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30 janvier 2023 1 30 /01 /janvier /2023 20:46

Le Kanchenjunga, 8'586 m, est le troisième plus haut sommet du monde. Il domine la frontière est du Népal avec le Sikkim Indien. C’est en réalité quatre sommets de plus de 8'000 m plus un sommet auxiliaire. Il a été gravi pour la première fois en 1955. Mais là on ne va pas monter dessus, juste se promener autour.

Shankar mon agent de randonnées à Katmandou me disait qu’après le tour des Annapurnas, les cols de l’Everest, le tour du Dhaulagiri et celui du Manaslu, la prochaine promenade serait au Kanchenjunga. C’est un peu plus long, notamment parce qu’il y a deux jours de voyage (ou vingt heures de bus) de Katmandou au départ du chemin. Et puis un peu plus reculé, isolé, que les autres grands circuits de randonnée Népalais.

Là, en partant de Katmandou le 9 novembre, on y est revenus le 30 novembre : vingt et un jours dont un peu plus de seize jours de marche pour la promenade complète, vue du nord à Pang Pema et vue du sud à Oktang. C’est possible de ne passer qu’à Pang Pema ou qu’à Oktang, mais ce serait vraiment dommage compte tenu du temps d’approche. On peut faire plus court de quatre jours en rentrant en jeep de Yamphudin à Ilam, mais attention à garder des jours de réserve en cas de mauvais temps.

De Lavaux au Kanchenjunga en passant par Kigali

De Lavaux au Kanchenjunga en passant par Kigali

Un crochet vers Kigali à l’aller pour une séance de comité, juste pour commencer cette aventure avec deux nuits de suite dans les avions…

Katmandou

Le contrôle aérien de l’aéroport de Katmandou nous gratifie de quelques tours d’attente. Vues à 360° en descendant tout doucement. L’Everest / Sagarmatha et le Lhotse trônent au nord-est, le Kanchenjunga plus loin, un peu nuageux.

Immigration et collecte des bagages sans bavures, me voici à pied d’œuvre. Laxman le guide me ramasse à la sortie de l’aéroport, ma dépose au Norbulinka boutique hotel, douche réparatrice et promenade à Thamel, le quartier à touristes du vieux Katmandou. Le trafic ne s’est pas amélioré, c’est bruyant et poussiéreux, mais il faut bien gagner l’étage suivant vers le Nirvana !

Briefing avec Shankar, mon agent de randonnées au Népal : journée de repos demain. Ouf ! A la maison, Heidi affronte les premiers froids…

Panorama avant l'atterrissage, stupa à Thamel

Panorama avant l'atterrissage, stupa à Thamel

Pour la journée de Repos, Swayambunath est une valeur sûre. Traversée de la ville poussiéreuse vers le temple sur la colline verdoyante. Selon la tradition, ça a été la première terre émergée après le déluge ; hum, ce devait être avant le plissement himalayen. La foule là-haut ! Très peu de touristes, mais plein de dévots occupés à leurs pujas, offrandes et prières hindoues. Il y a une fête spéciale aujourd’hui. Le grand stupa est tout décoré de guirlandes de fleurs et les dames font la queue avec des liasses de billets pour distribuer à une alignée de prêtres assis sur des chaises.

Le rooftop café ne propose que des pizzas ou des burgers. Soupir. Va pour un lassi-mangue le temps de dessiner ; je me rattrape ensuite avec la terrasse sur le toit de l’établissement voisin, qui sert une bonne assiette de mo-mos, beignets cuits à la vapeur.

Grand stupa de Swayambunath

Grand stupa de Swayambunath

Shopping de l’après-midi dans les boutiques des mille et une nuits de Thamel. Les bâtons système Z en fibre de carbone sont introuvables, je me rabats sur une paire Z en alu qui a l’air solide, on verra. Séance paquetage après la collecte du sac de couchage et de la doudoune de location, briefing avec Laxman et Shankar. Un bon souper au Thamel House et téléphone à Heidi, ce sera compliqué ces prochaines semaines de concilier fuseaux horaires et accès internet.

De Katmandou à Taplejung

Une nuit correcte compte tenu du rattrapage de décalage horaire et de l’excitation du départ. Déjeuner tranquille et à 7h45 Laxman est là. Zam-zam (départ), direction l’aéroport d’où Shree Airlines nous emmènera d’un coup d’aile à Bhadrapur dans le coin sud-est du pays, mais avant ça il faut patienter un peu.

Le vol est raisonnablement à l’heure pour finir, avec de très belles vues sur les massifs du Langtang, de l’Everest-Makalu et du Kanchenjunga. Soroz le porteur nous attend à Bhadrapur.

De Katmandou à Bhadrapur

De Katmandou à Bhadrapur

Le Woodland Hotel a connu des jours meilleurs. Piscine à sec et bâtiment décati, il fait un peu de peine mais sert une très bonne soupe aux mo-mos bien pimentée et une assiette de fruits au calme, dans la verdure.

Discussion du programme avec Laxman : ouille, il n’a pas vraiment tenu compte de la date du vol de retour… à retravailler.

Quelques pas de l’après-midi en périphérie de Bhadrapur. C’est plat et il fait chaud, mais le calme est reposant après l’agitation de Katmandou. Gymnasiens et gymnasiennes en uniforme, dames en sari, messieurs âgés en costume traditionnel.

Fin d’après-midi yoga et lecture, Nepali-thali (plat Népalais) du soir très correct. Demain le réveil à 5h et le départ à 5h30.

Bhadrapur

Bhadrapur

De Bhadrapur à Taplejung et Itahari

Départ avant l’aube pour la gare routière de Birtamod, où les chauffeurs de jeep se disputent notre clientèle. On embarque dans une vaste et poussive Tata Sumo qui commence par tourner une heure à la recherche d’autres passagers.

On attaque enfin la montée, raide, longue, vers les plantations de thé. Arrêt dal-bhat, riz et soupe de lentilles, à 9h30 pile à Godak, puis c’est la route sans fin, somnolence malmenée par les virages, les nids de poules et le siège tape-cul. Onze heures de route !

La Tata Sumo est vaste mais elle embarque normalement 11 passagers en plus du chauffeur ! Là, les deux banquettes avant sont upgradées à 3 places chacune, donc on n’est pas trop serrés.

Le roi de la route, c’est bien sûr le camion Tata, abondamment décoré et pas très rapide. Les motos se faufilent un peu partout. Et puis les tuk-tuks (tricycles à moteur) TVS, quelques tricycles Piaggio aussi qui jouent les formule 1.

Tout ça ne va pas très vite : limite à 30 km/h hors villages, 20 km/h dans les villages. Un modèle pour Lavaux ! La route est décorée de carcasses de motos accidentées pour rappeler les dangers de la vitesse.

De Bhadrapur à Taplejung

De Bhadrapur à Taplejung

Arrivée enfin au Mountain Hotel & Lodge de Taplejung juste à temps pour une promenade au coucher du soleil, dérouiller les jambes et faire mon compte de pas pour la journée. Il y a du wi-fi. J’arrive à attraper Heidi à la fin de sa pause de midi. Session-dessin et Nepali thali avec masala de chèvre (annoncée « mutton ». Meetosa (délicieux).

Demain sera encore un journée jeep (soupir) jusqu’à Sakathum, environ 5 heures. Mon idée de descendre à Tapethok et continuer à pied tombe à plat : les jeeps ne partent pas avant 10 à 11 heures.

Sooba ratri, bonne nuit, et je me retire dans une chambre rose avec effort de décoration, draps propres et même une douche chaude ! Yoga et dodo.

Taplejung

Taplejung

Début de matinée au ralenti à Taplejung avec un peu d’animation entre les propagandes électorales et une grosse fête de Shiva aujourd’hui.

Laxman a trouvé une jeep qui part pour Sakathum ! A 10h on embarque dans une Mahindra Bolero dont deux pneus ne sont pas lisses. La piste dégringole vers la Tamor Nadi, puis monte et descend le long de la rivière. Un chantier de petit barrage après Mitlung, prise d’eau au fil de l’eau. Le projet a dû prendre du retard : le dépôt de viroles pour la conduite forcée, de belles pièces de bien 3 m de diamètre, est envahi par la végétation.

L’auto se remplit en route, on affiche complet de Sinwa à Tapethok. Les bords de rivière sont très ravinés, la piste fait des passages hardis, la Bolero brasse la poussière avec ses pauvres pneus lisses.

Juste sous Sakathum, terminus ! Arrêt mo-mos au New bridge hotel et enfin le départ à pied. Passé le premier pont suspendu, c’est le check-point d’entrée de la Kanchenjunga Conservation Area. Au revoir la Tamor Nadi, on suit maintenant la Ghunsa Khola. Pas trop loin pour ce qui reste de l’après-midi : on pose les sacs à l’Itahari hotel & lodge, 1660 m, où on retrouve le groupe de jeunes Israéliens croisés à la descente de jeep.

Itahari

Itahari

Première nuit en lodge à la Népalaise après le luxe de Bhadrapur et Taplejung. Il fait cru, pas vraiment froid mais l’humidité de la rivière qui pénètre. La mini-usine hydroélectrique toute proche fournit la lumière mais les conforts du 21ème siècle s’arrêtent là. Pas de téléphone avec Heidi à Riex.

Première tentative de yoga-lodge, à améliorer : trouver un découpage entre mouvements debout par terre et au sol sur le lit en tenant compte du plancher sale et du plafond bas.

D’Itahari à Gyabla

Au podomètre : 28’025 pas / 21.4 km ; montée 1'474 m. Altitude début 1660 m, altitude fin 2730 m

Bonne première nuit en lodge, les habitudes reviennent vite. Une omelette-piment et pain tibétain plus tard, 7H30 départ le long de la Ghunsa Khola dans l’ombre fraîche. Un bon bout le long de la rivière, rapides grondants, ponts suspendus. A Jongim, on passe en rive droite pour monter vers le soleil.

Itahari

Itahari

Forêt de bambous et de rhododendrons, quelques belles floraisons roses dans l’ombre. Phedi, on dépasse le convoi de dzopkios, croisement de yak et de buffle, vu le matin à Itahari. Et ça monte au soleil maintenant, quelques vues dégagées jusqu’à la terrasse ensoleillée d’Amjilosa après 3 h de marche (6 à 7 h selon le livre).

Un dal-bhat plus tard, nouveau départ pour Gyabla, bel ukalo (montée) pour commencer, puis Nepali flat (montées et descentes) le long de la rivière qui coule maintenant du nord au sud, la rive droite est à l’ombre. C’est dommage pour les vues sur la forêt et les cascades. Une montée franche et c’est un plaisir de découvrir Gyabla à la sortie de la forêt. Trois heures de marche cet après-midi, 5 à 6 selon le livre. Le Ghunsadhar montre ses pics et rochers quelques minutes, puis retourne dans les nuages.

Installation à l’hôtel Shingi Namjong, tout neuf, une chambre spacieuse et un seau d’eau chaude bienvenu pour la toilette.

Amjilosa et Gyabla

Amjilosa et Gyabla

A l’hôtel Shingi Namjong, gros enthousiasme de Sawa la fille des tenanciers pour mes petits dessins. Elle se fait tirer le portrait au coin du feu, contrôle les grains de beauté puis entreprend de colorier les pages de son journal.

La salle commune a plus de style que celle d’Itahari : banquettes et tables sur deux côtés, armoire-boutique sur le troisième et autel à la Tibétaine sur le quatrième. Le calo à bois (poêle ; ce n’est pas du Népalais mais du Suisse) au centre de la pièce tempère. Profitons-en ! Au-dessus de la forêt ce seront des calos à bouse…

Gyabla

Gyabla

De Gyabla à Ghunsa

Au podomètre : 24’649 pas 18.7 km ; montée 728 m. Altitude début 2730 m, altitude fin 3400 m Attention, dans tout le texte, ce sont les comptes pour la journée y compris la promenade complémentaire de l’après-midi.

Une bonne nuit plus tard, les nuages se sont évaporés et le Ghunsadhar occupe le fond de la vallée vers l’est. Repli des affaires et pain tibétain pour le déjeuner.

Au revoir la terrasse de Gyabla : on replonge dans les bords de la Ghunsa Khola : ukalo, oralo (montée, descente) dans la forêt et l’ombre.

En montant, la forêt change peu à peu : des épicéas, puis des mélèzes roux en rive gauche, puis des grands pins himalayens avec écharpes de lichens, des genévriers. Sous Phale, une prairie avec chalets et quelques bébés yaks.

Phale

Phale

Un petit mur de manis (pierres à prières) et nous voici à Phale, trois heures depuis Gyabla. Premiers séchoirs à bouses, pour le feu. Des mulets broutent l’herbe rase et sèche.

Fale guest house, arrêt pour un riz frit aux légumes.

Après les montées et descentes dans la forêt, le chemin de Phale à Ghunsa est une merveille : vallonné dans les buissons, rhododendrons et genévriers, un pin de temps en temps, avec quelques pics enneigés qui se montrent entre les nuages.

Ghunsa ! Une heure depuis Phale. Le souffle juste un tout petit peu court à 3400 m. On pose les sacs au Kanchenjunga guest house. Petite séance lessive tant qu’il fait chaud, puis promenade dans le village : mini-usine hydroélectrique, stupa et mur de manis couverts, bas du village avec lodges et école, haut du village avec dispensaire, maisons traditionnelles en bois, murs de manis. L’hôpital vante un point wifi, mais il ne fonctionne pas… pas de téléphone non plus, le réseau mobile n’est accessible qu’aux locaux et aux guides.

Ghunsa

Ghunsa

Une brave petite turbine Pelton plantée en 2006 par USAid et le WWF alimente Ghunsa et Phale en électricité. C’est rustique : vannes tout manuel, alternateur 400 V avec résistance ballast, le fréquencemètre indique 47 Hz ; mais ça fonctionne et il y a même des prises dans les chambres du lodge !

Le soleil s’est définitivement perdu dans les nuages et le thermomètre affiche +1°C. Je commande le thé masala pour 17h et fais un brin de toilette jusque-là.

Le froid vient avec le soir. Difficile de croire que j’ai fait une session yoga complète sur la pelouse l’après-midi ! Maintenant, l’action se concentre autour du calo dans la salle commune. Il y a deux britanniques qui ont fait le camp de base sud d’abord, puis renoncé à monter au-dessus de Khambachen avec des symptômes de mal des montagnes. Leur groupe les récupèrera en descendant demain.

Dal bhat du soir et soirée cosy dans le sac de couchage à écouter la Forza del destino.

Ghunsa

Ghunsa

Journée d’acclimatation à Ghunsa. Au podomètre : 20’491 pas, 15.4 km ; montée 511 m. Altitude début 3400 m, altitude maximum 3970 m

Nuit paisible. -10°C le matin, mais tout juste hors gel dans la chambre. La lessive étendue hier est comme du carton. Après le déjeuner, je pars tout seul jusqu’à la première crête sur le chemin de Selele. La panne d’électricité du matin est identifiée : le canal d’amenée est presque à sec, la prise d’eau doit être gelée. Passage dans une belle prairie puis montée dans une forêt enchantée : rhododendrons, pins moussus, genévriers et rayons de soleil rasant. La pente est ardue, je passe un touriste Népalais avec porteur. Je m’arrête à une jolie terrasse à 3967 m avec vues sur le Ghabur et le Ghunsadhar, le cirque du glacier du Yamatarin avec le Boktoh qui dépasse juste de la crête. Retour à Ghunsa pour un bon thenthuk-œuf avec thé tibétain au beurre et sel, servis au soleil sur la pelouse.

Ghunsadhar

Ghunsadhar

Promenade à dessins de l’après-midi, je commence avec le vieux pont. Les deux yaks et conducteurs sur le dessin, c’est pour faire joli. Le pont est fermé, il y en a un tout neuf, suspendu et dûment décoré de lungtas, drapeaux de prières.

Il faut bon au soleil, la neige brille là-haut et la Ghunsa Khola, maintenant un gros torrent aux couleurs glaciaires, bondit joyeusement de rocher en rocher.

Ghunsa

Ghunsa

La promenade-dessins continue en descendant la rivière en rive droite, vers le gompa en retrait du chemin. Un très joli ensemble, la maison de gauche toute carré-bossue posée sur un gros rocher. Quelques jeunes yaks qui broutent pour l’ambiance. Dans ce dessin aussi, le bonze c’est pour faire joli : il n’y avait personne au gompa.

La maison de gauche sur le rocher est l’ancien gompa fondé par le grand lama du Sikkim Gyalwa Lhabten Chenno il y a un millier d’années. La maison de droite est plus récente, construite après l’annexion du Tibet.

Les nuages montent du bas de la vallée, tout d’un coup il ne fait plus si bon. Repli vers Ghunsa où il y a encore un rayon de soleil pour le yoga sur la pelouse.

Le rayon de soleil est parti derrière les nuages et il commence à faire froid. Petite gelée du soir et tout le monde se retrouve dans la salle commune tempérée par le calo à bois. Aujourd’hui je mets une couche de plus avec la doublure de parka sur la polaire. Demain soir, pull thermique et doudoune ? En tout cas, je me rapproche du calo pour me réchauffer les doigts, mais un dal-bhat plus tard ça va mieux.

Ghunsa

Ghunsa

10°C de nouveau ce matin. La guest-house est presque vide, juste un Britannique jeune et distant, ne répond pas au bonjour… bon, de toute façon il part tôt vers Selele. On profite encore un peu du confort de la salle commune, plus haut ce sera plus sommaire. Le calo ronronne, même si le plus gros de la chaleur part par la grosse trappe du plafond vers les combles.

De Ghunsa à Khambachen

Au podomètre : 23'420 pas / 17.8 km ; montée 725 m. Altitude début 3400 m, altitude fin 4095 m

7h45, zam-zam ! Le sentier est bien gelé en remontant le village. De nouveau la forêt, les derniers rhododendrons, des genévriers. En anglais c’est juniper qui se traduit par genévrier, mais ça ne ressemble pas aux genévriers de nos Alpes… à approfondir. Quelques gros pins himalayens par ci par là, sinon graduellement des hêtres, des chênes et plus haut des aulnes. Tout ça de plus en plus buissonnant, et dénudé aussi. Impression de forêt en hiver, avec les écharpes de lichen en plus.

C’est un bon chemin, bien tracé et consolidé d’escaliers en pierre. Ça monte tout doucement, descend à peine de temps en temps. Quasi désert aussi : on croise juste quelques descendeurs, un train de dzopkios à vide.

Ghunsa

Ghunsa

10h15, Rambuk Kharka, pause thé. Il est question de rester ici pour le dîner mais il est encore tôt, et puis il y a déjà des morceaux de nuages qui menacent la vue annoncée plus haut sur le Kumbhakarna. Zam-zam, on dînera à Khambachen.

Le joli petit sommet vers le haut de la vallée est indiqué 6076 m sur la carte mais n’a pas vraiment de nom et c’est bien injuste.

