Promenade de printemps en bas Valais : 1'136 m de montée, 6h de marche. Pas de fontaine, il faut emmener son eau.
Mazembroz – Randonne – la Sarvaz - Mazembroz
Le printemps fleurit, les promenades d’entre-saison sentent le réchauffé. La neige ne suffit plus pour les raquettes mais ne permet pas encore les promenades d’été. C’est le moment de monter à Randonne.
On part de Mazembroz, juste au-dessous de la déchetterie, à 480 m. On y arrive directement depuis la sortie d’autoroute de Saxon, ou bien par le bus 311 depuis Martigny.
Ça part tout doucement : traversée du torrent, un bout de chemin en lisière de forêt. Tout de suite, un panneau jaune nous envoie à gauche dans la forêt, direction Beudon et Chibo. Et ça grimpe fort. Déjà tout en bas, les amémones fleurissent au bord du sentier.
On commence à dominer la plaine, et le bruit agresse. Disons-nous que c’est déjà le grondement du torrent de Randonne.
Raidillon taillé dans la falaise
Passé la première barre rocheuse, un replat, puis un raidillon taillé dans la falaise. Pas de souci, c’est très bien équipé avec des bons câbles bien ancrés dans le rocher. C’est impressionnant vu d’en bas, beaucoup moins vu d’en haut.
En haut de la falaise, nouveau replat, on passe à flanc de talus pour aller traverser le torrent de Randonne. Normalement c’est facile, mais si la neige fond fort là-haut, c’est trois-quatre pas dans l’eau qui gronde, en se tenant à une branche, ça glisse un peu. Pas la peine de sécher les pieds, il faudra retraverser plus haut.
Arrivée à Beudon, la Pierre Avoi
Un raidillon sombre de l’autre côté, puis la lumière, la vigne, la Pierre Avoi en face. C’est le vignoble de Beudon. Une turbinette siffle en produisant l’électricité locale. Pour faire savant, dites que c’est une Pelton, et que ce n’est pas elle qui siffle, c’est l’alternateur.
C’est la vigne mais pas le replat. Ça reste pentu. Et c’est fleuri, plein d’iris pour faire joli. Un téléphérique dessert le domaine. Faites attention aux papillons, aux libellules. Les bords du sentier bruissent de lézards. On se fait des impressions en se disant qu’il y a aussi des vipères.
Beudon, papillons
En haut de Beudon, quelques jolies maisons, des tulipes. Le vigneron monte à sa vigne, t’y voici, vigneron… 875 m, ça fait une heure qu’on marche, on a mérité une petite pause avant de continuer dans la forêt. Vers l’ouest, l’aiguille d’Argentière se montre en arrière-plan, l’aiguille du Tour forme le centre du massif mais c’est l’aiguille du Pissoir qui tient la vedette en haut de son petit bout de glacier tout blanc.
Vue de Beudon vers l’ouest
Quelques lacets larges et raides dans la forêt, on passe encore une barre rocheuse presque sans s’en rendre compte, puis tout d’un coup ça s’arrête de monter, le sentier file vers l’ouest sous la falaise. Un très joli passage de l’arête avec les montagnes en toile de fond ; derrière c’est beaucoup moins rocheux, Chibo est là-haut de l’autre côté du torrent… qu’il faut de nouveau traverser à gué. On est bientôt au pique-nique, on fera sécher les chaussettes.
Beau passage d’arête, gué sur le torrent, moulin
Après le gué, on peut monter vers Chibo mais il vaut mieux partir à droite, s’arrêter quelques minutes au moulin restauré avec patience par des courageux. 1200 m. Ça monte encore un peu mais c’est plus tranquille. Il y a un pont pour la troisième traversée du torrent, et ensuite un passage charmant de la dernière arête.
Alpage de Randonne
On est arrivés à l’alpage de Randonne. Jusqu’en 1930, il y avait là un village, huit familles. Elles ont vendu le village à la bourgeoisie qui l’a rasé pour créer l’alpage. Il ne reste qu’un oratoire.
On monte encore jusqu’au chalet de Plan la Jeur, sur un beau replat à 1'514 m, vue panoramique sur le Valais central à gauche, l’Aletschhorn derrière, Saxon et la Pierre Avoi en face, le Grand Combin qui se montre derrière, l’aiguille du Pissoir toujours à droite, et le Grand Chavalard au-dessus de nous, qui fond dans le torrent. Arrêt pique-nique !
Pour la descente, on quitte l'alpage vers l'est par la route forestière qui commence à plat, puis descend en grands lacets la pente abrupte vers Saillon. Pas de lézards ici; c’est le pays des chevreuils et des écureuils.
Route forestière
A 950 m, prenons un embranchement qui part à l’horizontale vers la gauche. Il mène à l’ancienne carrière de marbre de Saillon, deux grands trous dans la falaise. Pas la peine de remonter ensuite vers le point panoramique, on vient d’avoir mieux. On retourne à la route forestière.
Les lacets s’accélèrent, c’est le Grand Dévaloir qui dégringole sur les vignes de Saillon. Arrivés à la vigne, on continue bien sagement sur le chemin, les vignerons n’aiment pas qu’on coupe dans les parchets. Un ouf de soulagement en arrivant à La Sarvaz dans la plaine: la descente était longue
Il reste 45 minutes jusqu’au point de départ, en contournant un garden-centre puis par un beau chemin le long du canal de Gru. La vue en arrière vers les tours de Saillon vaut de se retourner quelques fois.
Canal de Gru
Après une pension pour chiens, on retombe sur le torrent de Randonne, tout assagi au pied de la falaise. On le remonte un peu jusqu’à la station inférieure du téléphérique de Beudon pour le retraverser une dernière fois à gué. S’il y a trop d’eau, tant pis pour le joli petit chemin du dernier bout. On renonce à se remouiller les pieds et on rejoint Mazembroz par la route.
Voilà, ça a fait une belle promenade de printemps, juste un peu pus que 1000 m de montée, des jolis coups d’œil, que des bons souvenirs du sentier fleuri, grouillant de vie, du torrent tout blanc et une pensée pour ce village disparu de Randonne. Selon les envies, l’étape suivante sera aux bains de Saillon ou à l’exposition de la fondation Gianadda à Martigny.