montre. Une heure pile après la première rencontre, il commande le repli, on se retire, mais en dégageant je me retrouve les yeux dans les yeux avec Gahinga. Un ou deux derniers jolis portraits et nous voilà partis.

Ouf! il faut maintenant remonter dans le talus, puis sur le sentier raide jusqu'aux sacs à dos pour enlever le ciré (trempé dessous) , puis jusqu'à la clairière après le col (retour sur territoire Rwandais selon Google Earth...) pour un pique-nique bienvenu! Ezra m'a fait préparer une barquette de fruits, c'est juste parfait. Ensuite c'est le retour tranquille par la forêt puis par les champs jusqu'à Kwamukecuru, les au-revoir, William m'attend et me ramène au Bambou.

Community walk
Community walk

Community walk

Ecotourisme à Kinigi

On avait prévu une promenade aux lacs de Ruhondo et Durera mais il est déjà 15h, ça ne jouera pas. William ajuste le programme, une petite pause et voilà Jean qui m'emmène pour un "community walk", découverte à pied du village à côté de l'hôtel. Ce n'est pas trop ambitieux physiquement et je n'ai pas trop envie de me prendre la tête. Jean est sympa, détendu, bavardage agréable, je me dis que tiens, je n'ai pas encore goûté la bière de bananes, il répond que ça tombe bien, il y a justement une société à Musanze qui vient de commencer à en produire, on s'enfile dans la gargote du village pour une dégustation - pas mauvais du tout, la Musanze New Vision - et on en sort tout guillerets. Le Rwanda porte fièrement sa réputation de Suisse de l'Afrique. En tout cas avec les champs en terrasses et ce petit produit du terroir, il y a un air de Lavaux ici. Encore un bout de promenade dans les champs et c'est le retour au Bambou, presque vide ce soir, essai de conversation avec l'autre touriste, une Japonaise pas très loquace, plus de succès avec son guide qui ne demande qu'à refaire le monde, puis fin de soirée au coin du feu dans ma chambre et un bon dodo avec rêves de gorilles.

Au mont Bisoke
Au mont Bisoke
Au mont Bisoke
Au mont Bisoke
Au mont Bisoke
Au mont Bisoke
Au mont Bisoke

Au mont Bisoke

Montée au Mont Bisoke

Lundi 20 juin, nous voilà de nouveau partis pour les bureaux du parc national à 6h30, destination le Mont Bisoke cette fois. De nouveau une tasse de thé, les danseurs et la formation du groupe par Emma le guide. Je me retrouve avec 3 Australiens, 2 jeunes Allemandes, 7 jeunes Américains et leur accompagnateur. Un peu le troupeau comparé à hier. Emma est comme ça, ou bien il est un peu pincé de ne pas aller voir les gorilles? En tout cas, il a un air plutôt réservé et distant. Bon, on est partis pour le bout de route + piste + massage lombaire jusqu'à Kwamukecuru.

Cette fois ci je suis nettement le plus vieux du groupe, et puis ce n'est pas rien de monter à 3700 m sans trop d'entraînement. J'engage un porteur, François, gentil garçon, je ne le regretterai pas une minute. On est partis.

En première mi-temps, on monte à travers champs. A la lisière de la forêt et limite du parc, on ne trouve pas seulement l'aide-ranger mais aussi 6 militaires avec kalaches. Officiellement, ils sont là pour escorter les touristes qui voudraient renoncer avant le sommet. On continue à monter en biais dans une forêt bien plaisante jusqu'à une halte à 3000 m. Ca fait joliment l'équivalent de la montée à la Tour de Gourze derrière chez moi, en dénivelée comme en pente. Mais là, Emma annonce que c'est maintenant qu'on va commencer à monter... Et ça monte! Le sentier est raide et boueux, il faut grimper là dedans en s'accrochant où on peut, notamment à la main de François, manifestement ça fait partie du service, pas seulement porter le sac mais aussi tirer le client. Mais comment est-ce qu'on fera pour redescendre? C'est le toboggan de boue...

La végétation change peu à peu. Les lobelias commençaient juste au-dessus de la lisière. Dans la forêt de brume, voici les bruyères géantes avec leurs écharpes de lichens, puis les séneçons géants. Emma s'arrête de temps en temps pour s'assurer que tout le monde suit. Avec le peloton de tête, j'apprécie la pause et la gorgée d'eau. Le peloton de queue est privé de pause: dès qu'il arrive, on repart... Un peu cruel.

Nouveau changement de végétation à la limite supérieure de la forêt, mais on n'est pas encore arrivés: le talus est raide dans le pré avec brume et buissons.

Mont Bisoke, le bord du cratère, 3'711 m
Mont Bisoke, le bord du cratère, 3'711 m
Mont Bisoke, le bord du cratère, 3'711 m
Mont Bisoke, le bord du cratère, 3'711 m
Mont Bisoke, le bord du cratère, 3'711 m
Mont Bisoke, le bord du cratère, 3'711 m

Mont Bisoke, le bord du cratère, 3'711 m

Cratère du Mont Bisoke

Un panneau, quelques bancs, voici le bord du cratère et la lac là dans le creux. Le panneau dit qu'il est interdit de se baigner. Je crois bien: un beau tourbillon en surface suggère ce qui pourrait arriver aux baigneurs imprudents. Le groupe arrive petit à petit. Une des Australiennes a abandonné, les deux jeunes Allemandes arrivent un bon moment après, en tirant la langue.

Le bord du cratère n'est pas le sommet. Le sommet est en RDC. Ca ne doit pas être bien compliqué d'y arriver et j'ai le visa, mais je ne fais pas le malin et profit plutôt du repos et du coup d'œil. Ce n'est pas le lagon de Ko Mae Ko, mais ça ne manque pas de charme. Le bord du cratère et l'entonnoir tout boisés, un bouquet de séneçons géants pour la touche d'exotisme et la brume qui va et qui vient, un soleil timide qui perce de temps en temps, pas mal.

Ezra m'a fait préparer un gros pique-nique mais la plus grosse partie va aux porteurs qui n'ont qu'une bouteille d'eau pour tromper la faim. Je garde quand-même la barquette de fruits, miam.

C'est le moment de redescendre. Un petit bout pas trop difficile dans le pré jusqu'à la lisière, puis on attaque le raidillon dans la forêt. Je ne regrette pas d'avoir pris mes bâtons de rando: ça descend étonnamment bien, en plantant les bâtons et en sautant de flaque de boue en flaque de boue. Les autres avec les cannes officielles en bois galèrent un peu plus. La descente est interminable. Enfin on arrive au replat de tout à l'heure, Emma rassemble son groupe, une gorgée d'eau avant de continuer par le sentier en faible pente puis par les champs jusqu'à Kwamukecuru.

Pas plus qu'à la montée, on n'aura pas vu de petites ni de grosses bêtes à part quelques oiseaux. Juste quelques bouses de buffles, même pas de bouses d'éléphants.

William est là, changement de chemise et en route pour Kigali et d'autres aventures!

Détails pratiques

Toutes les activités dans la région sont très codifiées. On ne va voir les gorilles, singes etc., on ne visite la tombe de Dian Fossey ou on ne monte sur les volcans qu'en passant par les services du parc national: http://www.volcanoesnationalparkrwanda.com/

Il faut s'inscrire à l'avance pour aller voir les gorilles. Ce n'est pas une plaisanterie! Un mois est recommandé. Et puis c'est cher. 750 USD pour le permis. Mais comme tous les avis que j'ai trouvés, je confirme: ça vaut le coup.

Le Rwanda est un pays facile (bus de ligne, hôtels) mais il y a tout plein d'agences qui proposent un service d'accompagnement. J'ai fait affaire avec Gorilla Trek Africa http://www.rwandagorilla.com/ agence basée, surprise, en Ouganda mais ça ne change pas grand-chose. Service professionnel, organisation sans bavures. Ce n'est pas exactement donné, mais le rapport qualité-prix est honnête, et puis le Rwanda n'est pas une destination de tourisme spécialement bon marché. Gorilla Trek Africa propose aussi des arrangements plus longs.

Pour le Community walk, Jean est guide à la Volcanoes Opportunity Association, http://www.voavisitrwanda.com/, petite agence locale, entreprise qui mérite d'être encouragée.

En attendant de partir... et pour revivre ces moments

Un documentaire intéressant de National Geographic sur Dian Fossey: https://www.youtube.com/watch?v=e1CBVHZcz9E

Le film de Nature sur Titus le roi des gorilles: http://www.pbs.org/wnet/nature/the-gorilla-king-video-full-episode/5377/

Gorilles dans la brume: https://www.amazon.com/dp/061808360X/ref=pd_lpo_sbs_dp_ss_1/181-6335702-2029968?pf_rd_m=ATVPDKIKX0DER&pf_rd_s=lpo-top-stripe-1&pf_rd_r=7QTDRK78CAV0SVG9YJJX&pf_rd_t=201&pf_rd_p=1944687642&pf_rd_i=0783233523 et http://www.imdb.com/title/tt0095243/

Equipement pour aller voir les gorilles

Je n'ai pas regretté mes chaussures de montagne (sentiers boueux, facilement glissants) ni mes guêtres, même si on n'a pas eu d'attaques de fourmis: les orties et autres plantes piquantes attaquent même à travers les vêtements. Pour la même raison, c'est une bonne idée de mettre une chemise à manches longues et de prendre une veste de rando (légère) et des gants.

Pour les photos, un reflex, absolument: la lumière n'est pas très bonne, il faut un bon capteur. Pas la peine de s'encombrer avec un gros téléobjectif, les petites focales suffisent.

Là en juin, on était en saison sèche froide, pas de moustiques.

Les bâtons ne servent pas à grand-chose pour aller voir les gorilles, mais sont bien utiles pour monter au mont Bisoke... et surtout pour en redescendre!

Pourboires au Rwanda

Deteuf écrivait, le pourboire est un facultatif catégorique ; on a le droit de ne pas donner de pourboire ; on n'en a pas la liberté. Au Rwanda comme dans toute l'Afrique anglophone, c'est très codifié, et puis ça fait partie de la rémunération du travail. Les montants suivants semblent être une bonne base, à majorer si le service sort du minimum syndical.

Restaurants: environ 3-5%. Lodges et hôtels: 3 à 5 USD par personne pour un séjour de 1 à 3 jours. Chauffeur-guide: 10 à 20 USD par jour par personne. Chef ranger du parc national: 10 USD par personne. Porteurs d'hôtels / lodges: 1 à 2 USD par personne par séjour.