En face en rive droite, l’ancien chemin est devenu dangereux à cause des glissements de terrain, mais il y a des traces de passage.

On monte par le nouveau chemin en rive gauche, bien tracé avec juste quelques passages ravinés où il faut faire attention où on met les pieds. On passe un groupe de faisans dans la forêt.

Rambuk Kharka

Rambuk Kharka

Bientôt on sort complètement des arbustes pour négocier les moraines du glacier de Kumbhakarna, et tout d’un coup les premiers grands sommets se montrent sur la droite. Re-moraine, puis un pont suspendu tout neuf et une dernière grimpette jusqu’à Khambachen. 4 h depuis Ghunsa. On se pose à la Khambachen guest house, juste à l’heure pour un tenthuk (hum, ça a l’air de pâtes industrielles) au soleil et face aux sommets sans nuages.

C’est le dernier village habité à l’année… doit être bien isolé l’hiver et pendant la mousson !

Khambachen

Khambachen

Mini-promenade de l’après-midi au gompa et chorten au-dessus du village. La didi (grande sœur, tenancière de lodge) nous confie les clés du gompa. Il y a aussi un très gros lodge en construction, un panneau annonce Snow leopard study center.

Retour au guest-house. La didi chasse les chèvres de la cuisine. Les nuages s’amoncellent, pas de coucher de soleil glorieux sur les sommets. Et le froid du soir s’installe.

Soirée bavardages avec trois touristes Britanniques qui descendent, n’ont pas réussi le camp de base, problèmes d’altitude. Le calo à bouse diffuse une bonne chaleur, on se laisse entraîner jusqu’à 20h30 ! Bonne nuit avec sous-vêtements thermiques, chaussettes, buff sur le cou et bonnet sur la tête.

Khambachen

Khambachen

De Khambachen à Lhonak

Au podomètre : 24'007 pas / 18 km ; montée 410 m. Altitude début 4095 m, altitude fin 4795 m

6h30, le soleil allume le Tha Naghi, 5980 m. La lumière descend tout doucement dans la vallée à l’est. Tsampa (bouillie d’orge) du matin, la première pour cette promenade, dans la cuisine légèrement tempérée en attendant l’heure du départ.

Le soleil arrive juste au village, c’est l’heure de partir… dans l’ombre de la vallée vers le nord. Chemin facile dans les buissons, petites montées et descentes. Un coup d’adrénaline en passant un glissement de terrain, mais je suis sûr qu’on a pris le mauvais sentier.

Une belle cascade laisse une trace toute blanche et un amas de givre en travers du chemin. Petite acrobatie pour passer ça sans se fier au pont de givre.

Le Merra domine la rive gauche. Les sommets blancs se succèdent en fond de vallée.

Ramdang, beau replat et dégagement vers le sud-est, un petit bout du pic principal du Kanchenjunga se montre tout au fond derrière le Kangbachen. L’altitude se fait sentir, souffle court. Fini les buissons, il ne reste que des touffes roses sur le gazon roussi. Une dame et un enfant ramassent des argouses.

Khambachen

Khambachen

C’est un peu long dans la moraine ; pas fâché de voir Lhonak au bout du chemin. Ça nous a pris tout juste 4 heures depuis Khambachen.

Installation à la Himalayan guest house, thé et tenthuk-œuf face au Nepal Peak au fond de la vallée, goût de Nirvana. Les nuages montent mais n’arrivent pas à boucher les sommets.

Ça sent la fin de saison : plusieurs lodges sont déjà fermés et d’autres sont en cours de fermeture, on a croisé les déménagements dans la montée.

Les jeunes Israéliens d’Itahari font parler d’eux dans toute la vallée : on dit qu’ils demandent trois suppléments de dal-bhat et ensuite il n’y a plus rien pour les porteurs.

C’est encore un glissement vers le lodge sommaire : mini-chambre avec courants d’air par les murs de planches à trous. Il y a la lumière sur batterie, l’ampoule est partagée avec la chambre d’à côté, c’est convivial.

Lhonak

Lhonak

Bavardages du soir avec le couple de Français arrivés dans l’après-midi et nuit perturbée par l’altitude : souffle court.

De Lhonak à Pang Pema et Khambachen

Au podomètre : 43’240 pas / 32.9 km ; montée 452 m. Altitude début 4795 m, altitude maximum 5140 m

Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Heidi – pas de moyen de communication pour le lui souhaiter heureux…

Départ à 5 h, à la frontale, en remontant la vallée. C’est d’abord bien gentil avec un bon replat en bordure du glacier, ou plutôt de ce qu’il en reste vu la hauteur de la moraine. Et puis ça se complique : ravines, il faut monter, descendre, passages délicats et souffle court. Le soleil qui se lève allume modérément les sommets, surtout à contre-jour. Il nous arrive dessus un peu avant l’arrivée à Pang Pema. Ouf ! Trois heures depuis Lhonak. Ciel bleu foncé, pas un nuage en vue, face imposante de la montagne.

Il y a un couple de Roumains qui a bivouaqué là-haut. Laxman n’est pas content et fantasme un peu sur le degré d’illégalité de la chose.

Pang Pema, camp de base nord du Kanchenjunga

Pang Pema, camp de base nord du Kanchenjunga

8h35, on attaque le retour vers Lhonak. C’est un peu plus facile que la montée, mais il faut quand même remonter pour attraper le haut de chaque ravine. On croise les trois autres touristes de la journée : le couple de Français, et puis un type, qui ont pris les choses plus tard et resteront dormir à Lhonak.

Les mouflons sont au rendez-vous et on est à 11 h au Himalayan guest house pour un riz frit – œuf réparateur.

Rituel de la bassine à vaisselle et à épluchures : d’abord le chien va voir si quelque chose lui plaît, puis les chèvres nettoient et pour finir la didi rince. Simple et efficace.

12 h 30, on repart pour arriver à Khambachen 2 h 40 plus tard, au coucher du soleil.

Chemin sans histoires, la cascade se franchit sans tomber dans l’eau, il y a bien un nouveau sentier en bas du talus d’éboulis et les sommets étincelants défilent. Un groupe de mouflons joue aux acrobates dans les falaises de la rive gauche, ils passent tous en faisant rouler les pierres. Installation à la Khambachen guest house que nous partageons avec un couple de slovènes. Toilette sommaire (promesse de douche demain) et thé-dessins.

Wedge Peak

Wedge Peak

Après une soirée-bavardages avec les Slovènes (jusqu’à 20h30 !), une bonne nuit malgré une rhinite qui embête. Le lendemain, quelques nuages se dissipent vite. Repli des affaires et tsampa du matin dans la cuisine, centre des activités à cette heure.

De Khambachen à Ghunsa

Au podomètre : 23’913 pas / km ; montée 340 m. Altitude début 4095 m, altitude fin 3400 m

Zam-zam, avec la promesse d’une douche chaude à Ghunsa !

Pont suspendu, on passe en rive gauche et c’est la descente, en disant au revoir aux grands sommets enneigés. On descend tout doucement dans la forêt : mélèzes, genévriers, aulnes, rhododendrons, drapés de lichens. Marche dans la forêt gelée, abri sous roche avec temple de Shiva. On retrouve les quelques passages délicats de berges érodées qui formaient les premières sensations de la montée.

Khambachen

Khambachen

Ghunsa et ses splendeurs ! Le réseau de téléphone mobile de Laxman est assez solide pour envoyer un SMS de bon anniversaire à Heidi ; puis la douche chaude bien attendue, un plat de mo-mos et une lessive mise à sécher au vent, parce que le soleil se cache déjà derrière les nuages. Un royal 7°C au soleil et la sensation d’être propre, al Aziz al baraka, dirait Barka. Ça, c’est de l’Arabe. Barka était mon guide au Tassili n’Ajjer.

Promenade de l’après-midi à une terrasse à 3600 m de l’autre côté de la rivière, panorama sur Ghunsa. On fait encore un passage au gompa Tashi Choeling / Tsoding, reste d’un monastère qui avait été l’un des plus prestigieux de la région.

Retour au lodge, yoga sur la pelouse, il commence à faire froid. Les prévisions météo ne sont pas bonnes. Aïe ! Prenons ça avec philosophie. Dans l’immédiat, redéploiement de la lessive étendue pour qu’elle sèche encore un peu dans la chambre cette nuit : il commence à geler.

Ghunsa

Ghunsa

De Ghunsa à Selele

Au podomètre : 22’751 pas / 17 km ; montée 1'162 m. Altitude début 3400 m, altitude fin 4234 m

Une bonne nuit dans ce grand lit avec duvet et grand oreiller – je me suis mis dedans avec le sac de couchage. Le matin, il gèle bien dans la chambre, la lessive est toute dure. Elle finira de sécher à Selele. Les nuages du soir sont partis : ciel dégagé et givre sur les prés. Cette fois-ci, je suis le seul touriste au Kanchenjunga guest house.

La didi passe partout avec l’encensoir. Le garçon toujours jovial avec sa musique en boîte charge le calo qui ne chauffe que les combles.

7h40, zam-zam, sur le sentier gelé dur vers les 600 m d’escaliers dans la forêt enchantée, soleil rasant jusqu’à la crête.

Arrêt pour souffler sur la crête, puis le chemin continue sur l’autre versant. Changement d’ambiance : fini la forêt, on est dans les buissons ras, les vues sont dégagées vers Phale et Gyabla. Tout d’un coup, on se retrouve au milieu d’un groupe de yaks, naks (madame yak) et bébés, pas d’agressivité, ça se passe bien. Mais voilà qu’un autre groupe arrive d’en bas, poussé par des yakboys. Ça en fait, du monde, sur le sentier qui grimpe raide. Pour ne pas risquer un yakcident, on laisse tout le troupeau passer devant. Belles vues sur les bêtes dans la poussière.

Montée à Selele

Montée à Selele

Odeur pénétrante de sumpathi (paloo en tibétain), buisson ras dont on récolte les fleurs fanées et les feuilles pour encenser. C’est probablement ce que la didi de Ghunsa utilisait ce matin pour chasser les mauvais esprits, et ça marche ! Les vilains nuages d’hier sont bien partis, le ciel est dégagé de partout.

Trois heures et demie depuis Ghunsa, arrivée à Selele. Pas le groupe de bâtiments d’en bas, nettement plus construit qu’indiqué dans le livre, mais le petit lodge au-dessus.

Le Selele hill side lodge, quatre chambres, un bloc cuisine et salle commune, une terrasse pour tentes. L’astuce, c’est que d’ici on voit l’Everest qui dépasse de la crête au fond vers le nord-ouest. Une bonne thupka au soleil sur la terrasse pendant que la lessive d’hier soir finit de sécher.

Promenade de l’après-midi en remontant le ruisseau depuis Selele-d’en-bas : le sentier n’est pas très marqué mais efficace dans la pente.

Sele La

Sele La

A 4560 m, la pente s’arrondit et, surprise, la face sud-est du Kumbhakarna se dresse devant nous. A 12 km, mais quelle présence ! Glace, neige et roche jaune. Un moment d’admiration puis il faut rentrer en faisant attention où on met les pieds.

15h15, le soleil se cache juste quand on revient au lodge. Mini-séance de yoga (pas de terrain à la fois plat et raisonnablement propre) face à l’Everest et splendeur d’un premier coucher de soleil sans nuages!

Selele

Selele

Le calo n’a pas de cheminée ! Dal-bhat dans la cuisine enfumée, la porte ouverte, puis lecture en doudoune dans la chambre. Un moment à admirer les étoiles et une nuit so-so, mais la laryngite est partie et la rhinite est sous contrôle.

De Selele à Tseram

Au podomètre : 23’008 pas / 17.1 km ; montée 298 m. Altitude début 4234 m, altitude fin 3870 m

Lever de soleil sur l’Everest et la Makalu là-bas, pas mal ! Départ tôt pour Tseram. Ça commence avec 1h15 de montée vers Selele La… mystère : la dénivelée est seulement 200 m. Toujours est-il que la vue vers le Kumbhakarna est splendide. Le couple de Français de Lhonak arrive quand on part.

Selele La

Selele La

Oralo, ukalo, parcours vallonné de Selele La à Mirgin La. Pas la grande forme aujourd’hui mais assez pour profiter du paysage.

Changement de décor après Mirgin La : plus de sommets enneigés en vue, horizon de collines dans une brume bleutée, on se croirait 2500 m plus bas dans les Alpes. Mais avec le souffle un peu plus court.

Quatre mouflons dans la pente, pour faire joli. Et l’odeur de sumpathi. Une grande colonne se détache de la crête rocheuse à gauche.

Mirgin La

Mirgin La

Sinelapche La, 4700 m, le dernier des trois cols de la journée : nouveau changement de décor, les sommets du Kabru qui marquent la frontière avec le Sikkim, et à gauche le Kanchenjunga sud avec un nuage lenticulaire qui ne dit rien de bon. Mais carpe diem, il fait grand beau et on a fini la montée. Descente donc sur un beau petit lac gelé avec lungtas, puis on attaque le dévaloir vers Tseram, sentier raide et glissant, regarder où on met les pieds ! Belles vues en avant vers le glacier de Yalung, programme pour demain. On entre dans la forêt, Tseram est dessous.

Sinelapche La

Sinelapche La

Yaluangkhang guest house, Tseram, 3870 m – cinq heures depuis Selele, arrivée à Tseram. La foule ! Il y a quatre Américains de Washington (State) qui descendent d’Oktang – Yalung ce matin. Ils font une grosse lessive, je me glisse pour une toilette minimale pieds et mains. Pas de menu et cuisine en mode de pointe, je me fais enfiler un chow-mein qui est en réalité des spaghettis au chou. Pas le meilleur repas. Après-midi paresseuse au soleil, bavardages avec les Américains et le couple de Français arrivés entre-temps.

Le froid vient avec le soir. Dzaro ! Le lieu social est la cuisine pour campeurs, où les guides ont allumé un feu, mais vraiment c’est trop enfumé. Repli dans la salle commune glacée, dessins et lecture en doudoune jusqu’à l’heure du dal-bhat. Cuisine d’altitude, le curry se réduit à des patates, je me réjouis déjà des légumes à partir de Yamphudin. Bavardages de souper avec le couple de Français et sooba ratri.

Lecture au lit, à la frontale après 21h, coupure de l’éclairage sur batterie. Une bonne nuit avec un peu plus de pression d’air qu’à Selele.

Tseram

Tseram

De Tseram à Oktang et retour

Au podomètre : 33’916 pas / 25.8 km ; montée 508 m. Altitude début 3870 m, altitude maximum 4740 m

Départ léger pour l’aller-retour d’Oktang, et en plus Soroz porte mon sac !

Montée dans la forêt de genévriers. J’éclaircirai le mystère des baies en retrouvant internet. Très vite, une grosse ravine ; au-dessus ça tourne au maquis, puis à la steppe d’altitude avec parfum des sumpathi qui nous accompagnera jusqu’en haut. Tout d’un coup c’est la vallée suspendue : la Simbhuwa Khola est un aimable ruisseau qui serpente de lac gelé en lac gelé. Le Rathong tient la vedette en fond de vallée.

Simbhuwa Khola

Simbhuwa Khola

On croise un des Britanniques de Khambachen qui avait renoncé à Pang Pema, mais content d’avoir réussi Oktang et passé la nuit à Ramche.

Puis voilà Ramche, quelques maisons sur un replat, Snow Hotel aux murs tapissés de bouses de yaks. Le sentier continue à grimper très agréablement dans la prairie d’altitude, mouflons et parfum des sumpathi. Le grand beau temps. Oubliées, les vilaines prédictions de neige d’il y a trois jours à Ghunsa ! Les Kabrus sont de plus en plus présents à gauche du Rathong, des pics enneigés se montrent dans les couloirs latéraux.

Au fond de la vallée, on oblique à gauche et la pagode d’Oktang est là devant, un peu plus haut. Le gros œuvre est terminé, reste à faire la décoration. Arrêt photos.

Oktang

Oktang

Une dernière petite montée après la pagode jusqu’à la terrasse panoramique à 4770m en bordure de moraine. Yay ! Succès, les deux faces des Kanchenjungas admirées, par un temps de carte postale et sans douleurs. Le moment est juste parfait, un petit vent soulève des nuages de poussière sur le glacier de Yalung, loin au-dessous du bord de la moraine. Le camp de base sud est sur le glacier, ça ne fait pas très envie d’y descendre et de toute façon on n’est pas équipés pour ça.

Une grosse crotte sur le chemin. La panthère des neiges est passée par là…

Descente sans histoire, en savourant les vues, les parfums, les sensations. Quelques yaks prennent volontiers la pose, plaque de chocolat partagée avec Laxman et Soroz qui admettent, oui, ils ont soif, et acceptent l’eau de ma gourde, qu’après tout Soroz a portée !

Oktang

Oktang

De retour à Tseram, petite toilette, gros riz frit aux légumes et calme de l’après-midi au soleil.

Un moment d’excitation, on repère trois personnes qui traversent par la forêt au-dessus du lodge. Est-ce que ce serait une partie des Israéliens d’Itahari ?

Le soleil s’en va. Dzaro ! Froid ! Changement de tenue, doudoune et repli dans la salle commune avec une tongba (bière de millet chaude) pour fêter tous ces beaux sommets !

Tseram

Tseram

Dernière nuit en altitude, petite gelée. La vie sociale du matin est à la cuisine, autour du fourneau sans tuyau de fumée. Tout part dans les combles par un gros trou dans le plafond. C’est moins enfumé qu’à Selele mais ça ne chauffe pas beaucoup. La tsampa du matin fait son effet, ça chauffe de l’intérieur.

De Tseram à Tortong

Au podomètre : 21’206 pas / 16 km ; montée 245 m. Altitude début 3870 m, altitude fin 3007 m

On quitte le soleil qui venait d’arriver à Tseram pour plonger dans la forêt le long de la Simhbuwa Khola : genévriers, pins, puis rhododendrons et quelques épicéas. Bon sentier avec de plus en plus de marches en pierre, quelques clairières avec abris saisonniers, murs bas et charpente en bâtons. Quelques passages de berges érodées. La forêt est maintenant épaisse, moussue, une vraie forêt enchantée avec le soleil rasant en contre-jour. Le torrent enfle avec chaque ruisseau qui arrive en cascadant.

Après 2h40 de marche seulement, arrivée à Tortung / Torangden, 3007m et installation à l’hôtel Green View.

Tseram, Tortung

Tseram, Tortung

Douche sommaire mais bienvenue, lessive et riz frit, avec verdure ! La rivière ronronne, le soleil chauffe, ça se passe bien. Le couple de français arrive. Promenade surérogatoire de l’après-midi en remontant la rivière jusqu’au premier passage délicat. Le soleil passe derrière le talus, ce sera peut-être la dernière soirée en doudoune… mais doudoune ouverte avec le secours de la tongba !

Le groupe de jeunes Israéliens d’Itahari débarque, ils essaient de soutirer aux guides des tuyaux pour éviter le check-point de sortie de la conservation area !

Tortong

Tortong

De Tortong à Yasang et retour

Au podomètre : 43’088 pas / 32.3 km ; montée 1’386 m. Altitude début 3007 m, altitude minimum 1200 m

Zam-zam dans la petite gelée, forêt enchantée de nouveau ; les rhododendrons sont différents, avec de grandes feuilles. Les érables et pins sont tout moussus. Au premier croisement, un écriteau nous dit que Yamphudin est vers le bas.

On traverse la Simbhuwa Khola au pont de Lase, tout neuf mais sérieusement abîmé par un arbre tombé dessus. La forêt enchantée devient tout doucement forêt tropicale en descendant : lianes, bambous et chants d’oiseaux.

Après une heure de descente, on commence à trouver ça bizarre de ne pas remonter vers Yamphudin de l’autre côté de la vallée. On retraverse sur une grosse cascade mais le sentier continue à descendre en rive gauche.

Yasang, 1200 m, les premiers bananiers. C’est clair maintenant, on s’est trompés au croisement et on a suivi un nouveau chemin, pas indiqué sur la carte ni dans le livre, vers Yasang, Hellok et Tapethok. Evaluation, Laxman un peu embarrassé décide qu’on remonte à Tortung et Yamphudin demain. Avec le Nepali flat en prime, ça nous fait 1380 m de dénivelée pour 32 km, avec un morceau de pain tibétain et un bout de chocolat pour midi… Epuisé en revenant à Tortung. Les Israéliens sans guide croisés juste après avoir fait demi-tour doivent encore en rire mais ce sont des dégoûtants : on trouve plus loin sur le chemin leur poubelle de pique-nique et toute une piste de kleenex.

Pas fâché de revoir le Green View après neuf heures et demie de marche. Le soleil se couche, il fait déjà froid. Douche américaine en chute de pression et thé masala pour calmer les tremblements une fois changé et en doudoune. Après le dal-bhat et la tongba bien entamée, les tremblements sont partis, mais quelle fatigue !

La perspective de la salle commune est inversée par rapport à hier soir : deux Allemands qui descendent de Tseram sont crochés à la bière San Miguel. Bavardages après souper, histoires de Dhaulagiri avec leur guide un peu farceur, qui fait apparaître le lingam de Shiva dans le bonnet de son porteur.

Tortong

Tortong

De Tortong à Yamphudin

Au podomètre : 26’593 pas / 19.6 km ; montée 809 m. Altitude début 3007 m, altitude maximum 3500 m, altitude fin 2055 m

Nouvelle tentative pour atteindre Yamphudin : cette fois, on ne se laisse pas abuser par l’écriteau qui montre le chemin du bas ! Bientôt le chemin monte bravement. Forêt enchantée givrée dans l’ombre. Le chemin devient carrément raide, je fixe le rythme pour me réchauffer en t-shirt sèche vite dans la petite gelée, mais les bras et mains sont engourdis.

On arrive à la grande ravine vue hier au-dessus du pont de Lase ; encore quelques raidillons et traversées délicates pour passer par-dessus. Le Kumbhakarna se montre par-dessus la forêt.

En haut de la ravine qui a complètement mangé le col, le terrain est tout fracturé, la montagne tombe morceau par morceau. Un bout de traversée du col, tout d’un coup le Kumbhakarna se montre tout entier hors des arbres. Et ça fait du bien aussi de se réchauffer au soleil !

Les deux Allemands arrivent à leur tour, font aussi une pause sur le col.

Lasiya Bhanjyang

Lasiya Bhanjyang

Le Makalu et quelques sommets non identifiés pointent au-dessus des collines. Un peu plus loin, Lasiya Bhanjyang, 3400m. La buvette est ouverte, on ne l’espérait pas. L’intérieur et le tenancier sont noirs de suie. Il n’est que 10h, mais je craque pour un dal-bhat ; sans regrets, il est fameux avec coriandre dans le dal et cardamome qui améliore encore le sargh tout frais.

Zam-zam ! On s’enfile dans la descente, forêt enchantée avec soleil cette fois. Et ça descend ! La forêt perd ses lichens et mousses, les premiers bambous, qui dominent vite, la végétation remplit les espaces entre les arbres, les pins disparaissent, on continue de dégringoler par le sentier raide jusqu’à l’Amji Khola, 2200m. Passage à gué, le pont a été emporté. Le prochain khola a un nouveau pont, déjà malmené par les crues et maintenu par un gros étai en bois. Encore 3/4h de Nepali flat jusqu’à Upper Yamphudin.

Lasiya Bhanjyang

Lasiya Bhanjyang

Yamphudin guest house, 2055 m : une douche froide bienvenue ! Et il y a du réseau téléphone mobile ! Un SMS à Heidi, pas sûr qu’elle le reçoive vraiment…

Il y a une grande pelouse plate et propre : séance yoga complète, la première depuis Ghunsa. Réparation du pantalon accidenté cet après-midi. Il faudra mettre un blètze plus tard. Les deux Allemands arrivés entre-temps sont crochés à la bière San Miguel.

Le froid vient avec le soir. Inattendu ! La doudoune ne va pas encore rejoindre le fond du sac. Repli à la cuisine pour mettre les dessins au net. Autre altitude, autre cuisine : fourneau à bois monumental en terre, avec aussi un fourneau à gaz sur la table. L’évier est un grand bac au sol. La porte et les volets des fenêtres sans vitres restent ouverts le soir.

La soirée se passe bien. Bavardages avec les Allemands et leur guide. La tongba du soir devient une habitude mais c’est la dernière : je ne le sais pas encore, mais il n’y en aura pas plus loin. Dal-bhat, le second de la journée, avec gombos (tsutsikorila en Népalais), re-bavardages, regarder la route des prochains jours sur la carte. Encore quatre jours à marcher jusqu’à Taplejung. Les Allemands prennent la jeep demain pour Ilam.

Rotation autour de la table pour le repas du staff, grands miams et slurps, la didi a fait un poulet masala, j’en goûte un morceau, meetosa, premier bout de viande depuis deux semaines.

Une nuit très paisible là-dessus.

Yamphudin

Yamphudin

De Yamphudin à Phumphe Danda

Au podomètre : 24’101 pas / 18.3 km ; montée 805 m. Altitude début 2055 m, altitude fin 1820 m

Descente matinale d’Upper Yamphudin à la Kabeli Khola. On abandonne les Allemands à la piste jeep après cinq minutes. Fougères, bananiers, puis cardamomes avec arrosage.

De la rivière, remontée et plat Népalais, toujours dans la forêt tropicale bien en pente. Chants d’oiseaux et d’insectes, un vol de perroquets verts. Ecoliers qui vont aux cours pour 10h, en uniforme et sac au dos.

Yamphudin

Yamphudin

En remontant, on traverse des villages en terrasses. C’est la récolte de millet, mis à sécher un peu partout.

3h1/2 de marche, Mamangke, 1790m. La piste de jeep ouverte jusqu’à Yamphudin a porté un coup à l’hôtellerie locale : les lodges ont fermé. Laxman trouve quand même une dame qui nous fait un dal-bhat très convenable, à côté de l’école.

Phumphe Danda est la prochaine crête, mais il faut descendre puis remonter 300m. Le sentier plonge dans la gorge. Langurs (singes blancs) dans les arbres. Le pont est légèrement cabossé, l’autre versant est très raviné. Le nouveau chemin de montée est horriblement raide, arrive à une piste en construction. Des sommets pointent en haut de la vallée comme on prend de la hauteur : Rathong et Koktang qu’on avait vus en allant à Oktang, puis le Kumbhakarna dans le coin. La chasse au lodge à Phumphe Danda n’est pas facile. Ici aussi, l’ouverture de la piste de Yamphudin…

Mamangke

Mamangke

L’Amrit guest house ne fait plus beaucoup d’affaires mais nous accueille dans ses chambres improbables avec lits-planches. Il y a un tamarillo dans le jardin, mais la didi garde les fruits pour elle.

15h, le soleil est déjà derrière la crête. Pas de douche ce soir, un peu de lessive urgente qui aura peu de chances de sécher d’ici demain. Laxman attrape un peu d’internet mobile, me fait un hotspot, juste assez pour un message de bon anniversaire à maman. Un message aussi à Heidi que je retrouverai dans sept jours maintenant.

16h30, la doudoune s’impose.

Phumphe Danda

Phumphe Danda

Pas le meilleur sommeil sur cette planche avec tapis, mais sur une nuit de dix heures, ça fait quand même la dose de repos.

De Phumphe Danda à Kande

Au podomètre : 23’257 pas / 17.8 km ; montée 875 m. Altitude début 1820 m, altitude fin 2130 m

Départ dans l’ombre le long de la nouvelle piste de jeep, encore en chantier ; puis on tire vers le haut pour retrouver un joli sentier balcon, plat Népalais.

C’est la forêt tropicale de nouveau, avec acacias et cardamomes (alaichi) avec arrosage au carrousel. La graine fraîche est très aromatique, avec un petit goût de menthe.

Arrêt sur un belvédère avec stèles funéraires (sotaro). Vue sur les collines et le chemin vers Kande sur la droite. Le sentier continue dans la forêt. Ukalo, oralo pour passer des petites cascades.

Une bonne montée franche et on arrive à Kande / Sinchewa Bhanjyang juste à l’heure pour le dal-bhat de midi. Installation au homestay communautaire de Kande. Selon le livre il y avait trois lodges ici il y a six ans, selon la carte deux, en réalité un… la piste à Yamphudin, plus de touristes ici. Pourtant Kande est joli, bien exposé sur un col, le coucher de soleil ne sera pas avant 16h45 selon Peakfinder.

Kande

Kande

Mais on n’en est pas encore là. D’abord la douche et un peu de lessive urgente. Puis le dal-bhat. Ensuite, après-midi en douceur. Explorations au temple sur la butte. La forêt au-dessus est épaisse, pas de vue vers les sommets ; mais en marchant 600 m le long de la piste vers le sud, il y a une belle vue dégagée du Kumbhakarna au Koktang, avec le Kanchenjunga bien sûr. Ma session dessins est l’attraction pour les enfants du village.

Le tenancier prépare du jhal muri, le plat de riz soufflé que j’avais mangé à Naubise il y a 15 ans déjà, et le sert avec un morceau de carton comme cuiller.

Kande

Kande

16h30, le soleil tombe et la doudoune reprend du service. Promenade du soir au point de vue pour le même panorama avec coucher de soleil. Repli dans la salle commune pour le second dal-bhat de la journée, un bout de réseau téléphone pour un SMS à Heidi et un bon anniversaire à maman.

Lecture dans la salle commune (non chauffée, on perd de l’altitude) jusqu’à 20h, puis il devient clair qu’on attend sur moi pour se coucher. OK, sooba ratri !

Une nuit plutôt bonne en pliant en deux l’espèce de gros duvet et en le posant comme matelas pour adoucir les rigueurs du lit-planche.

Près de Kande, vue sur le massif du Kanchenjunga vers le nord-est

Près de Kande, vue sur le massif du Kanchenjunga vers le nord-est

De Kande à Lali Kharka

Au podomètre : 21'706 pas / 16.4 km ; montée 791 m. Altitude début 2130 m, altitude fin 2270 m Zam-zam ! La piste de jeep arrive maintenant à Kande mais on ignore la Mahindra Bolero pour suivre la piste un petit moment, puis dégringoler de 700 m pour aller traverser un « motorable bridge » tout neuf.

Remontée du fond de la vallée par un village étalé sur la pente ensoleillée. Rizières en terrasses, poinsettias, grosses abeilles qui butinent. Ça monte dur et il fait chaud !

Avec l’ouverture de la piste de jeep, les sotaros, places de repos pour porteurs décorées de stèles funéraires, vont à l’abandon et c’est bien triste.

On approche de 10h, les écoliers et écolières en uniforme se hâtent. Pour le dernier bout avant Lali Kharka, la piste de jeep a pris la place du sentier en légère montée. C’est un peu poussiéreux et on n’est pas fâchés d’arriver et commander le dal-bhat après quatre heures de marche.

Lali Kharka

Lali Kharka

Le home stay Lali Kharka camp a connu des jours meilleurs. Là, il fait poussiéreux et un peu mité. C’est peut-être pour y remédier que le tenancier a mobilisé un saint homme qui débite des pujas tout l’après-midi.

Le soleil se cache derrière la crête à 14h30 et le froid du soir vient tout de suite. Encore quatre heures jusqu’au dal-bhat.

Même la chienne de la maison fait misérable avec poil collé et queue coupée.

Lali Kharka

Lali Kharka

Dzaro ! Je rajoute la doublure de parka entre la doudoune et la polaire et me réfugie à la cuisine enfumée et moyennement propre (le même balai sert pour la table et le sol). Rien à voir avec la douce fin d’après-midi et le coucher de soleil glorieux de Kande hier !

La puja dure, enfle, toute la maisonnée participe au final. Pendant ce temps, le feu s’éteint. Agitation soudaine d’une jeep qui s’arrête, passagers qui descendent. Enfin la puja est terminée, le feu ranimé. Le dal-bhat est servi à 19h30, un record de veillée longue ! Le saint homme absorbe deux kanchenjungas de bhat, la puja l’avait mis en appétit.

Dernière nuit de confort réduit, de nouveau avec la couverture (douteuse) pliée à double sur le lit-planche.

Lali Kharka

Lali Kharka

De Lali Kharka à Taplejung

Au podomètre : 30’111 pas / 23 km ; montée 620 m. Altitude début 2270 m, altitude fin 1830 m

Ce matin, des nuages bouchent les crêtes… pour souligner la chance qu’on a eue jusqu’ici. Pas de Kanchenjunga du matin donc.

Zam-zam par la piste de jeep, avec quand même quelques lacets à couper, en montant les 360m jusqu’à Deurali Bhanjyang, d’où la piste descend vers Suketar-Taplejung ou monte vers Pathibara. On suit la piste jusqu’à l’aéroport de Suketar, pas très intéressante avec l’horizon nuageux. Une dégringolade d’escaliers enfin jusqu’à Taplejung : 600m de descente, environ 3000 marches… content de passer le kani (portail d’entrée) !

Deurali

Deurali

Taplejung ! Une grosse douche chaude, dal-bhat, passage chez le coiffeur-masseur et promenade de l’après-midi en remontant les marches du matin.

Il y a deux gompas dans les hauts de Taplejung : le Gurung, un peu ancien, et le Sherpa, tout neuf. Et puis les restes du grand festival d’il y a 18 jours.

Un en-cas de petites bananes et retour à l’hôtel pour la mise en ordre des petits dessins en attendant le dal-bhat du soir, annoncé à 19h30, le rythme de la ville !

Demain le bus pour Birtamod, départ à 6h…

Ambiance coupe du monde de football, ce soir Suisse-Brésil, heureusement ma chambre est un peu plus loin. Dodo.

Taplejung, gompa Gurung

Taplejung, gompa Gurung

De Taplejung à Katmandou

Traversée matinale de la ville jusqu’à la station de bus, et on embarque tous les trois sur la banquette arrière d’un grand bus Tata, trente places assises bien serrées, une quarantaine de passagers. La route dégringole vers la Kabeli Khola, puis remonte pour suivre la crête, redescend sur Phidim, on y est passés il y a dix-neuf jours. Belles vues de fond sur les Himalayas qui s’éloignent, impressions fortes des nids de poule et secousses en tous genres.

Phidim, arrêt mo-mos. Surprise à la sortie : une roue avant est en opération à cœur ouvert, les garnitures de freins se décollent des mâchoires. Un atelier mécanique en plein air entreprend de goupiller tout ça. Zen, ça se passera bien.

Une pimpante Mahindra Bolero a deux places pour Birtamod. Et même les deux places biz à l’avant ! Laxman et moi embarquons, Soroz reste avec le bus pour Katmandou. Nouveau départ, un peu plus véloce et confortable ; hum, peut-être pas pour les quatre passagers de la banquette arrière et les trois du coffre.

Dans les collines avant Ilam, le massif du Kanchenjunga semble flotter en l’ai comme un gros nuage.

Un morceau de fromage pour passer le temps : consistance et goût d’un morceau de bois. Belles lumières de coucher de soleil tropical en arrivant dans la plaine du Gange, Birtamod à la nuit tombée.

Phidim

Phidim

Pas grand-chose à dire sur Birtamod : ville étalée et poussiéreuse, hôtel pas très propre et plutôt laid, fondu enchaîné entre les pigeons de la nuit, les coqs de l’aube puis les moteurs de la gare routière pour assurer le fond sonore malgré les tampons dans les oreilles. Quand même le plaisir d’une bonne bière fraîche avant le dal-bhat du soir, et un déjeuner roti-curry (veg) intéressant. Promenade du matin avec Laxman à la recherche des curiosités annoncées sur la carte : « château » inexistant, temple en vrai béton. On tombe quand même sur un marché aux bananes coloré.

Une imposante Mahindra Scorpio nous pousse (juste nous deux) à l’aéroport de Bhadrapur, le vol Shree Airlines 942 pour Katmandou est presque à l’heure. Bon, le siège 10D est avec vue sur le moteur tribord, mais de toute façon il y a des nuages élevés, un fond laiteux ; restons sur les impressions glorieuses du vol aller il y a déjà vingt jours !

Arrivée à Katmandou la poussiéreuse, les yeux piquent déjà. Installation à l’hôtel Norbulinka.

Birtamod

Birtamod

Un bon plat de mo-mos au piment, puis shopping à Thamel avec une mission : trouver un yeti de décoration de sapin de Noël. Ça a l’air simple mais ça ne l’est pas. Proposition standard, pas de yeti mais un yak. Non, pas la même chose. Une commerçante plus loquace m’explique qu’avant le Covid il y avait des yetis mais plus maintenant… auraient-ils été victimes de la maladie ? Pour finir, victoire : deux boutiques me sortent de leurs stocks non pas le même yeti mais monsieur et madame, rien que ça. Avec des mini-lungtas comme guirlande.

Débriefing avec Shankar. Laxman est là aussi, il part probablement à nouveau la semaine prochaine, au camp de base de l’Everest… pas clair s’il est content des roupies ou s’il aimerait bien se reposer.

Le taxi pour l’aéroport est commandé pour 10h demain. Tout cela se fête : direction le Thamel House pour un full-set menu !

Katmandou

Katmandou

Retour vers Heidi au pays ! Un peu excité, tard au lit hier soir après paquetage, yoga et téléphone.

Déjeuner et promenade du matin à Thamel et Chhetrapati qui se réveillent : pujas et livraisons, ouverture des premières boutiques. Je me fais piéger dans une boutique de thés et épices… encore un cornet à fourrer dans le bagage.

Shankar passe à l’hôtel dire au revoir. Un coup de taxi pour Tribhuvan, au revoir à la ville pulsante et poussiéreuse.

Enregistrement et embarquement sans histoires. C’est après la fermeture des portes qu’on attend deux heures sur le tarmac que le contrôle nous donne le feu vert. Le pilote nous gratifie quand même d’un tour de carrousel après le décollage pour la vue à 360° sur les sommets au nord et les collines au sud. Les dix heures d’attente et vol conviennent juste pour le traitement des photos, heureusement qu’il y a une prise électrique au siège !