Le tarif de porteur, c'est 10 USD pour la promenade... pas une profession d'avenir. Ne pas oublier d'ajouter un pourboire.

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29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 12:06
Monts Simien, Ethiopie: babouin Gelada

Monts Simien, Ethiopie: babouin Gelada

Randonnée de dix jours dans les montagnes du nord de l’Éthiopie: reliefs en folie, petites bêtes des montagnes et dépaysement total.

Ethiopie, Gonder, Debark et carte des monts Simien
Ethiopie, Gonder, Debark et carte des monts Simien

Ethiopie, Gonder, Debark et carte des monts Simien

Départ

7 février, nouveau départ. Juste de retour du Yunnan et du Portugal, je ne me suis pas bien préparé. La session paquetage est un peu machinale, avec la liste du Khumbu comme fil rouge. C'est la deuxième sortie Africaine pour le sac à dos Vaude que j'ai emmené au Kilimandjaro il y a juste un an. A Lavaux, en descendant prendre le train, la bise souffle sur la neige dure. Glacial !

Debark, porte des monts Simien

Le 8 février, au petit matin, j'attends le vol pour Gonder au terminal des lignes intérieures de l'aéroport d'Addis Abeba. La nuit était courte. Un dernier coup d'aile, Gismu est à l'arrivée, mon bagage aussi. Un déjeuner de haricots aux piments à Gonder et on prend la route pour Debark, une centaine de kilomètres au nord, par une grande route asphaltée.

Au bureau du parc, on trouve Mitiku le guide, Braham le scout, Abidjo le cuisinier et Birara l'aide-cuisinier. Encore une vingtaine de kilomètres de piste avant le...

Ethiopie - Parc national des monts Simien, carte de randonnée de l'Université de Berne
Ethiopie - Parc national des monts Simien, carte de randonnée de l'Université de Berne

Ethiopie - Parc national des monts Simien, carte de randonnée de l'Université de Berne

Tout à coup, à la sortie d'un tournant inattendu, la voiture se heurte au plus étrange et au plus merveilleux des paysages: les Alpes. Les Dolomites. Mais des Dolomites prises de folie. D'énormes masses de pierre sanglante oscillent à l'horizon. Si légères qu'un souffle de vent pourrait les faire s'envoler. Des cloches pierreuses comme d'immenses crinolines. Ces montagnes bougent, marchent. Elles agitent leurs très longs bras, tournent sur elles-mêmes. C'est le massif du Simien, disposé en étoile autour du Ras Dachan qui culmine à cinq mille mètres. Elles s'évanouissent, réapparaissent, se poursuivent. Elles bougent doucement, avec une lenteur inquiétante, comme d'immenses créatures aux yeux bandés. Elles se battent, se donnent la chasse...

Curzio Malaparte, Voyage en Ethiopie

Parc National des Monts Simien

Réserve de chasse Royale depuis 1944, le parc a été fondé en 1966 et promu au patrimoine mondial en 1978. Il occupe 412 km2 entre 1900 et 4533 m d'altitude.

Il y a 25 à 40 millions d'années, un volcan a fait éruption sur 5'000 m2 et a déposé 3000 m d'épaisseur de basalte sur le socle précambrien. L'érosion est passée par là, il reste les bords du volcan et un un relief chaotique au-dessous.

C'est le pays des gypaètes, des loups, des babouins geladas et des bouquetins walia. Il y a aussi des léopards...

C'était le pays des Fallashas ; maintenant ils ont tous émigré. Les Amharas habitant le parc et ses environs sont chrétiens orthodoxes, avec une minorité musulmane qui vit en paix et bon voisinage.

La première étape est courte : juste deux heures. Avec un mal de tête de l'avion et le souffle un peu court, on y va doucement, par le bord de la falaise jusqu'au camp de Sankaber: pique-nique avec ballet de milans noirs et vautours qui froufroutent en passant au-dessus de nos têtes, perspectives sur la falaise et les terres basses là-bas dans la brume.

Ethiopie, monts Simien, la falaise à Sankaber
Ethiopie, monts Simien, la falaise à Sankaber
Ethiopie, monts Simien, la falaise à Sankaber
Ethiopie, monts Simien, la falaise à Sankaber

Ethiopie, monts Simien, la falaise à Sankaber

A l'arrivée au camp, la tente est montée et le thé est servi avec pop-corn. Je mets mes affaires en ordre en pacifiant tant bien que mal mon système digestif fâché par le voyage. Après le coucher du soleil, Abidjo nous sert, à Mitu et moi, le souper sous les étoiles. On bavarde un petit moment avec l'équipe autour du feu de la hutte-cuisine puis dodo, avec toutes les affaires dans la tente, attention aux chacals rôdeurs.

Ethiopie, monts Simien: cascade de Jinbar, gypaète barbu
Ethiopie, monts Simien: cascade de Jinbar, gypaète barbu
Ethiopie, monts Simien: cascade de Jinbar, gypaète barbu
Ethiopie, monts Simien: cascade de Jinbar, gypaète barbu

Ethiopie, monts Simien: cascade de Jinbar, gypaète barbu

9 février : après une bonne nuit, juste interrompue par le regonflage périodique du matelas pneumatique qui fuit, le matin est clair, le camp est tout calme. On le partage juste avec un couple d'Américains. Mitu dit qu'en haute saison, d'octobre à fin décembre, il y a facilement 150 tentes...

De Sankaber à Geech

Les muletiers Belete et Molla nous ont rejoints. Quelques crêpes et tartines, et on part tranquillement à huit heures par le sentier du bord de falaise, en montant et descendant, puis en descendant sur un point panoramique, Deche Nedaa, face à la cascade de Jinbar, un petit filet d'eau en saison sèche mais qui tombe quand même de 500 m. Les gypaètes jouent dans les courants d'air.

On remonte sur la route, on la suit vingt minutes puis on oblique à gauche pour arriver dans le lit de la Jinbar Wenz, petit torrent frais, bain de pieds dans l'eau glacée. On a quitté les bois de bruyères géantes en remontant sur la route. Ici, c'est des terrasses cultivées avec courage : orge, choux, haricots, patates. Maintenant, tout est juste labouré, en attente des pluies d'avril.

Ethiopie, monts Simien, rivière de Jinbar et café à Geech
Ethiopie, monts Simien, rivière de Jinbar et café à Geech
Ethiopie, monts Simien, rivière de Jinbar et café à Geech
Ethiopie, monts Simien, rivière de Jinbar et café à Geech

Ethiopie, monts Simien, rivière de Jinbar et café à Geech

Le bain de pieds devient grande pause pique-nique. Mitu étudie les oiseaux, Braham fait sa lessive. Des passants, des chevaux, des troupeaux de chèvres, une famille de touristes Allemands, tout un petit monde est au bord de la rivière ce midi.

A la chaude, on se fait 500 m de montée jusqu'à Geech, village musulman de 1200 habitants. On s'arrête pour un café (buna) traditionnel dans un toukoul, la hutte ronde, obscur et enfumé. La dame lave le café à l'eau chaude, puis le torréfie, l'écrase dans un mortier et le sert trois fois, comme le thé au Sahara, avec l'injera, grande galette de tef, et le piment. La famille de huit personnes avec grands-parents vit ici avec le cheval, les chèvres, les poules et les mouches. Les chambres sont dans la mezzanine au-dessus de l'écurie.

A partir du village de Geech, c'est le pays des lobélias. Les fleurs ont séché, les villageois les ont coupées pour le feu, ça pique moins les yeux que les bouses qui forment le carburant habituel dans ces maisons à foyer sans cheminée. Pour préparer le café, la dame brûlait de l'eucalyptus, plantations de reboisement abondantes à Debark, plus rares dans le parc mais avec de grands bouquets à Geech. Mitu dit que tous ces eucalyptus assèchent les terres.

Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech

Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech

Geech et Imet Gogo

Après le café, il y a encore vingt minutes de marche au-dessus du village pour arriver au camp, sur un plateau pelé. Le staff est déjà installé, a planté la tente. On retrouve aussi les Américains et un groupe de Russes, trois jeunes à budget minimal qui courent le monde à l'aventure. Abidjo me sert le thé et de l'orge grillée sous un bouquet de lobélias, puis je pars pour une promenade de l'après-midi jusqu'à la crête au-dessus du camp. A la descente, je tombe sur une famille de babouins geladas qui broutent tranquillement, puis sur le troupeau qui descend de l'alpage. Le coucher de soleil est juste parfait. Le souper est servi dans une chambre miniature de la maison en pierres du camp, puis on finit la soirée au coin du feu de la cuisine.

L'Amharique est une langue ardue. Je n'irai pas beaucoup plus loin que bon matin – i'ndemin aderik ? Et bonne nuit – ahena adara, avec aussi, c'est facile, salaam pour bonjour et ciao pour au-revoir.

10 février, encore une bonne nuit par morceaux, entre les regonflages de matelas. 8°C le matin dans la tente, les Russes avaient dit qu'il faisait froid ; mais avec le sac de couchage fermé, pas de problèmes.

Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech

Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech

Les scouts dorment en tas sous un gros bouquet de lobélias, probablement serrés contre leur fusil, c'est un métier pas facile. Les Russes sont un peu fâchés contre le leur, qui leur aurait laissé croire qu'ils pourraient faire du camion-stop pour rentrer à Debark. Vérification faite, ce n'est pas tout à fait ça.

Ethiopie, monts Simien, loup d'Abyssinie et gypaète barbu
Ethiopie, monts Simien, loup d'Abyssinie et gypaète barbu
Ethiopie, monts Simien, loup d'Abyssinie et gypaète barbu
Ethiopie, monts Simien, loup d'Abyssinie et gypaète barbu

Ethiopie, monts Simien, loup d'Abyssinie et gypaète barbu

La soleil se lève d'un coup sur le camp qui remue déjà bien. Toilette, déjeuner et départ pour Imet Gogo, par un sentier dans la pente herbeuse. Les gouilles sont gelées dans les creux, il a quand-même fait froid. On rejoint la famille d'Allemands vus hier à Jinbar.

Tout de suite dans le vallon, un loup puis un second, pas l'air trop stressés par notre présence, ils font ce qu'ils ont à faire avec les rats des champs puis s'en vont. On continue par un bon faux-plat jusqu'à un épaulement au bord de la falaise. Imet Gogo est là, au bout d'une arête rocheuse.

Le temps de faire le dessin, les Américains qui étaient au sommet sont redescendus, et les Allemands nous ont rattrapés. On s'engage sur l'arête, il faut mettre les mains mais rien de méchant. Par endroits, des échancrures dans l'arête font des fenêtres sur le relief volcanique en contrebas.

Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m
Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m
Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m
Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m

Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m

Le sommet est une terrasse herbeuse avec panorama 360°. Mitu montre les étapes suivantes : Chennek, Bwahit, Ras Dashen, Sona et les basses vallées. Le massif est immense et le Ras Dashen est loin !

De nouveau, le temps de faire le dessin, les Allemands nous rejoignent sur la terrasse, puis deux filles Amharas qui sont venues se promener, sont montées à dos de mulets jusqu'au col.

On part à la descente, les deux filles font ami-ami avec Mitu, la plus dégourdie gazouille sans arrêt. Le chemin descend dans l'herbe en retrait de la falaise, traverse un grand groupe de babouins geladas en train de brouter, se chercher les puces et autres activités.

A un col, on s'engage sur une excroissance de la ligne de crête avec un panorama vertigineux sur la vallée de Saha, gorges et pitons de basalte. C'est un bon endroit pour la pause pique-nique.

Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m
Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m
Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m
Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m

Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m

Ethiopie, monts Simien, Saha, 3750 m
Ethiopie, monts Simien, Saha, 3750 m
Ethiopie, monts Simien, Saha, 3750 m
Ethiopie, monts Simien, Saha, 3750 m

Ethiopie, monts Simien, Saha, 3750 m

Abidjo a fait des sandwiches chou-sardine, Mitu fait la grimace, n'aime pas le poisson, son repas fait le bonheur des filles. Le soleil tape fort ! Je suis bien content de mon inspiration du matin, d'échanger le t-shirt contre une chemise militaire. Je tartine mes mains et mon nez, tout rouges, de crème solaire indice 50.

Nous rentrons au camp aux heures chaudes. Abidjo nous attend avec le thé et des frites !

Ethiopie, monts Simien, sur les sentiers battus, bruyères, lichens et buvette à Geech
Ethiopie, monts Simien, sur les sentiers battus, bruyères, lichens et buvette à Geech
Ethiopie, monts Simien, sur les sentiers battus, bruyères, lichens et buvette à Geech
Ethiopie, monts Simien, sur les sentiers battus, bruyères, lichens et buvette à Geech

Ethiopie, monts Simien, sur les sentiers battus, bruyères, lichens et buvette à Geech

Parc National des Monts Simien, partie ouest, sur les sentiers battus : c'est la partie itinéraire court, avec possibilité de repartir de Chennek sur Debark par la route (commander l'auto à l'avance!) Les sentiers sont battus mais pas surpeuplés : vraiment on ne se marche pas dessus en février, mais il paraît qu'en octobre-novembre et pendant les vacances de Noël il peut y avoir du monde.

Je profite des heures chaudes pour prendre une douche, pas recommandée par Mitu (cold water) mais tout à fait agréable avec le soleil qui tape sur les tuyaux. Les villageois de Geech viennent avec ânes et mulets chercher l'eau à la douche du camp : leur fontaine est sèche.

Ethiopie, monts Simien, camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, camp de Geech

Ethiopie, monts Simien, camp de Geech

Le camp se peuple ! Une fille seule, deux frères Français sympas, Vincent et Julien, une expédition de Français un peu empesés qui chasse Abidjo du toukoul-cuisine, une expédition de Russes un peu plus loin. Je fais conversation avec Vincent et Julien, Vincent vit à Addis, Gismu leur a organisé guide, scout et muletier pour quatre jours, pour le reste ils se débrouillent.

Braham me montre son fusil, un mousqueton Russe de 1944. Contrairement à ce que disait Mitu, il a de la munition. Les kalachs, c'est probablement pour les groupes plus nombreux. Le scout de l'expédition Française a un vieux fusil Italien de 1917.

Je suis un peu vaseux la fin d'après-midi, j'ai trop pris de soleil. Les moutons puis les bœufs descendent du pâturage. Les petits bergers s'arrêtent au-dessus du camp pour jouer un base-ball adapté au matériel et à la pente.

Ethiopie, monts Simien, coucher de soleil à Kedadit, 3760 m
Ethiopie, monts Simien, coucher de soleil à Kedadit, 3760 m
Ethiopie, monts Simien, coucher de soleil à Kedadit, 3760 m
Ethiopie, monts Simien, coucher de soleil à Kedadit, 3760 m

Ethiopie, monts Simien, coucher de soleil à Kedadit, 3760 m

Mitu m'emmène voir le coucher du soleil au petit sommet derrière le camp : Kedadit « la roche percée », 3760 m. Dans le chaos en bas de la falaise, les vallées s'enchaînent, deviennent dorées avant que le soleil plonge dans la brume.

11 février, Geech camp : le camp se réveille, un peu plus bruyant qu'hier. Les corbeaux font le ménage. Un d'entre eux s'est coincé un gros morceau de pain dans la gorge, crie le bec ouvert, un autre vient le décoincer. Le soleil se lève, éclaire quelques petits nuages en écharpes.

De Geech à Chennek

Déjeuner et départ, d'abord par le sentier d'Imet Gogo puis par une tangente en direction d'Inatye. Le sentier dégringole sur un col avec vue vertigineuse, puis monte dans les bruyères géantes couvertes de lichens, puis dans la pente herbeuse.

Ethiopie, monts Simien, par le bord de la falaise à Inatye, 4070 m
Ethiopie, monts Simien, par le bord de la falaise à Inatye, 4070 m
Ethiopie, monts Simien, par le bord de la falaise à Inatye, 4070 m
Ethiopie, monts Simien, par le bord de la falaise à Inatye, 4070 m

Ethiopie, monts Simien, par le bord de la falaise à Inatye, 4070 m

Le soleil tape dur, monter n'en finit pas. Une petite pause à une échancrure de la falaise, un dernier bout avec un groupe de babouins sous le sommet.

Le babouin gelada n'est pas très souriant, mais tout à fait paisible. Il se promène en bandes, occupé à déterrer des racines tendres et à chasser les puces. Il est végétarien. Il est un peu gêné quand on vient le prendre en photo sous son nez. Quand il se fâche, il retrousse les lèvres et montre ses très grandes dents ! Son triangle de peau rouge sur la poitrine lui sert à afficher son humeur. Il paraît qu'à la saison des amours les dames ont le triangle presque lumineux.

Ethiopie, monts Simien, babouins Gelada
Ethiopie, monts Simien, babouins Gelada
Ethiopie, monts Simien, babouins Gelada
Ethiopie, monts Simien, babouins Gelada

Ethiopie, monts Simien, babouins Gelada

Inatye, 4070 m, arrêt pique-nique. Les petits bergers accourent pour étaler un choix de bibelots poussiéreux.

Départ de l'après-midi pour Chennek avec Vincent et Julien, qui nous ont rejoints au sommet : deux heures de marche aux heures chaudes par un sentier qui suit plus ou moins les bords de la falaise, avec des perspectives verticales au passage des échancrures.

Ethiopie, monts Simien, d'Inatye à Chennek
Ethiopie, monts Simien, d'Inatye à Chennek
Ethiopie, monts Simien, d'Inatye à Chennek
Ethiopie, monts Simien, d'Inatye à Chennek

Ethiopie, monts Simien, d'Inatye à Chennek

Mitu s'arrête pour faire la leçon à deux gamins qui font des acrobaties dans la falaise pour ramasser des herbes.

On descend dans la forêt de bruyère et les talus herbeux. A chaque pause, des enfants accourent, des fois en montant en courant le talus plutôt raide. Mitu et Braham font régner l'ordre, Braham foudroie du regard une petite effrontée qui annonçait « fifty ».

A un arrêt-dessins, Julien sort son bloc et me colle des complexes avant d'avouer qu'il est designer. On ne court pas dans la même catégorie !

Une bagarre de babouins en bas dans la falaise met un peu d'animation. Quelques bouquetins se montrent sur un rocher, mais loin !

Ethiopie, monts Simien, au camp de Chennek
Ethiopie, monts Simien, au camp de Chennek
Ethiopie, monts Simien, au camp de Chennek
Ethiopie, monts Simien, au camp de Chennek

Ethiopie, monts Simien, au camp de Chennek

Cinq cents mètres de route poussiéreuse pour terminer cette étape, et on arrive au camp de Chennek, 3620 m, juste 20 m plus haut que Geech. Le site est un peu encaissé et poussiéreux mais donne une belle vue sur les falaises vers l'ouest. Au camp, on retrouve le couple Américain de Sankaber et Geech et les deux expéditions, Russe et Française. Une gigantesque expédition Britannique en bus tout-terrain est particulièrement impressionnante.

Fin d'après-midi tranquille au camp de Chennek. Une petite alerte à l'ibex : deux grandes cornes derrière un buisson mettent beaucoup de touristes en mouvement. Le bouquetin disparaît dans la falaise. Des babouins en remontent, broutent, font les timides devant les touristes, amusent les enfants du village, finissent par se battre. Souper, un bout de soirée autour du feu dans le toukoul-cuisine et dodo.

12 février : nuit moyenne dans la tente en pente et le bavardage des scouts, mais tampons pour oreilles et stilnox aidant, les heures de sommeil sont là. Déjeuner, au-revoir à Vincent, Julien et au couple Américain et départ pour le col de Bwahit.

Ethiopie, monts Simien, bouquetin Walia
Ethiopie, monts Simien, bouquetin Walia
Ethiopie, monts Simien, bouquetin Walia
Ethiopie, monts Simien, bouquetin Walia

Ethiopie, monts Simien, bouquetin Walia

De Chennek à Ambiko

On quitte Chennek en coupant les lacets de la route un peu poussiéreuse. Mitu est formel, il y a des bouquetins là ; et ça ne rate pas : un très beau walia ibex sort des buissons, se laisse admirer un moment, grande barbiche et pattes blanches, puis repart. Les expéditions Française et Russe qui nous avaient précédé par le fond du vallon ont eu moins de chance.

Le sentier monte au-dessus des lacets de la route, dans la pente jusqu'au col à 4200 m. Ouf, il fait chaud : pas vraiment envie de pousser jusqu'au sommet !

Ethiopie, monts Simien, descente du col de Bwahit sur la Mesheha Wenz
Ethiopie, monts Simien, descente du col de Bwahit sur la Mesheha Wenz
Ethiopie, monts Simien, descente du col de Bwahit sur la Mesheha Wenz
Ethiopie, monts Simien, descente du col de Bwahit sur la Mesheha Wenz

Ethiopie, monts Simien, descente du col de Bwahit sur la Mesheha Wenz

Du col, la vue s'étend à l'est vers le village de Chiro Leba en bas, le vallon d'Ambiko en face, et le Ras Dashen qui se cache beaucoup derrière la montagne sèche. Un vendeur de bibelots poussiéreux, sprites et cocas surgit ! Désolé de mon manque d'intérêt, il raconte qu'il est monté de Chiro Leba. Je le réconforte en lui montrant l'expédition Russe qui arrive.