Le plan d’avoir un lit à Istanbul tourne court… dodo dans un canapé, nuit terrain avant la dernière ligne droite vers la maison.

Katmandou

Katmandou

Résumé de l’itinéraire

Au podomètre : total 457’482 pas / 345.4 km ; montée 12’135 m. Altitude maximum 5140 m

Randonnée dans le massif du Kanchenjunga

Randonnée dans le massif du Kanchenjunga

11-12-13 novembre 2022, en remontant la Ghunsa Khola de Sekathum à Ghunsa : grosse rivière rageuse et écumante entre les falaises serrées, puis gros torrent, mince cascade sous Gyabla. Journées courtes de novembre, froid le matin et le soir, chaud au soleil de midi. Chants d’insectes et galopades de langurs dans la forêt.

Du 15 au 18 novembre 2022, de Ghunsa à Pang Pema et retour

A Khambachen on est sortis de la forêt, à Lhonak on est au pays des glaciers. Et puis les sommets ! Pointant d’abord dans les trous des crêtes de vallées, puis en premier plan.

Les glaciers de fond de vallées sont un peu désolés, à 100 m sous la moraine et plein de gouilles.

C’est habité à l’année jusqu’à Khambachen, mais les lodges ferment maintenant et les tenanciers descendent en plaine où la vie est moins chère.

Côté nord du Kanchenjunga

Côté nord du Kanchenjunga

19-20 novembre 2022, traversée de la montagne entre la Ghunsa Khola et la Simbhuwa Khola. Tentative d’éclaircir le mystère des noms des cols, vues de l’Everest, du Makalu et du Kumbhakarna tout proche, vue des Kanchenjungas et des Kabrus à l’arrivée. Ciel clair jusqu’au soir et odeur des sumpathi dans les prairies d’altitude.

21-22 novembre 2022 : cirque sud du Kanchenjunga et descente de la Simbhuwa Khola. La plus belle promenade du monde ! Impressions dans le désordre :

  • Les sommets enneigés.
  • La lumière sur les glaciers suspendus.
  • Le parfum des sumpathi.
  • Le torrent en zigzags avec lacs gelés.
  • Le beau temps !
  • Les gentils yaks.
  • Les mouflons.
  • … et bien sûr l’aide de Laxman et Soroz !

Tout ça est désert en fin de saison touristique.

Le mystère des junipers - genévriers est résolu après coup. C’est du juniperus recurva alors que le cade genévrier de nos alpes est du juniperus oxycedrus ou communis, donc ils sont cousins. Techniquement le juniper / genévrier himalayen est un cyprès, mais les cyprès sont aussi cousins des genévriers. Les baies de genièvre sont des cônes ronds comme ceux des cyprès, elles dégénèrent en baies en mûrissant.

Côté sud du Kanchenjunga

Côté sud du Kanchenjunga

23-24 novembre 2022, de la Simbhuwa Khola à la Kabeli Khola

Un panneau indicateur farceur nous vaut une promenade aller-retour jusqu’à Yasang par les gorges de la Simbhuwa Khola. Retour à la case départ. Le lendemain est plus heureux : montée du matin dans la forêt gelée, vues sur le Kumbhakarna et le Makalu depuis Deurali Danda, dal-bhat terrain mais très bon servi par un ermite noir de suie à Lasiya Bhanjyang. Pendant la haute saison il est en famille selon le livre. Bien sûr tout est fermé hors saison. Descente par tous les étages de la forêt pour arriver 1450m plus bas à Yamphudin, impressions presque tropicales… jusqu’au soir.

De la Simbhuwa Khola à la Kabeli Khola

De la Simbhuwa Khola à la Kabeli Khola

25-26-27-28 novembre 2022, retour vers Taplejung

En quittant le circuit touristique, le confort descend de quelques crans et il faut s’accommoder des pistes de jeep, même si la circulation est presque inexistante. Plus de menus-fantaisies. C’est dal-bhat midi et soir. Au milieu de ce retour, une mention spéciale pour Kande, homestay sympathique et vue magnifique sur le massif du Kanchenjunga, avec du soleil jusqu’à 16h30 !

Toute la zone est habitée à l’année. Agriculture de montagne accrochée à la pente. Cultures de cardamomes un peu partout, très arrosées. C’est un marché en crise. Il y a quelques années le sac de 40 kg se vendait 130'000 roupies, maintenant plus que 32'000.

Présence de plus en plus forte des collines bleutées du pied des Himalayas. Avant la descente finale vers Taplejung, le col de Deurali et la route qui part au nord le long de la crête vers Pathibara, lieu de pèlerinage pour les Indiens.

Retour à Taplejung

Retour à Taplejung

Gastronomie autour du Kanchenjunga

Commençons par l’essentiel : one dal-bhat a day keeps AMS away. Nepali thali (plat Népalais), ou simplement khana (nourriture), ou dal bhat : un bol de soupe de lentilles ou haricots (dal) avec un Kanchenjunga de riz (bhat), des légumes, su sargh (feuilles de bettes) et une préparation pimentée (pickle) pour relever. Un papad (galette fine de lentilles) frit pour faire joli. En altitude, le légume se réduit à des patates et le sargh disparaît. Passé Selele, le papad disparaît, il reviendra à Taplejung. Mystérieusement, il est remplacé par une galette aux crevettes un soir. Le dal-bhat n’est pas monotone ! Il est chaque fois différent. Le meilleur était à Lassia Bhanjyang, avec coriandre dans le dal et cardamome dans le sargh.

On prend l’option végétarienne bien sûr : à voir les conditions de transport et conservation de la viande, c’est évident.

Le supplément arrive d’office, en principe de tout à volonté. Je reprends du dal et du sargh.

Presque partout sur le circuit touristique, il y a un menu imprimé pour les autres options : mo-mos, thupka etc. jusqu’à des aberrations comme la pizza, ne pas essayer.

Les mo-mos sont des beignets de légumes cuits à la vapeur. Servi avec une sauce gingembre – piments, c’est meetosa ! Eviter les variantes à la viande, aux patates, au fromage.

La thukpa ou thentuk est une soupe épaisse aux nouilles et légumes, éventuellement avec œuf.

Eviter le chow-mein, en fait des spaghettis au chou. Le riz frit avec légumes et œuf est OK.

Laxman a monté une douzaine de très bonnes pommes dans son sac, qu’il m’a servies en dessert, une par jour, débitées en morceaux. A Lhonak, il a fallu d’abord la dégeler à l’eau chaude.

Pour déjeuner, un tsampa-porridge, farine d’orge grillée délayée au lait, ou du pain tibétain, entre le chapati gras et le beignet.

Et tout ça arrosé de thé au lait, dudh chiya !

Gastronomie au Kanchenjunga

Gastronomie au Kanchenjunga

Logement autour du Kanchenjunga

J’ai été surpris du confort. Sur tout le circuit touristique d’Itahari à Yamphudin, les matelas étaient bons et les couvertures étaient presque propres, ça tombait bien parce que le sac de couchage de location n’était pas très chaud.

Les derniers jours à Phumphe Danda et Lali Kharka notamment, ça ressemblait plus à ce que j’attendais : plafond bas et lit planche.

Bon, si on veut que tout soit propre et net, là, ça pose problème ; mais prenons le Népal comme il est !

Les chambres exigües sont la norme. Pas de souci étant tout seul, mais à deux dedans, ça demande un peu d’organisation. Je m’en étais bien accommodé autour des Annapurnas il y a 15 ans.

Les fenêtres sont garnies de plastique transparent à basse altitude, de persiennes en bois plus haut. C’est mieux : de toute façon il fait froid dès que le soleil s’en va.

Il y a la lumière électrique presque partout, même à Lhonak ; solaire sur batteries sauf à Itahari, Ghunsa et Yamphudin où une brave turbine assurait.

Pas de WC en suite sur ce circuit, mais à Ghunsa il y avait des lodges qui proposaient ça. On n’a pas envie de devoir sortir par -10 ou -15°C au milieu de la longue nuit, de 20h à 6h ; ça demande un peu de concentration et de technique.

La salle commune est chauffée avec un calo à bois quand on est dans la forêt (pas de souci de déboisement au Kanchenjunga). Au-dessus, c’est du feu de bouse de yak. Les tenanciers dorment dans la salle commune, c’est pour ça qu’on se retire en chambre à 20h. Là, comme on était limite hors saison avec souvent pas d’autres touristes, pas de chauffage à la salle commune, tout se passait à la cuisine.

… et pas de wifi du tout sur le circuit, pas de réseau téléphone mobile, sauf pour les habitants et guides qui ont une puce spéciale.

Logement au Kanchenjunga

Logement au Kanchenjunga

Kanchenjunga pratique

On ne part pas comme ça se promener dans le massif du Kanchenjunga. Il faut un permis. Le camping en-dehors des emplacements est interdit, marcher la nuit aussi. L'accompagnement par un guide breveté est en principe obligatoire. La police est plutôt laxiste dans l’application de cette règle et les guides en sont vexés.

Pour moi pas de souci, c'est la quatrième fois que Shankar d'Adventure Magic m'organise une randonnée et c'était très bien chaque fois : (http://www.adventurehikenepal.com, info@adventurehikenepal.com. J'ai passé l'âge de perdre deux jours au début à organiser permis et transport, de fatiguer sous un sac qui contient le minimum et de galérer avec les didis et tenanciers de lodges. Je pars d'office avec guide et porteur.

Le livre de Siân Pritchard-Jones et Bob Gibbons A trekking guide to Kanchenjunga, ISBN 9798555813022, est plein de bons renseignements mais assez inexact sur les lodges bien sûr, ça change tout le temps, mais aussi sur les chemins et les ponts, en bien meilleur état que décrit dans le livre. Les cartes peu claires sont regrettables. Les photos sont petites et noir-blanc, mais on en trouve des belles en suivant l’itinéraire sur Google Earth.

La carte Kanchanjanga de Nepal Map Publisher, ISBN 9789937649612, 1:120'000, annonce une mise à jour permanente. Elle n’indique pas tous les chemins, notamment le nouveau de Tortung à Yasang… Elle est plutôt exacte mais à cette échelle et avec 80 m entre les courbes de niveau, pas de miracle, il faut deviner.

L’application Peakfinder indique les noms et altitudes des montagnes en vue. Elle permet aussi de prendre une photo avec informations sur les sommets. Attention, il faut charger le modèle de terrain avant de partir, et s’assurer qu’on a bien le dernier modèle détaillé. Une fois sur place, plus de réseau pour ça.

L'application Topo Map+ de OpenStreetMap contributors apporte un complément très précieux. Pour un prix modique, je charge les cartes *très* détaillées avec 10 m entre courbes de niveau sur mon smartphone. Le GPS fonctionne avec le téléphone en mode avion, pas de soucis de batterie ou de réseau. Les chemins sont bien indiqués. Un regret, les indications de noms de lieux sont minimales.

L'application Maps.me https://maps.me/ prend le relais pour ça. Elle n'indique pas bien le relief mais est gratuite, fonctionne aussi avec le GPS et en mode avion, indique les chemins et les bâtiments avec précision, tourne en ridicule les applis pitoyables de Google et Apple. Elle est très précieuse à Katmandou.

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17 mai 2019 5 17 /05 /mai /2019 19:06

Une belle randonnée à la frontière Tibétaine au centre-nord du Népal, quinze jours et demi de marche. Détails pratiques à la fin de l'article.

Premières idées de Manaslu

Premières idées de Manaslu

27 mars, on y est ! Soirée paquetage la veille, il me tarde d'y être déjà. Les nuits commençaient à être légères. Le matin du départ, il fait un grand soleil de bise à Lavaux. Promenade matinale dans les vignes, deux coups de train pour l'aéroport, puis deux coups d'aile pour Katmandou en laissant le Tadjikistan sur bâbord. En style : j'avais épongé les miles de prime pour m'offrir la biz. Vivement les grandes montagnes !

En route pour Katmandou; panorama avant l'atterrissage
En route pour Katmandou; panorama avant l'atterrissage
En route pour Katmandou; panorama avant l'atterrissage

En route pour Katmandou; panorama avant l'atterrissage

28 mars, Katmandou

C'est un voyage sans histoires. Quatre heures au salon d'Istanbul ne sont pas un désagrément. Un peu de retard à l'arrivée : c'est l'embouteillage au sol à l'aéroport, l'avion fait des ronds pendant une demi-heure avant l'approche d'atterrissage, on profite du panorama sur les montagnes sans nuages.

Immigration, bagages, Shiva m'accueille à la sortie pour m'emmener à l'hôtel Thamel. Passage au bureau de l'agence pour namaster Shankar et promenade de l'après-midi dans les rues encombrées.

Thamel devait être fermé à la circulation… mais pas encore. Ça reste poussiéreux et mouvementé. Mini-shopping, session cartes postales, puis briefing à l'hôtel avec Shankar et Shiva qui confirment le départ demain matin en jeep jusqu'à Sotikhola, la vallée de Tsum jusqu'à Mu Gompa et la boucle du Manaslu jusqu'à la Marsyandi. Shankar m'emmène pour un souper de gala au Thamel House, en transformation, pas de spectacle mais tout est toujours très bon. Séance paquetage du soir, examen critique de chaque pièce, les sacs sont prêts. Dodo.

Katmandou; sur la route
Katmandou; sur la route

Katmandou; sur la route

29 mars, de Katmandou à Sotikhola

Méthode de Brahim au tassili n'Ajjer : dire trois fois Bismillah en bouclant le chargement avant de partir. Ça ne peut pas faire de mal en tout cas. Shiva et Dawa sont là, les sacs sont bouclés. Une petite attente rituelle et une puissante Mahindra Scorpio est là pour nous emmener. La première heure se passe au ralenti dans les embouteillages de Katmandou aggravés par des travaux d'amélioration routière. Une petite sieste dans la brume, je me réveille dans la vallée de la Thopal Khola. La sieste n'aurait pas pu durer plus : fini le bitume "sealed road", on attaque la piste, d'une colline à l'autre, poussière et cahots. Arrêt dal-bhat (base de la cuisine Népalaise : du riz, de la soupe aux lentilles, un curry de légumes et un condiment) de 11h, quelques dernières collines avant de descendre dans la vallée de la Budhi Gandaki, Arughat et encore un bout de poussière jusqu'à Sotikhola. Débarquement à l'ABC hotel. Affordable, beautiful & clean, précise la pancarte. C'est le début d'après-midi, il fait chaud, on ne commencera pas à marcher aujourd'hui.

Je pars quand même en promenade en suivant la route encore fermée mais déjà tracée après le pont suspendu : un gué fait l'accès de chantier. J'ai l'idée d'aller jusqu'au début du sentier mais dois vite renoncer, la route continue bien loin. Retour à Sotikhola, une douche et une bière fraîche.

Il y a un projet hydroélectrique dans la vallée : 200 MW me dit Shiva en ouvrant grand les yeux. En réalité 1'200 MW. Oui, j'avais vu passer ce projet de Budhi Gandaki. C'est Gezhouba qui va réaliser.

Le souper est tranquille, il y a là deux Australiens et un groupe de Tchèques que je reverrai plus haut. Invasion de termites tout d'un coup, c'est la saison dit Shiva.

Au lit avec ma nouvelle lecture, le premier volume des enquêtes de l'inspecteur Chopra, nuit en pointillés.

Sotikhola, Budhi Gandaki
Sotikhola, Budhi Gandaki
Sotikhola, Budhi Gandaki

Sotikhola, Budhi Gandaki

30 mars, de Sotikhola à Tatopani

Au podomètre : 28286 pas ; montée 427 m. Altitude début 700 m, altitude fin 990 m

Sept heures, 700 m, 24°, nuageux en fond de vallée. Ça commence sur les traces d'hier, avance facile sur la route tracée mais pas encore ouverte à la circulation. La poussière reste au sol. Le pittoresque souffre bien sûr : le sentier coupé dans la falaise est maintenant une grosse piste, il faut beaucoup d'imagination pour se représenter les perspectives vertigineuses du livre. La piste coupe aussi les montées et descentes du "Nepali flat". Il y a plusieurs petites usines hydroélectriques, un gros chantier d'école profite des premiers transports par camion.

Une famille de singes langurs dans les arbres, végétation tropicale, bananiers, chants d'insectes et d'oiseaux.

10h15, arrêt pour le dal-bhat du matin à Machhakhola, 925 m. La jeune fille de la maison porte un torchon parfaitement plié sur la tête, comme pour charger un panier.

Machhakhola, Budhi Gandaki
Machhakhola, Budhi Gandaki
Machhakhola, Budhi Gandaki

Machhakhola, Budhi Gandaki

Après Machhakhola, le chantier de route est beaucoup moins avancé. Il reste des ponts suspendus aux traversées, les creux et les bosses sont encore bien là. Des équipes s'occupent de miner les bosses. En fait on suit le chantier de route toute la journée aujourd'hui et une petite partie de demain.

La marche de l'après-midi n'est pas bien longue, deux heures jusqu'à Tatopani, mais il fait chaud, toujours dans la forêt touffue au fond des gorges, chants d'insectes et d'oiseaux. Arrêt pour aujourd'hui, toilette et lessive à la source d'eau chaude. Le groupe de Tchèques vu hier soir à Sotikhola arrive, un peu transpirants, ils portent tout leur paquetage.

Petits dessins en buvant une Gorkha tiède - pas d'électricité ici, et la source est… chaude, pour y tremper les bouteilles ce n'est pas le top.

Une procession de porteurs de poteaux de clôture usagés passe. A cinq poteaux chacun, il y en a bien deux cents. Ils veulent les utiliser pour construire une école.

Khorlabesi, Budhi Gandaki
Khorlabesi, Budhi Gandaki
Khorlabesi, Budhi Gandaki

Khorlabesi, Budhi Gandaki

Shiva et Dawa sont frères, originaires d'un village perché au-dessus d'Arughat. Shiva est guide diplômé, ne fait que ça. Dawa termine un bachelor de sciences sociales. L'après-midi se tire. Il tombe quelques gouttes, redéploiement de la lessive mise à sécher. Inquiétude météo, le guide des Tchèques explique qu'il y a quelques jours il y avait 2 m de neige sous le col. Les groupes descendants qu'on a croisés ne sont pas tous les allers-retours de la Tsum mais aussi des retours forcés, impossibilité de passer le col. Les Tchèques consultent mon livre, demandent s'ils peuvent échanger leur permis Larkya contre un permis Tsum à Jagat… J'ai plus de chance, le détour prévu par la Tsum donnera peut-être à la neige le temps de fondre ? Entre ces discussions et l'inspecteur Chopra, lecture décidément sympa après la marche, ça fait un bon bout de soirée, il est déjà passé 21h ! Le lit est dur, c'était attendu, mais avec un stilnox j'arrive à chasser les pensées parasites du bureau et de la maison, la nuit est tout à fait correcte vu les circonstances.

Au matin, en repliant les habits mis à sécher, je les trouve tout pleins de paillettes de mica, l'eau de la source chaude. A part être chaude elle ne doit pas être très bonne. Il y a plusieurs personnes carré-bossues par là et Shiva fait la grimace au sujet du remplissage des gourdes.

Tatopani, Budhi Gandaki
Tatopani, Budhi Gandaki

Tatopani, Budhi Gandaki

31 mars, de Tatopani à Philim

Au podomètre : 30840 pas ; montée 994 m. Altitude début 990 m, altitude fin 1570 m

Sept heures, 1010 m, 19°. Les nuages et les gouttes d'hier soir se sont dissipés, le bleu pointe tout là-haut au-dessus des gorges. On commence par traverser le pont suspendu juste en amont de Tatopani et tout d'un coup le décor change : raidillons qui montent et descendent joyeusement, oui, c'est bien le Népal. Ukalo (montée), oralo (descente), on traverse un grand pont suspendu, nous voilà à Dobhan. Ukalo, oralo, cascade, voilà Yaruphant. Les rumeurs de la vallée mettent le barrage par ici avec courbe de remous à Jagat. En réalité le barrage sera près de la confluence avec la Trisuli et le courbe de remous arrivera entre Arughat et Sotikhola, mais c'est vrai, avec un petit seuil de prise ici c'est possible d'équiper une jolie chute.

Après Yaruphant, la vallée s'élargit, on change de paysage. Encore un verrou, on est à Jagat, gros bourg, rues pavées en escaliers, lodges coquets. 10h30, c'est l'heure de la pause-dîner : un dal-bhat très correct au Jagat guest house, une didi (grande sœur, tenancière de lodge) imposante. L'autre touriste, descendant, était dans la Tsum, a trouvé un peu de neige à Mu Gompa.

Jagat, Budhi Gandaki
Jagat, Budhi Gandaki
Jagat, Budhi Gandaki
Jagat, Budhi Gandaki

Jagat, Budhi Gandaki

Après Jagat, fini le chantier de construction routière. Depuis un moment le sentier en rive gauche évitait le chantier mais c'était les ronflements des compresseurs et le tac-tac des marteaux-piqueurs. Là, on suit un petit sentier charmant à flanc de falaise, petite compensation pour la traversée Sotikhola - Lapubesi aplanie par la route. Puis, ukalo, oralo, les villages de Salleri, Sirdibas, Ghathekhola (où est Cocakhola ?), un grand pont suspendu pour passer en rive gauche, un bon raidillon et nous voilà à Philim.

Le vent nous a bien accompagnés ce début d'après-midi et il fait soif ! Arrivée au lodge, petits chalets charmants, une douche chaude et voilà la pluie qui commence avant d'attaquer une Gorkha bien fraîche.

Après-midi tranquille à Philim : un groupe de moines vient faire une bénédiction du lodge en règle, puis un moment sympa avec le garçon le la maison et mes dessins. Des travaux d'alimentation en eau aussi, le chemin devant le lodge ouvert, les commentaires des passants, une dame qui semble avoir abusé du rakshi (alcool distillé)…

La limite entre pays Gurung et Tibétain est floue. Ça commence à Jagat mais à Philim c'est franchement Tibétain. En fait il y a un flou sur "Tibétain". Il y a eu des mouvements de population en 1950 mais Shiva assure que ces vallées étaient Bouddhistes de culte Tibétain bien avant.

En écoutant tonner l'orage du soir, bavardage de souper avec les autres pensionnaires, un couple de jeunes Lucernois, en panne digestive depuis deux jours, les pauvres. Ils sont partis pour le Larkya La, se demandent s'ils ne vont pas devoir abandonner pour raisons sanitaires. Il ne fait pas froid, mais un peu cru avec l'humidité. La doublure de parka vient renforcer la polaire.

Philim
Philim
Philim
Philim

Philim

En remontant la Budhi Gandaki, du 30 mars au 1er avril

Budhi Gandaki nadi, la rivière appelée "vieille" : pas la peine de parler des sommets, de toute façon on est en fond de gorges quasi tout le temps. La route progresse. Elle est ouverte à la circulation jusqu'à Sotikhola mais ensuite bien tracée jusqu'à Tatopani, puis en travaux jusqu'en face de Chisopani, bruits de marteaux piqueurs et de compresseurs. Le projet est de pousser comme ça jusqu'à Samagaon et ensuite passer un des cols vers le Tibet.

Entre Sotikhola et Lapubesi, il y avait le célèbre sentier dans la falaise, remplacé par une large piste. Macchakhola, gros centre de chargement de trains de mules ; les camions peuvent monter jusque-là. A Tatopani (tato = chaud, pani = eau, tatopani = eau chaude), les maisons seront rasées pour faire de la place pour la route. En amont de Tatopani, on quitte la route pour un sentier en rive gauche. Entre Dobhan et Yaruphant, les gorges sont très resserrées. Au-dessus de Yaruphant, il y a un replat et le sentier prend une passerelle accrochée à la falaise en rive gauche. Au-dessus de Jagat, c'est le plat népalais "a little bit up, a little bit down". Après Philim, un beau sentier en balcon puis les gorges se resserrent après Chisopani.

1er avril, de Philim à Chumling

Au podomètre : 30348 pas ; montée 1253 m. Altitude début 1570 m, altitude fin 2386 m

Sept heures, 1630 m, 14°. C'était plutôt une bonne nuit. Au matin, l'orage est allé se faire entendre ailleurs, le soleil levant allume les premières vues de sommets vers le nord. La jeune Lucernoise me confie, défaite, que la nuit a été mouvementée. Les pauvres. Zam-zam (en avant) dans le coteau à l'ombre. Chisopani, (chiso = froid, chisopani = eau froide), grosse fontaine au bord du chemin, on fait le plein d'eau. Ukalo, oralo, le chemin serpente entre les ressauts et les creux, la rivière gronde au fond des gorges.

Basse Budhi Gandaki
Basse Budhi Gandaki

Basse Budhi Gandaki

Voici la bifurcation vers la vallée de Tsum. On prend à droite le raidillon qui part à l'assaut du verrou ; le pont et le chemin vers Deng, ce sera plus tard. La montée est facile dans l'ombre et la forêt légère. Un chantier de kani (portique monumental) en béton, concassage des agrégats à la main, une semelle trouée pour tenir le morceau sous la masse. Voici un mini-lodge adossé à la falaise. Cinq minutes d'arrêt pour souffler.

Plus loin, le sentier est charmant : premiers rhododendrons en fleurs, rayons de soleil comme on fait le tour du verrou. Le grondement de la Budhi Gandaki aux eaux grises s'éloigne, la Siyar Khola est plus discrète et plus claire.

On passe et repasse deux filles, chacune avec un énorme bidon sur le dos.

Shringi Himal
Shringi Himal

Shringi Himal

Les rhododendrons sont en fleurs. Ici, ce n'est pas les arbres de 20 m, mais quand-même c'est autre chose que nos buissons. Les gros bouquets de fleurs se détachent sur le ciel ou sur la falaise sombre.

9h30, Lokpa, on a déjà fait l'étape de la matinée, il n'y a plus de ravitaillement jusqu'à Chumling. Arrêt dal-bhat sur la terrasse ensoleillée de la Tsum Valley guest house. Les contreforts des monts Ganesh nous dominent au sud-est. Un pic glacé étincelle en arrière-plan : le Tewa Himal ?

Soupe aux lentilles avec la première vue sur les sommets et une pensée pour David, pas celui de 2018 mais celui de Nurek.

Un couple de jeunes Bretons descend de Mu Gompa, pas embêtés par la neige, continue vers Deng et espère passer le Larkya La.

Instabilité printanière : vers midi ça commence à bourgeonner sur les sommets. Bientôt l'orage grondera.

Zam-zam ! On commence par descendre au bord de la Siyar Khola, passer un pont dans une forêt tranquille accrochée à la pente. La descente ne dure pas. Après le deuxième pont, une passerelle est accrochée à la falaise, monte tout doucement au-dessus de l'eau.

Lokpa, Tsum Valley
Lokpa, Tsum Valley

Lokpa, Tsum Valley

Les choses se gâtent après la passerelle : un raidillon de 500 à 600 m dans la forêt accrochée aux pentes, avec le vent qui remonte la vallée. Ça n'en finit pas, et l'orage menace. A la descente sur la rivière, il tombe quelques gouttes. La teahouse au pont sous Gumlung est réparée. Encore 30 minutes de bonne montée et nous voilà à Chumling… deux minutes avant que l'orage éclate, violent.

Une douche froide, vite, en profitant de la bonne chaleur de la montée. Je suis glacé en sortant. Pas de bière cette fin d'après-midi tranquille, parties d'échecs avec Shiva, trop fort pour moi, et avec Dawa, je me défends.

Chumling, Tsum Valley
Chumling, Tsum Valley
Chumling, Tsum Valley
Chumling, Tsum Valley

Chumling, Tsum Valley

La salle commune du Tashi Delek lodge rappelle celles du Khumbu avec la banquette qui fait le tour, les tables pas pratiques et les décorations Bouddhistes. La fille des tenanciers en costume Tibétain pour la soirée, les chiots qui jouent un peu partout. Dal-bhat du soir, besoin de me réchauffer décidément après cette douche, traîner un peu avec l'inspecteur Chopra et dodo.

Nuit en pointillés, ponctuée de doutes : c'est le bruit de la pluie, ou de la rivière ? Même pas froid, juste la bonne température avec le sac de couchage ouvert, 11° dans la chambre le matin. La crêpe épaisse au miel devient une habitude de déjeuner. En tout cas elle tient au corps et accompagne bien le thé masala.

2 avril, de Chumling à Chhokang Paro

Au podomètre : 26498 pas ; montée 966 m. Altitude début 2386 m, altitude fin 3080 m, point haut 3230 m

Sept heures, 2380 m, zam-zam. Les nuages qui bouchaient le ciel se sont dissous au lever du soleil. C'est le grand beau temps. Aujourd'hui ça commence gentiment à flanc de coteau jusqu'au pont de Domje. Langurs dans les arbres, autres singes qui gambadent dans les prés, le Shringi Himal à gauche et le Ganesh 2 à droite, que du bonheur.

Après le pont, changement de ton. Le sentier part bien raide à l'assaut du verrou, vers Gho et Chhokang Paro, en lacets et traversées avec des perspectives aériennes sur la Siyar Khola en-dessous. Un pas de côté et on parle de toi au passé.

Chumling, Tsum Valley, langurs, singes
Chumling, Tsum Valley, langurs, singes
Chumling, Tsum Valley, langurs, singes

Chumling, Tsum Valley, langurs, singes

Une petite pause au pont de Domje avant d'attaquer le raidillon. On quitte les champs de blé et maïs verts pétants. Belle vue sur Rainjam ; les pics de Ganesh et le Tewa Himal à droite occupent le décor. Ça commence à bourgeonner sur Ganesh…

C'est les derniers rhododendrons, déjà plus petits. On est maintenant dans une forêt de de pins, les grands himalayens, comme des sapins avec double rangées d'aiguilles, pas les petits pins bleus de plus bas. La forêt est fleurie aussi, pleine de parfums agréables, il n'y a que dans les recoins humides qu'on renifle encore les odeurs acides de purin de mulets. C'est très calme : peu de touristes descendants, peu de trains de mulets, quelques dames occupées aux travaux des champs.

Domje, Tsum Valley
Domje, Tsum Valley
Domje, Tsum Valley

Domje, Tsum Valley

A Domje, un panneau annonce Yak Kharka à une heure. Pas de fausse joie, on n'a pas fini avec les mulets. Le temps d'y arriver c'est devenu Chauri Kharka : yak est le mot tibétain, en népalais c'est chauri. En tout cas pas de cornes de yaks en vue. Une pause pour le paysage. La montée n'est pas encore terminée ; là-haut sur le bord de la falaise une rangée de chortens annonce Chhokang Paro. Un dernier zam-zam et nous voilà à 11h30 au Tashi Delek hotel, fondé il y a 50 ans affirme le tenancier. Treize chambres ont récemment remplacé les dortoirs.

On s'attable tous avec bon appétit autour d'un dhindo, purée de farine d'orge grillée avec une soupe bien pimentée. Il faut rouler une boule de pâte, la passer dans la soupe et avaler sans mâcher. Je tire mon joker et demande une cuiller. C'est bien bon et ça dégage le nez.

On dit qu'à Chhokang Paro il y a plus de chortens que d'habitants. J'ai renoncé à compter les chortens… il y a encore les murs de manis (mur bas fait de pierres votives, en général gravées) et deux gompas (monastère, temple). En tout, une spiritualité florissante et affichée dans la pierre.

Chauri Kharka, Tsum Valley, premières vues sur le Ganesh 2
Chauri Kharka, Tsum Valley, premières vues sur le Ganesh 2
Chauri Kharka, Tsum Valley, premières vues sur le Ganesh 2

Chauri Kharka, Tsum Valley, premières vues sur le Ganesh 2

On a fait l'étape en 4h30 et dîné à Chhokang Paro au lieu de Domje… Pas question de se laisser refroidir, d'autant qu'il fait beau et qu'un chantier sous le lodge fait ronfler son groupe électrogène. Un raidillon part au-dessus du village vers un gompa réputé fermé. Je laisse Shiva et Dawa se reposer et j'y monte.

C'est une jolie petite grimpée au-dessus de Chhokang Paro et un beau panorama sur les Ganesh, le Churke Himal et le Kipu Himal. Un pâturage pour chevaux et vaches autour d'un hameau abandonné, un chemin de traverse et voici le gompa. Deux vieilles dames vivent à côté. Elles n'ont pas la clé mais encaissent l'obole.

A partir de Chhokang Paro il y a des plus petits corbeaux, comme des gros chocards avec bec orange. Dans les villages, ça reste surtout des grosses corneilles.

Retour au lodge, mise en ordre des dessins, encore une petite promenade et bavardages avec le tenancier. Au coucher du soleil, la température chute de quelques degrés.

Chhokang Paro, Galdang gompa
Chhokang Paro, Galdang gompa
Chhokang Paro, Galdang gompa

Chhokang Paro, Galdang gompa

Le lit était dur mais ce n'était pas une bonne idée d'empiler les matelas des deux lits. Le problème des matelas c'est qu'ils sont écrasés au milieu. Empilés, ça fait un gros trou qui reste dur. Bon, j'ai bien dormi quand-même malgré la sérénade des chiens. Il fait 6° dans la chambre le matin, ça fait 5° de moins chaque jour…

Tsampa (bouillie de farine d'orge grillée délayée dans le thé) pour le déjeuner. La belle salle commune est à l'étage, avec la cuisine. Dessous, c'est l'étable, pour donner un peu de chaleur. La banquette fait le tour de la pièce avec une place réservée au père "Seat only father - it's our culture thank you." Quatre grosses bassines en cuivre trônent sur les tablards : de l'eau dans celle de gauche, des boîtes de bière dans celle de droite, les autres boissons dans les autres. Les tables sont à hauteur de genoux et les banquettes sont assez larges pour dormir ; l'ergonomie est étudiée pour s'asseoir en tailleur plus que pour s'adosser.

3 avril, de Chhokang Paro à Nile

Au podomètre : 28855 pas ; montée 584.5 m. Altitude début 3080 m, altitude fin 3370 m, point haut 3600 m

Après la tsampa la doublure de parka est repartie dans le sac, mais on supporte la polaire pour partir dans la vallée encore dans l'ombre. Finie la forêt : des champs d'orge, blé, maïs bien verts occupent le fond de vallée, des landes de genévriers le flanc nord et des bouquets de mélèzes le flanc sud. Les villages sont en pierre avec quelques toits de tôle. Des chortens et murs de manis ponctuent le chemin. Les roues à prières sont rudimentaires, simples cylindres de tôle. Les dames portent le costume traditionnel. Les hommes peu nombreux, triste émigration, et les enfants, n'ont pas de costume. Shiva assure que les pommettes rouges des femmes et enfants ne sont pas du maquillage mais une couperose de froid.

Pas de mulets aujourd'hui : il y a des petits chevaux dans les prés et des yaks à partir de Lamagaon, avec boucles d'oreilles, cloche en acier et une pièce en T au bout du licol.

Haute Tsum
Haute Tsum
Haute Tsum
Haute Tsum
Haute Tsum

Haute Tsum

Un grand monastère tout brillant attire le regard à l'entrée de Lamagaon. Il n'est pas terminé, les ouvriers expliquent qu'il est en travaux depuis sept ans et qu'il y en a encore pour un an.

Un peu plus loin, après Burji, adossée à la falaise en haut du talus nord de la vallée, se trouve la vraie grotte où Vajrayana Mahasiddha Milarepa a vécu en ermite au XI° siècle. Ne pas faire attention aux imitations de Nyalam au Tibet ou de Manang en haute Marsyandi. Par la méditation il s'est affranchi de son passé de sorcier et meurtrier. Le Nirvana atteint, il a pris appui avec son pied contre le rocher de la grotte, un peu fort, il a laissé son empreinte, et puis il est allé convertir le Mustang. En tout cas on a de la chance, la clé est sur la porte de la grotte. Les deux sanctuaires, eux, sont fermés.

Retour au chemin : les villages et les champs s'enchaînent, moins verts que dans la basse vallée. Travaux de labours avec deux dzopkios (croisement de yak et de bufflonne ou vache) attelés à une charrue en bois avec soc doublé en tôle d'acier. Un très grand stupa tout d'un coup, puis les deux villages de Chhule et Nile juste après.

Lamagaon, Tsum Valley
Lamagaon, Tsum Valley
Lamagaon, Tsum Valley
Lamagaon, Tsum Valley

Lamagaon, Tsum Valley

C'est encore une petite étape : de Chhokang Paro à Nile, quatre heures plus la visite de la grotte de Milarepa. On arrive juste à temps pour le dîner. J'essaie le thenthuk, soupe traditionnelle locale de grosses nouilles avec légumes et œuf.

Nile, haute Tsum
Nile, haute Tsum
Nile, haute Tsum

Nile, haute Tsum

Salle commune de la Nile Norling guest house, le vent qui remonte la vallée crie par toutes les jointures de la maison. Pas question de rester dedans par ce beau temps : petite promenade de l'après-midi en remontant la rive droite jusqu'à la petite usine hydroélectrique, montée à l'ouvrage de mise en charge et à la prise d'eau. Ce n'est pas mal fait mais la conduite en PEHD est posée directement dans les cailloux. C'est bête, elle ne durera pas.

Retour, ça se couvre et je me retrouve dans la salle commune pour la fin de l'après-midi, à socialiser avec les autres randonneurs. Un thé salé au beurre rance pour lutter contre le froid. Shiva a une autre méthode, il a sorti sa doudoune.

Les Australiens font une drôle de tête en essayant de grignoter des boulettes de tofu séché. Ils ont trouvé ça à l'épicerie, sont un peu déçus. Je leur explique ce que c'est. Il y en aura avec le dal-bhat demain.