La descente est longue et chaude. Un géologue serait ravi de voir la transition entre les laves en coussins du col et toutes sortes de strates jusqu'au fond de la vallée. Des champs labourés, des fermes accrochées à la pente, bouquets d'eucalyptus dans les creux, chèvres et moutons, petits bergers qui font claquer leur fouet.

On arrive à la route asphaltée, Chiro Leba, Green Land Hotel « we have soft drinks », arrêt dîner. Mitu peu enthousiasmé par les sandwiches chou-carottes-oignons d'Abidjo suggère une injera-mouton, option adoptée, rincée par une tournée de bière Dashen et clôturée par une petite sieste. Je me laisse convaincre par un café... costaud.

L'expédition Française arrive, fait un petit drame sur le prix des cocas. Nous partons par Chiro Leba que traverse la route toute neuve. Braham accoste ds prêtres qui écartent leurs couvertures pour le laisser baiser le crucifix qu'ils portent en sautoir. Nous descendons avec la foule des villageois par un raidillon et nous arrêtons pour un bain de pieds dans la Mesheha Wenz, 2800 m. Le staff passe, Abidjo et Birara un peu fatigués, le camion-stop n'a pas bien marché depuis Chennek.

Ethiopie, monts Simien, au camp d'Ambiko
Ethiopie, monts Simien, au camp d'Ambiko
Ethiopie, monts Simien, au camp d'Ambiko

Ethiopie, monts Simien, au camp d'Ambiko

Après le bain de pieds, il reste 400 m de remontée dans le versant ouest le long d'un ruisseau encombré d'algues, beurk. Il fait chaud et soif, ça se couvre un peu. On traverse le village d'Ambiko, pétarade d'un diesel, ce n'est pas un groupe électrogène mais un moulin, grande église ronde et colorée en contrebas du chemin, et on arrive au camp, 3200 m. Pas fâché de me changer, la chemise militaire a dépassé ses capacités d'absorption, est raide et crasseuse. Il y a une belle lumière rasante et quelques gouttes d'une pluie qui ne mouille pas. Le camp est un peu en pente, un peu bruyant. Mitu avait prévenu !

Ethiopie, monts Simien, montée au Ras Dashen, 4530 m
Ethiopie, monts Simien, montée au Ras Dashen, 4530 m
Ethiopie, monts Simien, montée au Ras Dashen, 4530 m
Ethiopie, monts Simien, montée au Ras Dashen, 4530 m

Ethiopie, monts Simien, montée au Ras Dashen, 4530 m

Conversation de voisinage avec l'expédition Russe : leur accompagnateur, qui fait soirée musicale avec sa guitare, est là pour la sixième fois. Son papa travaille chez LMZ et était à Boguchanskaya ! Après les Simien, quatre Russes sur les six prévoient de monter au Kilimandjaro. L'accompagnateur est en sandales, me demande si ça ira, fait valoir qu'il était chaussé comme ça pour monter au Kala Patthar !

Montée au Ras Dashen

13 février – Mitu a décidé qu'on partirait tard. Les Français sont déjà loin quand je me lève, en sortant de la tente je tombe sur les Russes qui démarrent. Toilette et déjeuner, départ à 5h10, à la frontale dans les raidillons poussiéreux et caillouteux. A 6h, les lumières de Mizma à droite et une frontale devant. C'est la Russe rousse en perdition, juste la force de souffler « normalna ». A 6h30 on passe les Russes, à 7h30 les Français et à 8h on est au col, mais je suis lessivé ! Braham sort de son sac une grosse casserole de pâtes-chou-carottes-oignons, mais c'est un peu raide à avaler et pas très riche en sucres rapides ! Heureusement le commerce local fonctionne, deux jeunes qui montent tenir buvette sous la falaise nous sortent des pepsis. Ça donne le tour, et on est au sommet après cinq heures de montée.

Ethiopie, monts Simien, Ras Dashen et descente à Ambiko
Ethiopie, monts Simien, Ras Dashen et descente à Ambiko
Ethiopie, monts Simien, Ras Dashen et descente à Ambiko
Ethiopie, monts Simien, Ras Dashen et descente à Ambiko

Ethiopie, monts Simien, Ras Dashen et descente à Ambiko

Le sommet est une arête de lave en coussins. Pour les cent derniers mètres, il faut mettre les mains et monter bravement. Braham saute de prise en prise comme un bouquetin avec ses sandales en plastique déchirées. La grimpette finale relance un peu l'intérêt de ce Ras Dashen qui ne serait autrement qu'une crête un peu plus haute que ses voisines. Il fait un bon soleil, un beau panorama 360°. Des corbeaux jouent dans les courants d'air, un groupe de babouins joue un peu plus loin sur la crête.

L'expédition Française arrive, on attaque la descente. A midi, Braham sort le reste de pâtes. Ça passe un peu mieux qu'à la montée.

Le temps se couvre, la route est interminable, les lacets qu'on avait coupés à la montée sont dissuasifs à la descente.

C'est maintenant bouché sur le Bwahit. En regardant derrière, on voit un gros orage de neige sur le Ras Dashen...

Arrivée au camp à 14h30, sous les applaudissement des staffs qui devaient parier sur leurs équipes respectives, et qui nous fleurissent de petits bouquets.

Le temps de laver les mains et les pieds, il commence à tomber quelques gouttes, puis des rafales de vent font voler la poussière. Bon timing !

Ethiopie, monts Simien, parc national partie est
Ethiopie, monts Simien, parc national partie est
Ethiopie, monts Simien, parc national partie est
Ethiopie, monts Simien, parc national partie est
Ethiopie, monts Simien, parc national partie est

Ethiopie, monts Simien, parc national partie est

Parc national des Monts Simien, partie est : Ras Dashen, le toit de l’Éthiopie et quatrième sommet d'Afrique. Les perspectives sont moins spectaculaires que dans la partie ouest, mais ce sommet a quand-même de l'allure, et la vallée d'Ambiko, hors du parc national, est bien plus vivante que le haut de la falaise : fermes dispersées, toute une population qui vit sa vie et regarde passer les touristes.

En repassant au retour la crête qui prolonge le Bwahit, on retrouvera la falaise, vue du bas cette fois : belle enfilade jusqu'à l'Imet Gogo.

Les villages et les fermes s'accrochent aux pentes jusqu'à près de 4000 m. Mitu explique que ça a commencé au début du XXème siècle, à cause de la pression sur les terres cultivables, avec une déforestation de ces pentes. Un problème à résoudre...

Explications de Mitu sur le statut de scout : il faut une éducation scolaire, une petite formation de police, et ensuite l'administration du parc organise le tournus, 10 jours par an pour chacun ! Pour Braham, ça veut dire qu'il fait toute son année avec nous. Ensuite, il retourne travailler à la ferme. Pour lui, c'était la première montée au Ras Dashen : il n'était jamais allé plus loin que Chennek.

Mitu, lui, travaille régulièrement avec Gismu mais aussi avec d'autres agences, ou encore en indépendant. Il a son propre matériel de camp. Il est en tournée 160 à 200 jours par an, ne voit pas beaucoup son garçon de trois ans ! Pendant les pluies, il étudie le droit il lui reste deux ans sur six. Son épouse est avocate à Debark.

Ethiopie, monts Simien, camp d'Ambiko
Ethiopie, monts Simien, camp d'Ambiko
Ethiopie, monts Simien, camp d'Ambiko

Ethiopie, monts Simien, camp d'Ambiko

La fin d'après-midi au camp d'Ambiko se passe au ralenti : gouttes de pluie, rafales de vent, poussière, aboiement des chiens et bavardages : un moment pour les aventures de Mma Ramotswe.

Il n'y a pas beaucoup d'ambiance ce soir. Heureusement il y a les chansons de l'accompagnateur Russe. Souper, lecture à la frontale et dodo, bercé par es aboiements des chiens du village.

D'Ambiko à Sona

14 février, nuit moyenne dans cette tente à double pente et ce camp sonore tôt le matin. Départ à 7h30, on rattrape les Français et les Russes dans la descente et on traverse la Mesheha Wenz encore dans l'ombre, la montée vers Chiro Leba est déjà chaude. A 9h30 Mitu s'arrête pour une injera shiro au Green Land Hotel, toujours bien poussiéreux. Les agents de sécurité du chantier de la route, kalach en bandoulière, s'intéressent soupçonneusement à mon petit plan du camp d'Ambiko.

Ethiopie, monts Simien, Chiro Leba et lobélias au-dessus
Ethiopie, monts Simien, Chiro Leba et lobélias au-dessus

Ethiopie, monts Simien, Chiro Leba et lobélias au-dessus

C'est la saint Valentin, un message de circonstance est attendu à la maison mais il n'y a pas de réseau GSM à Chiro Leba ! Ni d'électricité du reste.

Les Russes nous rejoignent pendant que Mitu mange son injera du matin « I like injera », sauf la rousse en perdition qui arrivera au dernier moment, à la recherche d'un mulet ou d'un camion.

Nous reprenons la route, d'abord par la belle nouvelle route, puis en coupant les lacets, puis en partant à droite dans le talus raide, aux heures chaudes.

Ethiopie, monts Simien, en remontant de Chiro Leba
Ethiopie, monts Simien, en remontant de Chiro Leba
Ethiopie, monts Simien, en remontant de Chiro Leba

Ethiopie, monts Simien, en remontant de Chiro Leba

Les crêtes s'enchaînent, à chacune il y en a une autre plus loin. C'est de nouveau le pays des lobélias. A midi, je propose un arrêt-buffet, après avoir vu la prochaine crête là bas au loin. Abidjo a varié sa recette, a ajouté des courgettes dans ses sandwiches chou-carottes-oignons... Pas le festin ; une plaque de chocolat noir 72% vient mettre une note de goût là-dessus.

De nouveau sortis de nulle part, des vendeurs de bibelots poussiéreux, et le même garçon qu'au col de Bwahit qui vient proposer des limonades...

Une bergère nous observe. Mitu l’appâte avec sa bouteille vide. Je surenchéris avec ma bouteille avec un fond d'eau, protestations véhémentes d'un passant qui trouve ça excessif ! Je délègue la question à Braham.

Nouveau départ. Crête après crête, on voit en contrebas à droite le village de Debirichwa qui tient son marché du samedi. Des files de villageois en remontent avec leurs mulets chargés de sacs.