Après le souper, petite session wifi, coucou à Florian qui a attrapé une gastro-entérite à son stage en garderie, le pauvre. Pas de SOS des collègues sur la messagerie, je ne regarde pas les e-mails ! Vraiment, cette salle commune n'est pas la plus agréable. Tout le monde disparaît vers 19h30, je vais aux plumes à 20h.

Haute Tsum
Haute Tsum
Haute Tsum

Haute Tsum

4 avril, de Nile à Mu Gompa et Lar

Au podomètre : 27155 pas ; montée 563.5 m. Altitude début 3370 m, altitude fin 3245 m, point haut 3900 m

Une bonne nuit, vraiment, juste coupée par le vent rageur et par des galopades sur le toit. Surprise, au matin il ne fait pas froid, 8° dans la chambre. La tsampa matinale (avec raisins secs et miel, miam) pousse le thermostat intérieur, me voilà plein d'énergie pour la journée.

Le chemin part en rive gauche de la rivière, entre chortens et murs de manis. Un peu au-dessus de l'usine électrique, un petit pont et on monte en rive droite vers la piste. Un raccourci permet de terminer la montée sur un bon sentier bien pentu.

A mesure qu'on montait dans la vallée, Ganesh 4 se détachait derrière la crête de Landang Danda. Maintenant, il trône dans l'axe de la Siyar Khola.

En face, en rive gauche, c'est une vallée avec pâturages à yaks qui monte vers le glacier de Longnang, avec en arrière-plan le Taya Himal qui fait frontière avec la Chine. C'est le beau temps du matin, les nuages ne commencent pas encore à bourgeonner.

On est les premiers touristes à monter ; un Britannique descend, il a passé la nuit à Mu Gompa, pas enthousiaste au sujet du confort very basic. Shiva ajoute qu'il faut se débrouiller soi-même pour la cuisine. Nous voilà à Mu Gompa, 3700 m, deux moines ouvrent le sanctuaire pour faire leurs dévotions.

Mu Gompa, Ganesh 2
Mu Gompa, Ganesh 2
Mu Gompa, Ganesh 2

Mu Gompa, Ganesh 2

Mu Gompa est tout tranquille ce matin. Les grands blocs d'habitation peuvent loger des centaines de moines et nonnes pendant les fêtes. On profite du calme ponctué de mantras et roulements de tambour, baigné par la fumée de genévrier. Le sanctuaire est sombre. Les yeux distinguent en s'accoutumant les murs couverts de petites tuiles vernies à l'effigie de Chenresig, et les livres, une bibliothèque renommée paraît-il. Chenresig aux onze visages a aussi l'honneur de la statue centrale, flanqué de Guru Rimpoche (Padmasambhava, maître bouddhiste du 8ème siècle) avec sa moustache, deux Bouddhas et Milarepa avec la main à l'oreille. Cette représentation de Chenresig ou Avalokitesvara ou Padmapani incarne la compassion de tous les Bouddhas. Ce gompa n'est pas très ancien : cent ou cent cinquante ans.

Mu Gompa, Ganesh 4, Milarepa
Mu Gompa, Ganesh 4, Milarepa
Mu Gompa, Ganesh 4, Milarepa

Mu Gompa, Ganesh 4, Milarepa

Shiva ne connaissait pas le monastère de Dephu Donma signalé dans le livre. Ce gompa est beaucoup plus ancien, construit vers 1200. Un moine nous indique le chemin qui part au-dessus des blocs d'habitation. C'est une bonne grimpée dans un talus raide, lacets aériens dans les genévriers et arrivée spectaculaire par un petit pont sur une cascade. Il y a là cinq nonnes novices qui vivent à l'année. Une d'elles nous ouvre gentiment le sanctuaire avec statue centrale de Guru Rimpoche et deux murs couverts de peintures yab-yum (le Bouddha et Madame) dans toutes les nuances de couleurs. Elle nous équipe avec une ficelle-mani (bénédiction) comme collier pour les dangers du voyage, puis nous sert une tasse de thé sur la terrasse. Vraiment un autre accueil que dans les monastères plus touristiques !

Un raidillon dégringole entre deux cascades jusqu'à la route, puis c'est le chemin facile jusqu'à Nile et un bon dal-bhat. Dans la cour, le tenancier broie du genévrier pour parfumer la maison.

On ne reste pas là ce soir, on descend un peu dans la vallée en direction de Rachen Gompa. Sorti de Nile, le vent ne gêne plus, le sentier est facile et on descend en bavardant. Arrêt à Lar, Yak hotel, une boutique à camelote Chinoise et quelques chambres. Le tenancier me propose… une lessive à la machine ! Pas la peine pour quelques tee-shirts, culottes et chaussettes, je décline poliment.

Un billard Népalais trône dans la salle commune - boutique. Shiva et Dawa se lancent dans des parties de grands matches avec rebonds multiples. J'essaie mais vraiment je fais baisser le niveau de la compétition.

Dephu Donma, billiard Népalais
Dephu Donma, billiard Népalais
Dephu Donma, billiard Népalais

Dephu Donma, billiard Népalais

Pendant les parties de billard, une averse soudaine fait plonger la température. Angoisse soudaine, qu'est-ce que j'ai commandé pour souper ? Des mo-mos (espèce de raviolis Népalais, très bons) vapeur ne seraient pas très réchauffants. Ouf, c'est du thenthuk, bon effet thermique.

Une nuit correcte, 7° le matin dans la chambre. Avec l'humidité de l'averse, la lessive n'a pas séché, même pas le tee-shirt sèche-vite… aléas de la randonnée itinérante, il faut remballer le linge humide.

Ganesh 2, Lumbo et Tewa s'allument au soleil levant. Langju Himal aussi en rive droite. La tsampa matinale avalée, il fait tout de suite plus chaud.

5 avril, de Lar à Ripchet

Au podomètre : 26170 pas ; montée 381.5 m. Altitude début 3245 m, altitude fin 2470.

Zam-zam ! La première étape est vite avalée jusqu'à Rachen Gompa, grand couvent avec une cinquantaine de nonnes, grand sanctuaire tout neuf et sanctuaire de 100 ans, plus petit. Peu de charme, finalement, comparé à Mu Gompa et surtout Dephu Donma. On reprend la descente de la vallée, les yaks se font plus rares.

Il y a plein de chevaux dans les prés mais tout le monde va à pied. Dawa explique que la vallée élève yaks et chevaux pour les vendre au Tibet.

Petit détour à Dzhong pour visiter le gompa. La gardienne est débonnaire, n'enlève pas les chaussures. Le décor est tout simple, plus sympa, moins apprêté que celui de Rachen Gompa. Il n'y a d'ailleurs pas de tronc, il faut glisser son billet sous sa statue préférée, Chenresig. Comme ailleurs dans la vallée, les roues à prières sont toutes nues, en bois ou en fer-blanc. J'en ai vu une en cuir. C'est plus sobre que les tôles de cuivre ou laiton embouties om mani padme hum ou peintes des circuits des Annapurnas ou du Khumbu.

Une pause à Chhokang Paro où Dawa récupère son sac à dos.

Dzhong, haute Tsum
Dzhong, haute Tsum
Dzhong, haute Tsum

Dzhong, haute Tsum

Après Chhokang Paro, dégringolade de 500 m, le décor change. Finis les pâturages pelés, c'est la forêt de pins, et des talus érodés vertigineux, il faut regarder où on met les pieds. A la fin de la descente, c'est de nouveau les rhododendrons en fleurs… et l'heure du dal-bhat ! Arrêt à Gho dans un lodge assez sommaire. Les deux didis ont l'air de bien s'amuser, la plus âgée porte un tee-shirt "Molecular structures of life (Grenoble)", la plus jeune s'esclaffe quand je sors mon meilleur Népalais pour lui demander de l'eau. Les instructions sont répétées partout sur les murs : PLEASE NO ISMOKING et DIИИING ROOM.

Zam-zam, la pagode dans le village abrite une énorme roue à prières, un petit vieux la fait tourner. Fin de descente raide jusqu'au pont de Domje.

Ce n'est pas le même pont de Domje qu'à la montée. Celui-ci traverse la Siyar Khola, est en bois branlant. Il mène à un sentier qui monte et descend dans une forêt raide, traverse sur des ponts suspendus deux gorges coupées au sabre dans le rocher et finit par une belle montée jusqu'au village de Ripchet, prononcer Sipchet, perché sur un éperon en face de Chumling.

Gho, basse Tsum
Gho, basse Tsum
Gho, basse Tsum

Gho, basse Tsum

Randonnée en pays Tsum, du 1er au 6 avril

Interrogation : c'est la Tsum Valley mais la rivière s'appelle la Siyar Khola… Les habitants sont appelés les Tsumbas, tsumbo voulant dire vivace en tibétain. On voit aussi "Chhumbeli" mais c'est une adaptation de Tsum Valley, les Népalais sont très inventifs pour écrire l'anglais.

Le pays Tsum s'est développé à partir du onzième siècle depuis le Tibet et a été ouvert au tourisme en 2008. Le pays est totalement végétarien et a une grosse activité de monastères et festivals religieux. Le circuit de randonnée va jusqu'à Mu Gompa mais il y a un trafic commerçant par les cols Tibétains. La consommation de bière Lhasa l'atteste. Même le baijo, alcool blanc de riz Chinois, supplante le rakshi dans le commerce local. Les touristes ne sont pas les bienvenus au-delà de Mu Gompa, paraît-il, depuis des provocations de Tibet libre.

Tsum Valley
Tsum Valley
Tsum Valley

Tsum Valley

Le Chhumbeli Tibetan yak hotel de Ripchet est rustique : échelle qui monte à un étage à corridor étroit, bas de plafond, chambres en planches mal jointes, cour poussiéreuse avec poules et de temps en temps des chevaux curieux. La douche est un robinet d'eau froide posé un peu haut, l'écoulement, comme celui de la cuisine, tombe sur la tête des passants dans la ruelle au-dessous. Mais c'est une douche quand même, un plaisir après trois jours de toilette Américaine.

Toilette faite, je pars à la découverte du village. Avec un rayon de soleil il y aurait de jolis coups d'œil mais avec ces nuages il n'y a rien de très remarquable, des maisons en pierres sèches les unes sur les autres et des champs bien verts sur la terrasse derrière l'éperon. Les dames portent une cuiller en sautoir. Conversation avec une dame souriante, enfants très amusés de voir un touriste, ils viennent par derrière me toucher.

Ripchet, Tsum Valley
Ripchet, Tsum Valley

Ripchet, Tsum Valley

… Et enfin ici il y a la soupe aux orties (nettle soup) promise sur tous les menus depuis Chumling mais jamais vraiment disponible. Un dhindo donc, avec soupe aux orties. La portion qui arrive est énorme. Au mur de la salle commune il y a un poster sur les bonnes manières ; au Népal il est de bon ton de finir son assiette. J'assume avec plaisir.

Le dhindo est le cousin Népalais du foufou Congolais ou du couscous Camerounais : une purée de farine d'orge grillée, délayée à l'eau. Le menu standard le propose avec un curry de patates, ou bien avec une soupe aux lentilles et sargh (entre les épinards et les bettes) séché, ou bien avec une soupe aux orties. Comme pour le dal-bhat, le condiment "achar" reflète l'inspiration du cuisinier et les stocks de la cuisine : toujours de l'ail, du piment et du sel. Pour le reste, ça dépend : herbes aromatiques, gingembre…

La divinité locale en charge de l'orage fait la nouba cette nuit : ça se déchaîne à 3h, le grand show, et ça continue jusqu'au matin. Mais Chenresig aux onze visages veille sur nous, l'averse s'arrête à 6h50 pour notre départ à 7h, après la tsampa matinale.

6 avril, de Ripchet à Deng

Au podomètre : 34322 pas ; montée 861 m. Altitude début 2470 m, altitude fin 1860 m

Matinée de descentes et de montées : dégringolade d'une heure, trois mille cinq cents marches maçonnées dans la forêt de rhododendrons de Ripchet au pont de Gumlung sur la Siyar Khola, on ne le passe pas, c'est le chemin pour Chumling. Remontée de 45 minutes, descente de 45 minutes jusqu'à la passerelle accrochée à la falaise au-dessus de la Siyar Khola, enfin 30 minutes vallonnées dans la forêt de bambous jusqu'à Lokpa. Ouf ! Il n'est que 10h mais l'arrêt dal-bhat est bienvenu.

Dhindo, descente de Ripchet
Dhindo, descente de Ripchet
Dhindo, descente de Ripchet

Dhindo, descente de Ripchet

C'était un peu hardi de rincer le tee-shirt sèche-vite en arrivant. Il est encore bien mouillé au moment de repartir. Brrr.

Le chemin monte et descend avant de plonger à 1670 m passer le pont sur la Budhi Gandaki. Au revoir le pays Tsum. C'est de nouveau le circuit principal du Manaslu, avec un peu plus de circulation.

Après la première remontée, le chemin va en plat Népalais, monte un peu, descend un peu, traverse la rivière, retraverse. Le soleil perce timidement par moment mais ça reste gris. De toute façon c'est du chemin de fond de gorge, pas de grandes vues. Des bouts poumogènes (aériens), un peu, espoir qu'un train de mulets n'arrive pas en sens inverse au mauvais moment.

Pewa, Budhi Gandaki
Pewa, Budhi Gandaki

Pewa, Budhi Gandaki

Bon, il n'y a pas beaucoup de montées dans ce retour sur le circuit principal mais avec le casse-pattes du matin ça fait un beau total. A l'arrivée à Deng à 14h30, j'ai ma dose. Une douche froide, un peu de lessive, une petite session dessin au chorten et repli à la salle commune, le temps n'est pas très riant et le vent est frais.

Enfin un homme en costume à peu près traditionnel, un petit vieux qui mène sa vache… et les premières roues à prières décorées sur ce chorten de Deng.

Bavardages à la salle commune avec les deux Australiens vus de loin en loin depuis Sotikhola et à Nile, en s'accrochant pour comprendre leur anglais derrière l'accent du Queensland. Vraiment, c'est plus peuplé : un groupe de Bavaroises, un couple de Britanniques, un Néerlandais tout seul, on les reverra plus loin. Le dal-bhat est bon mais le tenancier facture le supplément de soupe aux lentilles. Hum, un peu la trappe à touristes.

La chambre n'a pas de plafond, les murs se terminent sur un espace libre sous le toit, le bruit est très convivial au moment du coucher. Tiens, c'est le premier lodge où il n'y a pas de lumière électrique dans la chambre. Lecture à la frontale, l'inspecteur Chopra commence son enquête, il était temps, c'est presque la moitié du livre.

Nuit en pointillés sur un lit un peu dur, grondement de la rivière, une mini-averse tambourine sur la tôle ondulée. Matin nuageux, 13°, humide, le lodge se secoue.

Deng, Budhi Gandaki
Deng, Budhi Gandaki

Deng, Budhi Gandaki

7 avril, de Deng à Namrung

Au podomètre : 31067 pas ; montée 1127 m. Altitude début 1860 m, altitude fin 2630 m

Damned, on n'aurait pas dû passer ce chorten par la gauche hier ; Chenresig semble nous lâcher. Au moment de partir, les quelques gouttes se transforment en une pluie fine mais persistante. La cape de pluie prend de l'emploi.

Le chemin n'a rien d'effrayant quand on regarde les altitudes de départ et d'arrivée : 300 m jusqu'à Ghap, mais on peut bien doubler ça avec les montées et descentes pour négocier les petits verrous de la rive gauche.

Un petit groupe d'Américains descend, ils ont attendu à Ghap et finalement renoncé au col. Il avait bien été ouvert il y a quelques jours mais il y a eu de nouvelles chutes de neige. Ils ont le permis pour la Tsum Valley, ils préfèrent tenter leur chance de ce côté.

Les murs de manis sont élaborés : beaucoup de Bouddhas, gurus, stupas. Une dizaine de thars dans la falaise en face. Entre la distance et la mauvaise lumière on les a pris pour des mouflons.

Arrivée à Ghap après 3h15 de marche, pas mal, mais l'arrêt dal-bhat est à l'autre bout du village, encore 20 minutes de marche.

Dzaro (froid) dans le tee-shirt sèche-vite trempé de transpiration sous la cape de pluie ! J'essaie de passer la polaire par-dessus pour éviter le même coup qu'à Lokpa hier, mais ce n'est pas raisonnable et je finis par sortir un pull thermique.

Dal-bhat power, me voilà tout réchauffé. Les deux Australiens arrivent, il est temps de repartir.

Ghap, Budhi Gandaki
Ghap, Budhi Gandaki
Ghap, Budhi Gandaki

Ghap, Budhi Gandaki

A la sortie de Ghap, le KLSP Jungle hotel, lodge de luxe avec un autocollant "I ♥ my bookkeeper" puis une arche sous laquelle la Budhi Gandaki s'est creusé un passage. Heureusement il y a un bon pont, pas besoin de passer sur les quelques poutres branlantes de l'ancien pont. La rivière a perdu sa sale couleur grise, peut-être depuis qu'on est dans un terrain mixte granit et calcaire.

Un petit bout en rive gauche, puis on repasse en rive sud et ça grimpe de 350 m avant de redescendre sur Namrung. La grimpée est dans la forêt de nuages : pins moins nombreux mais très gros, bruyères géantes, mousses, écharpes de lichens, bambous, nuages et… pluie, il fait frais, inconfortable.

Tiens, à Deng il y avait une affiche pour un Four Season hotel (apprécier l'absence de "s") avec douches chaudes et, grand luxe, vrais lits avec des draps. C'est décidé, je m'offre l'extra. A l'arrivée, froid, mouillé et fatigué, oui, ça existe bien, même si le sauna n'est pas encore fonctionnel. Affaire conclue avec la didi, pendant que je me déshabille la pluie redouble. Vraiment, Shiva a un coup avec ça.

Ghap, Namrung, Budhi Gandaki
Ghap, Namrung, Budhi Gandaki
Ghap, Namrung, Budhi Gandaki

Ghap, Namrung, Budhi Gandaki

Après la douche, l'averse calmée, un petit tour dans le four season : une ancienne résidence royale attend des travaux pour être transformée en musée. Il y a une distillerie aussi, méthode intéressante pour produire le rakshi de pommes.

Shiva et Dawa n'ont pas voulu prendre de douche. Dawa m'explique que la douche affaiblit l'organisme, il vaut mieux attendre la fin de la promenade. Il faut dire aussi que je transpire plus qu'eux.

Je craque pour le yak burger, Shiva assure que c'est bien du yak. Intéressant, présenté entre deux chapatis, le four à pain est en panne. C'est en visitant la cuisine que je vois la patte de yak boucanée pendue au plafond. Ils en ont coupé un bout, haché, trempé pour faire le steak haché.

Au lit avec l'inspecteur Chopra et un opéra. Pas mal. 10°C et 100% d'humidité, c'est un peu froid et je dois mettre les chaussons pour dormir, mais le confort de ce bon lit chasse les vilaines pensées de mauvais temps et de col fermé.