Ethiopie, monts Simien, col d'Arkwasiye, 3750 m
Ethiopie, monts Simien, col d'Arkwasiye, 3750 m
Ethiopie, monts Simien, col d'Arkwasiye, 3750 m

Ethiopie, monts Simien, col d'Arkwasiye, 3750 m

Enfin la dernière crête, Arkwasiye : un groupe de montagnards est blotti là, c'est le seul endroit de la région avec couverture GSM... parfois. Ils montent des villages tout en bas pour téléphoner. J'envoie mon message à ma Valentine ! Mitu aussi en profite pour faire coucou à la maison.

Mystère, il y a des grands trous sur cette crête battue par les vents glacés. Tout d'un coup, un des téléphoneurs plonge dans un des trous, calepin et crayon à la main. Les trous, c'est pour s'abriter du vent !

Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m

Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m

On descend du col par le chemin de retour du marché. Les villageois avec leurs mulets se dispersent vers leurs fermes, un notable passe sur un cheval entravé à l'amble. On arrive au camp de Sona pour une fin d'après-midi ensoleillée.

Le camp est dans la cour d'une école primaire. Le staff a emprunté un pupitre pour moi. Le luxe ! L'aguillage de tabourets pliants cassés qui forme le mobilier de prestige du camp commençait à défaillir, la veille le potage s'était versé sur la couverture qui sert de nappe.

Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m

Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m

Une fille vient, à bonne distance, déballer des bières. Problème, elle n'en a que quatre et on est sept. Mitu m'aide à négocier et après entente sur le prix, la fille court au village sur la prochaine crête et revient avec ce qu'il faut. Le staff est content, pose pour la photo et je finis l'après-midi en mettant mon carnet en ordre face à un panorama fastueux.

A l'est c'est tout bouché et ça tonne : de l'orage sur le Ras Dashen et peut-être aussi à Ambiko ! Le coucher de soleil est doré sous les nuages, et le froid vient juste derrière.

Le souper est servi à l'intérieur, dans la salle de classe qui accueille normalement une trentaine d'enfants, la plupart assis par terre. Mitu explique qu'il y a huit ans de scolarité obligatoire. A la campagne, les enfants commencent à sept ou huit ans, jusque-là ils sont bergers. Dehors, il tombe quelques gouttes.

De Sona à Mekarebya

15 février, les nuages se dissipent vite après une petite pluie à l'aube, et la lumière du matin sur les falaises fait un beau décor pour le déjeuner.

Une petite fille toute endimanchée nous accompagne. Le chemin part le long de la crête, passe par une église avec une petite assemblée du dimanche sous l'arbre. Les prêtres en turban blanc se relaient pour lire la bonne parole.

Ethiopie, monts Simien, descente sur l'Ansiya Wenz
Ethiopie, monts Simien, descente sur l'Ansiya Wenz
Ethiopie, monts Simien, descente sur l'Ansiya Wenz
Ethiopie, monts Simien, descente sur l'Ansiya Wenz

Ethiopie, monts Simien, descente sur l'Ansiya Wenz

On croise une foule qui remonte du marché d'hier. Je comprends pourquoi ils ont remis leur retour au matin : on attaque la descente de la falaise, 1600 m de raidillon poussiéreux. La chaleur monte, la végétation se transforme : acacias à épines, palmiers, plus bas des énormes figuiers, plein de petites fleurs, et aussi les mouches arrivent.

Une petite grotte invite à la pause. Il y a encore une heure de descente. Un grand groupe de babouins s'ébat sur une terrasse un peu plus loin. Mitu est soucieux. Le sentier passera juste à côté, et il lui semble que ce ne sont pas des geladas, mais plutôt la variété agressive. Pour finir, le temps qu'on arrive là, ils seront partis.

Enfin on arrive à la rivière, Ansiya Wenz, 1800m : baignade bienvenue dans les petites chutes d'eau, un peu de lessive. On reste à paresser au soleil tamisé pendant que les vêtements sèchent.

Ethiopie, monts Simien, Ansiya Wenz
Ethiopie, monts Simien, Ansiya Wenz
Ethiopie, monts Simien, Ansiya Wenz
Ethiopie, monts Simien, Ansiya Wenz

Ethiopie, monts Simien, Ansiya Wenz

Pendant ce temps, un petit marché artisanal se met en place sous le gros figuier, et des enfants viennent faire la lessive dans la rivière.

Braham a de nouveau transporté la casserole pique-nique pour la descente de la falaise. Le staff nous rejoint, Birara sert le riz avec thon. Mitu doit faire la tête devant son assiette.

Les affaires sont sèches, le soleil donne bien même avec quelques nuages. On repart, deux heures théoriques pour Mekarebya, en réalité une heure quinze en remontant un peu en rive gauche. La vallée s'évase, les chicots qui prolongent les crêtes, qui avaient l'air tout petits vus d'en haut, font un décor de tours et de châteaux de chaque côté.

Ethiopie, monts Simien, camp de Mekarebya, 2000 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Mekarebya, 2000 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Mekarebya, 2000 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Mekarebya, 2000 m

Ethiopie, monts Simien, camp de Mekarebya, 2000 m

C'est très agricole aussi : champs labourés, bœufs (pas les mêmes qu'en haut ; ici les mâles font un peu zébus avec leur grosse bosse), paniers-ruches dans les arbres. Les gens ne font rien avec es palmiers. Ils prennent juste les épines de palmes comme cure-dents.

Une source dans un creux de terrain, les villageois remplissent des bidons. Dix minutes de plus et c'est le village de Mekarebya, le camp est au bout. Bien sûr, étalage de bibelots et commentaires des badauds. A part la descente de la falaise, ça nous fait une journée facile.

Le soir, chant des grillons et quelques gouttes qui ne mouillent pas. Une poule du village s'invite au menu. Nous soupons sous une tonnelle devant la maison qui abrite la cuisine.

Ethiopie, monts Simien, en sortant du parc national vers Adi Arkay
Ethiopie, monts Simien, en sortant du parc national vers Adi Arkay
Ethiopie, monts Simien, en sortant du parc national vers Adi Arkay
Ethiopie, monts Simien, en sortant du parc national vers Adi Arkay
Ethiopie, monts Simien, en sortant du parc national vers Adi Arkay

Ethiopie, monts Simien, en sortant du parc national vers Adi Arkay

Monts Simien, vers la sortie, les derniers jours sont hors du parc national. Le gros point fort de cette partie est la baignade dans l'Ansiya Wenz en bas de la falaise. Il y a peu de rencontres animales, le sentier passe par des villages retirés de tout, sans électricité ni fontaine. Peu de panneaux solaires et de lampes à pétrole, les gens fonctionnent principalement à la bougie. Les passants de nuit s'éclairent avec leur téléphone... qui sert surtout à ça : pas de réseau GSM, il faut monter sur les crêtes pour avoir du signal. Mais comment font-ils pour recharger la batterie ? Facile : ils confient le téléphone à quelqu'un qui va à Adi Arkay !

Les sources sont peu protégées, l'eau est vite souillée par les animaux. Aucune épuration bien sûr. Même avec une population éparse, les rivières sont garnies d'algues peu engageantes.

Et en cas d'urgence médicale, il y a des dispensaires mais pour les affaires plus sérieuses c'est Debark ou Gonder. Mitu raconte qu'il a eu un client une fois qui s'est cassé la jambe...

De Mekarebya à Mulit

16 février, nuit moyenne, le camp est bruyant le matin et la fuite du matelas s'aggrave. Le matin, il tombe quelques gouttes et l'expédition Française se lève en fanfare. Mitu veut partir tôt, je négocie quand-même d'attendre 6h30 et le petit jour.

Aujourd'hui, c'est le premier jour du carême Amhara : 55 jours jusqu'à Pâques, le seul produit animal autorisé est le miel. Mitu doit renoncer à ses quatre cuillerées de lait en poudre dans son thé.

Ethiopie, monts Simien: Ansiya Wenz, Derek Wenz et Ted Amba
Ethiopie, monts Simien: Ansiya Wenz, Derek Wenz et Ted Amba
Ethiopie, monts Simien: Ansiya Wenz, Derek Wenz et Ted Amba
Ethiopie, monts Simien: Ansiya Wenz, Derek Wenz et Ted Amba

Ethiopie, monts Simien: Ansiya Wenz, Derek Wenz et Ted Amba

On déjeune à la frontale et on attaque la descente raide vers l'Ansiya Wenz. Au fond, on trouve les Français, leur guide un peu perdu se demande par quelle vallée il faut remonter.

On suit le lit de la rivière sur un grand bout. La végétation change encore : toujours des très grands figuiers, mais aussi des calotropis avec des fruits énormes, des lauriers, et encore de nouvelles petites fleurs.

Il fait un peu couvert ce matin. Tant mieux ; sinon on ne tarderait pas à être cuits.

Le chemin dégage vers la droite,monte un peu, et à l'entrée de la vallée de la Derek Wenz on trouve la vue sur le Ted Amba (le Mont Ted) qui accroche la lumière. Il y a plein de passants, tout un monde à pied de village en village.

Ethiopie, monts Simien, en remontant de l'Ansiya Wenz vers Hawaza
Ethiopie, monts Simien, en remontant de l'Ansiya Wenz vers Hawaza
Ethiopie, monts Simien, en remontant de l'Ansiya Wenz vers Hawaza

Ethiopie, monts Simien, en remontant de l'Ansiya Wenz vers Hawaza

Au fond de la vallée de la Derek, c'est le raidillon qui commence : seulement 400 m, mais très raide et il fait chaud, et puis Mitu s'amuse à battre ses records de vitesse avec touriste. Un gros ouf sur une terrasse en haut du raidillon ! Derrière les chicots, vers le sud, une crête puis derrière une autre crête, le Kedadit d'où on regardait ce dédale de vallées et de pics au coucher du soleil mardi dernier.

Ethiopie, monts Simien, Hawaza
Ethiopie, monts Simien, Hawaza
Ethiopie, monts Simien, Hawaza
Ethiopie, monts Simien, Hawaza

Ethiopie, monts Simien, Hawaza

Encore quelques minutes et c'est le village de Hawaza : école et auberge sous un auvent de branches tressées. Je suggère une injera et une bière. Pas de bière mais Mitu et la patronne préparent une très bonne sauce aux tomates cerises et piments. Abidjo et Birara arrivent, un peu vexés avec leur casserole de lentilles et pâtes que je goûte poliment. C'est mieux que le sandwich chou-carottes-oignons, mais l'injera était meilleure !

Midi, on repart pour une heure chaude mais avec un bon courant d'air frais sur la crête, autour d'un gros chicot. Mitu s'amuse à faire croire à Braham que le camp est en haut. Les nuages se sont complètement dissous, il fait un grand soleil.

Le village de Mulit est au bout de la crête. Le camp est dans un grand enclos. On s'enfile tout de suite dans la maison du tenancier, qui fait aussi grenier avec grands vases à millet et à sorgho, et débit de bissons avec bancs le long des murs et capsules de bière incrustées dans le sol de terre battue. La patronne sert de grandes rasades de tella, bière de millet épaisse et acidulée, dans des calebasses avec une boîte de conserve pour la poser par terre. Braham boit sa tella sur le pas de la porte, le fusil à la main et un œil sur mon sac.

La patronne prépare le café. C'est un après-midi calme, tout le monde décompresse dans la chaleur et la tella. Une chèvre qui se croyait en sécurité apprend à son grand dam que les Français ne fond pas carême. Sa peau va sécher sur un bâton.

Ethiopie, monts Simien, camp de Mulit
Ethiopie, monts Simien, camp de Mulit
Ethiopie, monts Simien, camp de Mulit
Ethiopie, monts Simien, camp de Mulit

Ethiopie, monts Simien, camp de Mulit

Après le dernier souper, une petite fête : feu de camp, gamins du village qui viennent danser, un garçon a apporté son masenqo, luth à une corde. Folle ambiance, une tournée de Dashen aidant. C'est aussi le moment des discours, éloges et pourboires, puis dodo.

Ethiopie, monts Simien, la vie au camp
Ethiopie, monts Simien, la vie au camp

Ethiopie, monts Simien, la vie au camp

La vie en randonnée dans les monts Simien

Le matin commence avec une visite au petit coin, latrines sèches assez bien tenues malgré l'occasionnel mauvais viseur. Ensuite c'est la toilette, un pot d'eau tiède et une bassine. Au fil des jours, l'eau devient froide et la bassine disparaît. Ensuite c'est un plateau déjeuner pour Mitu et moi, avec pain frais, miel, confiture, beurre de cacahuètes et thé au gingembre, avec quatre cuillers de sucre et quatre cuillers de lait en poudre pour Mitu. Je fais le gourmand et commande des crêpes, effrayé par le porridge suggéré le premier jour.

Le mobilier est sobre : trois tabourets pliants dont un sert de table avec une couverture en guise de nappe. Les toiles de tabourets craquent l'une après l'autre, à Sona il n'y en a plus qu'un d'à peu près entier. Abidjo, Birara, Belete et Molla mangent de leur côté. Braham surveille. Quand Mitu et moi avons fini, il vient manger et boire ce qui reste...

Le soir, Abidjo fait des miracles avec un feu à gaz et quelques casseroles. Il arrive à servir à peu près tiède un grand plateau avec pâtes ou riz, chou, haricots verts, carottes, épinards et une garniture variable : beignets de courgettes, morceaux de poulet, frites. Quelquefois il y a un dessert : ananas au jus, beignets de riz sucrés, toujours une grande portion de soupe en entrée et une tisane de thym ou gingembre à la fin. Abidjo a un magnifique costume de cuisinier qu'il sort quand il est de bonne humeur. Le staff mange après, dans une casserole. Birara fait la vaisselle dans le noir. Les premiers soirs sur la falaise, on termine la soirée autour d'un feu de bois d'eucalyptus, pour se réchauffer.

Pour la route, on a droit chacun à un sandwich quand Braham ne porte pas de casserole. Les premiers jours, il y avait aussi une banane ou une orange. Pour l'eau, on a une bouteille de 1.8 l d'eau de source. C'est aussi bien, parce qu'après Chennek les points d'eau sont peu engageants, j'aurais eu une confiance limitée dans le micropur.

Ethiopie, monts Simien, arrivée à Adi Arkay
Ethiopie, monts Simien, arrivée à Adi Arkay

Ethiopie, monts Simien, arrivée à Adi Arkay

Retour à Gonder

17 février, lever matinal comme pour la montée au Ras Dashen, départ à 5h30 par les sentiers caillouteux dans la nuit sans lune. Toute une foule marche dans la nuit, dans les deux sens. L'aube pointe, on attaque la dernière descente vers Adi Arkay. Une source, des ânes qu'on charge de bidons. Adi Arkay n'a pas d'alimentation en eau ! Encore une demi-heure d'un bon pas jusqu'à la ville. Aux premières maisons, deux gamines m'attrapent, chacune par un petit doigt, et ne me lâchent plus avant le centre.

L'auto est là, mais Melaku le chauffeur est introuvable. Mitu qui comptait sur le départ matinal pour éviter les encombrements de la route en est un peu déçu. C'est l'occasion de me faire laver les souliers. Braham écarte les gamins surnuméraires à grands coups de « Trik, tourist ! » Huit heures, la ville s'éveille, les travaux d'amélioration de la grand-rue démarrent. Melaku se matérialise, il a un problème de batterie. Un passage au garage plus tard, un pontage dans la rue et on est partis par une route avec travaux gigantesques, à la Chinoise, qui serpente entre les collines, descend et remonte dans les vallées.

Ethiopie, monts Simien, route d'Adi Arkay à Debark
Ethiopie, monts Simien, route d'Adi Arkay à Debark

Ethiopie, monts Simien, route d'Adi Arkay à Debark

La route de Wolkafit n'était pas encore finie: on montait à Debark à pied, par le chemin muletier que le déjac Asmalié, gouverneur du Simien, a fait tailler dans un à-pic de pierre au début du XVIIe siècle, sous le règne du négus Iyassou, Un chemin vertigineux, que les voyageurs du XVIIe et du XVIIIe siècle décrivent pleins d'un émerveillement effrayé...

Curzio Malaparte, Voyage en Ethiopie

Aïe, tout d'un coup la route se ferme devant nous, camion après camion vient déverser des rochers sur un pont, un bulldozer étale tout ça, il n'y a qu'à patienter. Enfin on passe, on finit par sortir du chantier. La falaise est loin devant. Une piste monte, monte, contre le rocher à pic, et arrive enfin à un col. C'est celle décrite par Malaparte en 1939. Debark est juste en-dessous du col.

C'est le moment des au-revoirs, brefs, tout le monde vise la douche, mais chaleureux. Une injera-firfir et une Dashen plus tard, je reprends la route avec Melaku, direction Gonder la grande ville.

Une bombe d'insecticide , une grande douche, une Dashen à la terrasse de l'hôtel Jantekel, un bout de wifi pour parcourir les e-mails et téléphoner à la maison, mise en ordre des affaires, injera-mouton du soir, re-douche, lecture des aventures de Malaparte en Éthiopie avec une vraie lampe de chevet, et un gros dodo dans un lit sans cailloux !

Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière
Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière
Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière
Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière

Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière

Église et châteaux de Gonder

18 février, journée de tourisme à Gonder. Gismu a un autre programme et me glisse à un guide de l'association locale. On commence par l'église peinte de Debra Birhan Sélassié, la Sainte Trinité sur le Mont de Lumière, construite en 1680. Le mur d''enceinte est garni de douze tours qui servent aussi de cellules pour les moines, et d'une porte monumentale en forme de lion, qui sert de logement du gardien. Dedans, un parc paisible, grands arbres, vautours, milans noirs, et l'église en torchis et toit de chaume, de plan rectangulaire.

Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière
Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière
Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière
Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière

Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière

L'intérieur est entièrement peint, un moine y a mis quatre ans. Quand les derviches Mahdistes ont envahi le pays en 1880, ils ont incendié 450 églises mais ont été chassés de celle-ci par un essaim d'abeilles. Sur le toit, les croix portent sept œufs d'autruches pour les sept sacrements du rite orthodoxe Éthiopien Le plafond de la salle qui se visite est décoré de visages d'anges qui regardent dans toutes les directions. Au mur face à la porte, une grande Trinité et les portes qui mènent à la deuxième salle. Les trois personnages se ressemblent beaucoup, ça doit faire partie de la doctrine. Sur les côtés, une vraie bande dessinée biblique. Le guide est intarissable sur les petites histoires : le sang de la crucifixion qui coule sur le crâne d'Adam pour racheter le péché originel, le passage de Jésus aux enfers. Les gentils sont dessinés avec deux yeux, les méchants de profil avec un seul œil. Et le diable, pourquoi il a deux yeux ? C'est parce qu'avant de devenir diable c'était un ange.

La deuxième salle est ouverte aux fidèles seulement pour les sacrements. La troisième salle n'est accessible qu'aux prêtres, elle contient une copie de l'Arche d'alliance.

Petit déplacement vers l'enceinte des palais. Les rues de Gonder sont pleines de tuk-tuks, qui ici s'appellent des bajajs mais on dit quand-même tuk-tuk. Pepsi Cola sponsorise toutes sortes d'enseignes, en particulier les guérites de police.

Ethiope, Gonder, Fasil Gebbi, l'enceinte royale
Ethiope, Gonder, Fasil Gebbi, l'enceinte royale
Ethiope, Gonder, Fasil Gebbi, l'enceinte royale
Ethiope, Gonder, Fasil Gebbi, l'enceinte royale
Ethiope, Gonder, Fasil Gebbi, l'enceinte royale

Ethiope, Gonder, Fasil Gebbi, l'enceinte royale

Le plus ancien des palais est le plus impressionnant. C'est celui de Fasilidas, construit en 1636. On ne visite que le premier étage. Ensuite il y a les édifices de son fils Yohannes 1er, 1670 (qui ne collectait pas d'impôts et interdisait d'attraper une poule par les pattes) et de son petit-fils Iyassou 1er, 1690. Ces trois palais sont reliés par un passage surélevé. Ensuite il y a les bâtiments de Dawit le musicien, 1720, Bakaffa et Mentewab la régente. Après Mentewab, le royaume de Gonder part en morceaux : complots, empoisonnements, politique plus que Byzantine, un des rois na régné que neuf heures avant d'être assassiné. Suivent nonante ans de guerre civile jusqu'à ce qu'un seigneur de la guerre rassemble les morceaux d'Abyssinie et devienne Théodore II en 1855. Treize ans plus tard, les Anglais lui enverront l'expédition punitive de Napier, suivie par Stanley. Addis Abeba ne sera fondée qu'au début du XXème siècle.