Le lendemain matin, 7° dans la chambre, un peu cru mais le moral est regonflé après la pluie d'hier : le ciel s'est dégagé et le soleil levant allume le Saula Himal vers le haut de la vallée. Rien de ce que j'avais lavé hier soir n'est sec… on verra à Samagaon. Une bonne tsampa et c'est prêt pour le départ.

8 avril, de Namrung à Samagaon

Au podomètre : 32223 pas ; montée 959 m. Altitude début 2630 m, altitude fin 3520 m.

C'est d'abord tout tranquille, chemin de fond de vallée jusqu'à Banjam, puis on attaque le premier talus jusqu'à Lihi. Ganesh 1 ou 4 brille en bas de la vallée.

Namrung, Budhi Gandaki, Saula Himal
Namrung, Budhi Gandaki, Saula Himal
Namrung, Budhi Gandaki, Saula Himal
Namrung, Budhi Gandaki, Saula Himal

Namrung, Budhi Gandaki, Saula Himal

Un Britannique descend avec une dame comme guide. Shiva explique que c'est une agence three sisters qui n'emploie que des dames. Toujours est-il que, un peu défaits, ils nous expliquent qu'ils ont dû renoncer au passage du col, c'était vraiment trop mauvais avec des traversées instables dans la neige fraîche et chutes de pierres. Ils nous souhaitent plus de succès après quelques jours de beau temps.

Après Lihi, un dégagement à gauche sur Nadi Chuli (Peak 29) et la série des Himalchuli ; traversée de la Hinang Khola et on entre dans une nouvelle gorge de la Budhi Gandaki. De nouveau la forêt de nuages, sans nuages ni pluie cette fois. Des chênes rabougris couverts de mousse, des bruyères, lichens, quelques rhododendrons pour décorer ce joli sentier qui grimpe jusqu'à Lho.

On passe les derniers épaulements de la Tansuga Danda, les deux pics du Manaslu Himal se montrent.

Lho est très joli, un peu apprêté, notamment le chorten à décoration de temple Aztèque…

Majestic Manaslu cottage & gardens nous accueille, table dressée dans le jardin pour un bon thenthuk aux légumes et œuf. Le gompa qui domine le village fait un beau premier plan pour le Manaslu. La boutique me dépanne de ma lampe frontale et lunettes de soleil cassées. La décoration de la salle commune permet de faire une photo de léopard des neiges.

Départ de Lho, une très belle montée dans la forêt parfumée jusqu'à Shyala. Vraiment que du bonheur aujourd'hui. Une petite usine hydroélectrique est en panne. La turbine est vraiment rustique, une Francis à bâche spirale entre deux plaques, quatre directrices à commandes individuelles manuelles…

Lho, Manaslu
Lho, Manaslu
Lho, Manaslu
Lho, Manaslu

Lho, Manaslu

Shyala est un peu encombré par les tas de neige… du souci pour plus haut. Tout autour, un panorama de Simnang Himal, Nadi Chuli, Manaslu, Manaslu nord et Naike peak. Pendant qu'on admire, des fumerolles se développent. Le temps qu'on atteigne le haut du village, le Manaslu se bouche. Minutage parfait !

Le chemin continue par une belle forêt d'épicéas odorants et de genévriers, en montée douce.

Shyala, Manaslu
Shyala, Manaslu
Shyala, Manaslu

Shyala, Manaslu

En fait, ça monte pour contourner une grosse zone d'érosion sur la moraine, le Naike peak pointe sur les nuages. Le petit éperon pointu sur la droite ne semble pas avoir de nom. Il fait encore bon en tee-shirt, mais le temps de prendre l'esquisse c'est tout d'un coup plus frais.

De l'autre côté du pont sur la Numla khola, on découvre Samagaon dans la cuvette en bas de la moraine. Descente sans soucis dans les pâturages de yaks.

Numla Khola, Naike
Numla Khola, Naike
Numla Khola, Naike

Numla Khola, Naike

On pose le sac pour deux jours au Samagaon hotel & lodge. Les nouvelles de l'enneigement sont plutôt encourageantes et j'ai une jolie chambre avec vue sur le Manaslu et commodités en suite.

Promenade de l'après-midi dans le village. Les yaks sont partout, donnent le rythme. Attention aux naks (madame yak) avec veaux, elles peuvent être agressives.

Il y a des hommes en costume traditionnel, grosse blouse brune longue portée en diagonale avec seulement la manche gauche, longue, enfilée, le bas de la blouse sous la ceinture forme robe. Un bonnet à protège-oreilles volants complète la tenue. Des petits garçons ont la même blouse en blanc, avec broderies. En fait la veste est symétrique mais c'est chic de la porter avec la manche droite roulée en boule dans le dos.

La promenade mène naturellement au gompa sur la petite colline. Je suis les bruits de trompes, cymbales et tambours pour trouver une procession, hommes portant des livres dans le dos, musiciens et drapeaux. Un moine m'explique que ces livres sont lus une fois par an puis sont promenés en fanfare et fumées de genévriers. Il y a aussi deux danseurs dont un Priape impressionnant, qui s'amuse à faire fuir les dames qui observent à distance prudente.

Au coucher du soleil, la doudoune prend du service dans la salle commune à 10°. Un bon dhindo avec soupe dandruk aux patates et sargh séché plus soupe aux lentilles et achar, puis une session internet avec wifi lent termine la journée.

Samagaon, procession
Samagaon, procession
Samagaon, procession

Samagaon, procession

9 avril, jours de repos à Samagaon

Au podomètre : 12881 pas ; montée 150.5 m. Altitude début 3520 m, altitude fin 3520 m, point haut 3640

Nuit avec aboiements mais sans histoires au pied du Manaslu, 6° le matin dans la chambre. La pluie du soir s'est calmée mais il y a un voile de nuages élevés au lever du soleil et c'est bouché vers l'est. Il faut attendre que le soleil passe au-dessus des nuages pour que le sommet s'allume, légèrement doré. Une nak fait mine de me charger pendant que je dessine, je ne sais pas ce qu'elle a en tête, son veau dans les pattes, peut-être que ma doudoune orange l'excite.

Après le lever de soleil, le Manaslu s'est caché derrière son "trademark cloud". Et puis tout se couvre.

La tsampa est retardée aujourd'hui, jour de repos.

Jour gris, Samagaon est un peu privé de ses merveilles. Il reste un village bien calme, probablement plus de chortens que de familles, et des murs de manis impressionnants,

La fée Electricité sera bientôt là avec ses fils aériens. Plein de petits groupes sont occupés à creuser les fondations pour ces vilains poteaux boulonnés en acier zingué.

Samagaon, Manaslu
Samagaon, Manaslu
Samagaon, Manaslu
Samagaon, Manaslu

Samagaon, Manaslu

Promenade du matin à Birendra Tal, joli lac sous le Manaslu et le Naike, le Manaslu nord en retrait derrière son glacier.

Le glacier devait plonger dans le lac il y a quelques années. Là, la neige sur la roche donne l'illusion, mais le glacier s'arrête bien plus haut. Le lac est couvert d'une petite couche de glace pleine de trous.

La montée au camp de base est trop dangereuse à cause de la neige fraîche et des avalanches.

Birendra Tal, Manaslu
Birendra Tal, Manaslu
Birendra Tal, Manaslu

Birendra Tal, Manaslu

Fin d'après-midi à Samagaon, ça se brouille tout à fait : pluie, vent, froid. Repli dans la salle commune avec l'inspecteur Chopra. Ça se dégage au coucher du soleil, un moment à guetter dehors ce qui pourrait devenir doré, mais non, tout juste les deux pics du Manaslu qui se laissent voir par moments. Un gros dhindo-champignons plus tard, j'attrape un bout d'internet, la météo de montagne annonce le beau sur la Larkya La pour les deux jours qui viennent ! Un vent d'optimisme donc pour le retrait pour la soirée. Bruits de tambour dans la nuit, un petit air funèbre…

La météo sur internet était sérieuse : le matin est radieux ! 5° dans la chambre, vite, dehors pour l'aube, belles couleurs de lever de soleil.

Samdo, Manaslu
Samdo, Manaslu
Samdo, Manaslu

Samdo, Manaslu

Haute vallée de la Budhi Gandaki, du 6 au 10 avril

De la forêt épaisse aux pâturages de yaks en passant par la végétation de fond de gorges. Une belle journée de Namrung à Samagaon pour racheter celle de Deng à Namrung, franchement mouillée. Une autre belle journée de Samagaon à Samdo, en partant vers le col.

A partir de Shyala, il y a des corbeaux plus petits, à becs et pattes jaunes. Il faut monter jusqu'à Samdo pour trouver les chocards à bec jaune et des marmottes jaunes.

Haute vallée de la Budhi Gandaki
Haute vallée de la Budhi Gandaki
Haute vallée de la Budhi Gandaki

Haute vallée de la Budhi Gandaki

10 avril, de Samagaon à Samdo

Au podomètre : 22502 pas ; montée 525 m. Altitude début 3520 m, altitude fin 3875 m, point haut 4210 m

Départ tout joyeux dans ce faux plat vers le fond de la vallée, après un détour pour revoir Birendra Tal avec le soleil et sans nuages.

Les passages dans la neige sont profonds par endroits, quelqu'un est passé avec la pelle.

Les bords de la vallée sont bordés compacts de bouleaux, pas encore en feuilles. On croise la Budhi Gandaki, maintenant un petit torrent, pour la dernière fois, puis il y a un bon ukalo sur un verrou pelé jusqu'à Samdo.

Installation "chez Karsang", s'écrit aussi "Cheese karsang", aussi sur maps.me. Bon dîner de mo-mos au soleil avec un couple de jeunes Français, une Néerlandaise et une Flamande. Il fait bon sur la terrasse à côté du kani (portail monumental). La neige a complètement fondu au soleil mais il y en a encore des masses dans les coins à l'ombre.

Promenade de l'après-midi en montant l'arête raide de Pana Danda dans les genévriers. Le sentier est marqué jusqu'à 4'210 m sur la carte, et c'est bien comme ça. Les Manaslus principal et nord pointent de part et d'autre du Naike. Un grand vol de vautours passe, j'en compte dix. Pour la descente, je tire vers la vallée à l'est : yaks, marmottes et chevaux. Retour chez Karsang, la température prend un grand coup avec le coucher du soleil.

Samdo, Budhi Gandaki
Samdo, Budhi Gandaki
Samdo, Budhi Gandaki
Samdo, Budhi Gandaki

Samdo, Budhi Gandaki

Thé-bavardage de fin d'après-midi avec les colocataires chez Karsang, expériences de Népal et de treks ailleurs sur la planète. Pendant ce temps, le ciel se bouche, on est dans le brouillard à l'heure du dal-bhat. La nuit tombe plus tard maintenant qu'on a quitté le fond de vallée.

Après souper, le guide des Flamandes vient faire tout un cinéma de mal des montagnes. Gros éclats de rire. En tout cas, le taux d'oxygène est bon pour tout le monde, pas de soucis de ce côté. Repli en chambre, Shiva insiste pour que je prenne une couverture.

Nuit correcte, 4° dans la chambre le matin, et un beau lever de soleil sur le Nadi Chuli. Dehors, il gèle bien. J'aménage le paquetage : doublure de parka, gants, guêtres et yaktrax (crampons légers) rejoignent le sac à dos de jour. Un peu froid aux doigts de pied avant la tsampa matinale.

Samdo Ri, Manaslu
Samdo Ri, Manaslu
Samdo Ri, Manaslu
Samdo Ri, Manaslu

Samdo Ri, Manaslu

11 avril, de Samdo à Dharamsala

Au podomètre : 17219 pas ; montée 563.5 m. Altitude début 3875 m, altitude fin 4460 m, point haut 4740 m

Départ dans une bonne gelée ; le chauffage s'allume d'un coup avec l'arrivée du soleil. On est dans la neige ou dans la boue la plus grande partie du chemin jusqu'à Dharamsala.

La montée est bien régulière, avec des passages bien poumogènes dans les ravins.

Les marmottes et les mouflons s'ébattent dans les genévriers. Les marmottes ici sont plus brunes que celles de Samdo. Deux mouflons, un jeune et un beau mâle, n'ont pas eu de chance, les vautours ont laissé la peau et les os - et les cornes du mâle. Plus loin, deux beaux mâles qui ne s'occupent pas vraiment de nous, puis tout un troupeau, j'en compte 56, qui nous accompagne jusqu'à Dharamsala. Pas timides, ils restent un bon moment à cinquante mètres des cabanes.

Dharamsala, Larkye Phedi
Dharamsala, Larkye Phedi
Dharamsala, Larkye Phedi
Dharamsala, Larkye Phedi

Dharamsala, Larkye Phedi

Pas très agréable, ce camp de Dharamsala, toutes les histoires se recoupent là-dessus ; mais le dal-bhat de midi est correct, avalé au soleil sans trop faire attention à la boue et à la saleté.

Après dîner, la promenade de l'après-midi : montée de 270 m sur la crête, jusqu'à 4740 m, pour retrouver la vue sur le Manaslu. Ça se couvre déjà, il est temps de redescendre. Le temps d'une douche américaine, c'est tout à fait couvert et il commence à faire frais. Repli dans la salle commune, bavardages avec une Bavaroise qui craint la descente de l'autre côté du col demain.

Le frais s'aggrave ; pas vraiment froid mais une humidité pénétrante. Je mets tout dessus : pull thermique, polaire, doublure de parka et doudoune en attendant le dal-bhat du soir.

Dharamsala, Larkye Phedi
Dharamsala, Larkye Phedi
Dharamsala, Larkye Phedi
Dharamsala, Larkye Phedi

Dharamsala, Larkye Phedi

Veillée courte dans cette salle commune laide et glaciale. Bavardages avec la Bavaroise et sa copine Coréenne, grain de sel des guides, dal-bhat sous-standard, tasse de thé minuscule, courants d'air… Au lit à 20h, c'est quand-même deux heures de plus qu'autour du Dhaulagiri.

Surprise, je suis tout seul dans un dortoir à quatre places, ce qui le rend à peine moins rébarbatif. Une petite nuit plus tard, +1° dans la chambre à 3h30, debout pour le chapati matinal, pas de tsampa ici. Dehors il gèle bien, la neige portera et la boue n'embêtera pas.

12 avril, de Dharamsala à Bhimthang par la Larkya La

Au podomètre : 30956 pas ; montée 217 m. Altitude début 4460 m, altitude fin 3570 m, point haut 5160 m. Le podomètre disait n'importe quoi pour la dénivelée, la pression a dû augmenter très fort pendant qu'on montait.

Les autres expéditions de ce matin :

  • Australienne, deux types dans la soixantaine croisés depuis Sotikhola et dans la Tsum, avec guide Sherpa sympa.
  • Franco-Flamande, un couple et deux filles dans la trentaine, en fait c'est deux expéditions qui collent ensemble, le guide des Flamandes fait des belles photos et bouts de vidéo.
  • Bavaroise : cinq filles typées avec guide Newari timide mais précis.
  • Bavaro-Coréenne : deux dames sympas, pas très rapides, guide un peu fatigué.
  • Britannique, un couple jeune un peu réservé.
  • Américaine, un groupe de filles vu de loin.
  • Un autre gros groupe mal identifié.

Départ à le frontale à 4h45. Assez vite, un embouteillage devant, le gros groupe plus les Américaines, probablement aussi l'expédition Bavaro-Coréenne, pas facile à dépasser. Il y a des belles traversées de talus de neige glacée, les yaktrax prennent un service apprécié.

A mi-chemin, un replat, le soleil nous trouve là, puis le sentier continue par une plaine d'altitude au nord du glacier. Ça avance bien entre le Larke Himal et le Pawari Himal étincelants dans le soleil rasant, même si le faux plat à cette altitude est une vraie bavante. On a maintenant dépassé tout le monde, sauf deux Népalais "local tourists" avec qui on avait admiré les deux mouflons mâles hier.

Larkya La
Larkya La
Larkya La
Larkya La

Larkya La

7h45, Larkya La, 5106 m selon le panneau, 5160 m selon la carte du GPS. On est sur une terrasse au-dessus du col. Le col est 100 m plus bas, plus difficile d'accès, sur le glacier. On a grimpé les 630 ou 680 m en trois heures, pas trop mal compte tenu de l'altitude. Les deux "local tourists" devant nous ont continué, nous ont laissé le col pour nous tout seuls pour un moment.

C'est le grand beau temps, pas un nuage, pas de vent, belle neige, que du bonheur. On reste un bon moment à pedzer (coller, traîner) au col. La petite expédition franco-flamande arrive, on leur laisse la place après un échange de services pour les photos de groupes.

Une petite traversée jusqu'à un second collet puis on attaque la descente, très raide dans la neige gelée. Vivent les Yaktrax ! Shiva et Dawa jettent les sacs en bas et descendent sur les fesses. Deux courageux montent, une étape longue et raide de Bhimthang à Dharamsala. Vues sur l'Annapurna 2.

La descente continue par les moraines du glacier de Salphudanda. On arrive à terminer la neige avant qu'elle devienne molle, et c'est l'arrivée dans le fond de vallée, pieds secs. Bhimthang est devant sous le Phungi Himal, avec le Manaslu à gauche.

Larkya La
Larkya La
Larkya La
Larkya La

Larkya La

A Bhimthang pour midi. On a bien marché ! Shiva dit que des clients mettent jusqu'à seize heures… Thenthuk - légumes - œuf au soleil sur la terrasse puis un seau d'eau chaude pour la toilette.

Le vent et les nuages arrivent, je remets un pull ; on est encore à l'altitude de Mu Gompa ! Les marcheurs arrivent en ordre dispersé. Les Franco-Flamandes en bonne forme et joyeux, les Australiens en deux échelons, les Britanniques fatigués, les Bavaro-Coréennes épuisées.

A 15h, changement d'ambiance : le soleil passe derrière le nuage puis derrière le Tiblike Panlemu à l'ouest. Chute de thermomètre, la doudoune ressort, pour la dernière fois ? Les affaires dans le sac commencent à sentir le phoque.

Bhimthang, Manaslu, Phungi Himal
Bhimthang, Manaslu, Phungi Himal
Bhimthang, Manaslu, Phungi Himal
Bhimthang, Manaslu, Phungi Himal

Bhimthang, Manaslu, Phungi Himal

Un bon dal-bjat à Bhimthang, avec achar très fort, et une petite flambée dans le calo pour réchauffer la salle commune toute coquette. Une nuit très correcte là-dessus dans ce joli petit chalet. L'enquête de l'inspecteur Chopra avance de manière décisive.

Le matin, 5° dans la chambre et ciel nuageux… les pauvres qui passent le col aujourd'hui ! Un peu d'ordre dans le paquetage et - pour changer - pain Tibétain avec miel pour accompagner le thé masala.