C'est le petit-fils de Fasilidas, Iyassou 1er, qui conquiert de grandes provinces et construit le palais le plus tapageur, et aussi l'église de Debra Birhan Sélassié, mais il s'est retrouvé misérable avec une maladie de peau, soigné par un médecin envoyé en ambassade par Louis XIV, qui lui prescrit le hammam et revient décrire à Paris les splendeurs de la cour de Gonder. Malheureusement le palais de Iyassou a été très endommagé par les bombardements Anglais de 1941. D'autres bâtiments ont été défigurés par l'occupation Italienne de 1937 à 1941.

Pendant que je dessine le palais de Fasilidas, l'enceinte retentit de grands bruits d'appel à la prière. Ce n'est pas le muezzin mais les deux églises orthodoxes du site.

Ethiopie, Gonder, bains de Fasilidas
Ethiopie, Gonder, bains de Fasilidas
Ethiopie, Gonder, bains de Fasilidas
Ethiopie, Gonder, bains de Fasilidas

Ethiopie, Gonder, bains de Fasilidas

Après une excellente pause de midi chez les four sisters, c'est la visite des des bains de Fasilidas, qui a pris le pouvoir de son papa abdicataire Susenyos en 1632. Susenyos était devenu catholique, le peuple n'avait pas suivi, donc guerre civile. Fasilidas fait construire cette grande piscine à deux kilomètres de l'enclos royal pour y rebaptiser en masse les fonctionnaires et les militaires, et tant qu'à faire il ajoute un petit palais au milieu pour avoir un chalet au bord de l'eau.

La piscine est alimentée par un canal depuis la rivière. Maintenant elle est remplie une fois par an pour le fête de l’Épiphanie (pour les orthodoxes Éthiopiens, le baptême de Jésus en l'an 8, début de leur calendrier), où chaque église envoie sa copie de l'Arche d'alliance (l'original est à Axoum), et c'est la grande fête populaire.

Pour faire du mortier, les maçons de Fasilidas brûlaient du calcaire et le laissaient fermenter enterré pendant quatre ans.

La fin d'après-midi et la soirée sont tranquilles, à l'hôtel Jantekel. Gismu passe, explique qu'il n'y a pas d'eau dans les chutes du Nil Bleu, en programme de rechange je pourrais aller visiter le château et monastère de Gorgora sur la rive nord du lac Tana.

Ethiopie, route de Gonder à Bahir Dar et lac Tana
Ethiopie, route de Gonder à Bahir Dar et lac Tana
Ethiopie, route de Gonder à Bahir Dar et lac Tana
Ethiopie, route de Gonder à Bahir Dar et lac Tana
Ethiopie, route de Gonder à Bahir Dar et lac Tana

Ethiopie, route de Gonder à Bahir Dar et lac Tana

Bahir Dar, chutes du Nil Bleu

19 février, déplacement de Gonder à Bahir Dar. Gismu prend plus de 100% de commission sur le prix de la chambre. Le malaise est renforcé quand Melaku refuse platement la variante Gorgora puis me colle dans le bus de Tesari, qui refuse un crochet de 5 km pour un palais classé Unesco sur le chemin.

A l'arrivée à Bahir Dar, c'est le pauvre Abele, étudiant pré-bachelor en tourisme, qui encaisse tout ça, d'autant plus qu'il apparaît que Gismu lui aurait restreint les chutes du Nil pour gratter quelques birrs... Un rattrapage à faire et un point à éclaircir avec Gismu.

Bon, positivons : dîner au Desset Lodge au bord du lac sous un gigantesque figuier, très bon firfir poisson et tant pis pour le carême.

Ethiopie, Bahir Dar, chutes du Nil Bleu
Ethiopie, Bahir Dar, chutes du Nil Bleu
Ethiopie, Bahir Dar, chutes du Nil Bleu
Ethiopie, Bahir Dar, chutes du Nil Bleu
Ethiopie, Bahir Dar, chutes du Nil Bleu

Ethiopie, Bahir Dar, chutes du Nil Bleu

Une heure de massage Amhari plus loin, les chutes du Nil Bleu ne sont pas sèches du tout : l'usine électrique est à l'arrêt pour deux mois ! Il n'y a pas d'autres touristes, le site est vraiment très beau, avec plein d'oiseaux. Abele et Abel écartent les vendeurs de bibelots.

Je me fais une fin d'après-midi tranquille avec une petite promenade autour de l'hôtel. Le soir, pour le souper final, j'essaie le ketfo, tartare au berberé et beurre, et le vin d'Axoum, meilleur que le Gonder mais un peu doux. La nuit est un peu perturbée par la digestion du ketfo...

Lac Tana, presqu'île de Zeghé

20 février, un immodium pacifie le ketfo mais le dernier jour commence par une petite crise. Abel prétend que Gismu n'a pas envoyé assez d'argent, il faut une rallonge de 2200 birrs pour assurer le programme. Gismu est aux abonnés absents... J'avance les fonds et m'expliquerai plus tard avec lui.

Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana, caféier à Zeghe, rêve de Jacob à Ura Kidane Mehret
Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana, caféier à Zeghe, rêve de Jacob à Ura Kidane Mehret
Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana, caféier à Zeghe, rêve de Jacob à Ura Kidane Mehret
Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana, caféier à Zeghe, rêve de Jacob à Ura Kidane Mehret

Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana, caféier à Zeghe, rêve de Jacob à Ura Kidane Mehret

Abele me colle avec Adana dans un bateau pour la péninsule de Zeghé. Sur le lac il y a beaucoup de petits bateaux de pêche en roseaux. Au débarcadère, Adara se joint à nous et on attaque un quart d'heure de marche agréable dans une forêt avec petites fermes, singes, oiseaux et caféiers jusqu'au monastère d'Ura Kidane Mehret.

Ethiopie, Bahir Dar, Ura Kidane Mehret
Ethiopie, Bahir Dar, Ura Kidane Mehret
Ethiopie, Bahir Dar, Ura Kidane Mehret
Ethiopie, Bahir Dar, Ura Kidane Mehret

Ethiopie, Bahir Dar, Ura Kidane Mehret

L'église du monastère est ronde. Le premier espace annulaire est vide, correspond à un portique à colonnes. Le deuxième espace annulaire contient une construction carrée, qui renferme la troisième et la quatrième salle, pas accessibles au public. Toute la construction carrée est couverte de peintures, de nouveau une grande bande dessinée biblique. Le trésor est malheureusement fermé pour le carême.

Au retour, on passe dans l'exutoire du lac vers le Nil Bleu, où Adana dit qu'il y a des hippopotames. Pas de succès, comme lot de consolation il y a un attroupement de grands pélicans blancs devant une pêcherie, puis le bateau me pose au Desset pour un dîner tardif.

Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana
Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana
Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana
Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana

Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana

Abele arrive avec une grosse auto Soudanaise, il a pu régler partiellement son différend avec Gismu, me rend en birrs une partie de la rallonge payée en dollars et m'accompagne écouler les birrs en shopping-petits cadeaux. Ça sent un peu l'entourloupe mais je n'ai pas envie de bouder. Ensuite, il me pose à la terrasse de l'hôtel pour une dernière Dashen, un dernier dessin avant le départ pour l'aéroport.

Retour à la maison

Enregistrement sans soucis à l'aéroport de Bahir Dar, salle d'attente spartiate et retard massif de l'avion pour Addis. Ce n'est pas grave, le transfert à Addis est long, et l'aéroport d'Addis n'est pas l'endroit le plus sympa pour tuer quatre heures. Au moment du départ, c'est le chaos complet au contrôle de sécurité, mais on finit par embarquer avec un retard substantiel. La nuit est un peu dure dans cet avion plein, avec trois mecs carrés dans la même rangée, celui du milieu un peu claustrophobe.

A Vienne, c'est la course : dix minutes entre le débarquement et l'heure théorique d'embarquement pour Genève : couloirs, immigration, contrôle de sécurité, bus de transfert et re-couloirs. Contre toute attente, j'y arrive, mais pas mon bagage, qui me rejoindra à Lavaux le lendemain. Et une bonne surprise à la porte d'embarquement : surbooké = surclassé ! Et je reprends contact avec la neige de février devant un bon Frühstück business de Tyrolean airways, avec juste un regret pour la tenue des assistantes de vol qui ne portent plus la culotte Tyrolienne comme en 95.

Retour vers la neige
Retour vers la neige
Retour vers la neige

Retour vers la neige

Passage à Genève, retour à Lavaux dans la grosse chute de neige mouillée. Le lendemain les vignes sont blanches, et j'ai tous les symptômes d'une intoxication alimentaire. Le kefto à retardement, ou le souper à l'aéroport d'Addis ? Mystère.

Et puis...

Un grand merci au guide Mitiku Dessié (mitikudessie07@gmail.com) et à son équipe de randonnée pour leur gentillesse, leur patience et leur enthousiasme. Mitu aime vraiment son métier de guide et le petit monde des Monts Simien, c'est un compagnon intéressant et agréable et un chef d'équipe efficace. Braham le scout était attentionné et toujours jovial même après les nuits froides. Le staff, Abidjo et Birara en tête, a fait les dix jours avec une bonne humeur affichée, bref c'était un plaisir d'être avec eux.

Je suis un peu plus mitigé sur les services de Gismu, mais s'il n'y avait pas eu l'extension touristique Gonder et Bahir Dar, je n'aurais eu aucune raison de ne pas en être content.

Thierry, février 2015

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31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 10:01

Sur la côte sud-ouest de la Crète, il y a un grand bout de bord de mer sans routes, avec de belles gorges et pas trop de touristes au printemps. Chaque village a ses auberges et ses chambres d'hôte, ça se fait sans soucis, sans réserver, sans guide, avec un petit sac à dos, Les sentiers sont bien tracés, c'est du bord de mer mais attention, ça monte et ça descend tout le temps.

Mai 2008, une grosse envie d'aller voir ailleurs qu'au bureau. Un coup de tête et le billet est pris pour Xania...

Crète, la côte du sud-est à ped de Paleochora à Chora Sfakion

Crète, la côte du sud-est à ped de Paleochora à Chora Sfakion

Xania

17 mai, arrivée sans histoires à Xania, jolie vieille ville autour du très touristique port Vénitien. Je trouve sans peine une chambre et pars pour une promenade du soir entre quais, ruelles et citadelle. Les librairies vendent les cartes au 1:25'000 de la côte sud-ouest.

Reconnaissance à la gare routière et merveilleuses aubergines Imam Baidi au Tamam.

Crète, Xania ou Chania ou Hania
Crète, Xania ou Chania ou Hania
Crète, Xania ou Chania ou Hania

Crète, Xania ou Chania ou Hania

Paleochora

18 mai, départ par le premier bus du matin pour Paleochora après un moment d'inquiétude: personne pour encaisser la chambre... et me rendre ma carte d'identité! Un point à améliorer: insister pour payer la chambre le soir.

A la descente de bus, une promenade de mise en jambes par le bord de mer jusqu'à Galiskopi, montée des gorges d'Anidhri, zigzags dans la montagne dominant la mer. Garrigue parfumée, chèvres à moitié sauvages et oliviers. Retour par la route dans les gorges avec lauriers roses, reliefs d'érosion et pas trop de circulation.

Crète, Paleochora
Crète, Paleochora
Crète, Paleochora

Crète, Paleochora

De retour à Paleochora, une bonne baignade et tour de ville. Le clocher d'église improbable, les restes de la forteresse Vénitienne. A part ça, Paleochora est un village balnéaire en vrai béton sur une pointe, avec plage de galets et vagues à l'est, plage de sable et eau calme à l'ouest, et le port au sud.

Au Samaria, je me régale de tsatziki et souvlaki, un pot de chima krassi et une pointe de halva avec le raki, dans une jolie ruelle sous une vigne au tronc imposant.

Crète - Paleochora
Crète - Paleochora
Crète - Paleochora
Crète - Paleochora

Crète - Paleochora

19 mai, départ matinal pour Sougia. Tout est fermé! Le seul bistrot ouvert ne sert rien à manger. L'arrêt de bus me dépanne avec un paquet de biscuits, je pars quand-même. Encore un point à améliorer: acheter jus de fruits et biscuits la veille.

Crète: de Paleochora à Lissos
Crète: de Paleochora à Lissos
Crète: de Paleochora à Lissos

Crète: de Paleochora à Lissos

De Paleochora à Sougia, c'est un beau chemin bien balisé, dans les rochers puis les garrigues; montée sur le plateau de Koukoula, très vert, plein de chèvres, puis descente sur Lissos. Bain de pieds et pique-nique à l'ombre, pur bonheur.

Il fallait y croire: le temps voilé et le fort vent d'est du matin n'étaient pas bien engageants, mais à Lissos le ciel et la mer sont bleus et le soleil est là.

Un Américain retourne à Paleochora à pied "No boats today".

Crète - de Paleochora à Sougia
Crète - de Paleochora à Sougia
Crète - de Paleochora à Sougia

Crète - de Paleochora à Sougia

Lissos

Il n'y a pas beaucoup de sites archéologiques en Crète du sud-ouest. Celui de Lissos n'a pas de grands monuments mais il est charmant: peu aménagé, on a l'impression de découvrir.

Sieste sous les oliviers sur ce qui devait être la place du port, puis visite à la nécropole, à la chapelle Panaghia, à la chapellle Kiriakos et au temple d'Asklipios. Une source fraîche et bienvenue, l'eau de la gourde devenait tiède.

La pause de midi terminée, je remonte sur le plateau de Skilolakos, descente par de jolies gorges et arrivée magique sur la mer bleue au port de Sougia.

Crète - Lissos
Crète - Lissos
Crète - Lissos

Crète - Lissos

Sougia

A Sougia, une bonne bière et des cacahuètes salées "comme au Saint-George" au bar sur la plage de galets. Le temps se brouille. Quelques courageux se trempent mais ça doit être frais, comme le vent qui se lève.

Crète - Sougia
Crète - Sougia

Crète - Sougia

20 mai, journée so-so après une attaque de rhume dans la nuit. Départ matinal, marche d'approche sans problèmes et belles gorges d'Aghia Irini mais, temps nuageux, peu de jeux de lumière. Le sentier est bon, bien balisé. Le rhume se fait sentir: coups de pompe. Au bout d'un moment, les (petites) grappes de touristes descendants viennent rompre la solitude. De très beaux platanes aux troncs tordus dans tous es sens, mais pas de bouquetins kri-kris.

A la sortie des gorges. le temps se lève, c'est le grand ciel bleu. Je ne passe pas à Aghia Irini: la montée continue par un bon chemin muletier par la garrigue et vers la forêt de cyprès et de chênes. Le soleil tape dur! Arrivé à la route, il me reste un bout ingrat jusqu'à l'entrée de la cuvette d'Omalos, puis c'est carrément la bavante sur une route sans fin jusqu'au hamau.

Omalos

Arrivée à l'Eksari, pause-bière (mpira mégalos) et sieste fiévreuse jusqu'au souper. Il n'y a vraiment rien de spécial à Omalos: chapelle de St Pantaléon et tour, toutes les deux rénovées en béton et fermées, sur un horizon de collines. Bon, de toute façon, avec ce rhume... Salade grecque et côtes d'agneau sautées à l'huile d'olive, pas mal mais à moitié endormi. Au dodo!

Crète: De Sougia à Aghia Roumeli par Omalos et les gorges de Samaria
Crète: De Sougia à Aghia Roumeli par Omalos et les gorges de Samaria
Crète: De Sougia à Aghia Roumeli par Omalos et les gorges de Samaria

Crète: De Sougia à Aghia Roumeli par Omalos et les gorges de Samaria

Gorges de Samaria

21 mai, départ tranquille. Le patron propose de me pousser jusqu'au départ des gorges de Samaria. Pas de refus. Après un vrai déjeuner avec jus d'oranges frais, je vois arriver les bus de touristes. Pas d'affolement, ils s'arrêtent à l'auberge pour le café, et le patron me pose à Xyloskalo un quart d'heure avant a foule.

C'est une belle descente très aménagée, paisible une fois passées deux grappes de touristes bruyants. Les défilés 2 km en amont de Portès sont plus impressionnants que le point étroit lui-même, 3 m de large sur 300 m de haut.

Crète - Gorges de Samaria
Crète - Gorges de Samaria
Crète - Gorges de Samaria

Crète - Gorges de Samaria

Ambiance touristique de choc en sortant des gorges en fin de matinée: les touristes "version courte" montent d'Aghia Roumeli. Je dégage stratégiquement à droite en direction du vieux fort Turc entre la mer et les gorges: le grand calme à l'ombre des pins.

Aghia Roumeli

Arrivée à Aghia Roumeli en milieu d'après-midi: lessive, sieste, petit tour de ville puis bière à la terrasse en regardant le dernier ferry embarquer. Trop envie, et tant pis pour le rhume: baignade au coucher du soleil, sur la plage de galets à l'eau transparente. Un régal.

Le patron me sert un tsatziki et un chevreau au four au crépuscule sur la terrasse face à la mer; un petit goût de paradis à la nuit au gré de la carafe de raki.

Crète - Aghia Roumeli
Crète - Aghia Roumeli
Crète - Aghia Roumeli

Crète - Aghia Roumeli

22 mai, bon déjeuner et départ matinal quand-même. Le chemin est facile le long de la mer jusqu'à Aghios Pavlos, jolie chapelle byzantine sur la plage. Ensuite, petite montée jusqu'au chemin en balcon dans les garrigues, avec des chèvres à moitié sauvages.

Contrairement aux indications du Routard, ce grand bout isolé jusqu'à Marmara est en fait bien balisé et tout à fait agréable. Il y a de rares promeneurs matinaux et campeurs, et une très belle arrivée à Marmara, baie bleu foncé.

Crète - Aghios Pavlos
Crète - Aghios Pavlos
Crète - Aghios Pavlos

Crète - Aghios Pavlos

De Marmara, remontée des gorges d'Aradena, moins aménagées et moins touristiques que celles de Samaria!

Sous Aghios Ioannis, un ballet de grands rapaces dans la falaise.

Le raidillon vers Aghios Ioannis ne fait pas envie! Le chemin vers Livaniana est plus tranquille. Un beau plateau puis la descente vers la mer; un peu poumogène au passage des criques avant Loutro.

... Et le grand beau temps toute la journée!

Crète - d'Aghia Roumeli à Loutro
Crète - d'Aghia Roumeli à Loutro
Crète - d'Aghia Roumeli à Loutro

Crète - d'Aghia Roumeli à Loutro

Loutro

Arrivée à Loutro, ensemble de pensions et hôtels pieds dans l'eau dans une petite crique sans routes. Ca doit être intenable en juillet-août mais là c'est plutôt joli et l'accueil est sympa.

Il y a un fort Turc sur la hauteur et une ruine Vénitienne sur la pointe.

Surprise: Olympic Airways a supprimé le vol Athènes - Genève le weekend. Quelques téléphones d'organisation, et on verra bien.

Bonne baignade au coucher du soleil et soirée fraîche avec le vent qui s'est levé. Souper chez Stavros, spectacle du personnel.

Crète - Loutro
Crète - Loutro
Crète - Loutro

Crète - Loutro

23 mai, départ matinal de Loutro, un peu fiévreux, par un beau sentier jusqu'à Chora Sfakion, avec des raidillons impressionnants dans la falaise avant de rejoindre la route. Deux kilomètres de goudron et c'est l'arrivée, jus d'orange et Sfakian pie avant de prendre le bus pour Xania.

Xania

Deux heures de route sans problèmes. Retour à la civilisation: autos, vitesse, bruit mais aussi passage chez le pharmacien pour un cocktail paracétamol et chlorate de pseudoéphédrine. Pas de difficultés de langage, il voit tout de suite mon état...

Chambre chez Mme Bassia, douche sur le toit, sortie culturelle au musée de la marine, shopping petits cadeaux.

Crète - de Loutro à Chora Sfakion et Xania
Crète - de Loutro à Chora Sfakion et Xania
Crète - de Loutro à Chora Sfakion et Xania

Crète - de Loutro à Chora Sfakion et Xania

J'achète l'Odyssée texte intégral comme lecture d'avion... en prévision des imprévus d'Olympic Airways!

Nouvelle sortie à l'annexe du musée maritime, à l'autre bout du port: bateau "Minoa" reconstitution d'il y a 3'500 ans, très impressionnant.

Souper à la Taverna Faxa au coin de l'arsenal, un grand moment de l'histoire de la gastronomie avec la seiche grillée: révélation sur le rôle de la seiche dans le Création. Le baklava n'est pas en reste, chouia sel, chouia cannelle. La carafe de raki là-dessus...

Il y a deux poulpes mis à sécher sur la porte de l'arsenal, la cuisinière vient les dépendre pour es préparer.

Les musiciens annoncés à l'enseigne n'interviennent qu'au dessert. Normal, c'est l'heure de se mettre à table selon les normes locales. Surprise: ils sont bons.

Crète - Xania

Crète - Xania

Retour

24 mai, sans surprises de Xania à Athènes, puis un long moment d'attente, et embarquement pour Zurich puis Genève, batteries bien regonflées et rhume déjà en train de passer.

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