13 avril, de Bhimthang à Gowa

Au podomètre : 28630 pas ; montée 273 m. Altitude début 3570 m, altitude fin 2520 m

Dégringolade dans la forêt le long de la Dudh Khola - le torrent de lait - de Bhimthang 3'700 m à Gowa 2'520 m. Ça commence avec les aulnes, puis les épicéas, les rhododendrons, chênes, pins himalayens, bambous, pins bleus, feuillus déplumés, puis le printemps, les fleurs parfumées.

Toutes ces kholas… on finit par tomber sur la Coca khola, dépôt de bouteilles vides. Vraiment, c'est une chose à améliorer sur ce circuit, la lutte contre les déchets abandonnés dans la nature.

Les nuages nous privent des vues sur les sommets mais des rayons de soleil de plus en plus généreux éclairent le fond de vallée.

Dudh Khola
Dudh Khola
Dudh Khola
Dudh Khola

Dudh Khola

La descente est longue et tape les genoux. J'aurais peut-être pu garder les bâtons. Yak kharka, 3020 m, ce seront les seuls yaks vus dans cette vallée ouest du Larkya La. Kharche, les terrasses invitent déjà à un repos mais on continue. Après Kharche, il faut passer un verrou : ukalo court mais énergique suivi d'un oralo encore plus raide dans les pins. Gowa, on pose les sacs au Super View hotel - bon, pas vraiment super, la vue aujourd'hui, mais ne faisons pas les difficiles : j'ai droit à une belle chambre toute rose avec commodités en suite. Plouf plouf, me voilà sous la douche. Même tout juste tiède, c'est autre chose que le seau d'hier !

J'enchaîne avec un bon dîner au soleil sur la terrasse. C'est trop tentant, allez, une Gorkha bien fraîche même si elles sont encore portées par mulets et les verres vides ne sont pas évacués. En tout cas, qu'elle est bonne, arrivé presque en plaine et après deux semaines de thé masala ! Les mo-mos au fromage frits ne sont pas en reste. Tant pis pour la super view que nous cachent les nuages, une douce somnolence suit le repas.

Il y a une bonne petite brise et les affaires lavées sont tout de suite sèches. Lessive limitée de toute façon : après-demain à Katmandou j'irai tout poser au lavoir.

14h20, le soleil se cache derrière les nuages. Ce n'est pas le même effet frigo qu'hier mais quand même je ne vais pas rester tout l'après-midi en tee-shirt.

Le couple de Français passe, ils ont posé les Flamandes, ils continuent sur Dharapani et demain toute la route jusqu'à Katmandou.

Gowa, Dudh Khola
Gowa, Dudh Khola
Gowa, Dudh Khola
Gowa, Dudh Khola

Gowa, Dudh Khola

Promenade de l'après-midi pour secouer le froid qui commence une fois le soleil parti : je remonte le chemin jusqu'au pied du verrou, visite au passage les Australiens installés dans le lodge du dessus, croise les derniers groupes qui descendent, fini par rentrer avec l'expédition Bavaro-Coréenne, la pluie menace plus haut. A Gowa, l'expédition Bavaroise s'est installée au Super view, est occupée à boire des bières. Occupation de petits dessins en attendant le dal-bhat du soir.

Nuit correcte dans cette chambre toute rose, malgré la lumière allumée devant la chambre. La fée électricité… L'expédition Bavaroise a droit à une guirlande clignotante devant ses fenêtres. 14° le matin, confort d'une chambre tiède avec commodités en suite. D'un autre côté, froncement de narine en m'habillant, le linge est tempéré aussi.

La super view n'est pas pour le matin : pas de lumière de lever du soleil sur les sommets.

Gowa
Gowa
Gowa

Gowa

Panoplie de randonneur pour le tour du Manaslu
  1. Culotte en coton
  2. Caleçon long thermique, pour le col seulement
  3. Pantalon léger sèche-vite Columbia
  4. Chaussettes moyenne épaisseur coton-polyester
  5. Tee-shirt sèche-vite
  6. Pull léger thermique
  7. Polaire Helly Hansen, top qualité, chaude, légère et indestructible
  8. Doublure de parka Columbia
  9. Doudoune pour le soir seulement, louée à Katmandou - grande ! va par-dessus polaire et doublure de parka
  10. Chaussures Lowa trekking, semelle Vibram
  11. Crampons léger Yaktrax pour les passages glacés
  12. Sandales légères pour les pauses
  13. Ceinturon avec gourde et pochette à petit matériel
  14. Mitaines en polaire avec capuche rabattable sur les doigts, pour le col seulement
  15. Casquette
  16. Bandana pour le soleil
  17. Bonnet en polaire
  18. Lunettes de soleil
  19. Lampe frontale, pour monter au col
  20. Reflex Nikon D7200, objectif zoom 18-105 mm
  21. Bâtons Black Diamond système Z - pliables, beaucoup mieux et plus légers que des télescopiques
  22. Cape de pluie…
  23. Ne pas oublier le mani de Chenresig !
  24. Ni le sac à dos Vaude

La coque extérieure de parka, les surpantalons coupe-vent et les guêtres restent dans le sac à dos.

Panoplie de randonneur
Panoplie de randonneur
Panoplie de randonneur

Panoplie de randonneur

Passage du Larkya La et descente de la Dudh Khola, du 11 au 14 avril

Neige au sol la moitié du chemin entre Samdo et Bhimthang : exceptionnel, disent tous les guides. Il fait chaud, aussi : même pas de gel dans la chambre à Dharamsala la nuit. Si je mets tous les habits, c'est à cause de l'humidité. Torrents de boue à Dharamsala l'après-midi et le soir, rendant ce camp rébarbatif carrément inhospitalier. Shiva me recommande d'attendre le matin pour remplir la gourde, la boue sera gelée et l'eau de ruissellement sera claire.

Il fait beau le matin et ça se couvre l'après-midi, sauf le jour de Bhimthang à Gowa où le matin est gris ; qu'est-ce qu'on a eu de la chance de passer le col la veille !

La piste progresse vers l'amont le long de la Dudh Khola : pour le moment elle s'arrête à Tilije.

Larkya La et Dudh Khola
Larkya La et Dudh Khola
Larkya La et Dudh Khola

Larkya La et Dudh Khola

14 avril, de Gowa à Dharapani et Besishar

Altitude début 2520 m, altitude fin 1963 m. Le podomètre a enregistré les cahots de la piste comme de la marche. Le bout réellement marché faisait peut-être 15000 pas.

Un beignet Tibétain plus tard, dernier zam-zam, deux heures de descente en fond de vallée jusqu'à Dharapani. C'est le nouvel an Népalais : on est en 2076 !

Le plan initial était de dormir à Tilije, à mi-chemin. Shiva a changé de programme parce que le lodge de Gowa était mieux, et j'en suis bien content : pas fâché d'arriver à Gowa hier, et une heure de Tilije à Dharapani aurait vraiment fait une petite étape pour le dernier jour.

On dépasse l'expédition Bavaro-Coréenne, bien matinale mais pas très rapide. Après Tilije, c'est la piste. Terminé, le joli sentier. Un pavé de neige dépasse de la crête derrière la Marsyandi : l'Annapurna 2 ? A l'arrivée à Dharapani, un joli coup d'œil en arrière sur le Phungi Himal.

Dharapani, Phungi Himal
Dharapani, Phungi Himal
Dharapani, Phungi Himal

Dharapani, Phungi Himal

Une robuste Mahindra Bolero nous emmène 1200 m plus bas à Besishar, point de départ de la promenade de novembre 2007. Ambiance de diligence de western : quatre devant, quatre derrière, les surnuméraires sur la plateforme, la jolie fille, le monsieur distingué, l'étranger (moi), le poivrot qui cuve son rakshi… Le chauffeur est assis sur une fesse, coincé contre la porte, se tient de travers pour conduire, le frein tout au bout à gauche. Le pare-brise est décoré de fleurs de rhododendrons et drapeaux lungtas (chevaux de vent, drapeaux de prières), le chauffeur s'arrête de temps en temps pour en donner une dans une maison.

Les randonneurs des Annapurnas qui veulent faire ce bout à pied sont sur la piste, dans la poussière les pauvres. Pour la plupart, les bouts de sentier en rive gauche ne sont plus praticables à cause de glissement de terrain.

Besishar, hôtel Gangapurna : douche chaude et petit tour de ville, rien de remarquable et la pluie menace. Entre-temps, l'expédition Flamande s'est installée à l'hôtel.

Souper de gala avec vin Népalais. Le Gangapurna n'a pas le Divine wine, référence de Dawa, mais a de l'Akira supreme wine. C'est doux, ressemble un peu à du porto cheap. Il n'y a que moi qui ne suis pas lassé du dal-bhat : Shiva choisit une pizza au poulet et Dawa un hamburger au poulet.

L'inspecteur Chopra termine son enquête. Ganesha tue le vilain Kala Nayak, Asok, cette fripouille, ira en prison et Poppy retrouve sa sérénité.

Petite nuit : ce lit est plus dur que ceux de la montagne et les coqs se lèvent tôt. On aurait dû manger plus de poulet, tous les poulets du village…

Gorges de la Marsyandi
Gorges de la Marsyandi
Gorges de la Marsyandi

Gorges de la Marsyandi

15 avril, de Besishar à Katmandou

Dernier matin ! Shiva a la bonne idée de faire venir le bus nous chercher à l'hôtel, on est les premiers et on prend les emplacements stratégiques dans ce bus seize places chargé à vingt plus les petits enfants.

C'est parti pour la descente de la Marsyandi jusqu'à la Trisuli, puis la remontée interminable par le Prithvi highway et le Tribhuvan highway jusqu'au col de Chisapani à 1440 m puis la descente dans la cuvette poussiéreuse de Katmandou.

Les routes Népalaises sont dominées par les camions monstres Tata, les bus locaux Tata, les bus touristiques Tata, les tracteurs Mahindra, les camions Eicher, des autos et une foule de motos qui se faufilent partout. Notre chauffeur jovial est un modèle de zenitude. La poussière vole et les détritus en tous genres s'accumulent au bord de la route.

Nous voici à la gare routière de Katmandou. Les yeux piquent. Un dernier bout en taxi, puis à pied, nous voilà à l'hôtel Thamel. Changement de tenue, un thé-débriefing avec Shankar, dépôt du linge au lavoir, petit shopping, orage de l'après-midi et un sukiyaki très correct au Momotarou qui n'est pas un mo-mo center mais un restaurant Japonais.

De Besishar à Katmandou
De Besishar à Katmandou
De Besishar à Katmandou

De Besishar à Katmandou

16 avril, Katmandou

Dernière journée au Népal, promenade urbaine. Première étape, le petit site temple, stupa et monastère de Kathesimbhu, juste au sud de Thamel, découvert par hasard hier. Une impasse couverte de lungtas depuis la Chandraman Maskey marg qui prolonge la Thamel marg et voici un ilot de calme presque pas poussiéreux au milieu de la ville.

A l'heure des pujas (offrande, adoration), pas d'autre touriste, on m'ignore poliment puis l'effet petits dessins joue, les dévots viennent guigner par-dessus mon épaule, échangent quelques mots.

Katmandou, Kathesimbhu
Katmandou, Kathesimbhu

Katmandou, Kathesimbhu

Vive l'appli Maps.me : le plaisir de suivre les petites ruelles en fuyant le trafic sans peur de se perdre. L'ambiance bon enfant de Katmandou y est pour quelque-chose aussi. Pas de doute, je suis un portefeuille à pattes pour beaucoup de gens ici mais tout se passe simplement et il n'y a pas de problème. Je mettais le cap sur Swayambunath avec un détour vers le sud pour une ruelle sympathique. De ruelle en ruelle, me voilà tout à coup au Durbar square (place des palais) de Basantapur. Bon, puisque j'y suis, je prends le billet et flâne entre palais et temples étayés depuis le tremblement de terre, les travaux de réparation sont longs et compliqués.

La ville s'est réveillée entre-temps, les touristes sont là, les guides sont plutôt sympas quand je leur réponds non gentiment ; la reconstruction s'organise, grosse publicité sur le programme Chinois. On ne peut toujours pas entrer dans le palais principal, le musée temporaire explique surtout les techniques de reconstitution.

Katmandou, Basantapur Durbar Square
Katmandou, Basantapur Durbar Square

Katmandou, Basantapur Durbar Square

Traversée par les ruelles, de Basantapur à Swayambu : c'est joli par endroits, sordide ailleurs. Odeur de mort avant la rivière Bishumati, c'est un abattoir, probablement pas aux normes Suisses.

La grimpée rituelle à la colline, ouf qu'il fait chaud et que les escaliers sont raides ! Achat urgent d'une casquette, je risquais l'insolation.

La plateforme des temples grouille de monde. Je n'étais pas revenu depuis le tremblement de terre. Le grand stupa est en place, le champ de mini-stupas aussi, les bâches vertes ou bleues délimitent les travaux de reconstruction. Un crochet vers la colline secondaire à l'ouest, je n'y étais jamais allé, c'est un monastère avec stupas etc. Ici il n'y a quasiment pas de touristes, presque que des Népalais, mais pas de resto. Retour à la colline principale, café Kathmandu View, tout seul au calme sur la petite terrasse pour un bon combo mo-mos.

Katmandou, Swayambunath
Katmandou, Swayambunath
Katmandou, Swayambunath
Katmandou, Swayambunath

Katmandou, Swayambunath

Dernière soirée à Katmandou : souper de gala au Thamel House, les travaux ont bien avancé en deux semaines et demie. Le repas est toujours délicieux, avec ou sans spectacle. Le verseur de rakshi est très motivé.

Récupéré le linge et le sac à dos lavés : ça de moins à faire en rentrant à la maison ! Au dernier shopping, j'avais trouvé le tee-shirt avec circuit Manaslu plus extension Tsum Je passe prendre livraison après souper. Vraiment, celui qui m'avait vendu l'autre est un truand.

Opération bagages, vite menée dans ce sens, et au lit pour cette dernière nuit au Népal.

Katmandou, Thamel

Katmandou, Thamel

17 avril, retour

Déjeuner et promenade matinale, moment calme à Kathesimbhu, animation du marché de Nhaikanttalla, odeurs contrastées, circulation qui se met en route parmi les vaches vagabondes et les chiens qui dorment encore dans la rue, fumées des pujas.

Retour à l'hôtel par les rues latérales, les boutiques commencent à ouvrir. Le taxi est rapide pour aller à l'aéroport. Il y a une embrouille à l'enregistrement. Clairement, je ne serai pas à la maison ce soir.

L'embrouille, c'est que le Pakistan a fermé son espace aérien. Une heure de plus pour l'arrivée de l'avion, une heure de plus pour le vol et je raterai à Istanbul le dernier avion pour Genève.

L'immigration passée, surprise, je tombe sur Federico, en partance pour Dubaï. Il supervise un projet ici. Le monde est petit…

Une Gorkha-pagoda encore, miam, et c'est l'embarquement, sans histoires. Festival Mel Gibson sur les vidéos de Turkish : bien ri avec l'arme fatale 1+2 et avec Maverick.

Le nouvel aéroport Atatürk d'Istanbul : grand ! Une nuit courte… ils me placent dans un hôtel à côté de l'ancien aéroport, quarante minutes de trajet dans chaque sens, et ils me ramassent à 4h du matin. Deux bonnes heures à explorer le nouveau salon biz et à goûter ses spécialités. Miam ! Et un dernier coup d'aile sans histoires.

De Katmandou à Genève

De Katmandou à Genève

Manaslu pratique

Les renseignements de durée indiquent en général deux semaines pour le tour du Manaslu et une semaine supplémentaire pour la vallée de Tsum. On a fait ça en quinze jours et demi, vraiment sans forcer. Douze jours dont un de repos auraient été suffisants, mais il faut aussi profiter du paysage et prendre le temps de faire des petits dessins.

On ne fait plus le tour complet du Manaslu. Il faut une dose de masochisme pour partir d'Arughat, marcher une journée dans la chaleur et la poussière des jeeps et des bus. Bientôt le départ sera de Tatopani, puis de Jagat à mesure de l'avancement de la piste… Du côté de l'arrivée, je trouvais d'abord dommage de ne pas descendre à pied jusqu'à Chyamche, je gardais un bon souvenir de ce bout en 2007 ; mais là aussi, les randonneurs dans la poussière au bord de la piste ne faisaient pas envie.

On ne part pas comme ça faire le tour du Manaslu. Il faut un permis. L'accompagnement par un guide breveté est obligatoire. C'est comme ça et la police est intransigeante. Pour moi pas de souci, c'est la troisième fois que Shankar d'Adventure Magic m'organise une randonnée et c'était très bien chaque fois : (http://www.adventurehikenepal.com, info@adventurehikenepal.com. J'ai passé l'âge de perdre deux jours au début à organiser permis et transport, de fatiguer sous un sac avec le minimum et de galérer avec les didis et tenanciers de lodges. Je pars d'office avec guide et porteur. Il y a aussi les porteurs-guides, le Néerlandais seul voyageait comme ça. La réglementation impose aussi des groupes de minimum deux personnes. Pourquoi, mystère. Là, je ne sais pas si Dawa le porteur comptait comme le second. Shiva le guide était évasif. La Bavaroise de l'expédition Bavaro-Coréenne disait qu'elle voulait venir seule et que son agent lui a affirmé que non, c'était impossible.

Le livre de Siân Pritchard-Jones et Bob Gibbons A trekking guide to Manaslu, Tsum Valley, lower Manaslu and Ganesh Himal, ISBN 9781522814641, est plein de bons renseignements sur la promenade. Pas sur les lodges bien sûr : bien qu'il ait été mis à jour en janvier 2016 après le tremblement de terre, il ne peut pas suivre la construction intensive dans ces vallées. Les cartes peu claires sont regrettables. Les photos sont petites et noir-blanc mais on en trouve plein en couleurs sur internet.

Le livre de Rebecca Friedberg How to trek Manaslu mountains of Nepal, ISBN 9781719263917, résulte bien sûr d'un effort sympathique mais on peut sans risques économiser le temps de sa lecture.

La carte de Himalayan Map House Around Manaslu and Tsum Valley, ISBN 9789937649612, 1:125'000, a été mise à jour en octobre 2018. Elle est assez exacte mais à cette échelle et avec 80 m entre les courbes de niveau, pas de miracle, il faut deviner. Attention, il y a une autre carte sans la Tsum Valley.

L'application Topo Map+ de OpenStreetMap contributors apporte un complément très précieux. Pour un prix modique, je charge les cartes *très* détaillées avec 10 m entre courbes de niveau sur mon smartphone. Le GPS fonctionne avec le téléphone en mode avion, pas de soucis de batterie ou de réseau. Les chemins sont bien indiqués. Un regret, les indications de bâtiments et noms de lieux sont minimales.

L'application Maps.me https://maps.me/ prend le relais pour ça. Elle n'indique pas le relief mais est gratuite, fonctionne aussi avec le GPS et en mode avion, indique les chemins et les bâtiments avec précision, tourne en ridicule les applis pitoyables de Google et Apple. Elle est très précieuse à Katmandou.

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